39. Cap Town
Afrique du Sud, Cap Town - 1886
Un bateau accoste à Cap Town. Trois archéologues descendent sur le quai et rejoignent le site archéologique au nord de Johannesburg. Le Chef de l'expédition vient les saluer.
CLARK
James Clark, je suis le chef de l'expédition. Avez-vous fait bon voyage ?
L'un d'eux semble furieux.
ARCHÉOLOGUE
Nous venons d'apprendre que vous avez changé les plans !!
CLARK
En effet.
ARCHÉOLOGUE
Nous n'allons plus à Sterkfontein ?? Mais dans un coin reculé d'Afrique à des centaines de lieus. Avez-vous perdu l'esprit ? La Couronne britannique ne tolèrera pas cet écart.
Susan s'approche, élégamment vêtue avec une ombrelle.
SUSAN
Oh que si, elle s'en remettra !
ARCHÉOLOGUE
Qui êtes-vous ?
SUSAN (tendant sa main)
Appelez-moi Susan.
Furieux, l'homme lui lance un regard glacial, sans même prendre la peine de lui adresser un baise-main. Clark vient à son secours, croyant utile de préciser...
CLARK
La compagnie de Susan finance cette nouvelle expédition.
ARCHÉOLOGUE
C'est une plaisanterie ?
CLARK
Absolument pas !
ARCHÉOLOGUE
Mais comment peut-elle financer une expédition de la sorte ? Voyons, c'est une.... femme ! Où est son mari ? Je veux lui parler sur le champ !
SUSAN (s'approchant l'air menaçante)
Adressez-vous à moi, les yeux dans les yeux quand vous parlez en ma présence !
L'archéologue dévisage le chef de l'expédition d'un air supérieur.
ARCHÉOLOGUE
Très bien. Alors, ne comptez pas sur moi !
CLARK
Vous n'allez pas rentrer en Angleterre tout de même ? Vous venez tout juste d'arriver...
ARCHÉOLOGUE
J'y vais de ce pas !
Edward sort au même instant de la tente toute proche.
EDWARD
Nous sommes prêts à vous payer une somme non négligeable. Nous avons besoin d'hommes de votre talent.
Lise sort derrière lui, en tenant une pépite d'or.
LISE (la montrant à Edward)
Elle est beaucoup plus petite que celle d'hier. Tu ne trouves pas ?
EDWARD (souriant en coin)
Tu sais ce qu'on dit, Lise. Demain est un autre jour...
En voyant le cailloux doré, l'archéologue se radoucit.
ARCHÉOLOGUE
Votre offre me semble sérieuse à la vue de ce... de cette...
LISE
De cette magnifique pépite d'or ! Mais comme je le disais, celle d'hier était bien plus grosse...
Les archéologues fraîchement débarqués finissent par se ranger à la nouvelle expédition, s'inclinant devant les sourires vainqueurs des 3 touristes temporels.
EDWARD
C'est entendu ! Demain, nous lèverons le camp aux aurores !
Mais une fois la nuit venue, Lise n'arrive pas à trouver le sommeil. En quittant Johannesburg, elle laisse son arrière-arrière grand-père face à ses démons. Tôt ou tard il mettra sur le tapis de jeu toute sa fortune.
Elle décide donc de retourner dans la taverne centrale du village et le trouve accoudé au bar.
COLONEL (étonné)
Lise, vous ici ? Je croyais que l'expédition devait partir très tôt demain matin ?
LISE
C'est exact. Si je suis venue... C'est pour vous dire de...
Elle le regarde intensément troublée. L'homme pense qu'il a une touche. Il s'approche.
COLONEL (lui prenant les mains)
Vous pouvez parler sans crainte...
LISE
Ça, ça m'étonnerait....
COLONEL
Dites toujours....
Lise lorgne sur sa boisson très alcoolisée et l'avale d'une traite.
COLONEL
Vous alors !!!
LISE
Ne vous méprenez pas ! Je suis de votre famille.
Le colonel recule.
COLONEL
Comment ça ? Je ne vous ai jamais rencontrée. Vous êtes une cousine ??
LISE
Écoutez, tout ce que vous devez savoir, c'est qu'il va falloir répartir vos ressources financières entre vos différents membres de la famille, et ne pas bêtement tout jouer au poker.
L'homme la dévisage.
COLONEL
Vous êtes au courant pour mon addiction au jeu ?
LISE
Oh oui ! Croyez-moi, on me l'a rabâché presque toutes les semaines quand j'étais petite.
COLONEL (étonné)
Votre enfance ?? Je ne comprends pas...Nous avons le même âge vous et moi. Sans vouloir vous offenser.
LISE
Peu importe ! Mais par pitié, ne gâchez pas tout cette fois ! Je suis votre seconde chance !
COLONEL
Euh, je vais tacher !
LISE
Maintenant qu'on vous a servi une mine d'or sur un plateau, il serait judicieux de ne pas mettre votre femme sur la paille, sans quoi elle devrait s'exiler avec vos enfants au fin fond de l'Australie... A moins que vous réussissiez à trouver ces foutues mines d'émeraudes au Nord de Pretoria...
