Bonus #2
Grand-père boit de l'eau, Grand-père est flatté.
Eh merce.
Bonne lecture !
—Violette—
J'avais repris ma vie avec Deen là où elle s'était arrêtée, pourtant, je ne pouvais pas dire que c'était comme s'il n'était jamais parti, au contraire.
Vraiment le voyage lui avait fait beaucoup de bien, il relativisait bien plus les problèmes du quotidien, grognait moins. Et même si je sentais parfois qu'une peine intense le gagnait lorsqu'il regardait courir un enfant, ou qu'il se penchait sur Ania, la petite de Fram et Lucie, les lettres qu'il écrivait presque tous les jours, étaient un bon moyen pour lui d'extérioriser. Sans se défouler sur moi.
Pour autant, je fus prise d'une violente angoisse quand à peine deux mois après son retour, je réalisai que j'avais un très gros retard de règles. Logiquement nous avions été plutôt prudent, mais comme la vie ne nous avait peut-être pas assez servie de leçon, il était fort possible qu'au détour d'un réveil nocturne, Deen ait été un peu trop pressé.
Je ne prenais plus la pilule depuis l'hépatite, il y avait donc toutes les chances du monde pour que je sois parfaitement enceinte.
Complètement perdue, j'appelai Pauline en lui demandant de venir très vite. Il fallait que je fasse un bilan de ma vie avant de faire le test.
J'avais à peine vingt-quatre ans, je venais de me remettre avec Deen qui lui venait de perdre un enfant. Mes études étaient presque terminées, il me restait à finir mon stage. Comment allait-il réagir ? Était-on capable de faire face à une telle nouvelle.
À vrai dire, si je n'écoutais que moi, je voulais profondément cet enfant, mais étais terrifiée à l'idée que Deen le prenne mal, que ce soit une mauvaise nouvelle et qu'il finisse même par me rejeter.
Pauline pensait qu'il allait bien le prendre, même si ce serait sans doute un choc pour lui. Sa fille avait disparu depuis presque un an, il en faisait à peine le deuil.
— Vio il faut que tu fasses le test de toutes façons, tant que tu ne l'as pas fait, tu ne peux pas être sûre, si ça se trouve tu te fais totalement des films.
Elle me tendit la boîte en carton qui contenait l'objet qui risquait de changer ma vie pour de bon, et je courus m'enfermer dans les toilettes.
Les mains tremblantes, je tenais le test entre mes doigts en attendant que le résultat s'affiche.
Évidemment qu'il était positif.
— Bon bah... Pauline... Je suis vraiment enceinte ! criai-je a mon amie qui attendait dans le salon, Putain mais on a vraiment un problème avec les capotes... !
J'ouvris la porte en soupirant, les larmes aux yeux et le pouls en panique, et manquai de m'étrangler violemment en découvrant, qu'à côté de Pauline, se trouvait son cousin, autrement dit, mon Deen.
Mon seul réflexe fut aussitôt de me renfermer dans les toilettes.
— Je vais vous laisser, entendis-je Pauline dire à mon mec.
Non pitié...
Un silence glaçant emplit l'appartement une fois qu'elle l'eut quitté. Je me laissai glisser contre le mur pour m'assoir par terre, collée à la porte.
J'ignorais vraiment si pour lui la nouvelle était bonne ou mauvaise. Pour l'instant il ne disait rien, sans doute traumatisé par ma sortie fracassante. Je ne l'avais même pas entendu rentrer...
— T'es rentré plus tôt, soufflai-je alors contre le bois de la porte.
— Je voulais t'emmener au ciné.
Sa voix était totalement détachée, comme s'il lisait un prompteur sans conviction.
— Ah bon ? En quel honneur ?
Ça faisait des années que nous n'étions pas allés au cinéma tous les deux.
— Je voulais te demander de m'épouser, lâcha-t-il alors, pas un truc prétentieux ni cucul, juste te poser la question au milieu du film et voir ta réaction dans le noir. J'avais choisi un film français de merde, en me disant que ça pourrait être une sorte de souvenirs qu'on montrerait à nos enfants plus tard, en leur disant : C'est pendant cette daube que Papa a demandé Maman en mariage.
Ma vue se brouilla rapidement et un sanglot s'étrangla dans ma gorge. Il était vraiment sous le choc, et moi aussi par la même occasion.
Le bébé, le mariage. Wahou, c'était beaucoup d'un coup là.
— Tu voulais m'épouser ? murmurai-je.
— Je voulais te demander en mariage, je veux toujours t'épouser. Mais apparemment, ta surprise surpasse la mienne.
