Chapitre 26. Θ.Macarena
J'enclenche la Marche Arrière
Pour le gouffre S-Crew, L'entourage
On est tous étrangers, mélangés
Des êtres déments et des anges...
— La vie d'ma mère ferme lui sa gueule où j'explose ton portable, ordonnai-je d'une voix endormie.
Clairement, sur l'échelle des pires réveils, la voix de Ken sur un son vieux de sept ans, se classait pile entre le seau d'eau glacé et la daronne qui te demande de ranger ta piaule.
— Désolée, souffla Violette lui coupant enfin le sifflet.
Je lui répondis par un grognement de mécontentement et enfouis mon visage dans mon oreiller, il était beaucoup trop tôt, je voulais me rendormir le plus vite possible.
Mais les doigts de la jeune femme effleurèrent alors la peau de mon dos, caressant doucement la ligne de ma colonne vertébrale, ils remontèrent sur ma nuque pour se fondre dans mes cheveux et me masser doucement l'arrière de la tête. C'était carrément jouissif, un soupir appréciateur franchit mes lèvres.
— Deen...
Elle avait murmuré mon prénom tout près de mon oreille et en tournant un peu la tête, je m'aperçus que la sienne était juste au dessus de moi.
— Mmmh...
— Faut que je me lève, souffla-t-elle, Mais j'peux avoir un câlin avant ?
Un sourire aux lèvres, je me retournai sur le dos.
— Ça dépend, répondis-je, si tu changes de réveil.
— Promis.
Alors je la saisis par la taille pour l'attirer dans mes bras et comme à son habitude, Violette en profita pour déposer un flopée de baisers dans mon cou et sur ma mâchoire. J'allais vraiment prendre goût à ses câlins du matin.
— J'ai pas envie d'y aller, chuchota-t-elle contre ma peau.
— Alors reste, on se rendort.
Super Grand-père, très bonne influence sur la jeunesse.
Violette poussa un soupir en éloignant son visage, ses doigts formaient des petits cercles dans ma barbe, j'aimais bien quand elle faisait ça.
— Sauf que si je commence à sécher les cours à chaque fois que je viens chez toi, je vais rater mon année.
Elle m'adressa un sourire un peu frustré puis déposa brièvement ses lèvres sur miennes avant de se dégager de mon étreinte et de quitter le lit en frissonnant.
Je tentai alors d'ignorer le sentiment de vide qui me submergea lorsque je ne sentis plus son corps chaud contre le mien.
J'aurais pu me lever aussi, prendre un café avec elle, lui tenir compagnie pendant qu'elle se préparait, mais l'appel de l'oreiller était si fort et mes paupières si lourdes...
(...)
Des cheveux me chatouillant la joue, une puissante odeur de vanille et des caresses sur le crâne me tirèrent de nouveau de mon sommeil.
— Tu sens bon, grognai-je.
— Je viens juste te souhaiter une bonne journée avant de partir, on se voit samedi ?
Je hochai la tête sur mon coussin et son petit rire d'enfant m'arracha un sourire endormi, je finis par ouvrir les yeux pour contempler son visage joyeux dans la pénombre.
— Embrasse moi, chuchotai-je.
Elle se pencha vers moi pour déposer un rapide baiser sur mes lèvres.
— C'est tout ?
— Oui, premièrement si je t'en donne trop t'aura plus envie de me voir, deuxièmement tu t'es pas lavé les dents.
Violette perdait pas le nord, c'était le moins qu'on puisse dire.
— J'en connais que ça dérange pas, fis-je avec arrogance.
Elle me tapota la joue comme si j'étais un enfant de cinq ans.
— T'es libre de les voir les autres jours de la semaine Deenou. Allez, faut que j'y aille.
Un instant plus tard elle avait quitté ma chambre et je me rendormais de nouveau.
Ce n'est que deux bonnes heures plus tard que je me levai pour de bon, trainant activement des pieds pour aller me faire un café, mais lorsque j'arrivai dans la cuisine, mon coeur se serra d'attendrissement en découvrant qu'elle m'avait préparé un petit déjeuner digne d'un hôtel de luxe.
Violette avait pris le temps de descendre à la boulangerie et de revenir... Juste pour moi.
Et dire que je m'étais même pas levé pour l'encourager un minimum pour sa journée... Je me sentis aussitôt coupable et me promis de rattraper le coup au prochain réveil.
Méritais-je une perle pareille ?
Surement pas.
Pourtant ça ne me donnait pas du tout envie de mettre fin à cette histoire, bien au contraire. Tôt ou tard elle allait se rendre compte qu'elle était beaucoup trop douce pour moi, d'ici là j'avais bien l'intention de profiter du fait qu'un tel ange se soit penché sur mon âme démoniaque.
