Chapitre 37: Réveil à Shéol

Émilie

Des cris. Ceux de mon fils.

Un visage horrible. Penché sur moi.

Des griffes qui s'enfoncent dans ma chair. Une douleur qui s'incruste dans ma poitrine.

Et la peur. La peur de le perdre à jamais.

— Maman ?

J'ouvre les paupières, désorientée. Mes rétines focalisent sur le visage de mon fils couché en face de moi. Ses yeux inquiets parcourent mon visage.

— Maman ? Est-ce que ça va ?

Quelques secondes s'écoulent. Des secondes pendant lesquelles je tente de dissiper la brume de mes rêves.

Je parcours la pièce du regard, perdue, puis les souvenirs de la veille me reviennent. Des images de moi plaquée au mur par le corps de Gadriel me percutent de plein fouet. Mon pouls s'affole.

— Je... oui. Tout va bien, mon ange.

Il hoche la tête, malgré sa mine toujours inquiète. Ne voulant pas démontrer mon trouble, j'essaie de détourner son attention.

— Toi, est-ce que ça va ? Tu as bien dormi ?

Ses traits s'éclairent d'un grand sourire.

— Oui ! Tu as vu ma super chambre ? C'est Gadriel qui l'a fait, juste pour moi !

Je hoche la tête, en balayant la pièce des yeux. C'est effectivement la chambre que tout enfant rêverait d'avoir : des murs vert lime, un coffre à jouets qui déborde, une petite table à dessin et une bibliothèque remplie de livres colorés. Je n'avais pas prêté attention à ces détails hier soir et mon cœur se réchauffe à l'idée que Gadriel se soit assuré que mon fils se sente chez soi malgré toutes les épreuves qu'il venait d'endurer. Aucun enfant de six ne devrait avoir à se défendre contre des créatures surnaturelles. C'est mon travail de voir à sa sécurité, de prendre soin de lui et hier soir, j'ai échoué lamentablement. Gadriel est celui qui l'a retrouvé et qui a fait en sorte qu'il soit en sécurité et pour cette raison, je lui suis redevable à jamais.

Mon fils saute de son lit et plonge dans son nouveau coffre à jouets afin d'en sortir une vingtaine de petites voitures à l'effigie de son film d'animation préféré. Pendant qu'il s'envole dans son mode imaginaire, je m'extirpe du lit et replace du mieux que je peux ma chevelure ébouriffée par le sommeil. Je dois avoir une mine affreuse, mais aucun moyen de savoir en l'absence de miroir dans cette pièce.

Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est, toutefois ma faim m'indique que j'ai peut-être dormi plus longtemps que je ne l'aurais cru. Ça, c'est sans compter sur le fait que mon dernier repas fut inopinément écourté. Le souvenir des lèvres chaudes de Gadriel sur mon corps est comme une injection de lave qui embrase mon bas-ventre. Je jette un coup d'œil en direction de Mickaël pour m'assurer qu'il ne remarque pas le rouge sur mes joues.

Le fait que nous ayons été interrompus a laissé les choses en plan et une légère inquiétude crispe mon ventre lorsque vient le temps de sortir de la chambre et affronter son regard. Toutefois, dès que j'ouvre la porte, ce ne sont pas ses yeux violets qui se posent sur moi, mais des iris dorés à la pupille verticale.

Mon corps se fige alors qu'un homme-chat au pelage ivoire et au visage avenant s'approche de moi.

— Bonjour, me salue-t-il d'une voix posée.

J'essaie de ne pas fixer ses oreilles pointues ou son nez d'où sortent des moustaches, mais c'est plus fort que moi. J'imagine qu'on s'habitue à côtoyer des êtres aussi déconcertants. Du moins, je crois.

— Lord Gadriel m'a demandé de vous assister pendant son absence. Je suis là pour veiller à votre sécurité et répondre à vos moindres besoins.

Je reste sans voix, encore hésitante devant son physique qui m'inspire quand même plus confiance que l'espèce de loup-garou que nous avons croisé à notre arrivée au palais.

— Waouh ! s'écrit Mickaël derrière moi.

Il se faufile entre la porte et moi puis s'approche de l'homme-chat. À mon grand effroi, il lui attrape le bras sans même lui demander la permission et passe sa paume sur le curieux pelage.

