45- Feu et sang au Père-Lachaise
Elio
Nous sommes installés dans mon antre. Nos pc portables connectés à mes tours. Pianotant comme des acharnés sur nos claviers mécaniques, ne perdant pas un seul instant la trace de Porcelli qui a bien été vue en train de descendre de sa berline pour rentrer dans le bâtiment. Nous gardons en visuel les positions de Damien et de Maxine. Ils sont tous les deux sur place, arrivée en même temps.
— Tu ne trouves pas étrange qu'elle ne bouge pas du parking ? m'interroge le caméléon en fronçant les sourcils.
Je jette un regard sur l'écran. Effectivement, depuis son arrivée, elle n'a pas bougé.
— Damien, t'as Max en visuel ? lui demandé-je dans le micro.
— Non, elle est dans un angle mort et ne répond pas quand je l'appelle. Boss, un visuel de ton côté ?
Celui-ci répond par un simple soupir, ce qui n'annonce rien de bon dans le plan initialement prévu.
— Communication coupée du côté de Max et elle se met en mouvement, alerte Tony paniqué.
Il se lève de la chaise en posant ses mains à plat sur le bureau. Tobias se met à grogner dans son micro. Je ne sais pas pourquoi, mais je m'y attendais de la part de Cerbère. Or, Tony tourne brusquement la tête vers moi alors que je garde mon calme.
— Au fait, comment tu as réussi à lui coller un GPS à son insu ? Le boss t'a sacrément remonté les bretelles quand elle est partie.
Je lève les yeux vers lui, un sourire malicieux se dessinant sur mon visage.
— Je lui ai confié la croix de ma mère.
Il fronce les sourcils, ne voyant pas là où je veux en venir.
— J'y est inséré un micro GPS à l'intérieur. Elle a pour ordre de me le ramener une fois la mission terminée.
— Malin le prêtre, mais tu risques d'avoir un revers sévère avec ce symbole, se marre Damien dans les enceintes.
C'était un risque à prendre. Elle l'a accepté à contrecœur certes, mais elle l'a mise autour de son cou. D'où le fait de savoir qu'elle se trouve actuellement en plein cœur de Paris. Cependant, les écrans se mettent à brouiller. Les communications se hachurent.
— Tobias, Damien vous m'entendez ? appelle Tony en répétition.
Mes doigts enchaînent les mouvements sur le clavier. Plus rien ne répond. Les écrans s'éteignent au fur et à mesure. Les serveurs tournant à plein régime, s'arrête chacun leur tour. Nos pc portables subissent le même châtiment, ainsi que nos mobiles.
Franck déboule dans la pièce, son arme dans la main.
— On a plus de courant.
Elle l'avait compris avant nous.
— Tony laisse le matos ici, on va monter dans mon studio pour rejoindre les toits.
Nous nous précipitons vers l'échelle, mais en atteignant la porte de mon placard, du bruit se répercute dans le studio. Ma porte se fait défoncer, tandis que plusieurs pas se précipite à l'intérieur. Je fais signe à Tony de ne dire aucun mot et de redescendre lentement. Sans précipitation. Nous nous retrouvons dans l'appartement de Franck, ou celui-ci reste aux aguets, alors que Tony récupère tous les couteaux de cuisine.
— Que fait-on maintenant ? On ne va pas les attendre sagement ici, non ? demande Tony sur le qui-vive.
— Ils ont l'air d'être concentrés sur le palier du dessus, indique Franck en écoutant à la porte.
Je vérifie mon téléphone. Toujours aucun signal. Nous sommes coupés de l'autre équipe. Je me rapproche de la fenêtre, la rue est déserte. Donc, ceux qui nous traquent sont tous à l'étage. Franck s'avance vers moi et me tend une arme. Mon regard est lointain, alors que je tente de trouver une solution pour échapper à tout ce merdier. Je la récupère à contrecœur, ne m'étant quasiment jamais servi de pistolet, utilisant ma compétence principale comme défense. Or, je ne pense pas que leur balancer mes ordinateurs fera grand-chose.
— Tony et toi allez descendre et trouver un endroit où vous mettre à l'abri, pendant que je vous couvre, dit-il sérieusement.
— Franck...
Toujours là pour protéger mes fesses, se mettant au-devant du danger. Mon coeur se contracte face à sa décision. Il pose une main sur mon épaule, en hochant la tête.
— Tout va bien se passer, Tony est là pour me seconder.
