- Chapitre 6 : Regarde-moi -
« Ceux qui s'en sortent, ce ne sont que les gens téméraires. »
Il n'y avait aucune trace de l'explosion. Les murs et le petit balcon étaient intacts. Cependant, il n'y avait aucune trace de l'homme non plus. Aucune tâche de sang. Comme si la scène ne s'était jamais déroulée. Comme si tout n'avait été qu'un rêve. Gaku se tourna vers Temari et Kankurô pour obtenir une quelconque explication, mais ils semblaient aussi stupéfaits qu'elle. Elle suggéra d'une voix tremblante :
« On peut partir ? »
Le sentiment de ne pas comprendre ce qu'il s'était passé la plongeait dans un profond malaise. Le balcon, le bout du couloir entier même, aurait dû être complètement détruit. Mais là rien n'avait bougé. Les membres du groupe acquiescèrent à la proposition de Gaku et chacun rassembla ses affaires. Ils descendirent les escaliers en trombe et la jeune fille fut la première à bondir vers la porte. Elle enclencha la poignée mais celle-ci résista. Elle essaya plusieurs fois, s'aidant de son épaule pour pousser la porte mais elle était complètement bloquée. Kankurô s'avança pour essayer à son tour d'ouvrir la porte en donnant un puissant coup de pied dedans. Ce qui n'eut aucun effet. La grimace de douleur qui apparut sur son visage aurait fait rire Gaku si la situation n'était pas aussi effrayante. Celle-ci fronça les sourcils et s'approcha du mur. Elle y colla son oreille pour essayer d'y entendre un quelconque grésillement. Elle avait déjà son idée sur ce qui était en train de se passer. Elle colla sa main au mur et ferma les yeux pendant plusieurs secondes. Gaara la sortit de sa réflexion.
« Explique ton hypothèse, Gaku.
- Les murs, les portes, les fenêtres, le sol, ... chaque planche de bois qui forme cette auberge est parcourue par un flux de chakra. Aucune attaque ne pourra nous faire sortir d'ici. En revanche, il n'y a personne pour contrôler l'ensemble de l'auberge, ce qui veut dire ...
- Que c'est une technique de genjutsu. »
Gaku hocha la tête en regardant Temari, qui avait finit sa phrase. Ça voulait dire que tout avait été prévu, depuis le début. Leur arrivée dans l'auberge, la tentative de meurtre de Gaara dans la nuit. L'auberge ne s'était pas trouvée par hasard au bon endroit au bon moment. Elle n'était pas sûre à 100% que c'était du genjutsu. La personne qui contrôlait tout ça pouvait très bien être dehors depuis le début sans que personne ne l'ait repérée, et seulement bloquer les issues. Et si c'était véritablement une illusion, jusqu'où s'étendait-elle ? Seulement le gérant et le parchemin explosif, ou c'était toute l'auberge qui n'avait été qu'un mirage ? Le seul moyen simple de briser une technique de genjustu était de s'infliger une douleur suffisamment forte, pour reprendre le contrôle de son esprit. Les quatre coéquipiers le savaient. Ils sortirent tous un kunaï de leur poche, sauf Gaara.
« Je ne peux pas me blesser.
- Pourquoi ?
- Je ne peux pas. C'est tout. »
Gaku fronça les sourcils. Temari et Kankurô avait l'air d'avoir compris ce à quoi il faisait allusion, mais pas elle. La jeune fille réfléchit à un autre moyen pour lui. Elle avait lu des dizaines de pages sur le genjutsu et elle s'en voudrait de ne pas réussir à trouver un moyen qui pouvait leur sauver la vie.