Mon corps se détend néanmoins lorsque le félin offre un sourire amusé à mon fils avant de s'accroupir pour se mettre à sa hauteur.

— Bonjour, toi. Tu dois être Mickaël ?

Mon fils hoche la tête. Ses yeux étincellent comme s'il examinait un étalage de bonbon.

— Mon nom est Meridoc.

— Est-ce que tu es humain ? demande Mickaël.

Meridoc glousse avant de se redresser.

— Non, je suis un bakeneko.

— Est-ce que tu vois dans le noir ? Est-ce que tu as neuf vies ? As-tu des griffes ?

Meridoc rit de nouveau devant l'avalanche de questions de mon fils.

Comme s'il percevait mon malaise, l'homme chat relève son regard vers moi et me sourit gentiment avant de revenir sur Mickaël.

— Que dirais-tu de venir manger ton petit déjeuner pendant que je réponds à toutes tes questions ? propose Meridoc.

Mon fils, excité comme une puce, hoche la tête avec vigueur et suit sa nouvelle idole jusqu'à l'îlot ou trône un buffet alléchant : montagne de fruits frais, brioches et croissants accompagnés de différentes tartinades. Une délicieuse odeur de café qui flotte m'indique que Meridoc a aussi pensé à moi.

Je les suis et réussis à grignoter quelques fruits et un demi-croissant pendant que l'homme chat s'évertue à répondre avec patience à toutes les questions farfelues de mon fils. En fin de compte, Meridoc ne semble pas si différent de nous. Hormis sa fourrure, ses dents un peu plus et ses pupilles verticales bien sûr. Il n'a même pas de queue, ce qui embête mon fils.

J'écoute leur conversation d'une oreille distraite, mes pensées tournées vers les évènements de la veille.

J'ai du mal à croire que je me retrouve dans une autre dimension, en enfer de surcroît ! Certes, c'est loin de l'image que je m'en faisais. Pourtant, ça reste à des milliers de lieux de chez moi. Du moins, je crois... Est-ce que Shéol est aussi grande que ma dimension ? Est-ce que chaque endroit de Shéol représente un endroit sur Terre ? L'image des portails tous rassemblés au même endroit me revient en tête et je me dis que ce n'est sans doute pas le cas.

Appréhender cette dimension me donne un début de migraine et je secoue la tête pour faire disparaître toutes les questions qui m'assaillent. Sans grand résultat. L'idée de les poser à Meridoc me traverse l'esprit. Néanmoins, pour une raison que j'ignore, mon cœur me somme d'attendre que les réponses viennent de Gadriel. J'aimerais connaître son monde à travers ses yeux, me laisser bercer par sa voix douce qui me raconte sa vie ici, son quotidien, ses passions...

Son absence me frappe soudain de plein fouet. Pourquoi n'est-il pas avec nous ? Voulait-il fuir notre... échange de ce matin ? Voulait-il reconstruire les barrières qu'il s'impose constamment ?

— Maître Gadriel avait d'importantes affaires à régler.

Les paroles de Meridoc me tirent de mes pensées et quelques secondes s'écoulent avant que je ne réalise qu'il s'adresse à moi. Ses pupilles safran posées sur moi attestent d'une gentillesse et d'une intelligence profonde. Il me fait penser à mon collègue Olivier. Il pouvait lire nos états d'âme en un seul regard.

Je lui offre un faible sourire avant de rapporter mon attention sur la tasse de café dans mes mains.

— La salle de bain est à votre disposition si vous désirez prendre une douche, m'annonce-t-il en avisant une porte sur ma droite. Maître Gadriel y a également laissé quelques vêtements propres pour vous. Par la suite, si le cœur vous en dit, nous pourrions faire une visite du château ?

— Oh ouais ! s'exclame Mickaël à mes côtés. Tu es d'accord, maman, hein ?

Mon cœur fond devant la bouille enjouée de mon fils. Les aventures d'hier ne semblent pas avoir écorché sa candeur, ce qui apaise un moment mes inquiétudes.

— Bien sûr, mon ange. Je prends une douche et après on y va ?

— Super !

