14- Un point partout
Maxine
Avant qu'il ne se remette du passage de la sœur, je vais être tranquille un moment. Ce monsieur avait vraiment l'allure parfaite d'une jeune femme tout au naturel. Et bien sûr, pour parfaire son déguisement, je n'ai pas acheté la tenue sur Temu, mais je me suis rapprochée d'une troupe de théâtre. J'ai poussé le vice jusqu'au bout et ça me fait frétiller de joie. Ma cigarette se coince entre mes lèvres, tirant dessus pendant que la perche s'active comme une bonne petite ménagère. J'ai ordre de ne pas bouger du lit. D'un côté, je serais plus une gêne qu'autre chose.
Je m'allonge, savourant ma victoire en laissant échapper la fumée vers le plafond. Mon téléphone vibre. Je l'attrape et vois un message de Ginette : René m'a dit qu'il a oublié son téléphone chez toi. Il a dû glisser sous ton lit.
Mon sourire s'étire encore plus. Le micro a été disposé sous le lit du prêtre. Parfait. Je vais pouvoir reprendre la planque et avec l'Artic que la perche m'a ramené, ça va être pépite. J'ai encore plein de petites idées pour lui faire lâcher l'affaire. Mais ce soir, c'est vengeance contre la perche et sa reine des pestiférés. Il a bien esquivé en profitant de mon absence pour partir en mission de son côté. Un sourire narquois s'étire. Je me cale sur le côté, calant ma tête contre ma paume, portant ma tête, le matant qui balaye.
— Tu veux que je commande un Uber pour ce soir ? lui demandé-je pendant qu'il nettoyait le sol, la sueur au front.
Aussi efficace que Cendrillon.
— Je vais le faire, comme t'as perdu tes sous.
Ah oui, ce petit détail. J'ai tenu informé Damien sur ce qu'il se passait en évitant soigneusement de lui révéler le paquet de croquettes et le panneau publicitaire. J'évite de lui tendre la perche pour me faire battre... J'explose de rire sur cette pensée. Il me regarde d'un air interrogateur, mais je ne lui réponds pas, trop occupé à tenter de reprendre ma respiration. M'essuyant les yeux du revers de ma manche. Oh que ça fait du bien de se lâcher comme ça.
Il me rejoint sur le lit en tenant le manche de la serpillière. Laissant le sol sécher convenablement. Il défile l'écran de son téléphone me demandant ce que je souhaite manger. Indien ? Trop épicé. Japonais ? Mouais, je n'aime pas le poisson cru. Français ? On est déjà envahi. Il lève les yeux à chaque réponse que je rétorque à ses propositions. Il tente un dernier avant que je ne le fasse sortir de ses gonds :
— Kebab ?
— Pourquoi pas, j'adore la sauce blanche, sourié-je en plissant les yeux.
Il rit. Passe sa commande.
— Je devrais jeter un œil sur ton PC pour voir si je peux te le protéger un peu plus, mais je ne te promets rien.
Je hoche la tête. Je ne pense pas qu'il puisse contrer Elder, mais qui ne tente rien n'a rien. Il touche sa bille en informatique. Pour ma part, je suis une quiche de première catégorie. Il pianote un temps sur mon PC, pendant que je calibre mon nouveau jouet. Je ne vais pas commencer l'écoute ce soir. Besoin de concentration pour cela.
— Tu penses que je peux mettre un clou assez épais dans le chargeur ? interrogé-je soudainement.
— Tu veux crucifier le prêtre ?
— Je te rappelle que je ne tue pas gratis, me renfrogné-je. Non, ce n'est pas ça. J'ai une p'tite idée derrière la tête.
Il tourne le fauteuil en me regardant perplexe. Je pose mon doigt sur ma bouche, et lui fais signe que l'on est sur écoute. Il attrape un bloc-notes et un stylo. Grattant sur le papier, il me demande comment je sais ça. J'attrape le crayon en lui marquant : pas encore trouvé, mais je me méfie.
