- Chapitre 3 : Bombes -

                   

La fumée de l'explosion se dissipa peu à peu. Gaku et Kankurô, la bouche grande ouverte et le visage figé par la panique, sentir leur cœur repartir quand ils virent un immense bouclier de sable en forme de sphère qui flottait toujours dans les airs. L'homme d'Akatsuki, contrarié par la résistance de Gaara à son attaque, ne vit pas le sable qui se profilait derrière lui. Celui-ci fut entièrement recouvert en un rien de temps, ainsi que son oiseau. Kankurô se détendit et déclara :

« C'est terminé. »

Les murmures d'admiration des shinobis derrière eux ne décrispèrent cependant pas la jeune fille qui resserrait un peu plus ses mains sur la rambarde. Non. Ce serait terminé quand elle verrait le corps du blondinet tomber du ciel. Pas avant.

Comme si le souhait de Gaku avait été entendu, la partie basse de la sphère qui contenait l'adversaire du Kazekage explosa et l'homme entama une dégringolade vers le sol. Un bras de sable le rattrapa dans sa chute et le balança comme un vulgaire sac de plumes vers le bouclier de Gaara qui s'ouvrit légèrement. Mais l'assaillant fut plus rapide et fabriqua un nouvel oiseau pour échapper encore une fois à Gaara. L'adolescente lâcha un grognement d'irritation. Elle voulait que le combat se termine et que son ami redescende sur la terre ferme. L'affrontement la rendait profondément mal à l'aise et un mauvais pressentiment ne quittait pas son esprit.

L'homme d'Akatsuki prit de l'altitude et se plaça devant la pleine lune qui baignait le village de Suna d'une lumière laiteuse. Kankurô murmura, d'une voix pleine d'assurance :

« Quel imbécile, personne ne peut échapper au sable de Gaara. »

Sur ce point, il avait raison. Ici, le Kazekage avait une source infinie de sable et il pouvait poursuivre le criminel jusqu'à ce qu'il n'ait plus d'oxygène en altitude. Le bras de sable le rejoint face à la lune. L'affrontement à contre-jour ressemblait maintenant à des ombres chinoises. Des bruits de pas résonnèrent dans son dos et la jeune fille se retourna pour apercevoir Baki accompagné de trois autres shinobis :

« Kankurô ! Le Kazekage se bat ?! Où est-il ? »

Le jeune homme répondit simplement en pointant l'astre. Pendant de longues minutes, tous les shinobis présents sur le toit était absorbés par les tentatives de Gaara qui n'en finissaient plus. Finalement, dans un élan désespéré, il réussit à se saisir du bras de son adversaire. Le sable grimpait jusqu'à l'épaule de l'homme dont on pouvait facilement deviner l'expression paniquée. Gaku connaissait bien cette technique pour avoir vu son mentor la pratiquer de nombreuses fois : d'une simple compression de la main, il allait broyer le bras du criminel. Du sang s'écoula du sable qui recouvrait le membre emprisonné et une joie victorieuse éclata du côté des shinobis de Suna. Gaku esquissa elle-même un léger sourire : pas de ninjustu sans ses deux bras donc pas de création d'animaux étranges. Cette fois-ci, il avait gagné.

Mais les réjouissances furent de courte durée. L'homme aux cheveux blonds tira sur son bras de toutes ses forces et parvint, contre toute attente, à se dégager de l'étreinte de Gaara, avant de s'élever à nouveau dans le ciel. Kankurô jura :

« Incroyable. Il a eu de la chance. »

Gaku serra le petit sablier, contenant le sable de la jarre de Gaara, qu'elle portait à son cou. Elle se vit formuler une prière silencieuse pour qu'il ne lui arrive rien. S'il avait réussi à l'atteindre une fois, alors il n'y avait pas de raison pour qu'il n'y arrive pas encore une centaine de fois. Elle sentit une petite quantité de chakra grésiller au bout de ses doigts, témoignant de son envie incroyablement puissante d'écraser le moucheron qui avait osé attaquer le village.

Le sable qui lui avait broyé le bras provenait de la calebasse du Kazekage, et par conséquent, laissait un trou dans la sphère qui lui servait de défense. L'adolescente espérait que son mentor savait ce qu'il faisait.

