Chapitre 25. La lumière dans le noir
——Deen——
J'étais posé dans un bar avec Ivan et venais de lui raconter la raison qui m'avait poussé à partir si brusquement de chez lui.
— Mais la petite pourquoi elle squatte pas chez Zer2 et sa femme au lieu d'être chez Fram ? demanda-t-il.
Haussant les épaules, je lui fis comprendre que j'en avais aucune idée, sans doute qu'elle était moins proche de Judith que de Lucie et se sentait plus à l'aise chez Akrour.
— Elle peut vraiment pas prendre un appart' ?
— Elle a pas de garants... les Samaras lui ont proposé mais elle veut pas. Elle est chiante aussi.
J'avais envie de lui parler de mon arrangement avec Violette, mais clairement, même si nous étions très proches, j'avais peur qu'il me juge ou du moins me fasse une maxi leçon de morale. Pourtant Ivan était sans doute le moins moralisateur de toute la bande.
— T'en es où avec Camille ? lui demandai-je.
— C'est une salope.
Ok, la dernière fois que j'avais posé la question il était dingue d'elle. J'avais vraiment du mal à suivre l'évolution de leur relation. Cette merde durait depuis que j'avais sorti Grand Cru, ça commençait à faire long.
— C'est une salope pour toujours, ou jusqu'à ce que tu lui écrives une chanson et que vous vous remettiez ensemble ?
— On est ensemble, répliqua-t-il, mais c'est une salope.
À tous les coups, au moment où nous parlions, Camille devait être chez Clem en train de dire qu'Ivan était un fils de pute. Je flippais vraiment pour ce couple, tôt ou tard l'un allait finir par tuer l'autre.
— Elle a quel âge ? Elle est plus jeune que toi non ?
Jazzy haussa les épaules, comme si ça n'avait pas d'importance, il ne savait pas que j'avais besoin de me rassurer, pour essayer de me convaincre que j'étais pas trop répugnant.
— Bah elle a l'âge de Clem, Maya, Lucie et compagnie, genre en 93 t'as une génération de meufs qui sont nées pour casser les couilles de L'entourage.
Ces meufs avaient toutes six ans de moins que moi, et Violette avait six ans de moins qu'elles...
Je fermai les yeux. Dans quelle merde m'étais-je foutu ?
— Mec, je crois que je fais une énorme connerie.
Il fronça les sourcils et arrangea brièvement sa casquette sur son crâne.
— Quoi ?
Le plus de personne étaient au courant, le plus ça risquait d'arriver aux oreilles de ceux à qui je voulais absolument le cacher. Mais je savais que même s'il n'approuvait pas, Ivan resterait muet si je le lui demandais.
— J'ai couché avec Violette... Et je la revois... ce soir.
Les yeux de mon reuf s'écarquillèrent sous ses verres teintés.
— Tu te fous de ma gueule ?
Comme je lui répondais par la négative, il s'alarma d'autant plus.
— C'est pour faire payer Clem ? Tu te sers d'elle ?
Putain mais pourquoi tout le monde croyait ça ? Pour moi Clem et Violette étaient parfaitement dissociées, si j'avais voulu me venger, j'aurais fait en sorte qu'elle l'apprenne. Et puis même si j'utilisais un peu Violette comme un pansement, c'était pas pour autant que j'en faisais un objet de revanche. Alors je pris le temps d'expliquer toute l'histoire à Ivan qui passa par à peu près toutes les étapes pendant mon récit.
— Limite ça me fait chier d'être au courant... fit-il, parce que je me sens obligé de te couvrir tout en sachant que si Nek l'apprend... Frère t'as vraiment un problème dans ton choix de nana, je te comprends pas, même dans un rassemblement d'asexuelles t'arriverait à serrer et il faut quand même que t'ailles chercher les bails les plus compliqués.
J'étais parfaitement conscient de tout ça, j'étais même persuadé que Violette pensait aussi que c'était une mauvaise idée. Pourtant, je savais que j'irais quand même la retrouver le soir même et qu'une fois qu'elle serait chez moi, tous nos scrupules s'envoleraient.
