CHAPITRE 23 - La Falaise blanche

— Galeen, chuchote Ja près de son oreille, le chemin de ton destrier est devant toi. Cesse de jeter des coups d'œil derrière .
— Je ne comprends pas ce que tu veux dire, ma petite Shoof, grogne le Guerrier sans quitter le paysage des yeux. Je regarde devant !
— D'accord, tu as raison, mais tous tes sens sont orientés derrière nous.

Au même moment, on entend les deux jumeaux qui rigolent en fin de colonne et, se joignant à eux, le rire cristallin de Kalya. La mâchoire de Galenn se resserre. Ja sourit et ronronne pour le calmer.

— Ils la font rire, c'est tout, dit-elle.
— Oui, jusqu'à ce qu'elle oublie de diriger correctement sa monture et que celle-ci se prenne un sabot entre deux pierres du rivage ou qu'il glisse sur une roche pleine d'algues.
— Je jure de ne pas répéter à Kalya ce que tu viens de dire, ricane la petite Shoof en tirant les cheveux de Galenn
— Aïe ! riposte le jeune homme avec une grimace feinte.  Je ne dis pas qu'elle ne sait pas monter, au contraire, elle m'épate encore ! Mais, elle n'a pas besoin de ces deux gaillards qui lui tournent autour sans arrêt. Leur comportement est absurde !
— Cela lui change les idées, plaide Ja.  Concède au moins qu'après tous ces derniers jours où elle a été trop soucieuse et sérieuse, c'est bon. Rassure-toi : elle n'aime pas les cheveux clairs et courts, donc... tu es sauvé !
— Elle te l'a...

Galenn arrête sa question et ravale un éclat de rire :

— D'accord, Demoiselle Ja ! Tu as gagné. Et que fait Xen ?
— Il est bien tranquille avec la Dame des Destriers, soupire Ja d'une voix qui se veut légère mais le petit grain de suspicion qui y flotte fait sourire Galenn. Je crois qu'ils discutent de tir à l'arc. Tu vas voir, Xen aura un arc avant la fin de cette ballade !
— Ce serait bien, concède Galenn, il est un très bon guerrier, précis et fiable. Un fier et Grand Shoof, ton Xen.

Le ronronnement de Ja augmente en douceur et intensité. Galenn sourit et sans même voir la petite Ja, il sait qu'elle a le teint du même rose que ses yeux.
Quelques instants plus tard, le Guerrier arrête la colonne de destriers. Ils se réunissent pour voir ce qui les attend sur le chemin devant eux.

— Qu'y a-t-il Galenn ? demande Mirkoum qui vient à sa hauteur

Son destrier noir piaffe d'impatience.  Le Mage le calme de la paume de sa main.  Galenn voit Len sur l'épaule de Mirkoum : ils se sont trouvés bien des atomes crochus, ces deux adeptes de magie et de potion !  C'est un plaisir de voir le Petit Mage poursuivre son apprentissage avec le Représentant des Steppes.  Il partage avec Lenn, prenant un plaisir évident à jaser magie.

— Regarde devant, indique Galenn en pointant le paysage qui s'étend devant eux.
— En effet, remarque le grand cavalier blanc, nous semblons avoir atteint la limite des boisées et nous entrons de nouveau dans le sable et le désert.  Nous garderons donc comme repère  l'océan à gauche et les falaises à droite.
— En souhaitant trouver un accès pour le plateau supérieur, grogne Kalya qui cherche désespérement un sentier d'ascension dans la paroi rocheuse qui les surplombe.
— Encore ses grains de sables et de poussières qui vont étouffer nos destriers, fait Talji en descendant de sa monture. Leky, occupe-toi du destrier de Dame Kalya et des vôtres.
— Que fais-tu Dame Talji ? demande Val, depuis l'épaule de Kalya.
— C'est un truc que nous avons utilisé avant d'arriver à votre belle rivière, répond Leky en donnant ses rennes à son frère.