Mon cœur se libéra d'un poids, il n'avait pas l'intention de se séparer de moi parce que j'étais enceinte. Mais est-ce qu'il allait vouloir que je garde le bébé...
— Ça serait cool que tu sortes des toilettes, ça fait vraiment vieux couple qui n'a plus aucun romantisme à entretenir.
Timidement je me redressai, ouvris la porte, et me retrouvai face à lui, le test toujours serré entre mes doigts.
Je ne savais pas quoi dire, lui non plus. C'était un peu gênant.
Alors Deen saisit mon poignet, décolla mes doigts pour saisir le bâtonnet et le regarder. Il avait les yeux brillants, vraiment très très brillants, il me sembla même voir une larme s'échapper de ses yeux.
— Eh baaah, lâcha-t-il simplement.
Il attrapa mes hanches pour me ramener contre lui, je me sentis tout de suite mieux. Sa barbe me piqua la joue quand il murmura à mon oreille.
— Qu'est-ce que tu veux faire ?
J'étais touchée qu'il pense d'abord à moi dans cette histoire, mais nous étions aussi concernés l'un que l'autre.
— Toi qu'est-ce que tu veux faire ? répondis-je, parle moi vraiment n'aie pas peur de me blesser.
Pour moi la communication, surtout dans ce genre de moments, était la meilleure façon de sortir ou d'éviter la crise.
Il m'attira sur le canapé et je m'assis contre lui.
— J'aurais du mal à supporter que t'avorte, après tout ce qu'il s'est passé, avoua-t-il, Mais c'est toi qui va le porter et c'est aussi ta vie que ça va bouleverser. Alors... ton choix sera le mien parce que tout ce que je veux, c'est être avec toi.
Oh mon Dieu j'étais tellement soulagée. J'étais un peu idiote, sur le moment j'avais tellement pensé que le traumatisme de la disparition de sa fille le ferait préférer un avortement, alors qu'évidemment, c'était l'inverse.
— Je veux le garder aussi... soufflai-je.
L'émotion que je ressentais était totalement indescriptible, j'avais des fourmis dans tout mon corps, mon estomac était complètement nouée et mon cœur dansait dans ma poitrine. Mélange d'appréhension et de joie. Un sourire incontrôlable naissait sur mes lèvres.
— Putain... lâcha Deen, Sur le moment j'ai tellement câblé, mais je suis heureux Chérie. C'est pas un accident, c'est une surprise.
Il m'embrassa et je me permis de penser que le fait d'être passés par tellement d'épreuves, ne nous permettait pas de considérer cette nouvelle, comme un obstacle à notre bonheur. On avait tout pour que ça marche. Je n'étais plus une enfant, on ne manquait de rien, et surtout on était parfaitement sûrs de notre couple. Alors, comme aimait bien le dire Idriss « Que demande le peuple ? »
— Pourquoi tu m'as spoilé ta demande en mariage ? demandai-je en posant mon front contre le sien, C'était cool comme idée.
— Je sais pas j'étais sous le choc.
Sa remarque me fit sourire de plus belle, il était visiblement encore bien remué.
— Je trouverai autre chose, t'façon j'ai la flemme d'aller au ciné. J'ai trop faim.
Mon Dieu mais cet homme ne pensait vraiment qu'à la nourriture. Le bon côté des choses, c'était que la plupart du temps, c'était lui qui cuisinait, quand il ne m'emmenait pas manger dehors.
Un peu plus tard, alors que nous dînions, un silence assez pesant nous enveloppa, c'était sans doute le contrecoup de la nouvelle. C'était comme si toute les cinq secondes, l'évidence revenait à mon esprit « on va avoir un bébé ». À chaque fois une nouvelle vague d'émotion me submergeait, c'était quand même très impressionnant.
***
L'annoncer aux autres ne fut pas une mince affaire, nous avions décidé d'attendre la fin du premier trimestre, afin d'éviter au maximum d'avoir à partager la peine d'une éventuelle fausse couche avec tout notre entourage. Évidemment, les parents de Deen et Maxime furent les premiers au courant, Sylvie étaient intenable, en larmes, elle me proposa même de venir m'installer à Toulon pendant toute la durée de ma grossesse.
— T'as peur qu'elle se tire avec le bébé ou quoi ? plaisanta Maxime.
Tout le monde s'étrangla en même temps et il reçu une violente claque derrière la tête de la part de son père. Deen fit comme si de rien n'était, mais je sentis qu'il n'était pas encore tout à fait prêt pour ce genre de blagues. D'autant plus que nous n'avions toujours aucune traces de Nora.
