Chapitre 12
Le sifflement du moteur brisé retentit dans les hauts-parleurs et l'hélicoptère plongea vers le sol en crachant des jets de fumée. Il percuta le flanc de la mairie et explosa dans une boule de flammes orange. Une explosion étouffée parvint jusqu'aux fenêtres de Jungkook, mêlé au cri des sirènes qui formait un bruit de fond quasi permanent depuis deux jours. L'homme se dressa sur le toit de l'immeuble et baissa la mitraillette. Jungkook sourit.
Cet hélicoptère chargé de surveiller la circulation lui avait tapé sur les nerfs, à force de tournicoter au-dessus de la ville en vrombissant comme un énorme insecte indiscret, fourrant son nez partout. Alors, il avait prit les choses en main. Jungkook et l'homme ne faisaient maintenant plus qu'un. Malgré tout, cet hélicoptère lui avait rendu un service. Sur l'écran, Jungkook voyait seulement ce que l'homme avait dans son champ de vision. Le dernier rapport de l'hélicoptère pour la station de radio locale lui avait fourni un résumé bien commode de ce qu'il avait accompli jusque-là. « Un week-end d'anarchie et de destruction », avait commenté le reporter.
Le coréen avait prit soin de bloquer l'entrée de sa chambre, et il restait sourd aux supplications désespérées de Taehyung ou Jimin, dans le couloir. Jungkook jeta un regard au cadre posé sur son bureau, représentant sa famille. Pendant quelques secondes, il se demanda comment réagiraient ses parents s'ils voyaient ce qu'il était devenu, puis il se souvint que ses parents ne se préoccupaient pas de lui.
La mairie était en feu. De la fumée noire jaillissait des fenêtres d'un grand magasin. La bibliothèque évoquait une fournaise avec les feuilles noires, calcinées qui voletaient hors du bâtiment, soulevées par les courants d'air chaud. Le bâtiment de JYP Entertainment était un brasier infernal. Curieusement, son personnage n'était pas responsable de tout. La violence était contagieuse. Jungkook s'était montré très inventif. Il avait provoqué une émeute en poussant l'homme à agresser des supporters de foot qui revenaient d'un match et, juste avant d'abattre l'hélicoptère, il avait libéré les détenus du quartier de haute sécurité de la prison. Cela avait contribué au chaos. La population avait compris le message.
A la sortie de la ville, toutes les routes étaient encombrées de véhicules en fuite. Cela ne les avançait guère, car l'homme avait détourné des camions pour bloquer les accès principaux. L'ordinateur ne faisait plus de suggestions. Jungkook avait trouvé toutes ces idées lui-même. Les précautions que prenaient les gens, en bas dans la ville, ne semblaient rien changer. Si les portes étaient verrouillées, son personnage pouvait les ouvrir. Si des gens lui tombaient dessus, il pouvait les repousser. Jungkook était déchaîné et personne n'oublierait ça de sitôt.
Une petite voix dans un coin de sa tête lui dit qu'il mourrait de faim, qu'il était fatigué et qu'il était sale. Il n'avait ni mangé, ni dormi, ni même fait sa toilette depuis deux jours. Il avait passé tout le week-end devant l'ordinateur, à orchestrer cette vague de crimes. Et tandis qu'une petite part de lui criait d'horreur devant ce qu'il faisait, le reste se gonflait de joie et d'orgueil. Tout cela lui paraissait justifié, nécessaire. Il savait que tout le monde en rêvait, au moins inconsciemment. Il ne faisait que libérer leurs pulsions secrètes.
La voix des autres membres du groupe résonnèrent dans le jardin. Jungkook les écouta, d'une oreille distraite.
« - Alors, comment ça se passe en ville ? demanda Namjoon, inquiet.
- On croirait voir l'apocalypse. Il est encore prudent que vous restiez ici, le temps que ça se calme, les prévint Hyungsik. Avez-vous des nouvelles de Jungkook ?
- Depuis la catastrophe, il reste enfermé dans sa chambre. Je n'ai pas réussis à ouvrir la porte et il ne répond ni à mes messages, ni à mes appels, expliqua Taehyung. Je ne sais plus quoi faire... »
Le maknae garda les yeux rivés à l'écran, mais il baissa le volume des hauts-parleurs. Il faisait courir l'homme dans une grande avenue, en direction d'un musée. Il se demanda comment il avait pu ne pas penser à cet endroit, bourré d'objets importants et de grande valeur.
« - Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'il n'est pas venu manger... Peut-être qu'il lui est arrivé quelque chose... s'alarma Jimin.
- Non, je l'ai entendu hurler sur son ordinateur un peu plus tôt. Il doit profiter de cette pause exceptionnelle pour jouer, comme d'habitude... dit Yoongi, d'un ton posé.
- Sans se préoccuper de ce qui se passe à l'extérieur ? les interrogea Hoseok.
- On parle de Jungkook, là. Il ne se préoccupe de personne d'autre que lui-même... ajouta Seokjin, en faisant la moue. »
L'homme avait atteint les portes vitrées de l'entrée. Le musée était fermé et les portes étaient verrouillées, par mesure de protection contre les pilleurs. L'homme souleva une poubelle et la jeta dessus.
« - Je vais aller voir le reste de l'équipe à l'agence. Je vous tiendrais au courant de la situation, conclut Hyungsik. Et contactez moi une fois que vous aurez pu parler avec Jungkook, j'aurais deux mots à lui dire.
- Je vais venir aussi, décida Namjoon.
- Soyez prudents ! lança Hoseok en les regardant s'éloigner. »
Jungkook se pencha pour remonter le son. Sur l'écran, l'homme avait saisi une petite statue en pierre dans la salle des antiquités romaines et s'en servait de matraque pour réduire en miettes les autres œuvres. Un agent de sécurité courut vers lui. L'homme le frappa avec la statuette. Le garde s'écroula sur le sol et ne bougea plus. Ensuite, l'homme passa dans la salle suivante, surmontée de l'écriteau : « Armes médiévales ».
Tu as causé :
. 45 463 769 602 ₩ ( ~ 35 239 363 € ) de dégâts
Jungkook était impressionné. L'homme descendit les marches du musée en trottinant. Le coréen s'adossa à nouveau au fond de son siège et s'étira. Il sentit sa colonne vertébrale se dérouiller. Il entremêla ses doigts et les fit craquer à leur tour. Cela lui fit un bien fou.
Hé, Jungkook ! On va où, maintenant ?
Et si on tapait là où ça fait vraiment mal ?
Le garçon en question fronça les sourcils. C'était la première fois depuis des heures que l'ordinateur lui faisait une suggestion. Il ne comprenait pas ce qu'il entendait par « là où ça fait vraiment mal ». Le coréen pensait avoir déjà causé plus de quarante cinq milliards de wons. Cela devait déjà faire mal, tout de même...
Un vague souvenir lui revint doucement à l'esprit. Il venait d'entendre le reste du groupe discuter. Et Hyungsik et Namjoon avait décidé de retourner à l'agence pour vérifier que tout était encore en ordre. Jungkook se frappa le front. Il lui fallait éliminer l'agence ! C'était la raison de vivre de son manager et du groupe ! Cela leur donnerait une bonne leçon ! Ils n'avaient qu'à pas critiquer le maknae ! Et s'il prenait l'argent qu'il y trouvait, son score serait phénoménal ! « D'accord ! s'écria-t-il. On va à l'agence ! »
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