« Tu peux briser le sort à la seule force de ton chakra, mais cela requiert une puissance bien supérieure à celle du lanceur ... »
Gaara se tourna vers Temari et Kankurô. Un dialogue silencieux se partageait entre eux, comme s'ils communiquaient par la pensée. Gaku, dans l'incompréhension pour la seconde fois, se sentait légèrement rejetée, et frustrée. Comment était-elle censée les aider si on ne lui disait rien ? Elle n'attendit pas que l'un d'eux prit la parole. Elle colla la lame du kunaï contre la paume de sa main et l'enfonça pour entailler sa chair. La douleur la prit à la gorge. Tout son corps était parcouru de frissons, comme un immense réseau électrique. Son cerveau lui hurlait d'arrêter et sa main voulait se retirer mais la jeune fille résista à la tentation et enfonça l'arme plus profondément encore. Assez pour que la douleur soit la plus vive possible, mais qu'elle n'atteigne tout de même pas un vaisseau important. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le paysage qui s'offrait à elle était inattendu. Ce qu'ils avaient pris pour une auberge n'était en fait qu'un tas de ruines. Les planches de bois étaient rongées et à moitié recouvertes de sable, les quelques pierres encore empilées qui servaient de fondations menaçaient de s'effondrer à tout instant.
Le sang chaud coulait de la main de la jeune fille. Elle s'assit dans le sable quelques secondes pour sortir de son sac une bouteille d'alcool pur et un bandage. La plaie ouverte lui envoyait une sensation de brûlure, signe que son système immunitaire s'était déjà mis en route. Elle versa un peu d'alcool pour désinfecter la blessure ; la douleur s'accentua et elle ne put s'empêcher de pousser un grognement de douleur. Elle enroula ensuite le bandage qu'elle serra fort pour être certaine de bien arrêter l'hémorragie. Elle regrettait à ce moment là de ne pas être encore capable de se soigner seule. Cependant, la blessure allait guérir, c'était le principal. Elle se dirigea vers Temari et Kankurô qui avaient eux aussi ouvert leur main. Son cœur se mit à battre plus fort. C'était le moment de mettre en application son entraînement intensif. La blessure de Temari était bien plus profonde que ce qu'elle avait refermé jusque là, et elle ne s'était jamais exercée sur des personnes humaines. Elle ferma les yeux et se concentra, exécutant les gestes, toujours dans le même ordre. Bœuf. Tigre. Paume de la main gauche sur dos de la main droite. Le flux de chakra qui parcourait son corps se dirigeait vers la paume de ses mains, jusqu'à celle de Temari. Une lumière bleutée jaillit. Gaku ouvrit les yeux. La blessure commençait à se refermer, mais bien trop lentement. A ce rythme, il lui faudrait au moins dix minutes pour refermer correctement la plaie, or il fallait qu'elle s'occupe de Kankurô. Elle appuya un peu plus la paume de sa main gauche pour ressentir la douleur liée à sa propre plaie. Le chakra afflua avec plus de force, la blessure de Temari se referma plus rapidement.
Gaku souffla. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. C'était la technique la plus courante du jutsu médical, mais pour une apprentie de son rang, il dépensait énormément d'énergie. Elle se dirigea vers Kankurô quand des grognements derrière elle attirèrent son attention. Gaara était recroquevillé sur le sol, ses paumes crispées dans le sable. Une telle quantité de chakra se dégageait de son corps qu'il était perceptible, bien qu'invisible, dans l'air environnant. L'expression de la moitié droite de son visage se tordait. Sa peau se fissurait, comme de la porcelaine. Les grognements se transformaient en hurlements de douleur. Gaku ne pouvait pas détacher ses yeux de la scène. Une main se posa sur sa joue et détourna son regard.
« Regarde-moi. »
Kankurô voulait lui épargner la scène. Elle reprit ses esprits car la paume du jeune homme était toujours en train de saigner, elle ne devait pas se laisser distraire. Son devoir l'emporta sur sa curiosité, malgré les cris de Gaara qui s'accentuaient dans son dos, comme un bruit de fond. Elle exécuta à nouveau les mêmes gestes, se servant de la douleur de sa propre main gauche comme d'un boost. La plaie se referma plus vite que pour Temari, Gaku s'améliorait. Cependant, quand elle eut fini, elle sentit son cœur s'emballer et sa tête tourner violemment. Malgré sa tentative pour essayer de regagner ses esprits, elle sentit sa vision se brouiller et son corps basculer vers l'avant.
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