- Chapitre 11 : Lunatique -

« Au plus je vous ressemble, au plus je m'sens étranger. »

Les gonds de la porte en bois tremblèrent sous les quatre coups qui résonnèrent dans le silence de la salle. Gaku souffla sur toutes les bougies sauf une, pour garder un semblant de lumière et du sable commença à sortir de la jarre de Gaara. D'un geste de la main, il lui intima de rester immobile et il s'approcha doucement de la porte. Alors qu'il ouvrait légèrement, le sable prit la forme d'une vague derrière lui, prêt à attaquer.

Cependant, un homme d'une trentaine d'année, portant un uniforme de police, se tenait dans l'encadrement. Ils ne l'avaient jamais vu, mais l'officier n'avait pas du tout l'air menaçant. Gaku reprit sa respiration mais Gaara ne relâcha pas son attention.

« L'inspectrice Suiri m'envoie. Vos repas pour ce soir seront prêts dans une heure. »

Sur ces mots, il tourna les talons et Gaara referma la porte, tout en gardant son sable en position de défense.

« Je pense que tu peux faire redescendre ton sable maintenant, Gaara.

-       Je le sens pas.

-       Quoi donc ?

-       Pourquoi nous faire aller chercher des vivres nous mêmes, ce qui est risqué à la fois pour nous et pour le village, au lieu de nous le faire apporter, sachant qu'ils ont prit la peine d'envoyer l'un de leurs officiers ? »

Sur ce point, il avait raison. Gaku ne savait pas quoi répondre. Gaara enchaîna :

« On n'ira pas le chercher. C'est trop dangereux. On peut se passer de repas une soirée. »

Gaku déglutit devant la décision du jeune homme. Elle se mordit les lèvres avant d'ouvrir la bouche, sachant pertinemment qu'elle allait regretter ses paroles :

« Je ne voudrais pas abuser, mais je n'ai pas mangé depuis hier soir à l'auberge ... à part un café. »

Il leva les yeux vers elle et Gaku crut un instant qu'il allait l'étrangler.

« Un shinobi doit savoir faire des sacrifices pour les autres. Le risque est trop grand. »

Le cœur de Gaku se serra et ses joues s'enflammèrent quand elle repensa à la stupidité de sa question. Elle murmura une excuse, sans savoir si le jeune homme l'avait entendue, et se rassit sur la chaise pour se remettre à travailler dans le silence. Elle dessina quelques molécules sur un bout de papier et rassembla les résultats de ses tests.

Gaara s'approcha d'elle quelques minutes plus tard.

« Pardon pour t'avoir parlé sur ce ton. Je n'aurais pas dû.

-       Non, c'est moi. Ma question était idiote.

-       Tu iras chercher les repas, d'accord ? Et je te suivrai de loin, au cas où il s'avèrerait que ce soit un piège. »

Elle hocha la tête avec reconnaissance et son cœur se desserra quelque peu. Il repartit s'asseoir en face d'elle, croisa ses mains sur la table et y posa son menton, ce qui arracha un léger rire à la jeune fille. Il était tellement étrange à changer d'humeur sans cesse, comme s'il apprenait à chaque instant à avoir des réactions appropriées.

L'heure passa rapidement et Gaku s'assura d'avoir rangé tout son matériel avant de partir. Elle plia le petit papier sur lequel elle avait marqué le résultat de ses analyses et le glissa dans sa poche, avant de se diriger vers la porte.

« Sois prudente. Je sors cinq minutes après toi. Assure-toi de ne pas mourir pendant ce laps de temps.

-       Ne t'inquiète pas. Je sais me battre.

-       Je suis sûr qu'il sera impressionné par la Petite Percée. »

Gaara lâcha cette dernière phrase avec un sourire en coin et Gaku leva les yeux au ciel. Comment une personne pouvait à la fois être si adorable et si froide en même temps ? Elle passa la porte de la salle et se dirigea vers la sortie des souterrains.

Dehors, elle prit une grande inspiration de l'air frais de la nuit qui emplissait ses poumons et rafraichissait ses joues. Elle commença à marcher en direction des lumières de la ville en attendant le signe d'un quelconque officier de police. Au bout d'une cinquantaine de mètres, elle fronça les sourcils et ralentit le pas, trouvant étrange que personne ne l'ait arrêtée, sachant qu'elle n'était pas censée aller jusqu'au village.

Un reflet argenté qu'elle aperçut du coin de l'œil lui permit d'éviter de justesse le kunaï dont elle était la cible. Elle fit un pas sur le côté en se retournant et forma un scalpel de chakra dans sa main droite, tandis que l'arme ennemie alla se ficher dans un tronc d'arbre.

« Sors de ta cachette, cracha Gaku sur un ton qu'elle voulait menaçant.

-       Je pensais pourtant avoir été clair en disant que je ne voulais pas de shinobis de Suna ici. »

La voix était celle d'un homme, rauque, légèrement cassée, comme s'il avait fumé pendant des années, et elle semblait provenir de toutes les directions. Il ne se montrait pas et Gaku continuait de le chercher des yeux.

« Katon – La Balsamine »

Dans l'obscurité, les yeux de la genin captèrent rapidement les petites flammèches qui sortirent des buissons et les esquiva toutes, en reculant. Mais un bras ferme saisit sa taille et elle sentit une lame s'approcher de sa gorge. L'homme lui susurra quelques mots à l'oreille qui déclenchèrent des frissons de dégoût.

« Bon sang, c'était presque trop simple. Tu n'as jamais entendu parler de clones ? »

Elle serra les dents en se maudissant. Elle avait été imprudente en esquivant les attaques sans faire attention à ce qui se trouvait derrière elle. C'était pourtant l'objet de la première leçon avec Gaara. Ne jamais baisser sa garde. Ses mains étaient bloquées et l'empêchaient d'exécuter la moindre mudrâ, et si elle se débattait, elle craignait qu'il n'hésite pas une seule seconde à lui trancher la gorge.

Elle se surprit à calculer le temps qui s'était écoulé depuis son départ. Etait-elle loin des cinq minutes ?

« Sarcophage de sable. »

La voix familière qui brisa le silence répondit à sa question. Du sable s'enroula autour du bras de l'agresseur, le faisant jurer.

« Tombeau du désert. »

Le sable se referma brutalement sur le membre de l'homme, dont le corps disparu dans un nuage de fumée.

« Un clone d'ombre ? »

En guise de réponse, ils entendirent le bruissement des feuilles qui leur indiqua que le meurtrier s'échappait encore une fois.

« Heureusement que je suis partie cinq minutes après toi, et pas six.

-       Pardon, j'ai été imprudente.

-       Au moins, on sait que c'était véritablement un piège. »

La respiration de Gaku se coupa et son cœur rata un battement. Elle se tourna vers Gaara.

« Il va attaquer le village. »

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