Chapitre 9
PDV Théo
Je vais la tuer. Elle me regarde l'air de penser la même chose. Mais je n'en ai rien à faire puisque c'est moi qui vais le faire en premier.
Elle me regarde avec un air de défi.
Ses yeux bleus me crient : « Vas-y, essaye, tu n'oserais pas poser la main sur moi ! ».
Elle finit par abandonner devant mon manque de réaction. Mademoiselle doit s'ennuyer.
Une silhouette se forme derrière elle et je la reconnais immédiatement. Elle aussi semble la reconnaître, puisqu'elle se retourne et dit :
— Ah, Séléné, t'es là !
Elle l'ignore et pose ses yeux nuageux sur moi. Ses sourcils se froncent quand elle rencontre mon regard.
— Que fais-tu là ?
— À ton avis ? je gromelle. Cette folle-furieuse refuse de me faire rentrer !
Elle semble se rendre compte de la présence de la blonde et hausse les épaules. Elle a l'air fatiguée. Au point que le fait de savoir qu'un intrus tente de de rentrer chez elle ne la gène pas le moins du monde.
Il doit être environ midi, et ça doit bien faire quarante-cinq minutes que j'essaie de convaincre mon « amie » par tous les moyens pour qu'elle me fasse entrer. Mais je vais finir par laisser tomber l'affaire ; elle est inflexible. Dès qu'elle m'a vu, debout sur le perron, elle a juré ma mort. Je l'ai vu dans ses yeux.
— Aide-moi, Séléné ! la réprimande la folle qui se tient devant moi.
Séléné s'approche de moi, les yeux plissés.
— Pourquoi tu es venu ?
— Pour aller chercher Margot ! Où est-elle ?
— Et tu croyais quoi, ricane la blonde, qu'on allait te la servir sur un plateau d'argent ? Sérieusement, Théo, on n'est pas totalement bêtes ! On savait que tu allais venir. Enfin, je n'ai toujours pas compris pourquoi tu t'inquiètes tellement pour elle alors que c'est juste... Un fille ordinaire. Très ordinaire, même.
— Parce que je l'aime.
Séléné rit nerveusement. Ce n'est pas son rire naturel. Celui-ci sonne faux. Séléné n'est plus Séléné.
— Quand comprendras-tu que l'amour n'existe pas, Théo ? Ce n'est qu'un sentiment passager, une chose qui nous handicape plus qu'autre chose, qui nous fraine quand un aime et qui finit par nous arrêter quand c'est fini. On dit qu'il nous fait se dépasser ? Je pense plutôt qu'il nous fait faire n'importe quoi. La preuve, aujourd'hui. Mais est-ce de l'amour. Non, du moins je n'en suis pas sûre. On n'a pas besoin d'amour pour vivre. C'est juste une légende pour les contes d'enfants. Tu es un enfant, Théo ? Il serait peut-être temps de grandir. Je n'ai jamais vécu entourée d'amour, moi. Est-ce que j'en suis morte ? Je ne crois pas, non. Enfin, je ne vais pas mourir pour cette raison.
La blonde près de moi reste silencieuse face à cette tirade, et moi aussi. C'est triste, en fait. C'est triste qu'elle ne croie pas à l'amour. Tout le monde devrait y croire, ou au moins y avoir cru.
Soudain, depuis les escaliers, une voix se fait entendre, et je la reconnais aussitôt. Margot émerge devant nous.
— Moi, je crois que tu as tort, dit-elle simplement, comme si tout était parfaitement normal. Que cette conversation était la conversation la plus ordinaire qui soit.
Elle vient près de moi et je lui réserve un sourire discret.
— L'amour, ça apporte plus que ça ne prend.
— Tu verras, dans quelques années, crache la blonde, comme du venin.
Margot ne cache pas sa surprise. Elle scrute de ses yeux remplis de flammes celle qui vient de parler.
— Alors c'est toi.
Rose sourit d'un air narquois qui me donne envie de la taper, mais je me retiens parce qu'il me semble que ce n'est pas vraiment correct.
— En effet.
Je sens que la seule question que veut poser Margot, là, maintenant, est « Pourquoi ? ». Mais je lui serre un peu plus la main pour lui signifier qu'elle ne devrait pas, et elle semble avoir compris le message puisqu'elle se tait. Ce n'est pas encore le moment. Elle ne doit pas savoir.
— Où sont Monsieur et Madame Vampire ? dit-elle finalement.
Je mets un peu de temps avant de me rendre compte qu'elle parle du père de Séléné et de la femme que j'ai vue sortir de la maison avec lui un peu avant que je me poste sur le perron d'entrée. Élise commence sérieusement à déteindre sur sa personnalité.