Des étoiles dans les yeux, mon fils saute de son tabouret et trottine jusqu'à sa chambre où je l'entends déjà crachoter des bruits de voiture qui se percutent.

Je prends une dernière gorgée de café puis remercie Meridoc d'un signe de tête avant de me diriger vers la salle de bain. Encore une fois, je suis impressionnée par le style épuré et moderne de celle-ci. La douche à l'italienne est quatre fois plus grande que la mienne. J'avise le comptoir où se trouve une serviette, un gel douche ainsi qu'une pile de vêtements. J'y jette un coup d'œil, par curiosité, et découvre un pair de jean avec une coupe large et un chandail moulant noir. Mes sourcils se froncent lorsque je découvre les sous-vêtements. Cette fois, pas de dentelle ni de design sexy. Des sous-vêtements de coton noir, tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Est-ce un message clair de Gadriel qu'il regrette notre incartade de ce matin ou tout simplement une attention afin que je me sente le plus confortable ?

Quoi qu'il en soit, j'essaie de ne pas réfléchir à tout ceci et une fois ma douche prise — douche que j'ai fait durer plus de temps que nécessairement tellement la sensation des milles et un jet sur ma peau était paradisiaque —, j'enfile les vêtements et vais rejoindre mon fils et notre guide pour cette fameuse visite du château.

Ce dernier s'applique à nous faire découvrir chaque millimètre carré de cette immense demeure en passant par la bibliothèque, la salle de bal, le boudoir des invités, les différentes salles à manger ainsi que le quartier des serviteurs. Il nous explique également comment ne pas se perdre dans ce labyrinthe de couloirs jumeaux. Bien qu'impressionnée par la richesse des lieux, je n'y vois pas trop l'intérêt puisque je n'ai pas l'intention de rester ici très longtemps. Mon fils, cependant, se montre si enthousiaste que je ne peux m'empêcher de sourire à certains moments.

Nous ne croisons que très peu de gens pendant la visite du palais. C'est pourquoi, alors que Meridoc s'évertue à répondre à la centième question de mon fils devant une série de reliques anciennes, mon attention se tourne vers des cris d'encouragement et des éclats de rire provenant d'une ouverture sur l'extérieur. Sentant mon fils en sécurité auprès de Meridoc, qui transpire la douceur et l'honnêteté, je m'éloigne d'eux quelques instants et me laisse guider par les clameurs au loin.

Elles me mènent à un balcon plongeant sur une cour en terre battue qui contraste avec le reste du château. Une odeur d'humidité, de tourbe et de sueur chatouille mes narines alors qu'à une dizaine de mètres plus bas, j'aperçois une rangée de mannequins en bois et des barils qui contiennent des armes de toute sorte. Des bruits de métal qui s'entrechoque attirent mon attention sur un cercle d'individus un peu plus loin en contrebas sur ma droite. Des créatures de toutes sortes sont rassemblées et des cris d'encouragement fusent. L'attention de tous est tournée vers deux silhouettes qui sont manifestement en train de se battre. Mon cœur bondit lorsque je reconnais l'une d'entre elles.

Pieds nus dans la terre humide et vêtu d'un pantalon de cuir noir, Gadriel affiche un sourire carnassier. Des gouttes de sueur perlent de ses cheveux en bataille et son torse luisant se soulève au rythme de sa respiration rapide. Les poings devant son visage, les muscles bandés, il s'apprête à combattre. Son corps sculpté par les dieux transpire la virilité et la force brute. Mon regard est aimanté par cette vision, à un tel point que je ne remarque pas immédiatement la créature qu'il s'apprête à affronter. Pourtant, lorsque je finis par détacher mon regard de Gadriel, mon ventre se crispe. Une créature mi-homme, mi-dragon de plus de trois mètres de haut, se dresse devant lui. Sa peau bleue recouverte d'écailles semble impénétrable et les cornes qu'ils arborent sur sa tête sont aussi acérées que la pointe de la lance qu'il dresse vers son adversaire.

Mon cœur s'affole lorsque la bête fonce à toute vitesse dans sa direction. Des cris s'élèvent tout autour d'eux et je ne peux détacher mes yeux du déchu qui risque d'être transpercé d'une seconde à l'autre. Le temps semble ralentir tandis que Gadriel reste immobile, en attente de sa sentence.

