ø Fumantes envies ø

Peut-être que mes songes deviennent trop réalistes et affolants ? Pourtant, j'apprécie la touche carmin qu'ils apportent à mes écrits.

Je pense sincèrement que la Madame Couleur Démons est une amie.

.ø.

Il était allongé sur la route. Son corps disloqué embrassait le sol bitumeux tandis que ses membres s'étiraient dans différentes directions, comme les points cardinaux. À mesure qu'il étendait ses bras et ses jambes, sa peau raclait le sol. Des courbes carmins tâchaient son épiderme opalin et ses ongles se fissuraient à chaque raclement. 

Il ne semblait pas souffrir. Son visage était paisible, tourné vers le ciel, alors qu'il aurait dû être déformé par les mains habiles de la souffrance. Sa peau continuait d'être déchiquetée férocement par le goudron et il commençait à révulser faiblement. Cependant, il restait calme, la tête projetée en arrière et ses pupilles où dansaient des flammes dilatées. 

Ses orbes noires fixaient le ciel tout aussi sombre. Son être entier était appelé par l'astre rouge qui dominait ce trou d'obscurité, comme une punition éternelle. Sa punition éternelle. Il appréciait la couleur vermeille de l'objet céleste et la brûlure lancinante que ses rayons exerçaient sur son épiderme translucide. Il avait appris à apprécier le martyr qu'il subissait chaque nuit, envoûté par la lune de sang.

Les rayons rougeâtres remontèrent jusqu'à ses yeux vidés d'humanité. Ils les brûlèrent lentement et seulement à ce moment, il eu l'impression d'agoniser. Son corps se mis à révulser mais ses membres se déployaient continuellement, comme attachés par des cordes invisibles qui resserraient cruellement leur emprise. Il ne pouvait pas lutter contre cette géhenne qui le torturait plus chaque nuit.

Il était en Enfer.

Il souleva ses paupières consumées par la force démoniaque et se releva péniblement. Il était épuisé mais habitué à ce rituel malsain. Il observa son enveloppe corporelle détruite et révulsante, où des bouts de carnation pendaient, baignant dans son propre liquide poisseux. Il marcha péniblement, arrachant ses languettes de chair et sa marche se mêla à celle d'un homme vêtu de blanc.

"Qui es-tu ?

–Quelqu'un.

–Et qui suis-je ?

–Un homme au purgatoire.

–Pourquoi le suis-je ?

–Parce que tu as embrassé la mort. À ma place.

–Pourquoi ai-je fait ça ?

–Plutôt "pour qui". 

–Pour qui ?

–Pour moi."

Les deux hommes se regardèrent. Celui en décomposition hocha la tête et son vis-à-vis l'embrassa, caressant de ses mains pures et immaculées la peau écoeurante de son amant. Il se transmettaient tout leur amour à travers ce geste anodin et ils se séparèrent, à bout de souffle, remués par le torrent de sentiments violents qui les avait ébranlés. Ils se tinrent la main et rentrèrent chez eux. Ils étaient tout les deux blancs à présent.

Ils sont au Paradis.

.ø.

L'idée m'est venue en cours de mathématique lorsque je somnolais. Les algorithmes m'intéressent peu, surtout un jour de grand froid.

J'ai eu une vision de deux âmes errantes dans les limbes. Je voyais une mer noire où s'enfonçaient des hommes tout en invoquant l'Astre Rouge et au milieu, perdues, deux personnes. Deux personnes vêtues de blanc dans ce monde rouge.

Mes idées sont vraiment effrayantes dernièrement.


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