Séléné lui lance un regard noir qui ne l'a fait pas se départir de son sourire rayonnant. Enfin, je suppose qu'il est rayonnant, puisque quand je vois Margot, j'ai l'impression qu'elle est systématiquement rayonnante.
— Ils sont partis faire les courses.
— Théo, tu ne veux pas aller prévenir la police, là ? C'est le moment ! m'appostrophe Margot.
Je sais qu'elle plaisante, sinon elle ne le dirait pas aussi fort. Elle est intelligente, quand même.
— Oh, Margot, nous sommes fichus ! Rose m'a volé mon téléphone !
Elle rit et je souris. Séléné nous regarde d'un air suspect et Rose se contente de me foudroyer du regard. Littéralement. Je ne serais même pas étonné de mourir maintenant. De toute façon, je mourrai près de Margot, c'est l'essentiel.
Je reprends mon air sérieux, bientôt suivi de Margot.
— C'est bon, vous avez fini ? demande Rose.
Elle essaie de le cacher, mais je sens une pointe de jalousie dans ses mots. Je m'en veux un peu, sur le coup. Pas parce que je regrette d'être avec Margot, mais parce que je sais à quel point ça fait mal, de voir la personne qu'on aime partir. Mon instant culpabilité ne dure pas très longtemps, de toute façon, puisque Séléné se jette sur moi pour me faire sortir.
— Eh ! lance Margot. Laisse-le !
— Non, mon père et Cléophée nous ont ordonné de te garder ici. Ce n'est pas pour qu'il s'infiltre chez moi !
Ainsi, elle s'appelle Cléophée. J'essaie de le marquer dans un coin de ma tête mais je me demande si je vais retenir un prénom aussi spécial.
— Très bien, je pars, je soupire finalement. C'est un faux soupir.
Margot me lance un regard mi-interrogateur, mi-blessée. Je lui envoie un regard significatif, qu'elle semble intercepter.
Je sors finalement de la maison. Il est midi quarante-cinq, mais la journée est loin d'être finie.
PDV Margot
Toute la journée, elles n'ont pas arrêté. Le père et la tante de Séléné n'étant finalement pas rentrés, elles n'ont pas arrêté de me pourrir l'existence. Enfin, Rose n'a pas arrêté de me pourrir l'existence, et Séléné l'a regardée faire sans rien dire.
Alors, pour mon plaisir personnel de voir Rose rager, je n'ai pas arrêté de lui poser des questions, sur l'enlèvement, sur mon frère, sur le pourquoi du comment... Elle ne répondait pas, évidemment. De temps en temps, je la remerciais encore d'avoir quitté Théo.
Je pense que c'est ça qui l'énervait le plus. Enfin, si elle aime encore Théo, elle le cache très bien ! Parce que je ne pense pas que vouloir assassiner quelqu'un est un signe qui montre qu'on l'aime.
Quand je vois la lune pointer, je pousse un soupir de soulagement. Je n'ai rien fait de la journée, ce qui n'est pas très pratique quand on veut éviter de ressasser. Parfois, l'ennui est le pire ennemi qu'on puisse rencontrer.
Séléné m'accompagne dans la cuisine et me sert des nouilles chinoises. Elle est la plus gentille entre Rose et elle. Bon, la concurrence n'est pas très difficile puisque Rose lui a Rose lui a suggéré de ne pas me donner à manger pour me faire mourir de faim...
Après avoir mangé – dévoré serait un mot plus approprié – mon dîner (je n'ai pas déjeuné !), je me dirige vers ma chambre attitrée par moi-même pour allée dormir, sans que Séléné ait le temps de m'y inviter.
Mais, alors que j'ouvre la porte, je l'entends murmurer :
— Margot...
Je me retourne et l'étudie du regard. Elle paraît plus frêle que d'habitude.
— Euh, Sél', tu es sûre que tu vas bien ?
À bien y réfléchir, elle est plus pâle, aussi, que d'habitude. Je ne pensais pourtant pas que c'était possible.
— Moi ? Oui, ne t'en fais pas.
Elle incline la tête comme pour reprendre ses esprits.
— Il sera là à vingt-trois heures. Je tiendrai Rose à l'écart. Dépêchez-vous.
Je fronce les sourcils. De quoi parle-t-elle ? Ça ne peut être que son père, je ne vois pas d'autre personne. Mais elle a l'air de vouloir m'aider. Et c'était mon amie. Et je lui faisais confiance. Et je lui fais confiance. Alors je décide qu'il s'agit de Théo et la remercie d'un signe de tête.
Il est vingt-et-une heure dix-huit. Je devrai le rejoindre bientôt.
J'ai donc une heure et quarante deux minutes pour me préparer.
~ NDA ~
Deuxième chapitre de la journée, je sais qu'ils sont tous deux courts mais au moins j'en fais deux héhé 😁✨
Bisous #2 !!!
Sa Majesté Aliénor 👑👑✨
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