« Mon masque est si charmant j'comprends qu't'aies peur de mon vrai visage. »

Gaku se mordait l'intérieur des joues, angoissée.

« Il faut qu'on réfléchisse, déclara Gaara. Il a dit qu'il allait attaquer tous les villageois, du moins un grand nombre.

- Il ne peut pas faire ça tout seul.

- Sauf s'il a un moyen d'atteindre toute une population d'un seul coup.

- Une bombe ?

- Non, je ne pense pas. Souviens-toi, il avait dit que l'on se réveillerait en découvrant la mort des habitants.

- Oui, une bombe nous aurait tué aussi.

- Une intoxication alimentaire peut-être ?

- Non plus, c'est trop long, et ça n'atteindrait pas assez de gens d'un coup. »

Le cerveau de Gaku fonctionnait à toute allure, elle sentait qu'ils étaient proches du but. Il allait atteindre quelque chose qui tuerait le plus grand monde dans un laps de temps court. Les yeux de la jeune fille s'illuminèrent.

« L'eau !

- Comment s'approvisionne le village ?

- Grâce à une source qui prend naissance un peu plus haut. Il y a une cascade à ce que j'ai compris.

- Tu es sûre de toi ? On n'a qu'un seul essai.

- Je ne vois pas autre chose ... »

Ils échangèrent un regard inquiet. En effet, ils n'avaient qu'une seule chance. Si Gaku se trompait et que le meurtrier ne s'était pas rendu là-bas, elle allait causer la mort de centaines de personnes. Elle serra les dents et prit une grande inspiration puis plongea ses yeux dans ceux de Gaara pour lui faire comprendre qu'elle était sûre d'elle, et qu'elle assumait la pleine responsabilité de ses actes. Il hocha la tête et ils se mirent à courir en direction de l'unique montagne, derrière le petit village de l'île Taro.

Les reflets de la lune donnaient aux éclaboussures de la cascade un aspect de diamants. Gaara posa sa main sur l'épaule de Gaku pour lui intimer de se baisser et de garder le silence. Une fine silhouette sombre s'approchait d'un pas décidé vers la source, un objet en verre à la main.

« Gaara, c'est un poison. » murmura Gaku aussi bas qu'elle put.

Pour toute réponse, il fit sortir un fin bras de sable de sa jarre et le dirigea vers la silhouette en frôlant l'herbe pour ne pas être repéré. La jeune fille serra les dents, priant pour que l'ennemi ne remarque rien. Le sable passa par l'arrière de la forme sombre et en l'espace d'une seconde, se saisit de la fiole de verre qu'il projeta contre un rocher, éclatant le verre et faisant s'écouler le liquide sur le minéral, loin de l'eau. La silhouette se tourna vers eux en hurlant de rage et la lumière lunaire révéla son visage.

Encadrée par une grande capuche, la figure de la secrétaire de l'hôpital apparut, arrachant une exclamation de surprise à Gaku.

« Impossible ! La voix de celui qui m'a attaquée était ...

- Masculine ? »

La femme abaissa sa capuche et une masse se forma sur le côté gauche de son cou, prenant peu à peu la forme d'un visage d'homme humain.

« C'était moi. » déclara-t-il avec un sourire.

Gaku frotta ses yeux, croyant qu'elle rêvait. Etait-elle sous l'emprise d'un genjutsu ? Devant elle, vêtu d'un long manteau noir, se tenait un individu possédant deux têtes. C'était humainement impossible.

« Ce n'est pas une illusion, si c'est la question que tu te poses, jeune fille, ricana la secrétaire. C'est ...

- Une réduction corporelle au niveau moléculaire, le coupa Gaara. J'ai déjà vu ça. »

La jeune fille de Suna haussa les sourcils. Gaara profita de l'instant de déconcentration de l'ennemi pour attaquer en premier. Le bras de sable prit de l'épaisseur et tenta d'attraper le corps bicéphale, sans succès. Ses mouvements étaient bien trop rapides pour les attaques de front. Ils devaient d'abord l'immobiliser.

« Gaara, lança Gaku. Balance du sable. »

Il ne comprenait pas qu'elles étaient ses intentions mais il s'exécuta, lui faisant confiance.

« Futon – La Grande Percée. »

Gaku déclencha un vent plus puissant que la dernière fois, mais son objectif n'était pas la destruction. Elle le dirigea mentalement sur le sable du jeune homme puis sur l'ennemi, qui en reçut dans les yeux. Les deux têtes se frottèrent les yeux en grognant, n'ayant pu esquiver la rafale.

Le bras de sable tenta à nouveau de les attraper pour former le sarcophage habituel mais ils eurent encore une fois le temps d'esquiver et Gaara jura. Un kunaï lancé à une vitesse phénoménale frôla le bras de Gaku et l'entailla, faisant couler un sang chaud sur sa peau. Elle y pressa une main tremblante pour arrêter le saignement. Tout s'illumina dans son esprit.

« Un boucher et un chirurgien. La dualité des meurtres est troublante, sauf s'ils ont été réalisés par deux personnes différentes. Mais pourquoi le symbole de Suna ?

- Car on savait pertinemment qu'ils allaient envoyer ... commença la secrétaire.

- L'arme ultime de Suna » termina l'homme.

La mâchoire de Gaara se serra quand il entendit ces mots. Gaku était maintenant complètement perdue. Quel était le lien entre la série de meurtres sur l'île Taro et Gaara ? Ce n'était qu'une mise en scène ? Pourquoi prendre la peine de tuer autant de monde, et d'une telle façon, seulement pour attirer le jeune homme de Suna ? La secrétaire répondit de vive voix à ses questions silencieuses.