Elle sent que l'eau-de-vie lui monte rapidement au cerveau. Elle est trop bavarde.
COLONEL (ravi de la nouvelle)
Parce qu'il y a des mines d'émeraude dans ce secteur ?!!
LISE
Oubliez ça !!
COLONEL (mentant)
Je vais tâcher.
Lise se lève, elle titube.
LISE
Si je ne devais pas vous revoir... Sachez, colonel... que ce fut un plaisir et un honneur de faire votre connaissance !
COLONEL
On dirait des adieux.
LISE
C'est parce que ça en est.
COLONEL
Où allez-vous après votre expédition ? Vous rentrez ?
LISE
Non, dans le futur. Enfin je l'espère.
COLONEL
Le futur ?? Euh.... c'est une région en Angleterre ?
LISE
Non, moi j'habite sur une île en plein Pacifique. D'ailleurs, vous dites Pacifique à cette époque ou mer du Sud ?
COLONEL
Pacifique. Vous venez d'aussi loin ?
LISE
Disons que dans ma famille, on aime bien voyager. Et on aime l'armée aussi !
COLONEL
C'est une bonne famille, alors !
LISE
Mouais. En tout cas, vous avez toujours été un modèle pour moi. J'ai intégréle corps des Marins, enfin l'armée, pour faire honneur à la famille.
COLONEL (étonné)
Oh... Vous avez intégré l'armée ??
LISE
Oui... J'étais même la major de ma promo. Une vraie bûcheuse !!
Elle entend Edward tousser derrière elle.
EDWARD
Il est temps que je te conduise à ta tente...
Mais Lise a un petit coup dans le nez. L'eau-de-vie semble agir très rapidement.
LISE
Vous vous rendez-compte, je suis devenue propriétaire en l'espace de deux jours !!! (Levant son verre) Vive les voyages dans le temps !
Edward la prend vite par les épaules.
EDWARD
Veuillez nous excusez, Colonel, mais Lise ne tient pas l'alcool. C'est une dame qui se conduit correctement en temps normal.
COLONEL
Je comprends... Le trop-plein d'émotions avec la découverte de cette mine d'or cette semaine !
EDWARD
C'est ça ! Eh bien, bonne soirée, Colonel. Mes hommages à votre famille.
En disant cela, il tient fermement Lise par les épaules pour éviter qu'elle ne se retourne et la conduit dehors. Le colonel les regarde disparaitre, perdu dans ses pensées.
COLONEL
Des mines d'émeraude au nord de Prétoria ?? Voilà qui est intéressant.
Le barman lui resserre à boire en souriant. Il a entendu la dernière partie de la conversation.
BARMAN
Des visiteurs du futur... Elle est bien bonne celle-là !
Soudain Sir Richard Francis Burton apparaît.
SIR RICHARD
De quoi est-ce que tu parles, Francky ?
BARMAN
La petite dame semblait dire qu'elle venait du futur. Si tu veux mon avis, je crois bien que j'ai forcé sur l'eau-de-vie. Je vais aller la couper avec un peu d'eau....
Il retourne en réserves, pendant que Sir Richard se frotte le menton.
SIR RICHARD
Intéressant....
L'écrivain se dirige vers la sortie.
COLONEL
Où est-ce que tu vas comme ça ?
SIR RICHARD
Je reviens.
Il presse le pas pour rattraper Lise qui remonte la rue principale en compagnie d'Edward.
SIR RICHARD
Lise ?
LISE (se tournant)
Sir Richard Francis Burton ? Quelle joie de vous voir !
SIR RICHARD
Vous avez un instant ??
EDWARD
Navré, mais nous devons aller préparer nos affaires pour...
SIR RICHARD
L'expédition, je sais... C'est de ça dont j'aimerais m'entretenir si vous le voulez bien.
EDWARD
Nous vous écoutons.
SIR RICHARD
Le barman a fait une remarque intéressante.
EDWARD
Laquelle ?
SIR RICHARD
Que vous venez du futur....
Edward éclate de rire, suivi par Lise qui l'imite très mal.
EDWARD
Mon amie a un peu trop forcé sur la boisson. Veuillez l'excuser.
En disant cela, il la prend par les épaules et la pousse.
SIR RICHARD
Ne vous excusez pas. Mais j'aimerais savoir si...
EDWARD (le coupant)
Nous devons y aller ! Nous nous levons de bonne heure. Veuillez nous excuser Sir Richard.
Mais l'écrivain ne s'en laisse pas conter pour autant. Il presse le pas et se met devant eux.
SIR RICHARD
Écoutez-moi.... s'il vous plaît.
EDWARD
En quoi cette farce ridicule vous intéresse ??
L'écrivain ôte la manche de chemise, dévoilant un tatouage lumineux.
SIR RICHARD
Est-ce que ceci vous parle ??
Edward et Lise reculent d'un pas, terrifiés.
SIR RICHARD
Vous l'avez vous aussi, n'est-ce pas ?!!
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