Leky et Talji ont rapidement sorti de leurs besaces de grands foulards, dont ils drapent les naseaux des destriers. Puis, ils en distribuent aussi aux cavaliers, et en découpent de petits pour les Shoof.

— Protégez votre nez, votre bouche, vos oreilles et même vos yeux, déclare Zolem, cela vous évitera d'avoir du sable partout. Surtout avec le vent venant de l'océan, ou partant des terres, il y en aura partout.  Il peut blesser les muqueuses de nos montures et atteindre sérieusemnt les yeux.  Les tissus sont assez fins pour permettre de voir...
— Pas aussi bien qu'en une belle journée clame, avoue Mirkoum, mais je vous dirigerai si nous devenons aveugles.

Galenn se tourne vers lui alors que Lenn tend une oreille intéressée.

— Nous dirigez , Mage ? questionne le petit Shoof.
— Oui, la réalité cache de nombreuses couches de vision, rappelle-toi cela.
— D'accord, je m'en rappellerai, l'ami.

Tous les cavaliers s'entourent la tête avec les foulards et en garde un grand bout pour se draper le visage.

— On continu ! déclare Galenn. Et on garde la file !

Se disant, son regard pointe les jumeaux directement. Puis, examinant la troupe derrière lui, ses yeux croisent ceux de Kalya, brillants au-dessus de son foulard bleu. Même s'il ne voit pas sa bouche, il sait qu'elle lui sourit. Il la salue de la tête en la gratifiant d'un sourire rassurant, revêt lui-même son foulard bleu, puis éperonne sa monture.

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Plus loin, alors que derrière et devant eux... et partout autour d'eux, emporté par le vent, ne se retrouve que du sable, et que seul l'océan à leur gauche demeure immuable, Galenn impose une seconde pause. Cette fois, tous les destriers ont la place pour se réunir en un cercle serré. Ils peuvent ainsi se parler et se voir, car en effet, la visibilité a diminué de beaucoup.

— Nous ne voyons plus très loin devant nous, dit Galenn, ou même derrière et des côtés.  Seule la falaise est visible si on la suit à deux bras de distance.  Je propose de lier nos montures.
— Bonne idée, nous avons des laisses d'élevage qui feront l'affaire, dit Zolem, je m'en occupe.  

Le jumeau saute de sa monture et s'affaire à attacher les six destriers.

— Il y a une autre difficulté à laquelle tu n'as pas pensé Marin d'eau douce, fait Kalya.
— Quoi, Capitaine ?
— La marée.

Galenn regarde l'océan. La ligne des vagues est loin sur leur gauche et il a remarqué qu'elle s'éloignait de plus en plus. Il a trouvé que c'était une bonne chose, donnant davantage de place pour se déplacer en troupeau et un certain recul pour chercher un accès vers le haut de la falaise, qui demeure sur leur droite.

— Nos destriers marchent en ce moment sur un sable détrempé, explique Kalya, et le roulement de la mer m'indique que c'est marée basse mais... elle finira par remonter. Et la ligne des eaux m'a semblée être dans la falaise, à hauteur d'homme et plus.
— Combien de temps ? demande Galenn inquiet.

Il se met debout sur ses étriers, regarde derrière et devant, pour estimer la distance pour se mettre à l'abri d'une marée haute. Une trop grande distance d'un côté comme de l'autre.

— Lorsque le soleil sera à son zénith environ, estime Kalya en écoutant le remous des vagues déferlantes.
— Très peu de temps, conclue le guerrier.
— Je peux proposer de visualiser les lieux pour trouver le passage ? propose Mirkoum.
— Visualiser ? questionne Lenn très vivement intéressé.
— Oui, il s'agit de lancer une recherche avec la visualisation de l'aura des lieux.
— Cela va te demander beaucoup d'énergie, je le crains, remarque Talji inquiète, en posant sa main sur son bras. Il y a peu de source d'aura ici.
— On peut aussi continuer en ouvrant grands nos yeux, propose Galenn.
— Avec ce vent et tout ce sable, riposte le Mage, ainsi que la marée qui presse, nous risquons de rater un passage. Je refuse de prendre cette chance.
— La montée sera aussi complexe avec les destriers, fait un des jumeaux, on doit calculer cela dans le risque.