« Nous avons été contactés par une personne dont nous ne connaissons pas l'identité, par sécurité j'imagine. Il savait tout de nous, et il nous a spécifié que si nous attirions et nous tuions le réceptacle du pays du Vent, il s'arrangerait pour qu'on ne rencontre aucun obstacle sur l'île Taro. Sous entendu : nous pourrions continuer à tuer sans que la police incompétente de cette île n'intervienne.

- Bande d'enfoirés. » jura Gaku.

Elle jeta un coup d'œil vers Gaara, qui, la mâchoire toujours crispée et le visage impassible, semblait ailleurs. Elle forma un scalpel de chakra dans chaque main et courut vers l'ennemi de front.

« Est-ce que tu penses réellement pouvoir nous atteindre avec une attaque frontale, sombre idiote ? »

Gaku ignora la remarque amère de l'homme.

« La Grande Percée. »

Elle lança son attaque sous ses pieds, ce qui lui permit de se projeter dans les airs à une vitesse plus rapide que celle de la réflexion de ses ennemis. Une attaque frontale, non. En revanche, une attaque aérienne ...

Les deux ennemis n'eurent pas le temps de réaliser ce qu'il se passait que la jeune fille planta ses lames dans leurs épaules, afin de les blesser sans leur infliger de blessures mortelles, leur arrachant un hurlement de douleur.

« Petite conne. »

Le bras droit du meurtrier bicéphale, qui correspondait à celui de la secrétaire, lui empoigna les cheveux avant de l'envoyer voler contre un rocher. La douleur qui parcourait le corps de Gaku lui donnait la nausée et sa vision se brouilla tandis qu'elle sentait du sang couler de son crâne. La blessure de son bras s'était également remise à saigner. Un grognement la sortit de sa torpeur. Gaara était recroquevillé sur le sol, tenant la partie droite de son visage dans sa main, tandis que celle de gauche semblait comme fissuré. Un flashback apparut dans l'esprit de Gaku : lors de leur dernière mission, au moment de briser le genjutsu, il avait eu le même aspect, mais Kankurô avait détourné le regard de la jeune fille. Cette fois-ci, il n'y avait personne avec eux.

En l'espace d'une seconde, Gaara changea d'aspect. Ses mains crispées se refermaient sur la terre humide et son bras se recouvrit d'écailles de sable ornée de motifs bleutés. Gaku écarquilla les yeux.

« Gaara ! »

Quand il se tourna vers elle, l'effroi la colla à la paroi de la roche. La moitié de son visage était complètement changée et il ressemblait maintenant à un monstrueux tanuki, au regard avide de sang. Elle ne savait plus si son corps restait figé à cause de la douleur ou de la terreur. Elle crut qu'il allait se jeter sur elle mais finalement, ses yeux retournèrent se poser sur l'ennemi.

« Gaara, ne les tue pas, je t'en supplie. Il faut les remettre à Suiri. »

Malgré leur habituelle opposition en tout point, l'homme et la secrétaire partageaient à présent la même expression d'horreur. Gaara ne semblait même pas écouter Gaku. Résolue, la jeune fille se mit difficilement sur ses jambes, et s'approcha de son ami en titubant.

« Gaara ... Ecoute moi. Contente toi de former une cage de sable autour d'eux, fais-moi confiance. Tu n'es pas un monstre. Tu me disais que tu ne voulais pas perdre l'estime que j'avais pour toi, alors prouve-le. »

Le sable se mit en mouvement autour d'eux et Gaku pria pour qu'il l'ait entendue. Le sable prit la forme d'un bras et assomma l'ennemi d'un seul coup, avant de les envelopper.

« Gaara ! Je t'en prie ! ».

La voix de la jeune fille se brisa et ses yeux se remplir de larmes. Il se tourna vers elle dans un grognement et elle hoqueta de surprise avant de tomber à genoux, à bout de force. L'expression de Gaara se décrispa un peu et son sable se desserra pour prendre la forme d'une petite cage, comme lui avait indiqué Gaku. Elle lâcha un soupir de soulagement et leva le regard vers les étoiles. Elle savait ce qu'elle avait à faire, même si elle allait probablement utiliser ses dernières forces. Elle se mit sur ses pieds et plaça ses mains de façon à former la mudrâ du tigre.

« Katon – Vague de Flammes. »

En une seule expiration, un souffle de feu brûlant s'échappa de sa bouche, en direction du sable de Gaara. Elle espérait que son idée marcherait et qu'elle tiendrait assez longtemps, malgré le peu de chakra qu'il lui restait. Si elle portait le sable à 1550°C ...

Le sable commençait déjà à se cristalliser et à se changer en verre. Quelques minutes plus tard, le matériau vitreux enfermait l'ennemi inconscient et Gaku tomba à genoux pour la seconde fois.

« Gaku ... »

Le murmure de Gaara brisa le silence. Il était allongé, calme, sa poitrine se soulevant doucement au rythme de sa respiration. Il avait repris son aspect normal. Gaku posa la tête du jeune homme sur ses genoux et glissa sa main dans ses cheveux auburn.

« Tu vois que tu n'es pas un monstre.

- Pardon.

- Pour quoi ? M'avoir sauvée ou avoir sauvé une île entière de meurtriers ?

- Est-ce que tu me détestes ?

- Pourquoi es-tu si obsédé par ce que je pense de toi ... Bien sûr que non. Je ne te détesterai jamais. Et je ne te laisserai jamais, mets-toi bien ça dans le crâne. »