Chapitre 7

PDV Margot

— Ils sont sur le balcon, constate une voix féminine.

Et je connais cette voix.

Je continue de fixer la vitre devant moi, incapable de changer de place. Je sais qu'ils peuvent me voir, et ils m'ont sans doute déjà vu, mais tous mes membres sont comme paralysés. Impossible de marcher, de parler.

Vraiment ?

— Séléné..., je murmure.

Elle tourne lentement la tête vers moi, jusqu'à ce qu'il n'y est plus d'ambiguïté.

C'est bien elle, elle qui est entrée dans la chambre et qui maintenant me regarde avec des yeux dont je ne parviens pas à déterminer les émotions.

Les deux autres sont toujours dans l'ombre, de sorte que je ne les voie plus, du moins seulement leur silhouette.

Théo me souffle de le rejoindre, mais je reste bien droite, face à Séléné. J'ai repris possession de mon corps, qui ne demande à présent qu'à comprendre.

— Margot, finit par dire la concernée.

Je n'arrive pas tout de suite à détecter le léger tremblement de sa voix lorsqu'elle prononce mon prénom. Pourtant, maintenant, j'en suis sûre, elle est peu certaine de ce qu'elle s'apprête à faire.

— Pourquoi ?

C'est le seul mot que je crois être apte à formuler. Elle passe une main dans ses cheveux, un peu gênée, mais l'homme derrière elle sort de la pénombre.

— On se fiche du pourquoi. Maintenant, vous allez nous suivre.

— Jamais, grincé-je.

Le visage du monsieur me rappelle quelqu'un, mais je ne l'ai pas vu assez de fois dans ma vie pour savoir qui, surtout dans la quasi-obscurité.

— Je crains que vous n'aillez pas vraiment le choix, annonce Séléné, qui a repris le contrôle d'elle-même.

— Et pourquoi n'aurait-on pas le choix ? relance Théo. Il me semble qu'on a toujours le choix.

Ses yeux se posent imperceptiblement sur Séléné, et je comprends qu'il lui envoie un message, via ses parole, et elle semble les capter car elle baisse un instant les yeux, comme une enfant qui a fait une bêtise.

La femme près de l'homme, blonde, s'approche de Théo. Je le vois sursauter. Je suis trop loin pour voir de qui il s'agit, mais je devine qu'il la connait, et peut-être que moi aussi.

Il lui murmure quelques mots, auxquels elle répond. Je ne peux rien entendre de leur échange.

— Ce n'est pas elle qui choisira si je vous suis ou non, assène Théo. Je refuse. Qu'est-ce que vous allez faire de nous, de toute manière ?

— Ça ne vous concerne pas, dit la fille blonde. Peut-être que ça te fera changer d'avis.

Elle pose un petit pistolet sur sa tempe. 

— Vous n'avez pas le droit ! je crie. Les armes sont interdites en France !

— Peux-tu me dire où nous nous trouvons en ce moment ? demande calmement mon ancienne amie.

— En Alaska, je murmure.

Les armes sont autorisées.

— Mais... Vous n'allez pas vraiment le tuer, n'est-ce pas ?

Tout ça, c'était prévu. Depuis le début. Et je n'y ai pas fait attention. J'ai juste une question en tête... Pourquoi ? Pourquoi nous ? 

— S'il ne s'exécute pas, je suis sûre qu'elle s'occupera de lui. Elle ne l'aime pas vraiment, vois-tu ?

— Que voulez-vous que je fasse ? interroge Théo, qui garde étonnamment son sang froid.

— Tu nous suis, tu nous dis tout ce que tu sais.

Il ne doit absolument accepter. Pas lui... S'il le fait, il sera en sécurité après. S'il refuse... Je détourne les yeux de la blonde près de lui. Pitié qu'il accepte, ce ne sera qu'un petit interrogatoire...

— Non, dit-il simplement.

Mon visage se fige, en même temps que la main de la femme près de lui.

Elle ne va pas tirer.

— Théo, tu dois le faire ! Ensuite, tu seras en sécurité et...

— Crois-moi, il vaut mieux qu'ils ne sachent rien.

— Mais pourquoi ? soufflé-je, les larmes aux yeux.