(...)
Quelques jours plus tard nous étions une dizaine de gus entassés dans le studio d'Elite, ça braillait sévère tandis qu'Eff tentait d'enregistrer un feat avec Nek.
Je ne sais même plus comment le sujet Violette se retrouva sur le tapis, mais les uns racontaient l'agression aux autres et Mékra, fier de lui, montrait la vidéo de l'humiliation de l'agresseur.
— Starf' Mek' t'es prêt pour intégrer la BAC là ! railla Sneazz.
— Vas-y insulte moi encore et c'est toi le personnage principal de ma prochaine vidéo.
Tout le monde ricana et SNZ surjoua le mec terrifié. Ken choisit ce moment pour reparaître.
— Vous parlez de quoi ? demanda-t-il.
— De Violette, expliqua Fram.
Le Fenek se laissa tomber sur un canapé, Sneazz lui tendit une cannette d'Ice Tea qu'il accepta avec plaisir.
— J'crois qu'elle a un mec.
Les yeux d'Hakim remontèrent aussitôt vers moi mais je l'ignorai prudemment.
— Et alors ? demanda Sneazz, Mandarine m'en a parlé, c'est à cause des textos et tout que tu dis ça ?
Il fallait préciser que Sneazz et Clem se disaient absolument tout, ils étaient devenus aussi proches que des frères et sœurs.
Pourtant elle m'avait dit qu'elle me faisait davantage confiance. Encore maintenant je ne comprenais pas pourquoi.
— Ouais, enchérit Nek, elles se sont vues cette semaine, Violette est différente, elle change un peu de style vestimentaire, elle sourit niaisement devant son portable. Et elle dort chez un « pote » deux soirs par semaine.
Tous les gars allèrent de leurs petits commentaires du genre « ah ben oui », « c'est sûr », jusqu'à ce que Sneazz lâche la phrase de trop.
— Elle s'envoie en l'air, c'est clair.
Ken aurait pu faire un AVC en live, sa tête n'aurait pas été différente.
— Putain dis pas des choses comme ça, on va le perdre, lança Idriss en mettant une claque derrière la tête de Moh.
Hakim ne disait toujours rien, je sentais qu'il hésitait, se demandant si tout ça n'était que pure coïncidence ou si j'étais « le pote ».
— Non mais les gars elle va avoir vingt et un ans dans dix jours. Elle fait ce qu'elle veut de son cul hein !? reprit Sneazz en enfonçant le clou.
— Non mais t'as raison, appuya Fram à ma grande surprise, On en a parlé avec Lucie, Vio est pas stupide, c'est pas une salope non plus. Ce serait pas mal de la laisser tranquille et de lui faire confiance.
Cette fois je craquai et ne pus m'empêcher une petite réflexion.
— Ce qui pourrait être pas mal, c'est d'arrêter de parler d'elle en son absence. Je suis pas sûr que ça lui ferait plaisir de savoir que vous discutez de sa vie sexuelle comme si elle vous concernait. Vous vous plaignez qu'elle dit rien, mais si c'est pour que derrière, ça commère comme des vieilles à la sortie de la messe, je la comprends.
Plusieurs gars m'adressèrent un regard surpris, mais finalement se rangèrent à mon avis.
— De toutes façons je pense savoir qui c'est, fit Fram.
Je me retins de réagir, pour ne pas attirer l'attention d'Hakim, mais Ken le fit pour moi.
— Hein ? C'est qui ?
Idriss prit un air mystérieux, cultivant l'impatience de son frère, il fit danser ses sourcils.
— La dernière fois, elle a ramené un mec à l'appart, c'est ton sosie Nek d'ailleurs, pour un peu j'aurais pu croire que tu nous cachais un p'tit kho.
Adrien.
C'était son pote, rien à signaler.
— Ah ouais, fit Ken, C'est son pote Adrien, je le sens pas celui-là. Mais elle m'a dit qu'il y avait rien entre eux.
— Peut-être, admit Fram, Mais ils ont dormi ensemble, et le lendemain matin je l'ai vu sortir en calbute de sa chambre pour aller aux chiottes.
Oh putain.
Ne réagis pas Grand-père, elle est libre, t'es libre.
Le Grec écarquilla les yeux, l'air ulcéré.
— Attends, tu les as laissé dormir ensemble ? Chez toi ?
Idriss haussa les épaules.
— Bah j'étais pas tellement pour, mais Lucie... Et puis elle a dit que c'était un pote.
— Tu te fous de ma gueule ? Elles sont où tes couilles mec ?
