« Il refuse de faire cet effort, il préfère rester léger car la légèreté est confortable »

En se dirigeant vers la résidence du Kazekage, Gaku se remémorait sa dernière mission et souriait. Les progrès qu'elle avait fait depuis ce jour étaient considérables. Elle voyait la lettre de ce matin comme un coup du destin. La mort tragique de son mentor il y a un mois et demi lui avait permis de redoubler d'efforts. Pour elle, le seul véritable échec était l'abandon. Il n'aurait jamais voulu qu'elle baisse les bras.

Elle arriva devant un bâtiment qui, malgré sa taille imposante, paraissait minuscule à côté de celui qui abritait la salle du Conseil. Gaku entra. Dans la première pièce, qui devait être l'accueil, une douzaine de personnes attendait et parlait entre eux. Ils avaient tous à peu près son âge. Soit ils n'avaient jamais commencé leur apprentissage, soit ils étaient dans la même situation qu'elle : leur instructeur était mort pendant l'offensive sur Konoha.

Une voix résonna dans les haut-parleurs accrochés aux coins des murs.

« Que tous les genins présents s'avancent dans la salle en face d'eux. »

La jeune fille entra en dernier. La salle en question était en réalité la cour de l'académie. Les élèves s'arrêtèrent, de façon désordonnée, devant 3 tables, sur lesquelles étaient déposés différents types d'armes, allant des simples shurikens et kunaï à des armes que Gaku ne pouvait même pas nommer. Elle leva les yeux. Son visage s'illumina quand elle vit qui étaient les instructeurs en question. Gaara, Temari et Kankurô. Ce dernier lui sourit quand il l'aperçut et Temari lui fit un signe de tête. Gaara, quant à lui, avait les lèvres serrées et paraissait plongé dans ses pensées.

La jeune femme blonde s'avança et dit, de la voix autoritaire et posée qu'elle avait l'habitude d'employer :

« On va commencer l'entraînement. Sur ces tables, différents types d'armes sont disposés. Choisissez celle qui vous convient le mieux ainsi qu'un instructeur parmi nous trois. »

Les yeux de Gaku parcoururent rapidement les trois tables. Elle n'avait pas l'habitude de se battre avec des armes, si ce n'est avec des kunaï. En réalité, elle n'avait pas l'habitude de se battre du tout.

Temari se pencha vers Gaara et lui murmura quelque chose d'inaudible à l'oreille. Deux élèves derrière Gaku se mirent à chuchoter également :

« Mes parents m'ont toujours interdit de m'approcher de lui.

-       Moi aussi, il paraît qu'un monstre sommeille en lui et que la nuit il se réveille pour tuer des gens du village. Mon choix est déjà fait. »

Plusieurs personnes écoutaient la conversation. Une remarque cinglante brûlait les lèvres de Gaku mais elle se tut, préférant que Gaara n'entende pas leurs critiques. Comment ces gens pouvaient juger en se basant sur les dires des autres, sans même avoir pris le temps de vérifier leurs sources ? 

La scène du village durant leur dernière mission lui revint en tête. Gaara n'avait pas hésité une seconde à tuer son agresseur alors que celui-ci avait supplié pour qu'il épargne sa vie. Elle ne savait pas quoi penser, mais elle était persuadée que le jeune homme aux cheveux auburn n'était pas une mauvaise personne.

Tous les élèves avaient choisi leur instructeur. Comme escompté, ils étaient agglutinés devant les tables de Temari et Kankurô. Personne devant celle de Gaara. L'expression du jeune homme au regard baissé n'avait pas changé. Sans qu'elle ne les contrôle vraiment, les jambes de Gaku marchèrent vers lui.

« Il paraît qu'Aimable est ton second prénom ? »

Il releva la tête, surpris. Le coin de ses lèvres se décrispèrent et l'expression d'un faible sourire se dessina.

« Pourquoi tu fais ça, Gaku ?

-       Tu prévois de m'assassiner sauvagement dans mon sommeil ?

-       Non.

-       Alors je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas vous choisir, Gaara-sensei. »

Il soupira, comme exaspéré. Les bavardages en arrière-plan s'étaient arrêtés et tous les regards étaient tournés vers eux. Temari et Kankurô détournèrent l'attention de leur groupe respectifs et Gaku attendit les instructions de Gaara. Il plissa les yeux :

« Tu ne te bats pas avec une arme, je me trompe ?

-       Pas vraiment, regarde. »

Gaku exécuta les cinq mudrâs pour faire apparaître le scalpel de chakra encore plus rapidement que ce matin, heureuse de pouvoir montrer le fruit de ses efforts. Elle argumenta :

« A la base, on s'en sert pour opérer, mais c'est également une technique offensive. Plus précis qu'un kunaï et moins encombrant. Et la seule limite, c'est notre propre réserve de chakra. Avec une grande maitrise, on peut couper à l'intérieur du corps sans plaie ouverte.

-       Bien, suis-moi. »