Alors que tout espoir d'esquiver ou riposter semble vain, Gadriel plonge dans une roulade en biais qui l'amène derrière son assaillant. Ce dernier, empêtré dans son élan, prend un temps avant de s'arrêter et pivoter, temps qui s'avère être crucial puisque le déchu lui assène un uppercut droit à la mâchoire suivi d'un crochet. Le reptile perd pied sous la force de l'impact et s'écoule dans la boue. Un brouhaha de rire et de mot grivois s'élève aussitôt.

— On te l'avait dit Glankis ! Tu n'es pas de taille, rugit un gros gaillard à l'apparence humaine et aux cheveux dressés en crête sur la tête.

Un sourire conquérant sur les lèvres, Gadriel se retourne vers ce dernier, mais son regard ne se pose que quelques secondes sur lui avant de se lever dans ma direction. Son sourire s'efface et laisse place à un air plus sombre. Nos regards se croisent, s'arriment. Mon cœur déraille. Et même si nous sommes à une vingtaine de mètres de distance, je sens toute la chaleur de ses yeux qui me parcourt. Une dizaine de secondes s'écoulent, secondes pendant lesquelles j'ai l'impression que nous sommes seuls au monde.

Puis, des cris brisent le contact entre nous. Une seconde plus tard, Gadriel se fait percuter de plein fouet par l'homme dragon de retour au combat. Mon gardien s'étale au sol, son visage maintenu dans la terre par la poigne du lézard qui le recouvre de son corps puissant. Alors que toute tentative de se dégager semble impossible, le déchu lui assène un coup de coude dans l'estomac. Le souffle coupé, son adversaire relâche sa prise assez longtemps pour que Gadriel le renverse, assène un coup de tête puis roule sous lui pour le bloquer au sol, un bras appuyé contre sa gorge.

La petite foule rugit autour d'eux, acclamant la victoire de Gadriel. Ce dernier se relève pu puis m'adresse un regard indéchiffrable. Bien que bref, il me transperce et se décharge tout le long de ma colonne vertébrale. Le déchu retourne ensuite son attention sur les hommes attroupés autour de lui qui lui assènent des tapes joviales dans le dos. Il leur sourit puis, bon joueur, tend la main à son adversaire pour l'aider à se remettre sur pieds. Ce dernier lui renvoie son sourire.

C'est à ce moment que je réalise que tous les muscles de mon corps sont tendus depuis plusieurs minutes. Gadriel ne courrait aucun danger, ce n'était qu'un affrontement amical. Pourtant, je réalise que l'idée qu'il soit blessé ou pire, qu'il meurt, m'est insupportable. Signe que je me suis attachée à lui beaucoup plus que je ne le pensais.

— Maman !

Je sursaute et accueille Mickaël qui s'élance vers moi. Il percute mes jambes et enlace ma taille, sa bouille d'enfant se nichant sur mon ventre.

— On te cherchait ! déclare-t-il en s'écartant. Meridoc voulait nous faire visiter les bains. Je lui ai dit que je détestais les bains, mais il m'a dit que c'était comme une piscine. Est-ce qu'on peut y aller, dis ? Est-ce que je vais pouvoir me baigner ?

Je glousse, mon cœur craquant sous les paroles de mon fils.

Puis le souvenir de Sybil et ses amies qui se prélassent nues dans les bassins me revient à l'esprit. Je ne suis pas contre la nudité, mais j'ai quand même une certaine réticence à voir mon fils barboter parmi des paires de nichons.

Je lève un regard vers Meridoc qui semble aussitôt saisir mon inquiétude.

— En fin d'après-midi, il n'y a jamais personne, affirme-t-il. Nous serons tranquilles.

Je hausse les sourcils. Nous avons donc dormi tout l'avant-midi et une partie de l'après-midi. Ce nouvel environnement et les évènements de la veille m'ont tellement déstabilisée que j'ai perdu la notion du temps. D'ailleurs, s'écoule-t-il comme sur terre ? La lumière du jour douce et orangée qui plonge sur la cour est si différente que dans ma dimension que je n'ai plus aucun repères.

— Regarde maman, c'est Gadriel !

Ça, je l'avais remarqué...