Après l'annonce, Sylvie me prit à part dans la cuisine pour me questionner sur la façon dont son fils avait pris la nouvelle, je lui racontais la scène et elle se remit presque à pleurer.
— Oh mon grand fils... murmura-t-elle, Je suis tellement heureuse qu'il t'ait trouvée. Il t'attendait depuis longtemps. D'ailleurs, quand est-ce que vous vous mariez ? Parce que Maxime m'a dit que lui et Leila ne comptaient pas le faire, mais toi, j'espère bien que tu vas t'appeler Castelle.
Je souris, depuis qu'il m'avait parlé de sa demande, nous n'avions plus abordé le sujet et je pensais qu'il attendait le moment propice, afin de créer un certain effet de surprise.
— Je sais pas, avouai-je, Je sais que Deen veut qu'on se marie, mais je suis un peu vieux jeu, je m'imagine mal lui demander de m'épouser.
— Oh je comprends très bien, il va falloir qu'il se précipite un peu ce grand couillon. J'espère qu'il a au moins la bague.
Oh la bague, c'était le dernier de mes soucis, à vrai dire pour l'instant je pensais davantage au bébé qu'au mariage. Et je me demandais si Deen n'était pas comme moi, il préférait sans doute se concentrer sur cette première belle chose qui nous arrivait, avant de penser aux suivantes.
Il fallut ensuite l'annoncer à ma mère, qui a ma grande surprise, prit bien la nouvelle de ma grossesse, même si, en toute honnêteté, elle n'avait pas l'air très intéressée par ma vie, et qu'elle faisait toujours comme si Deen n'existait pas.
Quelques jours plus tard nous profitâmes de l'anniversaire de Naël qui nous réunissait tous pour le dire aux autres.
Vu la tête de Maya, elle était déjà au courant, mais je n'en voulais pas à Deen, parce qu'à vrai dire, j'en avais déjà parlé à Lucie.
Clem sauta aussitôt au cou de Deen, ce qui m'agaça un petit peu mais comme Ken m'ouvrait grand ses bras, je m'y précipitai.
— J'arrive pas à croire que ma petite sœur soit enceinte, chuchota-t-il, Pour moi t'es encore un bébé...
Sans blague.
Naël avait l'air très inquiet de cette nouvelle, il se mit même à pleurer. Alors je pris le petit garçon de quatre ans dans mes bras pour lui demander ce qu'il lui arrivait.
— Si tu vas avoir un bébé, tu vas plus jouer avec moi et tu vas plus m'aimer...
— C'est exact, fit Deen en arrivant derrière moi pour poser son menton sur mon épaule, Je vais l'avoir que pour moi.
Naël se remit à pleurer et je chassai Deen en levant les yeux au ciel.
— Ne l'écoute pas, il dit des bêtises. Je t'aimerai toujours et tu pourras jouer avec mon bébé. Comme un grand frère tu vois.
— Comme avec Ania.
Je hochai la tête, Naël était très protecteur avec sa petite sœur, il fallait voir sa tête quand ses parents la lui mettaient dans les bras.
— Tout pareil, murmurai-je en embrassant son front.
***
Six mois plus tard
Jamais dans toute ma vie, je n'avais vécu un moment aussi émouvant que les larmes de Deen lorsque la sage femme lui mit notre Jade dans les bras.
C'était totalement indescriptible, au niveau de la joie ça dépassait tous les moments qu'on avait pu vivre tous les deux. Je riais et pleurais en même temps, ça n'avait plus aucun sens. Je voyais juste ce petit bébé tout rouge qu'on avait fait ensemble et qui faisait de nous une famille.
— Putain j'ai jamais été aussi heureux de toute ma vie, murmura-t-il en déposant Jade contre moi avant d'embrasser mon front, Je t'aime tellement, t'es trop forte, t'es parfaite... je... épouse moi.
Mon sourire n'avait jamais été aussi large, je planais totalement, sans doute le mélange de la fatigue intense et du bonheur indescriptible que nous ressentions tous les deux.
— D'accord, chuchotai-je en caressant les cheveux de ma fille.
Il posa sa tête contre mon épaule, juste au dessus de celle de Jade, saisit ma main gauche et je sentis un anneau passer autour de mon annulaire. Je l'admirerais plus tard, je savais déjà qu'il avait bien choisi. Je laissai mes doigts noués aux siens et nous restâmes ainsi de longues minutes, sachant qu'il était totalement impossible que ce souvenir parfait s'efface de nos mémoires.
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