47- Passionnément, à la folie et coup de fusil.
Maxine
Mes coudes s'avancent, mon corps se hisse dans un effort in considérable. Invisibles, déplaçant ma carcasse entrent les tombes. La mâchoire contractée. Le palpitant battant à tout rompre. Ne prenant plus en compte mes blessures dont la souffrance s'est éteinte. Il l'a fait. Deux pierres, deux coups. Je ne sais s'ils sont encore en vie. Et pour protéger le dernier, il valait mieux m'éloigner.
Fuir ? Oh que non. Je vois rouge. Je suis retourné vers de ma moto récupérer mes bébés. J'en trouve un proche du monument contre lequel je me suis éclaté. Je vérifie le chargeur. Fichtre, il est vide. Le deuxième, plus compliquer à atteindre. Il est à découvert, au milieu des débris de la bécane. Je me hisse de l'autre côté du caveau, cale mon dos, me penche et scrute l'emplacement de Léon.
Il n'a pas bougé. Le reflet de la lune brille dans sa lunette de visée. Sa cible ? Elio. Or, je fronce les sourcils. Le curé n'est plus à sa place. Il ne devrait pas bouger avec sa blessure. Je tente de le repérer, mais rien n'y fait. Bordel ! Je ne peux pas gérer son cul ! Nos positions à tous sont en total opposé. Je pose ma tête contre la pierre, soufflant un long coup. Machinalement, je dézippe ma veste, récupère mon paquet de cigarettes, l'ouvre, attrape une blonde. Prend le briquet avec, l'allume. La nicotine se propageant dans mes poumons n'est autre qu'un pur soulagement.
Ai-je été raisonnable jusqu'à maintenant ? Non, pas dans mes habitudes. Vais-je l'être à présent ?
Je tire une latte. Deux lattes. Épitaphe. Souris sur cette pensée. Plie et déplie mes jambes, masse mes cuisses. Vérifie l'état de mes blessures. Ça me lance dans les côtes, ma tête chante encore la lambada, mais à part ça je vais pouvoir me déplacer.
Une nouvelle latte. Je retire ma veste. Elle entrave mes mouvements avec les coques de protection. Défais mon élastique, laisse tomber mes cheveux en cascade sur mes épaules. Me lève et me tourne vers titine qui est à point sur le barbecue. Analyse les débris, repère le beretta.
Dernière latte. Je la savoure. Deux tueurs, un hackeur. Deux pros et un boulet. Je ferme les yeux. Tourne ma tête, faisant craquer mon cou. Objectif, attirer Léon pour qu'Elio se mette à l'abri. De ce que je devine ce qu'il est en train de faire.
Mon boulet doit rester en vie. Mon cœur se contracte. Il doit encore me supporter. Mes poings se serrent. Je dois encore le faire chier. Mes genoux se plient. Je veux vivre avec lui. Je me mets à courir. Impact à droite. Je suis dans sa ligne de mire, mais ne m'arrête pas pour autant dans ma course.
Je me jette sur le sol, attrape mon beretta en roulant sur moi-même. Vise et tire en direction du marchand de glace. Deuxième impact sur la pierre. Merde, c'est moi qui ne sais plus viser. Je rampe pour bouger de ma position et me rapprocher de celle de la tong que je repère à quelques mètres de moi. Il est étendu sur le sol, inerte. Je me disais bien que son hurlement n'avait pas duré longtemps. Je l'atteins, vérifie son pouls. Expire de soulagement. Seulement inconscient, mais cet abruti n'a pas un pet d'arme à feu sur lui.
— Couillon, chuchoté-je.
Je le penche sur le côté et me planque derrière lui. Ça lui servira de leçon. Vérifie le nombre de balles qu'il me reste. Tire une gueule de six pieds de long en les comptant. Cinq. Entends un nouveau tir. Baisse la tête. Ça canarde. Je ne suis pas visé, je le saurais. Surtout avec le corps de la tong en guise de bouclier humain. Je redresse la tête, repère Elio à côté de la voiture de la perche.
— Mais quel abruti celui-là, il a été fini à la pisse ce n'est pas possible, ragé-je à voix basse. Il aurait dû aller se planquer !
Je pose mon menton contre ma paume, en me grattant le bas du nez. Réfléchis à toutes les solutions. Ma position ne me permet pas de bouger pour l'instant, même si le marchand de glace est occupé à viser mon curé. Et je n'ai ni mon oreillette ni mon téléphone avec moi. J'analyse les alentours, quelques corps parsèment l'allée. Tous à être fraîchement enterré. Un large sourire se dessine. Je roule sur le côté, me redresse en restant accroupi, et m'avance jusqu'à mon étalage de friandises.
Tiens bon Elio, je n'en ai pas pour longtemps.
Premier corps. Il respire encore. Je lui brise la nuque. Récupère son arme que je glisse dans ma ceinture, passe au suivant. Ainsi de suite, jusqu'à j'ai de quoi faire sauter une banque. Je me mets à courir à l'opposé des tirs. Rejoins l'avenue transversale. Redresse la tête, prend une longue inspiration. La penche à gauche, personne. La penche à droite, sourit. Il a reculé. Il est à découvert. Cependant, son expression de victoire ne m'annonce rien qui vaille. Les tirs ont cessé depuis un moment, mais je n'y ai pas prêté attention.
