Chapitre 3

Jungkook se réveilla en sursaut en entendant toquer à la porte. Jimin apparut sur le seuil de la porte sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit et lui lança : « Jungkook, il faut que tu te lèves ! Tu vas avoir de sacrés problèmes sinon ! » Le soleil brillait à travers les rideaux et, dehors, des oiseaux chantaient. L'écran noir de l'ordinateur, à l'autre bout de la pièce, fixait le jeune homme d'un air impassible. Le coréen le regarda en fronçant les sourcils. Certes, il avait éteint l'ordinateur avant d'aller se coucher mais celui-ci s'était rallumé. Il secoua la tête pour s'éclaircir les idées : il avait sûrement dû rêver la commande de cette nuit. Il se tourna vers le réveil posé sur la table de chevet, et bondit de son lit en poussant un cri. Il avait dormi près d'une heure de trop.

« - Merde, Jimin ! Pourquoi tu ne m'as pas réveillé plus tôt ?

- Je ne pouvais pas savoir, moi, que tu dormais encore. J'ai simplement trouvé louche que Yoongi se lève avant toi donc je suis venu voir ce que tu faisais.

- Bon et bien, dis aux garçons que je ne prendrais pas de petit déjeuner ce matin. Je vous retrouverai directement à la limousine.

- Pas de problèmes ! lança Jimin avant de quitter la chambre. »    

Jungkook prit une douche, s'habilla et fourra ses affaires dans son sac à la vitesse de l'éclair. Il fallait qu'il se dépêche s'il ne voulait pas se faire réprimander par le reste du groupe. Mais, retard ou pas, il avait un rituel incontournable. Le maknae se dirigea vers l'ordinateur pour voir s'il avait des messages.

Bonjour, Jungkook.

Votre jeu personnalisé vous a été envoyé.

Le garçon sursauta. Il avait donc bien eu droit à un jeu gratuit dans la nuit ! Mais c'était bizarre, il ne se souvenait pas être retourné se coucher. N'ayant pas le temps de se creuser la tête, il sortit dans le couloir. En entendant le moteur de la limousine se mettre en marche, il se mit à courir, laissant derrière lui son bazar et son lit défait.

~

Quand il rentra à la maison ce soir-là, il trouva un paquet emballé dans du papier kraft, posé sur sa couette. Jungkook lâcha son sac par terre, prit le paquet et le retourna entre ses mains. Il était petit, rectangulaire, de la taille et du poids d'une pochette de DVD. Le nom et l'adresse du coréen étaient inscrits dessus en majuscules, soigneusement tracées à la main. Il n'y avait pas d'adresse d'expéditeur, ni de timbre. Étonné, Jungkook sortit sur le palier et se dirigea jusqu'à la chambre de Taehyung. Il toqua doucement à la porte et l'ouvrit en entendant son hyung lui donner l'autorisation. Ce dernier était allongé sur son lit, et lisait une bande-dessinée. Il se redressa et sourit à son ami.

« - C'est toi qui est entré dans ma chambre, aujourd'hui ? demanda le maknae.

- Bien sûr que non, pourquoi ?

- Ne te fous pas de moi, tu es le seul à avoir les clés ! s'impatienta le jeune homme.

- Hé, calme-toi. Qu'est-ce que tu veux que je fasse dans ta chambre ?

- Me déposer ça.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Taehyung.

- Un colis. Il était posé sur mon lit.

- Et bien, il n'est pas de moi.

- Mais alors, de qui ça vient ? dit Jungkook en fronçant les sourcils.

- Peut-être d'un des gars. En tout cas, je n'ai donné les clés à personne. Et tu as regardé ce qu'il contenait ?

- Pas encore.

- Fais attention, c'est peut-être un cadeau d'une sasaeng, s'inquiéta le plus vieux.

- Je ne vois pas comment il aurait fait pour atterrir dans ma chambre... ajouta Jungkook en grimaçant.

- Tu as peut-être oublié de refermer ta porte ce matin vu que tu étais en retard.

- Tu as raison, ça doit être ça... Excuse-moi de t'avoir dérangé... dit le maknae en faisant demi-tour.

- Pas de soucis, reviens quand tu veux ! lui lança Taehyung avant de reprendre son livre. »

En retournant dans sa chambre, Jungkook arracha le papier et en sortit un CD-ROM dans une boîte en plastique. Il n'y avait pas d'étiquette sur la pochette, ni sur le disque ; simplement « Jungkook » écrit en noir, au marqueur indélébile. Le cœur battant, le coréen mit l'ordinateur en marche et glissa le CD-ROM dans le lecteur.

