56.Ballade à moto
Canada, Ontario, Bayview Farm, quelques années plus tôt....
Kate et Edward sortent du restaurant en riant, s'entendant comme larron en foire.
KATE
Ce restaurant est merveilleux. Les plats étaient succulents et très bien présentés.
EDWARD
Je te l'avais bien dit...(trébuchant) oups, je crois que j'ai un peu trop bu.
KATE (voyant la moto)
Laisse-moi conduire. Je n'ai bu que 2-3 cocktails. Toi, une bouteille de vin en plus.
EDWARD
Oui, mais un très bon cru. (Prenant l'accent français) Du Château Montrose Saint-Estèphe !
KATE (attrapant le casque)
Ne te vexe pas, mais j'aimerai arriver en vie.
Au même moment le téléphone d'Edward sonne.
EDWARD
C'est mon meilleur ami.
KATE
Vas-y, je prépare la moto.
EDWARD (décrochant et parlant en espagnol)
Juan !!! Cómo estás ? Si... Si... Llego. Estoy con una amiga ... una chica francesa. (J'arrive. Je viens avec une amie française)
KATE
Tu n'iras nulle part dans cet état.
Elle lui prend les clés dans son blouson en cuir et prend place sur la selle en cuir ferme. Elle tourne la clé, débraye et passe la première vitesse.
EDWARD
Madre mia.. Elle vient de démarrer ma moto. Je te laisse.
Il raccroche.
KATE
Saute derrière moi, je te conduis.
EDWARD
Tu connais ce genre de moto ?
KATE
J'ai mon permis moto...
EDWARD (la regardant de haut en bas)
Tu es pleine de surprises... Kate.
KATE
C'est par où ?
EDWARD
Tu saurais revenir au port ?
KATE (souriant)
No problemo !
Edward grimpe à l'arrière. Kate stabilise la moto et mets les gaz. Elle démarre doucement.
EDWARD
Si la moto est trop lourde ou inconfortable, je peux la piloter.
KATE (souriant)
Accroche-toi à moi. Les mains autour de ma taille.
EDWARD
Euh... ok.
Elle sort de la banlieue de Kingston et emprunte la route du bord de lac. Elle pousse les gaz à fond. Se sentant projeter en arrière par la poussée, Edward la ceinture avec ses bras.
Kate fonce à fond dans le virage, penchant la moto comme les professionnels tournant sur circuit. Edward hurle à l'arrière, de frayeur et... de joie.
Kate remonte à toute allure la baie de Collins, dévalant les virages les uns après les autres. Au moment d'entrer dans Kingston, elle ralentit brusquement de 150 à 30km/h, faisant hurler le moteur de la Ducati. Elle roule sur quelques mètres avec la roue avant au sol et la roue arrière en l'air. En retombant, Edward retire son casque et hurle de joie.
EDWARD
Oh mon dieu, Kate, Oh mon dieu !!!! Ce soir tu viens de me donner une leçon de vie !!!! Ne jamais se fier aux apparences !!
Il hurle de joie à nouveau. Son cri se perd dans les rues silencieuses et désertes de Kingston.
EDWARD (lui montrant un panneau)
Tourne à droite en direction du port.
Edward lui indique à bout de bras, les rues à emprunter.
Kate gare son véhicule devant un bar , le"Tango Nuevo". Des jeunes gens discutent un verre de bière à la main dehors sans leur prêter attention. Jusqu'au moment ou Kate enlève son casque, dévoilant une cascade de cheveux. Tous les regards se tournent vers elle.
EDWARD
Vous faîtes fureur en motarde.
Un jeune homme arrive vers eux, en souriant jusqu'aux oreilles.
JUAN
Je pensais que tu délirais quand tu disais que tu venais avec une amie conduisant "ta" Ducat !
EDWARD (descendant de la moto)
Kate, voici Juan, Juan Brancos, votre compatriote.
KATE (arrêtant le moteur)
Vraiment ?
JUAN
En fait je suis né en Espagne, mais je vis à Paris.
KATE (descendant à son tour de moto)
Enchantée ! Kate Mara.
EDWARD
On peut se faire la bise à la française.