Mon fils tire sur mon pantalon et pointe le déchu qui discute avec ses hommes plus bas. Des rires fusent, des accolades s'échangent puis le petit groupe se disperse par pair sur le terrain afin de s'affronter dans des combats à main nue. Mon protecteur se promène d'un groupe à l'autre et distribue des conseils ou replace la garde de certains d'entre eux. Je réalise aussitôt qu'il est dans son élément, ici, parmi ses hommes. Je ne l'ai jamais vu aussi détendu et je le surprends à sourire de temps en temps.

— L'armée de Shéol a enfin retrouvé son commandant, commente Meridoc à mes côtés.

Perdue dans mes observations, je n'avais même pas remarqué qu'il s'était rapproché. Ses mains sur la balustrade, il observe la cour plus bas tout comme Mickaël et moi.

— Ses hommes semblent le respecter, dis-je. Est-il leur commandant depuis longtemps ?

— Depuis son retour d'exil il y a environ trois mille ans.

Rien que ça !

Mon souffle se bloque, étonnée par sa réponse.

— Son exil ?

Meridoc tourne le visage vers moi et m'observe un instant avant de répondre.

— Après la déchéance des sentinelles, Gadriel est resté longtemps sur Gaia à errer dans les contrées désertiques. Il refusait de rejoindre ses pairs à Shéol, de faire face à son nouveau destin.

Je me rappelle des paroles de Gadriel le soir où nous avions discuté dans le salon, un chocolat chaud entre les mains. Il avait mentionné s'être perdu un long moment dans les affres de l'alcool et des herbes avant de venir à Shéol.

Mon regard quitte celui de Meridoc pour se poser sur la silhouette imposante de Gadriel plantée à quelque pas de deux hommes qui s'affrontent. Pourtant, il ne porte aucune attention au combat. Son regard toujours aussi hermétique est dirigé vers nous. Mes yeux s'accrochent aux siens. Les battements de mon cœur s'accélèrent. La poitrine de Gadriel se soulève puis il rompt le contact pour incliner la tête à l'endroit de Meridoc. Ce dernier lui rend son signe et Gadriel ramène son attention sur ses hommes.

— Tu crois que je pourrais apprendre à me battre comme Gadriel ? me demande mon fil toujours fasciné par les combats plus bas.

— À te défendre peut-être, mais je ne tiens pas à te voir sur un champ de bataille.

— Je sais déjà me défendre, rétorque-t-il, sûr de lui. Je peux utiliser ma magie.

Un coup de poing en pleine poitrine, c'est la sensation qui m'assiège lorsque je repense à sa chambre complètement calcinée, à ces traces de combats sur son lit, à la découverte que mon fils n'est pas complètement humain.

Pour une des rares fois depuis que je suis mère, je sens que mon fils m'échappe peu à peu. Ses capacités dépassent les miennes et je ne sais pas comment l'accompagner dans la découverte de sa vraie identité.

Peut-être que Gadriel le pourra...

L'idée que ce soit son père qui le guide dans ce nouvel univers ne me traverse même pas l'esprit. Je ne pense pas pouvoir faire confiance à Satanaël et il reste un inconnu pour moi.

Tout comme l'était Gadriel il n'y a pas si longtemps...

— Allons aux bains, annonce soudain Meridoc.

J'acquiesce et emboite machinalement le pas derrière Mickaël et notre guide, non sans un dernier regard vers l'objet de mes pensées qui nous observe quitter le balcon.

Meridoc nous fait visiter encore quelques endroits dans le château avant de terminer par les bains. Comme il l'avait promis, la grande salle où se trouve une dizaine de bassins de pierre indépendants est complètement vide et des maillots de bain nous attendent sur un banc près de cabines pour se changer. Mon fils passe l'heure suivante à voyager d'un bassin à l'autre, se prenant pour une grenouille qui navigue entre les flaques d'eau. Pour ma part, je m'installe dans une cuve près de la chute d'eau. La chaleur engourdit mes membres et m'apaise.

Bien vite je devrai trouver un moyen pour retourner chez moi, reprendre ma vie d'avant. Pour l'instant, j'ai plutôt envie d'oublier un peu mes tracas, c'est pourquoi je laisse aller mes soucis et ferme mes yeux pour les oublier. 

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