Chapitre 11
« Bang Chan, leader des Stray Kids, a été tué hier soir. » Pas un bruit ne brisa le silence dans l'auditorium où l'on avait rassemblé les idoles des agences, le lendemain matin. Park Jinyoung, fondateur de JYP Entertainment avait annoncé la nouvelle d'une voix solennelle, légèrement tremblante. Jungkook ne détacha pas les yeux de son visage. Sur le grand écran, une photo du jeune garçon, le sourire au lèvre, était affiché.
« Apparemment, un forcené a attaqué le dortoir du groupe et assassiné Bang Chan alors qu'il essayait de le repousser. » Il y eut un silence pendant que Jinyoung buvait une gorgée d'eau. Il se racla la gorge. « Naturellement, les membres des Stray Kids ne seront pas là aujourd'hui et nous verrons ce qu'il adviendra de leur groupe. Étant donné que Bang Chan était l'un des nôtres, nous mettrons en place un lieu dans lequel vous pourrez vous recueillir, lui dire au revoir, déposer des fleurs, etc. Et maintenant, nous allons faire une minute de silence en son honneur. » Quelques reniflements emplirent les lieux.
Après la réunion générale, tous les élèves regagnèrent leurs loges. Les bavardages dans le couloir, à voix basse, manquaient d'entrain. Mû par une vieille habitude, Jungkook jetait des regards obliques à tous ceux qui s'approchaient de lui, mais c'était une précaution inutile. Sans Felix, il n'y avait personne pour reprendre la persécution ordinaire. Sans Felix, la vie était tout de même plus simple. Jungkook sourit. Il pouvait marcher dans les couloirs car Felix n'était pas là pour lui asséner des réflexions sournoises. Il pouvait se concentrer sur son travail car Felix ne venait pas lui hanter l'esprit. La vie sans Felix avait de nombreux avantages.
La cerise sur le gâteau survint pendant la pause, quand Jungkook entendit des garçons discuter du meurtre. Kunpimook Bhuwakul, membre des Got7 et ami de Bang Chan, discourait devant d'autres membres de la JYP, les yeux brillants.
« - D'abord, le type attaque les Porches, puis...
- La Ferrari, intervint Jungkook sans réfléchir. C'est la Ferrari qu'il a attaqué en premier. »
Tous les regards se tournèrent vers lui. « Ouais, et je suppose que tu étais sur place pour le voir ? » répliqua Bhuwakul d'une voix dure. Jungkook le regarda dans les yeux.
« - Il a attaqué le capot de la Ferrari avec une hache, précisa-t-il d'une voix froide et calme, puis il s'est mis à taillader les pneus...
- Ouais, c'est ce que j'ai entendu, commenta Momo, en se mouchant. »
Maintenant que le coréen avait reçu un signe d'approbation, tout le monde lui accorda son attention. Des visages curieux et rougis par les pleurs se tournèrent vers lui, délaissant Bhuwakul, qui se retrouva à l'écart, tel un rocher isolé sur la plage pendant que les vagues se retirent. « Alors, qu'est-ce qu'il s'est passé d'autre ? » voulut savoir Jaehyeong.
Sans manières, Jungkook commença à décrire les événements qu'il avait vu. Un coin de son esprit se déroula et s'étira comme un chat au soleil. S'il y avait un compteur numérique pour dénombrer ses amis, songea-t-il, il était passé d'un nombre à un chiffre à deux chiffres en quelques secondes. « Comment sais-tu tout cela ? » demanda Bhuwakul, méfiant. Jungkook débita un mensonge avec un grand naturel, comme si c'était la pure vérité :
« - J'ai accès à une super chaîne câblée. On a toutes les informations avant les chaînes principales. Je pourrais vous raconter des trucs sur le club de voile, aussi...
- Ah oui ? Qu'est-ce qui s'est passé, là-bas ? demanda Yugyeom, intrigué.
- Tu as vu le type qui a fait ça ? l'interrogea à son tour Dahyeon. »
Bhuwakul croisa les bras. « Ouais, raconte-nous ça, Jeon. » Jungkook regretta aussitôt d'avoir ouvert la bouche. Il n'avait rien vu, au club de voile car tout s'était passé dans le noir. « Et bien, euh... » commença-t-il. Bhuwakul afficha un sourire sournois.