Je pose ma main sur son épaule, et émets une pression.
— Ne t'avise pas à jouer au plus malin, sinon Tobias ne me le pardonnera jamais, répliqué-je tout aussi sérieux.
Un faible sourire apparaît sur son visage. On s'approche de la porte. Franck la déverrouille, l'ouvre légèrement, avant de tirer d'un coup sec et de tirer dans le tas. Nous passons derrière lui, puis descendons rapidement les marches. Des bombes à fumigène dégringolent dans la cage d'escalier, diffusant leurs fumées, et nous aveuglant au passage.
— Elio, continue ! tousse le caméléon en avançant le dos courbé.
Les échanges de tirs continuent au-dessus de nos têtes. L'inquiétude pour l'état de Franck grandit, mais je ne peux pas faire demi-tour, tandis que nous sommes poursuivis.
Nous arrivons enfin dans le hall, sortons et courrons dans la rue. Des passants nous regardent débouler, et changer de trottoir en fuyant quand ils entendent les coups de feu dans le bâtiment.
Nous tournons dans la rue de la réunion, traversons le passage piéton en manquant de peu de nous faire percuter, puis courrons pour atteindre le petit bois en face de nous.
— Ils nous talonnent, remarqué-je essoufflé en regardant en arrière.
— Fais chier !
Je regarde de nouveau mon téléphone. Le réseau est revenu. Alléluia ! J'appelle directement Maxine. Ça sonne dans le vide. Bordel. Ma mâchoire se contracte. Je coupe l'appel, et contact Tobias.
— Putain on arrivait plus à vous joindre, gueule-t-il à peine la première tonalité sonnée.
— C'était un piège, réponds-je essoufflé. Ils nous ont cueillis directement sur place.
— Damien a eu raison de se mettre à poursuivre Maxine, elle a dû sentir l'entourloupe, commente le boss en cognant dans quelque chose. Vous êtes où là ?
— Nous longeons le cimetière du Père-Lachaise, mais ils sont quelques-uns à nous poursuivre...
Je n'ose lui dire que Franck est resté sur place. Or, une balle se répercute contre un tronc à côté duquel on passe. Je me retourne et tire dans le tas. Je n'atteins aucun d'entre eux. Tony me tire par le col et me pousse en avant.
— Tobias, ramène ton cul et vite. Franck est encore sur place, nous on va essayer de se trouver une plaque, gueule-t-il derrière moi.
Je glisse sur une racine apparente et tombe sur les genoux avant de me redresser. Mon téléphone est brisé. Le temps que je me relève, le caméléon a lancé des couteaux pour ralentir nos ennemis. Il me prend par le bras, et m'aide à avancer, alors que ma cheville me lance. Un vrai boulet.
— Allez, Elio, ne traîne pas, souffle Tony en me maintenant.
Or, il lâche un cri et m'entraîne dans sa chute. Un tir, sortant de nulle part, lui a transpercé l'épaule. Un autre coup fuse et se plante dans ma jambe. La nuit m'empêche de repérer le tireur. J'aide Tony à se relever tant bien que mal, la jambe pissant le sang.
— Même avec un trou tu n'en fais qu'à ta tête sale gosse.
Cette voix.
— Mettre le feu au terrier pour te faire sortir était une bonne idée de la part de Silver.
Les doigts du caméléon se contractent sur mon épaule. La silhouette de Porcelli se dessine sous un lampadaire. Il se présente seul, mais le connaissant, certains de ses hommes les plus proches ne sont jamais bien loin.
— Fumier, craché j'en rage.
— Garde tes mots doux en la présence de ta mère quand tu la verras en enfer, cette chienne.
Mon poing se serre, au point de sentir mes ongles s'enfoncer dans ma chair. Mon géniteur lève son arme, me visant, un sourire satisfait se dessinant sur ses lèvres. Mon cœur se contracte. Je ferme les yeux. C'est la fin. Le coup part. Il me rate.
Les sourcils froncés j'ouvre les yeux. Le regarde. Il tombe sur le sol, les yeux révulsés, un trou en plein milieu du front. Derrière lui, une moto. Ses pleins phares m'aveuglent, mais le soulagement m'envahit. Car au fond de moi, je sais que Max vient de me sauver la mise, même si je sais que tous les hommes de mon père se mettent à la canarder.
Elle fait un dérapage contrôlé, repart tout en les attirant vers elle.
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