- Chapitre 10 : Estime -
« Je le sais, j'ai une âme, vous m'avez créé, mais j'suis plus humain qu'vous. »
Suiri sortit en trombe du commissariat, ayant également entendu l'annonce des haut-parleurs. Gaku entortillait ses cheveux entre son index et son pouce, réfléchissant à toute allure afin de trouver une solution de repli. Ils ne pouvaient pas quitter le village et renoncer à leur mission, mais d'un autre côté, le risque encouru par les habitants était trop grand.
« J'ai peut-être une solution pour vous, annonça Suiri. A une centaine de mètres au nord du village, il y a un accès aux souterrains de l'île. La police l'utilise pour les planques, des salles aménagées y sont construites. Si vous faites semblant de quitter le village et que l'on fait passer la nouvelle aux habitants, vous pourrez continuer à enquêter. Bien entendu, vous ne pourrez pas sortir, mais des enquêteurs viendront vous apporter des vivres. »
La jeune fille se tourna vers Gaara, attendant son avis sur la proposition de l'inspectrice. Il hocha la tête, ne voyant de toute façon pas d'autres solutions. Suiri sortit un crayon et un bloc-notes de sa poche et y inscrivit l'emplacement exact de l'entrée des souterrains avant de tendre le bout de papier au jeune homme. Les deux shinobis de Suna gardèrent le silence jusqu'à la sortie du village, attentifs.
Ils trouvèrent assez rapidement l'endroit indiqué par Suiri qui était malgré tout bien dissimulé si l'on en ignorait l'existence. Cachés par plusieurs buissons, des escaliers dont on ne voyait pas le bout s'enfonçaient dans le sol. Des frissons parcoururent la nuque de Gaku quand une vision du même type d'escalier durant leur première mission lui revint à l'esprit.
« La situation n'est pas comparable, Gaku. Il n'y aura pas de danger en dessous, la rassura Gaara, comme s'il avait lu dans ses pensées.
- Je sais. C'était juste ... quelques souvenirs. »
Elle le laissa descendre en premier tandis qu'il continuait à lire le papier de Suiri qui devait lui indiquer l'emplacement d'une des fameuses salles aménagées. Après un quart d'heure de marche dans la pénombre et l'humidité des sous-sols du village, Gaara s'arrêta devant une porte, si soudainement que Gaku faillit lui rentrer dedans.
« Qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est là. Je crois. »
Il ouvrit la porte qui révéla une salle d'une vingtaine de mètres carré. Seulement une table au centre, deux chaises et deux matelas au fond la meublaient. Gaku soupira, regrettant déjà la petite auberge. Gaara entra en premier, posa sa grande gourde de sable et s'assit sur une des chaises. Gaku fit de même et demanda :
« Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- Premièrement, le Dr. Myaku m'a demandé de te donner ça. »
Il sortit un petit tube à essai bouché de sa poche, ainsi qu'une note, que la kunoichi parcourut des yeux. Le tube contenait la substance utilisée par le meurtrier, et le médecin légiste voulait qu'elle analyse les différentes molécules. Elle fronça les sourcils.
« Comment il a su que j'avais des tests moléculaires dans mon sac ?
- Il m'a dit que tu allais poser cette question, répondit-il avec un léger sourire. Il a répondu : c'est ce qu'Heiyu aurait fait. Qui est Heiyu ?
- Mon ancien maître. »
Gaku pinça les lèvres. Il avait raison. Il ne serait jamais parti de Suna sans ça. Ni sans une trousse de premier secours, d'ailleurs. La majorité des habitudes et du caractère qu'elle avait aujourd'hui, elle les tenait de lui. Elle étala son matériel sur la table et versa délicatement le contenu du tube à essai dans plusieurs autres, dans lesquels elle allait faire ses tests, en prenant soin de laisser quelques gouttes dans l'original qui servirait de témoin. Gaara l'observa, le menton posé sur ses mains croisées sur la table. La jeune fille alluma quelques bougies pour y voir plus clair et commença à travailler.
Gaara ne se lassait pas d'observer les gestes de Gaku. Ses doigts parcouraient les tubes et s'emparaient des pipettes avec précision. Les substances changeaient de couleur ou de texture au fur et à mesure des ajouts de produits que le jeune homme ne pouvait nommer. Elle avait relevé ses cheveux en une toute petite queue de cheval, révélant ses joues qui étaient en permanence légèrement rosées. Ses yeux verts pétillaient de passion et un fin sourire éclairait son visage. Sa délicatesse contrastait avec la force brute qu'il voyait sans cesse et la haine qu'il éprouvait habituellement à l'égard des autres. Pendant quelques instants, il se rendit compte qu'il éprouvait de l'affection pour elle, d'une forme différente de celle qu'il éprouvait pour Temari et Kankurô. Gaku releva les yeux et croisa son regard, qu'il baissa aussitôt, par pudeur.
« Qu'est-ce que tu voulais me dire tout à l'heure ? Tu allais entamer une phrase avant que les haut-parleurs ... déconnent.
- Non, rien de spécial. »
Gaku fronça les sourcils. Pourquoi était-il toujours si froid ?
« Tu voulais savoir si je te détestais pour avoir tué mon agresseur dans le village, lors de notre première mission, n'est-ce pas ? »
Il garda les yeux baissés et le menton toujours posé sur ses mains, sans répondre, mais son silence approuvait à sa place.
« Je ne vais pas te dire que je suis d'accord avec ça. A mon sens, il ne méritait pas de mourir. Mais comme je te l'ai dit, l'intention prime sur le geste dans l'absolu. Pourquoi tu l'avais fait ?
- Il était mauvais, il avait tenté de te faire du mal.
- Donc c'était pour me protéger ?
- J'imagine. Fut un temps où je tuais par plaisir. Alors je ne sais pas. »
Les mains de Gaku se figèrent et sa bouche s'entrouvrit. Il avait sorti ça comme si de rien. Comme si tuer par plaisir était quelque chose de logique. Voyant qu'elle ne répondait pas il releva les yeux, et croisa son regard où se mêlaient choc et frayeur.
« Rajoute de la haine dans tes yeux et tu auras le même regard que la totalité des gens de Suna.
- Pardon.
- Les yeux parlent mieux que les lèvres. Mais tu as raison en soit. Je suis un monstre. Littéralement.
- Qu'est ce ça signifie, ça ?
- Tu ne peux pas comprendre. Et je n'ai pas envie de perdre le peu d'estime que tu as pour moi.
- J'ai beaucoup d'estime pour toi. »
Sa phrase mourut quand des coups retentirent derrière la porte de leur cachette.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top