La quasi-totalité des habitants étaient maintenant sortis dans les rues sombres du village pour observer le combat. Hommes, femmes, enfants, vieillards, personne ne manquait. La jeune fille n'avait jamais vu autant de personnes dans les ruelles et sur les toits. Si le combat restait aérien, personne ne risquait d'être blessé. Elle prit une grande inspiration pour remplir ses poumons de l'air frais de la nuit, en souhaitant que Gaara puisse apercevoir, de là où il était, le soutien et l'admiration de sa population. Baki s'approcha de Kankurô :

« Gaara utilise sa défense impénétrable, c'est donc qu'il considère être face à un adversaire redoutable. Malheureusement, on ne peut exclure que Gaara perde le contrôle de lui-même. Il faut dresser une stratégie pour parer Shukaku. Les habitants sont en danger.

-       Non, je ... »

Gaku se retourna avec rage et coupa net la parole au frère aîné de Gaara :

« Gaara peut très bien se contrôler, surtout dans ce genre de situation ! Il ne ferait jamais de mal aux habitants de Suna, le village est ce qui compte le plus à ses yeux. Faîtes un minimum confiance à votre Kazekage, car c'est lui qui se bat seul actuellement. On a besoin de lui. »

Gaku pinça les lèvres, réalisant d'un coup à qui elle s'adressait. Elle sentit ses joues s'enflammer mais ne baissa pas la tête, pour soutenir ses paroles. Du coin de l'œil, elle vit le sourire en coin de Kankurô. Il partageait son avis et aurait probablement dit la même chose si elle ne l'avait pas coupé en pleine phrase. Baki regardait fixement la jeune fille, qui soutint son regard. Ses travaux en médecine et en recherche lui valait le respect de la majorité de la population, mais ne lui donnait pas pour autant le droit de s'adresser sur ce ton à un de ses supérieurs. Il se tourna vers les shinobis qui n'avaient pas bougé d'un iota depuis le début du combat.

« Mobilisation générale d'urgence. Toi, prends deux sections et va protéger le réservoir d'eau. Fermez toutes les routes du secteur A. L'ennemi n'est peut-être pas seul. L'ensemble de nos forces doivent être prêtes à faire face à toute forme d'attaque. »

Puis il s'approcha de Gaku.

« Equipe médicale. Générez un boulier de chakra et conduisez-y tous les civils. Dépêchez-vous.

-       A vos ordres. »

Gaku regrettait de devoir quitter le toit de la résidence du Kazekage mais son devoir était plus important que ses intérêts personnels. Elle croisa le regard de Kankurô qui hocha la tête en guise de promesse silencieuse. Il ne bougerait pas et il n'arriverait rien à Gaara. Elle resserra sa blouse autour de son cou et dévala les marches du bâtiment pour rejoindre ses collègues, qui était, pour la plupart déjà sortis.

Après un rapide tour du personnel, Gaku s'assura que chacun détenait un parchemin d'incantation pour invoquer le bouclier de chakra sous lequel ils étaient censés abriter la population. Cette technique était habituellement utilisée par les marionnettistes afin de se protéger des attaques au corps à corps, mais à l'aide des parchemins et de l'ensemble de l'équipe de la jeune fille, il pouvait en créer un assez grand et résistant pour protéger une grande surface.

L'équipe médicale s'assit en tailleur en formant un immense cercle qui délimiterait l'aire de protection. Gaku joint ses mains et commença à réciter l'incantation, d'un ton de voix solennel, y mettant toutes ses forces, toute la rage, la force et la volonté qu'elle avait acquises au cours de ses trois ans d'entraînement. Elle s'était engagée à protéger le village, et elle était prête à y laisser la vie.

Quand elle rouvrit les yeux, un immense dôme bleuté enfermait la totalité du peuple de Suna. Au dehors, les shinobis étaient en formation de combat sur les toits, kunaï et shurikens en main, prêts à intervenir. La totalité du village s'était mobilisée pour son Kazekage, et elle espérait que Gaara assistait à la scène.

Elle leva les yeux vers le ciel. Le combat avait évolué. L'homme d'Akatsuki avait fabriqué une sorte de statuette ailée difforme. Gaku fronça les sourcils, incapable d'anticiper comment il allait se servir de cette chose. Comment avait-il formé ça avec un seul bras ? Mais contre toute attente, l'espèce de poupée n'attaqua pas Gaara mais se laissa tomber, grâce à la seule force de la gravité. La jeune fille écarquilla les yeux : si une bombe d'une telle taille explosait au contact du sol, elle décimerait tout le village et s'il était assez puissant, il ne subsisterait que ce qui était abrité par le bouclier de Chakra.

Mais avant qu'elle atteigne le sol, la bombe se mit à rayonner, accentuant les traits d'horreur et d'effroi sur les visages de la totalité des habitants de Suna.

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