48. Boldt Castle

Archipel des miles îles, quelques années plus tôt...




Dans l'un des petits salons du château féérique de Boldt, niché au coeur de l'archipel des milles-iles sur le fleuve Saint-Laurent, reliant le Canada et les États-Unis, Kate retient sa respiration. Elle dévisage Leonard Stern, le célèbre magnat de l'immobilier new-yorkais.



LEONARD (plissant les yeux en direction de Kate)
Il se trouve que j'ai fait mes petites recherches sur vous...



Leonard prend le temps d'examiner Kate sous toutes les coutures.



LEONARD
Je sais que vous êtes une fille brillante, intègre, dévouée à la science, bien que vous soyez française.



Dans son oreillette en forme de boucle d'oreille en perle, une petite voix parvient à Kate.



ARTHUR (Voix Off)
Reste calme, Kate,  il te teste !

LEONARD
Je n'ai rien contre les français... Mis à part que vous vous preniez pour le centre du monde et pensez rivaliser avec nous.




Léonard s'assoit dans un sofa italien et l'invite à faire de même. Arthur souffle dans l'oreillette de Kate les directives.




KATE (affichant un sourire à toute épreuve)
Vous avez parfaitement raison. La France a des atouts et compte bien les faire connaître au monde entier pour s'en enorgueillir. Mais cependant, il y a quelque chose de différent.



Elle marque volontairement une pause pour marquer son effet. Leonard semble redoubler son attention.



KATE
Je ne crois pas qu'aujourd'hui la notion de nation soit vraiment la même que celle de nos ancêtres.

LEONARD
Comme Napoléon, vous voulez dire ?

KATE
Oui, comme Napoléon. Nous ne sommes pas en conquête du monde "en tant que" français ou Européen.

LEONARD
Précisez...

KATE
Et bien, pour faire simple, en France, les jeunes rêvent de faire carrière... aux États-Unis!



Leonard affiche une mine ravie.



KATE
L'élite française s'évapore tellement que les grandes écoles françaises usent de stratagème pour les retenir en France. Les Polytechniciens doivent rembourser leurs frais de scolarité s'ils ne restent pas au service de l'État pendant 10 ans.

LEONARD
Et vous n'échappez pas à la règle. D'ailleurs, chère Kate, pourquoi avoir choisi Harvard et non le MIT ?

KATE
Disons que je n'ai pas réussi les tests d'entrée.

LEONARD
Vous ? Une fille aussi brillante ?

KATE
Le destin, certainement.

LEONARD
Dans ma réalité, rien n'est dû au hasard, comme votre présence ici. Je sais que vous avez besoin d'ordinateurs quantiques pour vos travaux, tout comme vous êtes au courant que j'investis des billes dans D-Wave. Vous ne m'êtes pas rentrée dedans par hasard à cette soirée à Harvard.

ARTHUR (Voix Off)
Il sait tout !! Plan B Kate ! Plan B !!!

KATE (calmant sa respiration)
Effectivement Leonard. Vous avez parfaitement raison. Il fallait que j'attire votre attention.

LEONARD
C'était très réussi. Mais voyez-vous, la presse adore faire l'étalage de mon fétichisme pour les jolis pieds. Ce n'est pas la première fois que de jolies jeunes femmes tentent de me séduire de la sorte en me dévoilant leurs délicieuses chevilles.



Kate étouffe une grimace par un rictus.



LEONARD
Et vous savez comment je réagis ?

KATE (parlant calmement)
Non, mais vous allez me le dire.

LEONARD(levant les sourcils)
Vous n'avez pas froid aux yeux... Ça me plaît. Ça change de toutes celles qui sont venues ici.



Cette dernière phrase décontenance Kate qui se maîtrise à merveille et l'a fait quitter son masque de porcelaine.



KATE
De quoi parlez-vous au juste ?

ARTHUR (Voix Off)
Il est habile l'animal. Il a réussi à te faire sortir de ta réserve. Ton pouls Kate, maîtrise ta respiration.

LEONARD
Je vous aime bien. Vous essayez de jouer dans la cours des grands a à peine 20 ans... C'est tout à votre honneur. Mais il existe une règle dans ce bas monde : usez de vos charmes, et votre interlocuteur ne vous prendra jamais au sérieux.

KATE
Merci pour cette leçon, je pense que je m'en souviendrai à l'avenir.

LEONARD
Ne me remerciez pas encore. Vous ne savez pas pourquoi je vous ai fait venir.



Le portable de Leonard vibre. Il l'éteint. Kate tente de se maîtriser.



LEONARD
Je suis navrée, très chère Kate, mais pour l'instant mon budget de cette année est clos.

ARTHUR (Voix Off)
C'est du bluff. Il cherche constamment à te tester. Soit plus maline !

KATE
Votre budget est clos. Je comprends. Mais je ne suis pas pressée. (Se rappelant le conseil de Geordie sur l'argent "Prétend que tu as de l'argent et ils te suivront".) J'ai encore quelques fonds personnels pour tenir quelques années encore.

LEONARD
Voyez-vous ça.

KATE
Je parle de fonds non déclarés, ceux impossibles à détecter par vos amis enquêteurs.

LEONARD
Je vous ai peut-être sous-estimée. Donc si vous avez déjà les fonds suffisants pour votre deeptech, pourquoi venir me voir ?

KATE
En fait, j'ai un autre projet que j'aimerai développer. Mais je ne peux en parler à personne pour l'instant.

LEONARD
Vous comptez réellement me vendre cet argument ?

KATE
C'est encore au stade experimental. J'ai fait une découverte intéressante, et j'aimerais l'approfondir. 

LEONARD
Eh bien, le jour ou vous pourrez en parler, venez donc frapper à ma porte.

KATE
Je n'en ai parlé à personne, car si la nouvelle fuite, elle risque de faire du bruit.



Leonard semble attiré par la bouche de Kate, comme aimanté.



ARTHUR (Voix Off)
Bien, Kate. Tu improvises totalement là, mais continue. Tu le ferres.

LEONARD
Et cette découverte, vous pensez arriver à la financer avec vos deniers personnels ?

KATE
C'est un peu plus compliqué que ça.



Leonard cligne des yeux, perdu.



KATE
J'ai effectué une série de calculs et je suis arrivée à la conclusion que s'ils sont justes, nous sommes à l'aube d'une grande découverte, bien plus grande que l'IA ou l'informatique quantique.

LEONARD
Et vous avez besoin de mettre ces calculs en pratique ?

KATE
Exact. Mais je ne peux  les révéler à personne pour l'instant.

LEONARD
Vous faites beaucoup de mystères, très chère. Donc vous n'avez nul besoin de mon aide si je comprends bien. Pourquoi êtes-vous venue ?

KATE (plongeant ses prunelles dorées dans les siennes)
Pour vous tester !


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