« - Oui ?
- Euh, et bien... le type, il a pris, euh... »
Le coréen réfléchit frénétiquement, se demandant comment l'homme avait pu détruire les dériveurs. Soudain, il se rappela l'arme de prédilection que l'homme avait utilisé au dortoir des Stray Kids.
« - Ouais, une hache, bien sûr ! lâcha-t-il, enfin. Il a pris une hache et il a éclaté les bateaux...
- A la radio, un policier a dit que c'était une barre de fer, objecta Bhuwakul. Ils l'ont retrouvée dans les buissons.
- Je, euh... bafouilla le jeune chanteur. Ouais, c'est ce que je voulais dire, une barre de fer, mais bon, c'est pas important...
- Tu l'as vue, la barre de fer ? Sur ta fameuse chaîne câblée ?
- Ouais, mentit Jungkook, paniquée. Elle était...
- Elle faisait quelle longueur ?
- Oh, lâche l'affaire ! protesta Mark, à l'intention de Bhuwakul. Laisse-le raconter. »
Le coréen écarta les mains d'environ un mètre.
« - Cette longueur-là, à peu près. Ensuite...
- Elle était de quelle couleur ? »
Jungkook leva les yeux au ciel.
« - Grise.
- C'était décidément pas une hache, alors ?
- Non ! s'énerva le jeune homme, qui commençait à en avoir assez de ce petit jeu.
- Sauf qu'apparemment, c'était une hache, conclut Bhuwakul, triomphalement. Une grande hache de pompiers rouge qui venait du club. C'est ça qu'ils ont trouvé dans les buissons. »
Jungkook le considéra avec stupeur et sentit le respect de la bande s'évaporer.
« - M-mais... la barre de fer...
- La barre de fer, je l'ai inventée, le coupa Bhuwakul. Comme toi. Venez, les amis. Laissons-le dans son petit monde à lui. Et ne t'approche pas du nôtre, Jeon. C'est compris ? »
Le thaïlandais s'éloigna sans un regard en arrière et, petit à petit, le groupe rassemblé autour de Jungkook se désagrégea. Certains se retournèrent, les uns avec hostilité et les autres avec un air vexé. « Ce n'est vraiment pas drôle, Jungkook » marmonna Wonpil, en passant une main sous ses yeux pour essayer une larme qui coulait. Youngjae le bouscula exprès, comme Felix en avait l'habitude. Dix secondes plus tard, le jeune chanteur était de nouveau seul, au milieu du couloir, le visage en feu. Et son compteur d'ami était à nouveau très bas.
Il était toujours cramoisi quand la voiture l'emporta loin de l'agence. L'atmosphère était très pesante, personne n'osant parler, encore sous le choc de la nouvelle. Mais Jungkook, lui, cogitait. Il avait pourtant dit la vérité ! Jusqu'à ce que ce petit malin de Bhuwakul l'interroge au sujet du club de voile, il avait décrit précisément comme ça s'était passé. Cette injustice lui donnait envie de hurler. Il leur avait donné ce qu'ils voulaient, et ils l'avaient quand même rejeté. Ce n'était pas qu'ils ne voulaient pas de lui parce qu'il mentait mais ils ne voulaient pas de lui tout court. « Laissons-le dans son petit monde à lui », avait dit Bhuwakul. Mais ils auraient pu en faire partie, de son monde, s'ils l'avaient voulu. Ils auraient pu être ses amis. Il les aurait laissés entrer dans sa vie s'ils le lui avaient demandé. « Et ne t'approche pas du nôtre, Jeon. C'est compris ? » Jungkook n'allait certainement pas faire partie de ce monde, il leur enverrait seulement un message qu'ils ne pourraient pas ignorer.
Il monta dans sa chambre, jeta son sac sur son lit et se tourna résolument vers son ordinateur.
Tu m'as manqué.
Bienvenue.
« Jouons ! » dit le coréen avec un sourire.
~
Nous approchons doucement de la fin de cette fiction... ;)
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