La machine se réveilla en vrombissant et l'écran s'alluma. Un message s'afficha en lettres blanches sur un fond noir. C'était une vieille police comme on en trouvait à l'époque.

Bienvenue dans ton jeu, Jungkook.

Le message d'accueil disparut, bientôt remplacé par un texte un peu plus long.

Ton personnage est un dangereux criminel.

L'objectif du jeu est de causer le plus de dégâts possibles dans la ville.

Puis vint une description des différentes commandes. Jungkook souffla : ce jeu paraissait complètement élémentaire. Le coréen ramassa en bâillant la manette de jeu qui était branchée à l'arrière de son ordinateur. Ensuite, le texte disparut et Jungkook se redressa vivement. Par le biais de l'écran, la réalité elle-même semblait se déverser dans la pièce. Il souffla, impressionné. Il avait sous les yeux la rue principale de la ville, comme si une caméra était postée là-bas et transmettait directement à son ordinateur des images en temps réel.

C'était l'heure de pointe de la fin de journée. La circulation était dense, dans la rue, et les trottoirs étaient bondés. Les bruits habituels du centre-ville en fin d'après-midi résonnaient dans la chambre de Jungkook. Un seul détail prouvait qu'il ne s'agissait pas d'images prises en direct : l'homme qui tournait le dos à Jungkook, au centre de l'écran. Immobile au milieu des voitures, il ignorait les deux files de circulation. Il portait de vieilles baskets sales, un jean usé et un t-shirt uni. On ne voyait pas son visage, juste l'arrière de son crâne tondus à ras. A voir ses larges épaules et ses bras musculeux, c'était le genre de type que Jungkook préférait éviter, bien que lui aussi fut plutôt bien bâti.

Jungkook pressa une touche de sa manette et l'homme avança de quelques pas. Il appuya sur la flèche gauche et l'homme pivota vers la gauche. Tous le décors se déplaçaient avec lui, de sorte que l'homme gardait toujours le dos tourné à l'écran. A présent, il se tenait face aux boutiques. Le coréen n'en croyait pas ses yeux ! Sur la gauche de l'écran, on voyait l'église avec son poteau téléphonique sur le dessus. Jungkook passait devant tous les jours, sur la route de l'agence, et il savait qu'on ne l'avait installé que deux jours plus tôt. Ils avaient dû mettre à jour leur base de données drôlement vite. Peut-être que tout était relié à une sorte de satellite de contrôle. Quoi qu'il en soit, il décida de tester cette simulation jusqu'à en découvrir les limites. Ils avaient fait tant d'efforts pour que cela paraisse complètement réel ; c'était son devoir d'essayer de trouver la faille !

Il fit courir l'homme à petites foulées régulières sur le trottoir. De chaque côté, les passants s'écartaient vivement de son chemin. Certains ressemblaient à des gens que Jungkook connaissait, mais ils disparaissaient de sa vue à mesure que l'homme continuait de courir. Avec sa manette, Jungkook le fit tourner à gauche, pour quitter la rue principale, et essaya le parc, le fleuve, puis un chemin plus long pour regagner le centre-ville. L'homme réagissait instantanément à chacun de ses ordres et il n'y avait pas la moindre trace de rupture entre les différentes scènes. C'était comme si tout se passait vraiment dans la ville, en bas. L'homme arriva devant un carrefour, et Jungkook ôta ses mains de la manette. Il l'avait promené çà et là dans la ville ; il devrait peut-être essayer une stratégie quelconque... Sur l'écran, l'homme s'était immobilisé et attendait docilement la commande suivante. Soudain, un message s'afficha dans une fenêtre. C'était la même police antédiluvienne, noire sur un fond gris.

Hé, pabo, rappelle-toi que tu contrôles un dangereux criminel.

Fais quelque chose de dangereux !

Jungkook grogna, vexé. « Oh là là, excuse-moi de vivre ! » Au même moment, un autre message apparut.

Et si tu t'introduisais par effraction quelque part ?

Tu peux choisir :

. L'hôpital

. L'usine à gaz

. La boulangerie

Jungkook leva un sourcil interrogateur en lisant la dernière suggestion. Aucun dangereux criminel ne braquait les boulangeries ! Mais il choisit quand même cette dernière option. Il se dit que sélectionner la moins évidente serait un bon moyen de tester le jeu. En plus, il n'avait rien contre l'hôpital ou l'usine à gaz. Mais concernant le boulanger, situé à deux rues de l'agence, c'était une autre affaire. Ce type était perpétuellement de mauvaise humeur et semblait avoir une dent contre tous les idoles de la ville. Dès qu'il eut fait son choix, son personnage se remit à courir à travers la ville...

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