Mirkoum consulte Talji du regard. Avec un soupir, elle acquiesce doucement. Le Mage fait avancer sa monture et s'attache en tête du groupe.

— Je te suis et te surveille, assure Galenn.
— Comment puis-je t'aider, demande Lenn.
— Je risque de devenir faible, répond Mirkoum. Tu seras ma voix, petit Mage. Et qui sait ? Ta proximité te feras peut-être aussi entrevoir les auras.
— J'aimerais bien, espère le Shoof.

Le Grand Mage des Steppes prend son bâton, le cale sur son étrier et le penche vers l'avant. Puis, il ferme les yeux et se concentre. Lorsque ses paupières s'ouvrent à nouveau au dessus de son foulard noir, ses yeux étincellent et ne sont plus que blancheur. Du bout de son bâton de Mage, des lumières irradient dans son entourage, dans toutes les directions. Seul Lenn et lui les perçoivent adéquatement. Pour les autres, il ne s'agit que d'une iridescence diffuse dans l'air ensablée.

— J'en veux un comme ça, fait Lenn, en se cachant davantage dans la capuche mais en sortant la tête pour ne rien rater. Je trouve ce spectacle unique, Grand Mage ! C'est comme voir dans une autre dimension ce monde camouflé par les intempéries.

— Alors ouvre les yeux Petit Mage, fait la voix toute basse de Mirkoum, les auras sont faibles et une grande Magie vient interférer en ces lieux.
— Entendu, j'utilise tout de mes yeux, parole de Shoof.

Et l'équipage continue à avancer dans le sable, les uns derrière les autres. Galenn peine à voir le Mage, à seulement une cordée de lui, tellement le vent sableux est dense.

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Depuis un moment l'oreille habitué de Kalya surveille le roulement des eaux. Elles approchent et toujours aucune nouvelle intéressante de la vue des Auras par Mirkoum. Le chuintement des sabots dans le sable mouillé se transforment soudain en clapotis. Puis, au bout d'un temps trop court, l'eau monte jusqu'aux canons des pattes. Le rythme de la marche diminue, alors que les bêtes s'inquiètent elles aussi de l'arrivée vers elles de vagues de plus en plus hautes. Lenn, maintenant accroché à l'encolure du destrier, le dirige vers la droite, alors que la voix de Mirkoum, très faible, le torse penché vers le Shoof, murmure :

— ... et monte au fond de la lumière dorée, tout doucement, le vert viendra, il est là... la dorée mais évite la rouge, petit Mage... un piège... et la teinte de mauve peut aussi...
— La dorée, la dorée, s'énerve le Shoof, mais je vois plein de lumières, de couleurs... Mes yeux ne voient que cela.

Dans la noirceur de la magie des auras, les yeux bleus du Shoof étincellent autant que le bâton de Mirkoum. Lenn scrute les auras avec attention quand :

— Oui, oui ! Par là ! Ça y est : je vois la lumière dorée. Allez grande bête aux grandes pattes, va à droite.

Et Lenn conduit son destrier en agitant avec frénésie sa crinière noire qui laisse s'échapper un nuage de sable sous les gestes du Shoof. Dans son dos, le Petit Mage sent que le Grand Mage s'est écroulé sur sa monture, les mains crochetés après la selle. Lenn se précipite sur le bâton qui tombe de ses mains.

— Allez hop ! Plus vite mon Galliouff de Terre, tu dois monter jusqu'en haut. Je te conduis vers la dorée et on évite la rouge... Suivez-moi tous ! Je vois ! Si vous saviez tout ce que je vois !

