139. La Délégation

Las Vegas, Hôtel MGM




Plusieurs politiciens se retournent et la voient faire de grands signes pendant que deux gardes la poussent de l'entrée.



GARDE
Madame, ne restez pas ici. Dernier avertissement !!



La porte se referme. La journaliste recule d'un pas.




BÉATRICE
C'est bon, j'ai compris. Je vais attendre qu'il sorte...




Pendant qu'elle remet son chemisier correctement en place, un politicien sort des toilettes juste à côté, et la reconnaît.




HOMME
Béatrice ??




BÉATRICE

Eli Gold !! Quelle joie de vous voir !!

ÉLI
Qu'est-ce que vous faites ici, à Las Vegas ? Je vous croyais à Los Angeles ?

BÉATRICE
J'ai tout juste eu le temps de m'enfuir.

ÉLI (étonné)
En voiture ?

BÉATRICE
Oui...

ÉLI
Je pensais que personne n'avait pu évacuer à temps l'observatoire... L'autoroute était sens dessus dessous...

BÉATRICE
Disons que j'ai eu beaucoup de chance, j'ai fait partie des premiers à quitter Los Angeles. Et vous, comment avez-vous réussi à venir jusqu'ici ?

ÉLI
En hélicoptère. Malheureusement la plupart des conseillers présents sur place, n'ont pas eu cette chance.

BÉATRICE
Orson était avec vous ? J'ai cru le voir dans la salle de conférence....

ÉLI
Oui. Attendez, je vous l'appelle.

BÉATRICE (narguant les gardes)
Merci infiniment, Éli.



Orson sort quelques secondes plus tard dans le hall.




ORSON
Oh mon dieu, Béatrice !! Tu es...



Il ne termine pas sa phrase, ému aux larmes. Il s'avance vers elle en titubant.



Les deux collègues s'étreignent un long moment.




ORSON
Comment as-tu réussi à t'en sortir ?

BÉATRICE
Longue histoire... L'essentiel, c'est de ne plus être en Californie, du moins ce qu'il en reste.

ORSON (essuyant une larme)
Quelle immense tragédie !

BÉATRICE
Comment as-tu évacué Los Angeles, Orson ? Je te croyais en plein centre-ville ?

ORSON
J'étais au siège du FBI quand les premiers tremblements de terre ont commencé. Un ami m'a fait évacuer par hélicoptère. Mais c'était moins une... A peine décollé, que le bâtiment tout entier s'est effondré. Je suis encore sous le choc, même après ces deux semaines passées.



Il voit Béatrice baisser les yeux, comme si elle avait été touchée en plein cœur.



ORSON
Qu'y a-t-il ?

BÉATRICE
Je crois bien que l'attaché de presse de la Maison-Blanche était au siège du FBI quand les tremblements de terre ont eu lieu.



ORSON
Oh mon dieu... tu parles de ta cousine Caroline ?

BÉATRICE
Oui...

ORSON (baissant les yeux)
Je... je n'ai pas les mots... Vraiment. Je te présente toutes mes sincères condoléances.



Il la serre une nouvelle fois dans ses bras. Béatrice se retient d'éclater en sanglots. Elle préfère mettre pour l'instant ses émotions de côté et régler tout ça plus tard, quand la situation se sera calmée.



BÉATRICE  (reculant)
Merci Orson.



Elle le voit faire une grimace.



ORSON (soupirant)
Hélas, je crains que ce répit ne soit que de courte durée. A présent, ils veulent nous faire évacuer l'hôtel.

BÉATRICE
Oui, j'ai cru comprendre qu'une délégation présidentielle partait se mettre à l'abri. Tu as des infos ?




Orson regarde à droite et à gauche.



ORSON
Viens.... Isolons-nous.



Il l'entraîne vers un renfoncement.



ORSON
Les choses vont très mal.

BÉATRICE
C'est à cause des températures dehors ?

ORSON (lui serrant le bras)
Et pas seulement... L'heure est grave, Béatrice, vraiment très grave.

BÉATRICE
Tu as des informations ?

ORSON
Oui et garde-les pour toi... La Nasa a confirmé hier soir que la Terre est sur le point de s'arrêter de tourner.



Béatrice marque un temps, le temps d'intégrer l'information.




BÉATRICE
Je te demande pardon ?




ORSON
(voyant du monde autour)
Tu m'as bien entendu...

BÉATRICE (bredouillant)
Mais enfin..... Comment ça ?

ORSON
N'as-tu pas remarqué que les jours s'étaient rallongés ?

BÉATRICE
Si, mais avec toutes ces aurores boréales dehors, on ne sait plus si c'est le jour ou la nuit...

ORSON
Je sais. Mais une journée qui dure 35 heures... ce n'est pas normal. Et ça va empirer...

BÉATRICE
Les conseillers... où est-ce qu'ils vont ?

ORSON

Dans des bunkers à 2h au nord de Las Vegas.

BÉATRICE
J'en ai entendu parler.

ORSON (étonné)
Vraiment ? Je croyais l'information classée Secret Défense.... Comment l'as-tu su ?




BÉATRICE
Peu importe. Mes amis d'infortune et moi cherchons un moyen de rentrer à Washington. Il y a un bus qui part dans quelques minutes pour la Côte Est.

ORSON (lui attrapant le bras)
Ne le prends surtout pas !! Viens avec moi. Mais seulement toi. Je pourrais te faire entrer dans les bunkers.

BÉATRICE
Et tu veux que je les laisse à leur sort ?

ORSON
Je suis épouvanté par ce que je vais te dire, mais oui... Les places sont très chères ! Je peux essayer de te faire entrer dans la délégation. 

BÉATRICE (sourcillant)
Comment ?

ORSON
Le journaliste de Fox News qui devait faire partie de cette délégation n'a hélas pas réussi à s'en sortir à Los Angeles...



Béatrice réalise à quel point la situation est dramatique.



BÉATRICE
Mais enfin, non.... Je ne peux pas.... La Côte Est est épargnée. Je l'ai entendu aux infos...



Elle voit Orson baisser les yeux.




BÉATRICE
Ça tourne en boucle aux infos depuis une semaine.

ORSON
Malheureusement la situation a évolué....

BÉATRICE
Quoi, comment ça ?!

ORSON
Depuis 24 heures, les températures de la côte Est ont perdu 10 degrés la nuit, et gagné 10 degrés le jour. L'état du Minnesota a franchi les 55 degrés hier !! Le Minnesota !! Alors imagine les pays du Sud !!! Tu crois que votre bus va tenir sous cette chaleur ???

BÉATRICE
Les infos parlent de 45 degrés seulement...

ORSON
Ils mentent !!!

BÉATRICE
Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ??

ORSON
Ce monde est en train de nous pousser vers la sortie, voilà ce qu'il se passe ! Et seule une poignée d'entre nous survivront.

BÉATRICE
Dans des bunkers ?

ORSON
Pas forcement...

BÉATRICE
Tu as d'autres infos ??

ORSON
Malheureusement je ne peux rien dire sous peine d'être exclu.



Béatrice réfléchit à tout ça. L'heure semble vraiment très grave. 

Elle se tourne vers l'entrée et voit Hugo dire au revoir à Jonathan, s'apprêtant à monter dans le bus.



Orson se rapproche d'elle pour lui murmurer quelque chose.




ORSON
Je suis désolé. Mais tes amis sont condamnés.... Sauve ta peau, Béatrice, viens avec moi !



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