Il hoche la tête. Puis se retourne. Alors que moi, je me concentre sur le démontage de mon Artic, et que je remonte à la suite. Une arme pour tirer, l'autre pour clouter. Faudra que je demande des jours à Tobias pour pouvoir entamer ma planque. D'autant plus qu'avec Franck au Torb'j, il faudra que j'invente une excuse à la con. Et, prétexté, rendre visite à ma famille ne passera pas aux yeux du boss. J'en ai plus. Du moins, la perche, Cendrillon et Tobias sont ma famille de cœur, mais celle de sang est déjà morte et brûlée depuis des lustres. Ne jamais faire confiance à une secte faisant des actes au nom d'un tout-puissant. Quelle que soit sa religion ! Je ne dis pas que je ne respecte pas leurs croyances. Non. Mais, certains se cachent derrière ça pour...
— Allô la lune, ici la terre.
La main de la perche passe devant moi. Je cligne des yeux plusieurs fois, avant de porter mon regard sur lui.
— Je te demanderai de lâcher ton arme s'il te plaît.
Je l'abaisse sur mes mains. Elles tremblent en tenant la gâchette de l'Artic. Je souffle. Il a interrompu le fil de mes pensées à temps avant que je ne fasse une connerie. Pense à la torture. Pense aux moutons. Pense à ce que tu prépares à Damien.
Je libère l'arme et me lève pour me diriger vers le frigo, attraper une bière. Je regarde d'un air absent la perche ranger le matos et le positionner dans le plafonnier au-dessus de mon lit. Ma planque. J'aime les plafonds, ce sont des endroits secrets où l'on peut cacher tout un tas de choses. Il se rapproche de moi. Et, pensant qu'il allait mielleusement agir, il m'évite en ouvrant le frigo pour se servir. Bonne stratégie, mon gars. Le côté fleur bleue, à éviter avec moi. Nous entrechoquons nos bouteilles, les portant à nos lèvres.
Nous discutons de sa dernière mission au Canada, expliquant qu'il a dû coincer un gars sur ses chiottes. Oui. Lui aussi, il a des demandes particulières. On rit quand je lui raconte ma mission à Amsterdam, lorsque l'interphone se met à sonner, interrompant notre conversation autour de plusieurs bières déjà bien entamées. La commande est là.
— Je reviens.
Il ouvre la porte en la laissant entrouverte. Je m'allume une cigarette, puis sors sur le palier et pose mes coudes sur la rambarde, perdant mon regard sur les toits de la ville apparaissant derrière les fenêtres. La porte du voisin s'ouvre, mais je ne lui prête pas attention. Portant ma cigarette aux lèvres. Réfléchissant comment je vais piéger la perche.
Je sens son regard pesant sur moi. Il me fixe. Me hait. Tant mieux. Il ne dit rien. Son silence est lourd. Ses pieds se déplacent. Il descend. Je glisse mon regard sur son dos. Il a la main sur la rambarde, la glissant en se crispant dessus. Ouais, je l'ai bien énervé. Il tourne sur le palier et redresse la tête. Son regard est froid. T'as voulu jouer, mon coco ? T'as perdu. Mes yeux se plissent quand j'aperçois son rictus. Méfiance.
Damien remonte à ce moment-là. Il le fusille du regard. L'archange Uriel, définissant sa sagesse par sa précision. Au lieu de guider ceux qui ne comprennent pas leurs karmas, il les extermine. Les deux se regardent en chien de faïence, avant que la perche ne se détourne pour remonter vers moi. Le prêtre souffle. Baisse le regard, et descends. Je ne sais pas si je vais appliquer ma surprise ce soir... Je réfléchis dix secondes et me rends à l'évidence. Nan, ça va être trop drôle.
Installé sur le lit, on regarde tranquillement un film, critiquant les scènes d'action. Digérant ce copieux repas. Je lève la tête vers la perche, il est concentré sur le film, les bras derrière la tête. Je glisse ma main sur son torse, jouant avec mes doigts, remontant de ses abdominaux jusqu'au haut de sa chemise blanche. Son regard se glisse sur leurs mouvements. Scrutant attentivement leurs déplacements. Je me redresse en silence, ne le lâchant pas du regard. Défaisant ses boutons un à un.