Mon corps rejoint la ligne de mon cou. Je le fixe, le garde en visu. M'avance. La brise soulève mes cheveux. Ma démarche est assurée. Mon aura meurtrière déployée. Je retire le cran de sécurité, lève le bras. Vise.
— Léon ! crié-je à son attention.
Il tourne la tête vers moi. Je tire. Son arme lui tombe des mains. Mes pas s'accélèrent. Ses yeux se plissent. Un rictus se dessine sur son visage.
— Max ? Quel beau vent t'amène ? rétorque-t-il, en écartant les bras.
Je tire encore. Il esquive.
— Les armes de pointe ne te vont pas du tout, ricane-t-il. Ah si c'était moi qui t'avais éduqué, tu n'aurais pas fini si bas.
Ma rage s'amplifie.
— Et dire que j'ai honoré le contrat que tu n'as pas réussi à finaliser, s'esclaffe-t-il.
Mes tires cessent. Son rire se propage. Mon palpitant s'arrête. Je tourne la tête vers la voiture. Deux corps allongés. La perche, à moitié sortie de l'alpine. Elio, mon warfare dans les mains, est étalé sur le sol. Une flaque de sang joignant les deux. Ma main tremble. Je porte mon regard sur Léon. Il me fixe, satisfait.
J'aurais dû rejoindre le prêtre au lieu de le laisser mener sa barque. J'aurais dû agir en équipe au lieu de privilégier mes compétences solitaires. J'aurais dû... Des « et si » en continu se répercute dans mon cerveau. Or, la seule chose qui me reste dans ces incertitudes, c'est moi. Debout. Tournant lentement mon regard vers l'un de mes mentors, protecteur, ami et ennemi. Mon pied se pose en avant. Dernier hommage à toi, mon père. Le suivant entame sa suite. Dernier hommage à toi, mon prêtre. Je lève mon arme et entame les derniers mots. Sentant le poids de son pendentif autour du coup.
— Notre père qui est aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié...
Léon arque un sourcil.
— Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Il passe une main dans sa veste.
— Tu connais les versés, je pensais que tu évitais la religion comme la peste, ricane-t-il.
Je tire. Il évite.
— Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien.
Il s'énerve, je ne m'arrête pas et continue de prononcer ces mots que Darius disait en cachette.
— Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Tu parles que je le pardonne. On se retrouvera en enfer.
Il parvient à éviter mes tirs. Je jette l'arme, attrape la deuxième et continue la salve en avançant. Telle la mort qui ne lâche pas sa proie. Ma voix se fait plus intense.
— Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin.
Lequel des deux est possédé ?
— Tu ne perds rien, tu vas crever, rage-t-il en sortant son arme.
— Car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire, hurlé-je l'âme en ruine.
Il réplique. Une balle se loge dans mon épaule gauche, me faisant reculer d'un pas, mais n'empêchant pas ma soif de sang. Mes pas s'accélèrent. Il vient à ma rencontre. Troisième arme à terre. C'est la collision !
Nos poings se percutent dans nos visages. Ses traits déformés par la haine. Ses coups précis, tapant là où ça fait déjà mal. Enculé ! Les miens frappant son abdomen. Mes pieds tapant dans le tibia. Il saisit mon arme et le jette. Je saisis le sien et le vise.
Léon m'attrape le poignet, me le retourne dans un craquement sinistre. Le coup part. Il se recule, tout comme moi. Je me tiens le poignet, grimaçant de douleur, l'angle ne me plaît pas. Je redresse la tête pour parer son prochain coup, mais je le vois se tenant les bourses.
Ah bah c'est là que le coup est parti.
— Amen, m'extasié-je en l'observant. À croire que le vieux barbu est de mon côté finalement.
— Salope, crache-t-il les dents serrées.
L'une de ses mains se place derrière son dos.
— Max ? Appelle une voix.
Je me retourne. Papa ours accourt au loin avec Franck. La cavalerie arrive. Mon sourire s'agrandit avant de se décomposer.
Erreur fatale de me réjouir de le voir apparaître. Surtout quand la douleur se propage dans le bas de mon dos. Je baisse la tête sur mon ventre. La tache de sang s'agrandit sur mon t-shirt.
Diantre !
Je me retourne vers Léon. Il est satisfait.
— Je ne serais pas le seul à partir, remarque-t-il en toussant.
— Max ? hurle le prêtre à ma droite.
Je lui souris, il est en vie et a sûrement usé d'un stratagème pour tromper l'ennemi. Bien joué. Je garde mon regard sur lui, il se déplace en clopinant, faisant tout pour me rejoindre.
— Tu sais Léon, je ne regrette en rien les moments que l'on a partagés ensemble. Je me serais bien marré, dis-je calmement.
Je tourne la tête vers lui. Il me vise toujours avec son arme, la main tremblante.
— Et c'est un honneur pour moi, de mettre fin à ta pitoyable existence.
Je récupère dans mon autre main mon beretta, ayant gardé la dernière balle pour lui. Une toux rauque s'enclenche, je porte mes doigts à mes lèvres et essuie le sang qui s'écoule. Eh oui, une histoire qui s'achève dans la dignité de nos métiers. Nos passions. Les coups partent. Imposant un silence mortuaire dans le cimetière du Père-Lachaise. Je tombe lourdement à ses côtés. Regarde une dernière fois le ciel étoilé. Prononçant mes dernières paroles en fermant les yeux.
— Échec et mat.
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