Une jeune femme apparaît derrière Juan en souriant.
MARY
Le complet en cuir... très classe.... et assorti à Edward.
KATE
Salut,(lui tendant sa main) Kate.
MARY
Mary. On peut se faire la bise tu sais.
Kate les embrasse tous les deux.
KATE (regardant Mary)
Tu es française aussi ?
MARY
Californienne, de L. A., de Los Angeles.
EDWARD
Mary, elle sait ce que "LA" veut dire. C'est pas parce qu'on est dans un trou perdu du Canada, qu'on n'est au courant de rien.... Et puis Kate fait Harvard.
MARY
Ah... Ok, tout s'explique.
Mary jette un regard lourd de sens à Edward en faisant des yeux ronds. Juan se sent tout à coup mal à l'aise. Kate toussote.
KATE
Je suis au courant qu'Edward fait du trafic d'organes avec des jeunes femmes...
JUAN (s'étouffant et regardant Edward avec de gros yeux)
Pardon ????
Kate explose de rire.
KATE
Je plaisante, bien sûr. Je suis au courant que monsieur Stern essaye de caser son fils avec une intellectuelle.
EDWARD
Je lui ai tout dit ! Mes préférences... Elle sait tout !
MARY (prenant Kate par l'épaule et l'entraînant dans le bar)
Alors si Edward t'a tout dit, c'est que tu dois être un être assez exceptionnel. Et on a hâte de découvrir ça.
Elle prend Juan par le bras et entre dans le bar, pendant qu'Edward range les casques. Son téléphone sonne. En voyant le nom s'afficher, il sourit et prend l'appel.
A l'intérieur du bar, Kate, Juan et Mary discutent autour d'une table comme s'ils se connaissaient depuis des lustres.
JUAN
Depuis combien de temps connais-tu Edward ?
KATE (regardant sa montre)
Ça doit faire 8 heures maintenant....
MARY
Alors, comment tu le trouves ?? Physiquement ??
KATE
Eh bien, je dois dire qu'il est plutôt séduisant.
Mary et Juan se regardent, les yeux malicieux. Edward arrive au même moment, l'air grave qu'il efface aussitôt par un sourire.
EDWARD
Elle n'est même pas attablée que vous lui sautez déjà dessus. Laissez-là respirer !!
Kate sourit.
MARY
Alors, Kate, qu'est-ce qu'une française vient faire à Harvard?
EDWARD
Ah... Ça recommence...
MARY
Quoi.... Je lui pose juste une simple question. Je m'intéresse à ta nouvelle copine.
EDWARD
Elle et moi, on s'est rencontré cet après-midi.
Kate se gratte la tête, mal à l'aise de faire irruption dans la vie de ces trois jeunes.
KATE
Enfin... On n'est pas.... Bref vous m'avez compris.
Juan la scrute.
KATE
Je fais des études en ingénierie et sciences appliquées.
JUAN
Beau programme. Tu étudies quoi exactement ?
MARY (le coupant)
Et surtout pourquoi étudies-tu à Harvard ? (Narguant Juan) Alors qu'il y a de belles et "graaandes" écoles en France...
EDWARD
S'il vous plaît.... Restez tranquilles vous deux ! Vous allez la faire fuir.
KATE
Ce n'est rien Edward. En fait je n'ai pas intégré les grandes écoles françaises car je n'en ai pas eu l'occasion.
JUAN
Tu as fais une prépa non ?
KATE
Oui... Mais j'ai échoué de peu le concours à Polytechnique et Normal Sup.
Mary et Juan se regardent en rigolant. Kate le prend mal.
KATE
Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle.
JUAN
Et si je te disais que tu as échoué non pas parce que tu es brillante comme semble le croire Monsieur Stern, mais pour une toute autre raison.
KATE
Laquelle ?
JUAN
Les grandes écoles de la République française fonctionnent comme une grande cours, au sens aristocratique du terme. On est tous en concurrence pour essayer d'accaparer et d'obtenir "la" place.
KATE
On dirait que tu en sais long sur le sujet.
Mary lui prend la main en souriant et en secouant la tête.
MARY
Tu n'as pas idée !!
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