Alors que Fram s'apprêtait à répliquer vertement, Sneazz prononça sans doute la phrase la plus intelligente de l'après-midi. Comme quoi ça venait toujours de l'endroit où on s'attendait le moins.
— Les mecs, vous êtes complètement con. Si c'était son gars, vous connaissant, elle l'aurait JAMAIS ramené chez Fram. Vous lui cassez suffisamment les couilles pour qu'elle ait pas envie de vous donner des raisons d'être encore plus chiants.
— Sneazz, t'es brillant quand tu veux, fit Doums en lui frottant la tête, Maintenant tout le monde ferme sa gueule j'en ai ras le cul d'entendre parler de cette gamine.
Le sujet dériva alors sur l'album et plus personne n'évoqua Violette.
Pourtant moi, je pensais toujours à elle, et à Adrien. Elle m'avait dit qu'ils avaient déjà flirté plusieurs fois mais que ça n'avait jamais été très loin, notamment à cause du fait qu'elle était mal à l'aise avec le sexe. Est-ce que le fait d'avoir couché avec moi n'avait pas débloqué quelque chose ?
Pourquoi ça me faisait chier d'imaginer cette possibilité ?
Parce que ça piquait mon orgueil, j'aimais bien l'idée d'être le seul.
Pourtant, j'avais vu Paloma depuis mon arrangement avec Violette, j'étais franchement mal placé pour faire des réflexions.
Mais j'y pouvais rien, ça m'emmerdait.
Et le soir même, je devais la retrouver au ciné de la Villette et j'avais envie de lui foutre un plan. Mais ça aurait été laisser ma faiblesse prendre le contrôle.
En sortant du studio, je fus surpris de tomber sur Clem dans la rue, une clope aux lèvres.
— Clem qu'est-ce que tu fous là ? t'attends Nek ? T'as recommencé à fumer ?
Elle sursauta, ne m'ayant pas vu sortir.
— Deen.
Elle s'approcha de moi pour m'enlacer brièvement, ses traits étaient tirés et elle avait les yeux très cernés.
— Ouais... Je viens de laisser Iris chez ma mère. Et pour la clope... je sais que je devrais pas mais... Ces derniers temps c'est un peu dur.
Apparement la petite leur menait la vie dure.
— Comment tu vas toi ? me demanda-t-elle.
— Ça va mieux depuis quelques temps.
Clem jeta son mégot et rassembla ses longues boucles brunes au sommet de son crâne pour les nouer en un chignon rapide. Comme toujours. Je me perdis quelques instants dans ses yeux sombres, elle était belle, mais ça me faisait moins mal qu'avant.
— Tu manges assez ? demandai-je.
Elle hocha la tête et s'alluma une nouvelle cigarette. Heureusement qu'elle allaitait pas.
— Ouais, ça va, Ken veille au grain. Il est incroyable depuis la naissance d'Iris, sans lui je serais déjà en plein burn out. Mais j'ai un peu peur que ça lui pèse trop, t'as du voir qu'il est à cran.
J'opinai, effectivement, il suffisait d'un rien pour qu'il parte en vrille, suffisait de voir comme il réagissait avec Vio.
— Enfin, on va y arriver, tenta-t-elle de se convaincre.
— Mais oui, vous avez surmonté un tas de trucs tous les deux.
Pour une fois il n'y avait pas d'aigreur dans mon ton, peut-être que je commençais enfin à ne plus leur en vouloir de s'aimer.
— Oui, fit-elle avec un joli sourire un peu triste, C'est terrible à dire mais... Je suis contente qu'on ait pas Iris cette nuit.
— Viens, fis-je en lui ouvrant mes bras.
Elle ne se fit pas prier et pour une fois, je ne sentis pas mon coeur se fendre lorsque j'embrassai furtivement ses cheveux.
Guérison peut-être pas, rémission peut-être bien.
Clem se détacha de moi en me remerciant puis tira de nouveau sur sa cigarette, au même moment Ken sortit de l'immeuble.
— Beauté, tu fumes trop.
Il attrapa la clope entre ses lèvres et la balança sur le goudron de la rue.
— Toi tu pollues, souffla-t-elle avant de l'embrasser rapidement.
Bon, ça, c'était encore douloureux.
— Allez, j'y vais.
Violette allait m'attendre et pendant quelques instants, j'avais presque oublié l'histoire avec Adrien.
Je checkai Nek et fis la bise à Clem qui me retins deux secondes pour me murmurer quelques mots à l'oreille.
— Je sais pas qui est la fille qui te redonne le sourire, mais garde la Deen.
Si elle savait.
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