Avec entrain et débordement, le petit Shoof conduit la cordée en haut de la falaise, le long d'un chemin sécuritaire que lui seul peut percevoir, alors qu'il tient dans une main la crinière du destrier et dans l'autre, le haut bâton du Mage Mirkoum.

« Me voici à voir au delà de ce que j'ai pu voir dans toute ma vie de Shoof.  Virko avait raison, je vais peut-être réussir à être un Mage... un petit en tout cas ! Comme c'est beau... la voie dorée, suivre la dorée»

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Lorsque le groupe parvient sur le haut du plateau, le vent cesse, le sable instable disparaît.

Les destriers retrouvent avec bonheur un sol sec et solide sous leurs sabots. Les cavaliers descendent de leurs montures. Galenn, Leky et Zolem se dépêchent de descendre les deux mages et de les étendre au sol. Mirkoum est inconscient alors que Lenn continue de murmurer combien tout est beau et coloré. Kalya et Talji s'empressent de préparer deux potions de cristal selon les recommandations de Val, qui ne peut que rester près de Lenn, à le tenir dans ses bras, ses grands yeux verts emplis de larmes :

— Il faut toujours que tu en fasses trop, le Petit Mage ! Non mais, regarde toi !
— Oh Val, comme tu es belle ! Si tu voyais toutes les belles couleurs qui émanent de toi. Donne moi ta main ! Oh, elle est comme la lave que tu manipules si bien. Et ton visage est d'une telle rayonnance...
— Mais, tu vas arrêter, grand sot ! fait la Shoof en rougissant et en pleurant en même temps.
— Val, voici la potion, dit Kalya en tendant un petit bol à la Shoof.
— Oh très bien. Ils doivent tout boire.

Puis, elle-même s'applique à faire boire l'eau de cristal à Lenn, pendant que Kalya fait de même avec Mirkoum, la tête sur les genoux de Talji. Cette dernière a, elle aussi, les yeux plein d'inquiétude, mais elle a plus d'expérience pour les aventures auraesques de son compagnon.

Pendant que les Mages se font soigner, sous un petit abri que Zolem a élevé au-dessus d'eux — en s'appuyant sur les arcs et bâtons, et en utilisant les longs foulards — Leky dépoussière les destriers un à un en les laissant s'ébrouer et chevaucher librement dans les environs. Ensuite, ils les ramène près du petit abri pour augmenter l'ombre pour les deux Mages. Malheureusement, aucune source d'eau ne se profile aux alentours.

— Nous sommes passés d'un désert de sable à un immensité de pierre blanche, lisse et plate, remarque Xen, près de Galenn qui sonde le bas de leur promontoire.

— Il était moins une, remarque l' homme de bronze en s'épongeant le front avec le foulard.
—    J'ai bien cru que l'eau allait nous rejoindre, ajoute Ja en tentant de mettre de l'ordre dans ses plumes-poils sur sa tête.

Les compagnons s'époussetent de tout le sable accumulé sur eux tout en observant l'océan qui se brise à la base de la falaise. Le vent de la mer les aide dans leur tâche en entraînant avec eux les longs cheveux noirs de Galenn, la crinière de Xen et les éternuements de Ja.
—   Regarde ces vagues ! observe le Grand Shoof guerrier.  Nous y sommes ! Ce sont bien des Falaises blanches ! Plus une goutte de sable, tout s'est retiré comme par magie !
— C'est le mot, grince Galenn.
— Est-ce bien les falaises dans la vision que Virko t'a montrées ?
— Oui, je crois... là bas, la pointe blanche qui sort de l'eau était bien là.
— Mais, s'il y avait une forêt ici, elle n'y est plus, remarque Xen en cherchant de ses yeux perçant à l'horizon du plateau derrière eux.
— Encore de la magie... ajoute la petite voix de Ja.
— Mais nos Mages ne sont plus disponibles, constate Xen en se tournant vers l'abri de fortune ou reposent Lenn et Mirkoum.