Je ne peux pas le laisser dans cette position. Surtout que la psychopathe près de lui va appuyer sur la détente d'un moment à l'autre – elle a l'air très pressée d'entendre l'accord de l'homme qui n'a toujours rien dit.

— Je veux prendre sa place, je finis par murmurer.

Théo pose ses yeux rivière sur moi, la blonde aussi, Séléné, et même l'homme qui commande tout.

— Non, Margot ! Tu...

— Je sais tout ce que vous voulez savoir. Lâchez-le et amenez-moi. J'ai plus de chose à vous révéler que lui, promis.

L'homme semble perturbé. Ce n'était pas dans ses plans, apparemment. La blonde fait une moue désapprobatrice, Séléné me regarde avec un air surpris, et Théo avec un regard suppliant.

Ses yeux lancent des « Je peux me débrouiller seul ! » et des « Tu n'en sais pas assez à leur goût. » que je peux parfaitement intercepter, mais je préfère faire comme si je n'avais pas compris. 

Mon cœur bat de plus en plus fort dans ma poitrine. Ce n'est pas de la peur, je suis sûre de mon choix. 

Après quelques échanges de regards, l'homme finit par annoncer :

— On la prend à elle.

Je pousse un soupir de soulagement. Ils ne feront rien à Théo. Peu importe s'ils m'enlèvent tout ce que j'ai, au moins, il sera en-dehors de tout ça. C'est tout ce qui compte. Séléné hoche la tête et prend le pistolet des mains de la blonde, les mains tremblantes de ce que je perçois comme étant de l'incertitude.

Elle l'appuie sur ma tempe.

— Maintenant, tu nous suis sans parler, c'est clair ? chuchote-t-elle.

Sans bouger, je murmure un léger « oui » qui fait se décomposer le visage de Théo. Il n'est absolument pas d'accord avec ma décision, ça se voit dans ses yeux, mais je suis certaine d'avoir pris la bonne.

Je sors de l'immeuble en accélérant les pas et les accordant à ceux de Séléné qui est toujours près de moi. La blonde et le psychopathe sont plus loin derrière, comme s'ils nous surveillaient. Ils croient quoi, que je vais m'enfuir, peut-être ? Comme si j'en avais les moyens, là, maintenant.

La nuit est bien avancée, maintenant. Je ne sais pas quelle heure il est, mais minuit est déjà passé, c'est certain. Il n'y a pas un chat dans les rues. Séléné a cessé d'appuyer l'arme contre moi, ce qui m'arrange car ce n'est pas vraiment amusant d'être dans cette situation.

Après avoir traversé un dédale de rues – je ne sais pas pourquoi ils n'ont pas garé leur véhicule devant l'immeuble, directement, puisque leur but était de nous traquer –, nous arrivons enfin devant une petite camionnette stationnée dans un domaine privé. Je me retiens de faire la réflexion. S'ils se prennent une contravention, ce sera bien fait pour eux.

Ils montent dans l'habitacle et Séléné m'y pousse à dedans.

L'habitacle est exigu, surtout pour quatre personnes. Je dois me serrer contre la vitre, tout en réfléchissant à un possible plan d'évasion. Il n'y en a pas.

Je soupire et commence à sentir mes paupières se fermer.

Vraiment ? Dormir ici ? Oh, eh bien, pourquoi pas en fait ! Je suis fatiguée ; je dors, c'est aussi simple que ça !

Je me laisse sombrer dans un sommeil peuplé de rêves – cauchemars serait le mot plus approprié – dans lesquels on braque plein de pistolets vers moi. Je ne me réveille pas, pourtant. Mon subconscient doit avoir compris que ce n'est pas le moment de se réveiller.

C'est comme ça qu'une journée qui avait très bien commencée, finit en beauté.


~ NDA ~

Hey heyyyyy !!! J'espère que vous allez bien <3

Pour ma part ouiiii !!

Je tenais juste à vous dire un truc : continuez à faire des hypothèses, même si je ne réponds pas pour ne pas spoiler, je les lis toutes et j'adore ! Parfois, elles me font bien rire tellement elles sont loin de la vérité, parfois elles sont si près que j'ai peur que vous le découvriez avant l'heure et parfois... Vous avez raison 😅

En tout cas, passez une bonne soirée ! En espérant que ce très court chapitre vous aura plu,

Sa Majesté Aliénor 👑👑✨

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