— Je sais mec... elle est beaucoup trop jeune.
— Putain mais on s'en fout de ça, c'est pas le vrai problème, elle est majeure et consentante. Tu sais très bien que le truc qui va foutre la merde c'est pas son âge. Parce que, même moi, si t'avais été à fond sur ma meuf pendant plusieurs années, pour finir par te taper ma reus, mais je te serais rentré dedans comme jamais.
Un soupir d'agacement m'échappa.
— C'est pas sa putain de reus ! Faut arrêter, jamais j'aurais fait des bails avec la sœur de l'un de vous.
Jazzy me considéra quelques instants, l'air de dire « tu sais bien que c'est pareil. », et non bordel, c'était pas pareil. Violette, Nek, Clem, aucun sang en commun.
— Deen arrête, t'es le premier à dire que ce clan est une famille. Deviens pas ce genre de connard qui joue sur les mots en fonction de ce qui l'arrange.
Le problème c'était que jusqu'ici, je ne m'étais jamais senti étouffé par cette famille, là ses codes me foutaient une pression qui me donnait limite envie de tout envoyer chier.
— Tu me conseilles quoi ? finis-je par demander.
Il souffla et se gratta le menton en me détaillant, j'étais sûr qu'il avait compris que ça servait pas à grand-chose de me dire de ne pas revoir Vio.
— Bah... Dites rien pour l'instant, mais si à un moment ça devient sérieux entre vous, annoncez-le. Ça sera la merde, Ken va vriller et croire que tu t'acharnes sur lui par jalousie ou je ne sais quoi, mais si c'est vous qui l'annoncez, au moins t'auras peut-être plus de chances d'avoir l'appui des autres. Mais je te le dis direct, le S-Crew sera forcément de son côté.
— Hakim est au courant qu'il y a eu rapprochement, indiquai-je, s'il dit rien c'est grâce à sa femme qui pour le coup est de mon côté, mais s'il apprend qu'on a réellement fait des bails, il tiendra pas sa langue.
Ivan opina de la tête mais je voyais dans son regard qu'il était inquiet.
— C'est pas plus mal que Maya t'appuie, elle pourra surement raisonner Clem, qui pourra raisonner Ken. Mais putain tu sais aussi bien que moi que tôt ou tard ça va se savoir et tout va péter.
Oui.
Mais j'arrivais à un stade où j'en avais plus rien à foutre. Ça faisait trois ans que je vivais à moitié, Violette me ressuscitait et j'étais égoïste.
Et effectivement, quand je la vis sortir le soir même du Zénith, tout sourire, planche à la main, je me dis que ça valait le coup d'être égoïste.
— Coucou Deenou ! me lança-t-elle joyeusement en embrassant ma joue, t'as l'air grincheux aujourd'hui.
Il faisait nuit noire, pourtant j'avais un soleil rayonnant sous les yeux. Je me gardais bien de lui dire, l'imaginant déjà hurler à la disquette.
— J'aime bien comme t'es sapée, lui fis-je simplement.
Violette avait fait un effort, vraiment, je voyais moins la fan de Nekfeu et plus la jeune femme à la fois chic et street. Une paire de créoles pendait de ses oreilles et me rappela le soir du mariage, le pansement sur sa joue avait considérablement réduit de volume et elle avait maquillé ses cils.
— C'est vrai ? demanda-t-elle.
— Ouais, t'es belle.
J'adorais l'effet que cette phrase produisait sur elle, comme si elle le découvrait à chaque fois. Violette, glissa son bras dans mon dos et je la pris par les épaules pour la ramener chez moi.
Une fois dans mon appartement, un bref moment de gêne nous enveloppa, j'avais pas envie de faire le gros dalleux à lui sauter dessus, elle devait pas trop savoir comment amorcer le truc, alors qu'on savait très bien tous les deux pourquoi on était là.