Galenn opine de la tête. Il observe l'horizon : d'un côté l'océan bleu, de l'autre une ligne de roc blanc. Rien ne dépasse, aucune montagne, aucun point de repère ou endroit pour se repérer.

— Il faudrait voir d'en haut... murmure Ja en observant de l'épaule du Guerrier le plat, droit et ennuyeux lieu.

Puis, elle descend de l'épaule en emportant avec elle le foulard rouge qui l'a protégée du sable durant la chevauchée. Galenn la regarde aller.

— Où vas-tu Ja ? demande Xen distraitement.
— Je reviens ...
— Si on creusait, propose Xen, je ne sais pas si...

L'échange des deux guerriers se perd pour la petite Shoof s'éloigne.

Elle se précipite, de toute la vitesse de ses petites pattes vers le cheval de Talji. En grimpant sur le dos de celui-ci, elle murmure des paroles apaisantes et roucoule pour le calmer. Il ne faudrait pas que Xen ou Galenn réalise ce qu'elle s'apprête a faire. Ils n'accepteraient pas, mais elle est convaincue que c'est leur seule chance.

Rendue sur la selle du destrier, elle s'approche en ronronnant de l'oiseau de dame Talji, en murmurant de sa petite voix et en mettant toute sa persuasion dans ses jolis yeux roses :

— Doux, mon petit, doux... Je suis Ja. Je sais qu'on a pas été présenté toi et moi, mais on va bien s'entendre.

L'animal la regarde et penche la tête sur le coté, intrigué par cette petite créature qui s'approche de lui et qui lui envoie de si belles ondes du fond de sa gorge. Sa voix lui fait du bien, sa finesse lui plaît ainsi que son joli plumage : enfin un être de sa stature.

Ja défais le lien qui garde l'oiseau sur le pommeau de la selle de Dame Talji, elle passe son foulard autour du cou de l'animal puis l'attache pour s'en faire une petite selle. Doucement, tout en continuant à ronronner, elle enfourche le dos plumé et duveteux, elle attrape deux poignées de plumes de chaque coté de la tête de l'oiseau, s'assoit bien en selle dans son foulard et serre les genoux. Puis, avec le plus de calme qu'elle peut, elle murmure :

— Tu vas faire attention à moi, d'accord ? Je suis petite mais j'ai de bons yeux. Je veux aider mes compagnons, et c'est grâce à toi que je vais le faire. On doit trouver de l'eau, de la verdure, une forêt... quelque part sur ce plateau.
Elle hésite un instant, puis se concentre sur l'œil que l'oiseau penche vers elle.
—    Tu as soif mon grand ? On va chercher de l'eau, cela te dis ?
L'oiseau observe sa nouvelle cavalière et s'ébroue un peu la tête.  Il semble bien à l'aise avec l'idée de faire un peu d'exercice.  Ja ressent que les griffes des pattes se contractent sur le cuir de la selle.
—    Oui !  C'est cela... Alors... vole !

Et l'oiseau prend son envol dans le ciel bleu.

C'est à ce moment que Galenn et Xen remarquent l'absence de Ja.

Et ils aperçoivent en même temps, l'oiseau qui prend de l'altitude, avec sur son dos, une petite silhouette aux mèches roses et folles, embarquée sur son dos dans un foulard rouge. Xen, avec ses grands yeux jaunes perçants la distingue très bien :

— Ja !! Redescend de là !
— Je reviens Xen... Chercher... eau .... Houhou ! C'est beau !
— Ja ? fait Galenn interdit.
— Ja ! Non ! Fais attention... crie Xen, le visage aussi blanc que le sol.

Mais la Petite Shoof ne l'entend plus : petite tache blanche et rouge dans le ciel bleu. Lancée vers l'horizon d'azur.

💖
😘❤️♾

Gaïa;)

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