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La première fois, j'ai eu mal. C'était une douleur aiguë, adoucie par de longues caresses bienveillantes. Il me murmurait, au creux de l'oreille, que ça irait, que la douleur laisserait vite place au plaisir. Alors, j'ai enduré, je savais que je n'aurais pas le droit de le regretter.


Par la suite, c'était excitant et agréable. J'avais déjà passé le cap alors, je n'avais plus qu'à profiter de ces sensations qui m'étaient devenues primordiales. Je m'étais habituée au goût de ce doux poison ; je n'imaginais pas qu'il me tuerait, tant il était bon. C'est pourquoi je le laissais tout faire, peu importe les quelques douleurs que je ressentais sur le coup, car en fin de compte, j'y prenais aussi mon pied. Il le savait, il aimait me voir satisfaite.


À chacun de nos rendez-vous, c'était la même histoire. Un musée ou un ciné, un verre de vin, un lit. À la fin, un cadeau : du maquillage ou des vêtements hors-prix.


Ça me plaisait bien, au début, que quelqu'un réalise mes fantasmes et fasse de moi les siens, tout en m'emmenant à des endroits où j'avais rarement l'occasion d'aller, ou en m'achetant de belles choses pour me rendre joyeuse. Après tout, quelle fille n'aimerait pas qu'on l'appelle « princesse » et qu'on la traite comme telle ?


J'ai pris plaisir à cette relation et très vite, sa chair et son argent ne me suffisaient plus. Je voulais son cœur, son âme. Je voulais occuper son esprit et le remplir de tant d'amour que je devienne son addiction.


Son emploi du temps était chargé et nous ne pouvions nous voir plus d'une fois par semaine. Et puis, au fil du temps, nos rendez-vous commençaient à m'ennuyer : l'un était la réplique de l'autre. Alors, j'ai accepté sa proposition d'emménager chez lui. Je nous voyais déjà nous serrant l'un contre l'autre devant une télé diffusant un vieux film ; nous caressant les jambes sous la table tandis que nous mangions ; nous jetant des regards plein d'amour au milieu nos occupations individuelles.


Mais il ne m'était même pas venu à l'esprit que ma présence n'atténuerait en rien sa pile de travail. Ainsi, je passais mes journées à me promener seule ou à rester sagement assise dans le salon en attendant qu'il sorte de son bureau, espérant que j'obtiendrais un petit moment d'intimité avec lui.


Si j'étais trop impatiente, si j'allais interrompre son travail, il me traitait de mauvaise fille, m'allongeait sur son énorme bureau et assouvissait ses besoins dans un râle de plaisir ignoble. À présent, mon plaisir dépendait de sa disponibilité. S'il ne trouvait pas assez de temps pour moi, il se contentait de me prendre brutalement, de sorte à ce qu'il finisse très vite, de manière très efficace ; juste assez bien pour qu'il soit content.


Il n'a pas mis bien longtemps à se rendre compte qu'il m'avait à portée de main. J'étais là, je n'étais rien qu'à lui, il ne devait plus me conquérir. Il décida alors que nos sorties n'avaient plus aucune utilité et que je n'avais plus tellement besoin de tous ces cadeaux. Mon corps lui suffisait et tout naturellement, je devais me contenter du sien.


J'ai très vite compris que je ne verrais pas une seule poussière de tout l'amour que j'avais désiré. Quand je le voulais plus tendre et attentionné, il se moquait de mes fantaisies. Selon lui, c'était dû à mon jeune âge. Au lieu de lui demander des futilités, il fallait que je le comprenne : il voulait un amour plus mature. J'étais déjà sienne, on s'aimait déjà tant. Pourquoi ne pouvait-il pas avoir mon corps à sa disposition ?


En quelques semaines, je me suis mise à détester ses mains baladeuses. J'avais horreur de son toucher, son désir était devenu un fléau. J'ai alors décidé de ne plus lui permettre de m'envoyer en l'air comme une poupée gonflable, j'allais me débattre. Le mordre, le griffer, lui cracher dessus.



Mais il était plus fort, plus âgé. Il finissait par prendre le dessus et faire tout ce qu'il voulait de moi, usant de tous les moyens pour étouffer mes cris. Et à chaque fois qu'il libérait son plaisir en moi, me chuchotant un "je t'aime" répugnant, je m'abandonnais dans ses bras, m'avouant vaincue.


Le jour où je lui ai montré mes valises bouclées, il était bouche-bée. Il souriait comme un demeuré mais quelque chose dans son regard m'indiquait qu'il avait peur, plus que jamais, de voir son monde s'écrouler. Ce monde qui tournait autour du brillant soleil que j'étais.

Il y a eu des cris, il y a eu des coups. Il a faussement beuglé son amour, j'ai pleuré mon dégoût. Il a dû finir par comprendre, car il ne m'a pas rattrapée. Quand il s'est laissé tomber par terre, se tenant la tête, et que j'en ai profité pour m'éclipser de la maison, il n'a pas crié mon nom. Il ne m'a pas non plus empêchée de monter dans le premier taxi venu.


À ce jour, je pense encore à lui. Parfois, je crois entendre sa voix lubrique en me baladant dans la rue, mais ce ne sont que les fantômes de mon passé avec lui. Il m'arrive d'avoir l'impression qu'il me manque, qu'il me satisfaisait mieux que quiconque n'en serait jamais capable, mais c'est un sentiment que je renie à tout prix. Je ne veux pas revivre ce que j'ai vécu avec cet homme. J'ai eu raison de prendre conscience de ma propre valeur et de le quitter.


Sa violence camouflée en amour et ses besoins opprimants ne m'ont fait aucun bien, ses caresses insistantes m'ont répugnée de tout contact humain. La jeune fille que j'étais a été souillée en tentant cette aventure dangereuse ; mais au moins, elle a appris à se chérir.


Aujourd'hui, je sais que j'ai abusé de ma relation avec lui. Je sais que je n'aurais jamais dû le laisser faire. Je sais que je vaux bien mieux qu'un sac à foutre. Quant à lui, j'espère qu'il n'est plus. Qu'il a foncé dans des bidons pleins d'essence et que les flammes l'ont dévoré avec sa bagnole. Qu'il est mort en silence, que personne ne l'a regretté.

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