Sa mâchoire tressaute quand je retire mon pull et mon t-shirt en même temps. Révélant un bustier en dentelle noir. Il ne me quitte pas du regard. Devinant pour lui que ce soir, je voudrais me perdre dans ses bras. Je me penche à son oreille pour lui susurrer.
— Veux-tu coucher avec moi ce soir ?
Sur un air de Lady Marmelade. Sa respiration s'accélère. Je me lève du lit, saute sur le parquet et défais lentement mon jean, le glissant le long de mes jambes. Usant de ce stratagème pour l'exciter à fond. Un string rouge se dévoile sous son regard. Je m'approche de ma commode, et sors un masque.
— Je laisserai tes sensations parler, très cher.
— Max... souffle-t-il, n'en pouvant déjà plus.
Je reviens vers lui. La chemise ouverte me laisse apercevoir la pâleur de son corps, dessinant ses muscles comme une statue grecque. Je lui pose le masque sur la tête, occultant totalement sa vision.
— Interdiction de le retirer, je le mets en garde. Sinon, je ne ferai pas du pipeau.
Il hoche imperceptiblement la tête, laissant mon sourire diabolique s'agrandir. Je m'accroupis, et attrape le petit supplément de la soirée que j'enfile sur ma tête. Je passe à califourchon sur lui, sentant son érection cogner à l'intérieur de son pantalon. Mes mains glissent sur son torse. Les remontants. Suivis du bout de ma langue sur sa peau froide. Mes lèvres le couvrent de baisers, stimulant les frissons de sa peau. Je dépose un baiser au coin de ses lèvres avant de me redresser et de descendre sur son membre. Défaisant le bouton de son pantalon, le glissant en même temps que son boxer.
Ma main sert son sexe, commençant lentement à la monter et à la descendre. Sa respiration est sifflante. Il remue les hanches pour que je le prenne en bouche. Mais j'agis autrement : aidé de mon autre main, je glisse le masque complètement sur ma tête. Me retenant fortement de rire, alors que lui, il prend son pied au fur et à mesure que j'accélère le rythme de mon poignet. Je cogne ma poitrine sur son membre, glissant sa queue entre mes seins. Patientant le moment fatidique. Je l'analyse du coin de l'œil. Il se lèche les lèvres. Savourant l'extase que je lui offre.
Je remonte vers lui. Ses mains glissent sur mes hanches, les compressent. Remonte le long de mon dos. De mes épaules. Glisse sur ma tête. Se fige en ressentant sous son toucher une différence de taille. Je pince mes lèvres. Il tâtonne l'arrière de ma tête. Passe sa main sur mon visage, constatant la texture du masque. Je ne bouge pas. Bloquant son corps sous mon poids. Mais je sais que je vais vite voler.
Il retire son bandeau après avoir glissé ses doigts sur mon faux sourire et écarquille des yeux en découvrant que ÇA, est en train de le caresser.
— Bordel Max !
J'explose de rire alors qu'il me pousse sur le côté. Attrapant son cœur qui palpite de frayeur.
— Et un point de plus pour ma part, m'exclamé-je en ne retenant plus mon fou rire.
Je le regarde, essayant d'être sérieuse, tandis qu'il est debout à côté du lit. Son pantalon et son boxer sur les chevilles. Reprenant difficilement son souffle. Les yeux fermés.
— Cache-moi ça tout de suite, menace-t-il la mâchoire contractée.
— Sinon quoi ? pouffé-je devant lui.
Il ouvre les yeux et ancre son regard dans le mien. Noir. Intense. Je confirme que je vais prendre cher. Il se jette sur moi, alors que mon rire s'intensifie. Il aurait pu fuir comme je me suis imaginé, mais il préfère me retourner. Claquant sa paume sur mon fessier. Attrapant mes cheveux dans son point. Se penchant sur moi en me chuchotant :
— Je ne te ferai plus de cadeaux.
Son coup de reins est sec et violent. Je le laisse se venger, même si j'ai remporté la victoire ce soir. Me libérant des démons qui m'ont envahie plus tôt. Oubliant son regard froid quand je le regardais. Me laissant aller dans les bras de mon ami qui ne me fera aucune pitié. Savourant mes deux victoires du jour. Sacré combo.
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