Finalement, après avoir bu le verre d'eau que je lui avais servi, Violette contourna le plan de travail et se planta sous mon nez. Se hissant sur la pointe des pieds, elle colla ses lèvres sur les miennes et je ne pus m'empêcher de sourire en l'attirant plus près.
Attrapant ses cuisses, je la fis grimper jusqu'à moi pour donner plus d'intensité à notre baiser, elle glissa ses ongles dans mes cheveux et un grognement de contentement m'échappa, y'avait pas plus agréable.
Puis brusquement, elle éloigna son visage du mien et me dévisagea avec un sourire attendri, ses mains poursuivaient néanmoins leurs caresses, dans mes cheveux, sur mes joues, mon front, elle m'observa ainsi une longue minute, avant de m'embrasser à nouveau et de glisser on visage dans mon cou pour y déposer quelques baisers.
— Ça te dit de faire une partie de carte ? murmura-t-elle.
Sérieusement ?
Alors si je m'attendais à ça !
— T'as pas cours demain ? lui demandai-je un peu frustré en la laissant retomber au sol délicatement.
— Si.
Il était déjà pas loin d'une heure du matin, elle allait être déglinguée si on perdait du temps à jouer aux cartes. À moins qu'elle n'ait pas prévu d'aller plus loin que ce baiser.
Déboussolé, je la vis sortir des cartes de son sac et me demander quel jeu je préférais. Je n'en avais aucune idée, alors je la suivis et la regardai distribuer les cartes sur la table basse du salon, assise par terre en tailleur.
J'avais envie d'elle, elle voulait jouer aux cartes.
Putain.
Pendant dix minutes elle m'expliqua les règles d'un quelconque jeu et moi j'étais suspendu à ses lèvres mais n'entendais pas ce qu'elle disait.
— Putain Violette, j'ai aucune envie de jouer aux cartes.
Elle haussa les sourcils, sans doute surprise par mon ton agacé.
— T'as envie de quoi alors ?
— De toi.
La jeune femme rougit violemment, la bouche entrouverte, elle me fixait avec stupéfaction. Puis finalement, un sourire fendit son visage, elle s'approcha de moi, m'embrassa rapidement et me chuchota avec un air amusé :
— Avec un peu de chance, on aura le temps de tout faire. Maintenant concentre toi s'il te plait, je déteste expliquer les règles.
J'allais finir complètement fou.
Pendant tout le jeu, elle me fixa d'un regard mi sérieux mi moqueur, posant de temps à autres sa paume sur ma cuisse, avec ce putain de sourire qui éclairait son visage.
Quand sa dernière carte fut posée, elle éclata de rire en sautant sur ses pieds pour gueuler :
— Peu importe la manche, il m'reste encore des cartes yo !!!
Je levai les yeux au ciel mais elle se pencha vers moi, passant ses bras autour de mon cou avant de se laisser tomber de tout son poids sur moi, me faisant basculer sur le dos.
— Souris Deenou, c'est pas grave de perdre ! lança-t-elle joyeusement.
Déjà ses lèvres me couvraient de bisous et je me mis à rire de son enthousiasme. Finalement, alors qu'elle était allongée sur mon torse, elle plaça ses mains de chaque côté de ma tête, pour s'appuyer dessus et positionner son visage rieur au-dessus du mien.
— On refait une partie ? fit-elle narquoisement.
Mais j'avais déjà glissé ma paume sous son haut et mes doigts courraient sur ses côtes. Violette frissonna et son sourire réduisit un peu.
Au fur et à mesure que mes gestes devenaient équivoques, Violette ferma les yeux et me laissa agir doucement alors que je me redressais pour l'assoir sur moi et l'embrasser de nouveau.
— Tu vois qu'on avait le temps de tout faire, murmura-t-elle un peu plus tard en s'endormant près de moi.
La conversation avec Jazzy me revint en mémoire tandis que j'observais ses traits détendus par le sommeil. Je savais très bien que tôt ou tard, la tempête du siècle allait nous tomber dessus, mais putain j'étais trop bien quand j'étais avec elle et j'avais pas envie de penser aux conséquences.
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