Chapitre 5
PDV Margot
Nous avons pris un bus, un métro, un taxi... Nous avons traversé des kilomètres et nous voilà devant la porte d'un petit studio près d'une université.
— Alors, c'est là que tu vas faire tes études ?
Théo hoche la tête.
— C'est... Loin de Lyon.
— Oui.
— Et pourquoi as-tu choisie cette université en particulier ? Il y en a tant d'autres plus près.
— Je pensais qu'il était là. Ton frère, je veux dire. Quand cette université a accepté ma demande, je n'ai pas hésité une seconde, je l'ai choisie.
— Tu sais, ta vie ne tourne pas autour de mon frère. Il y a autre chose, aussi. Comme te famille, tes amis, ou... moi.
Il tourne la clef dans la serrure et la porte s'ouvre sans un grincement.
La pièce est plus petite que celle en Australie, mais peut tout de même accueillir une table basse, une télé, un fauteuil et une porte donnant sur une chambre.
— Je sais.
Il sort d'un petit sac en papier craft les sandwichs que nous avons achetés sur la route et m'en tend un. Je mange en silence, mais ce silence pèse sur mon cœur comme un poids très lourd.
— Qu'est-ce qu'il se passe en ce moment, entre nous, Théo ? je demande finalement.
Il se retourne pour m'observer de ses yeux azur, comme s'il sondait dans les miens une information qu'il avait du mal à comprendre. Mon cœur bat plus vite et j'ai envie de baisser les yeux, mais son regard d'acier reste invisiblement aimanté au mien.
— De quoi parles-tu ? finit-il par murmurer.
Je me lève et m'adosse au mur le plus proche. J'ai besoin d'être debout, peut-être pour cacher mes tremblements.
— Il y a quelque chose qui a changé, Théo, tu ne peux pas le nier. Nous ne sommes plus les mêmes, et j'ai constamment peur de la suite ! Je ne sais plus ce que je veux.
— Tu es en train de me dire que tu ne veux plus qu'on soit en couple ?
Il hausse un sourcil, comme lui seul sait le faire, et mon cœur fait un bond de géant dans ma poitrine, résonne dans tout mon corps et fait trembler mon épiderme.
— Non ! m'empressé-je de me justifier. Je veux juste que... Que tu me rassures, que tu me réconfortes. C'est tout ce que je demande.
Un pâle sourire apparaît sur son visage et il prend mes mains dans les siennes. Elles sont chaudes et douces, comme un halo de lumière.
— Et comment suis-je censé te réconforter ? chuchote-t-il.
— En m'embrassant, par exemple.
Son sourire en coin refait surface, mille fois plus beau à présent qu'il est près de moi, et réservé uniquement à moi.
— Hum... Bonne idée.
Il approche ses lèvres de mon visage et, comme à chaque fois, mon cœur rate un battement. Je vais finir par faire une crise cardiaque.
Il dépose un baiser sur mon menton, puis sur ma joue droite, et enfin, ses lèvres se scellent aux miennes.
Je ne sais pas vraiment combien de temps nous sommes restés là, dans la salle à manger de son minuscule studio dans la banlieue de Juneau. Peut-être que cela n'a duré que quelques minutes, ou peut-être quelques heures. Toujours est-il que j'étais heureuse, et je pense que lui aussi.
On finit par se détacher. Je reprends difficilement ma respiration mais parviens finalement à la caler sur la sienne.
Il est presque quatre heures de l'après-midi. Le soleil blanc tape sur les rares fenêtres.
— Tu vas rester combien de temps, ici ? demandé-je.
Il s'assoit sur la chaise qu'il occupait quelques temps plus tôt, autour de la petite table basse.
— Le temps de faire mes études.
— C'est-à-dire ? D'ailleurs, tu vas faire quoi, plus tard ?
— Je voudrais être ingénieur de la police technique et scientifique. Cinq ans d'étude en tout en université d'ingénieur.
— Attends, tu vas rester ici cinq ans ?
Après, je m'étonnais qu'il ne veuille pas me divulguer où il allait aller. En plus d'aller loin, il y va longtemps.
— Oui, si tout se passe bien.
— Bon, eh bien je viendrai avec toi, dans un an, quand j'aurai fini le lycée.
— Mais, tu souhaites exercer quel métier ?
Je me tais. Ça fait longtemps que je ne me suis plus posée cette question-là. Que vais-je faire ? Je ne sais pas.
— Hum... Aucune idée pour l'instant, mais ça viendra !
— Tu ne peux pas décider d'aller en Alaska si tu ne sais pas encore ce que tu vas faire plus tard.
— Je m'en fiche, au pire, je ferai comme toi.
Il me regarde avec son petit sourire en coin et finit par se retourner puis sortir deux verres.
— Tu veux quelque chose à boire ?
— Je veux bien de l'eau, s'il te plaît.
Il hoche la tête.
— Dans ton université, tu ne m'oubliras pas, pas vrai ?
— Bien sûr que non, à condition que tu penses à moi aussi, affirme-t-il.
— Alors, il n'y a aucun risque.
— Je t'aime.
— Moi aussi.
PDV Séléné
J'entre dans le hall, il est animé mais il n'y a pas non plus énormément de personnes. Tout est très éclairé, en revanche.
Je m'approche du comptoir au un homme compte des billets.
Il est resté dehors, trop occupé à ne rien faire, sans doute. Je me racle la gorge pour signaler ma présence au monsieur aux billets.
Aucune réaction.
Je soupire et dis d'une voix claire :
— Monsieur !
Il lève sa tête en sursautant. Il a les yeux marron et les cheveux très blonds.
— Oui, que puis-je faire pour vous ?
— J'ai une petite question.
Il fronce ses sourcils touffus et jette un coup d'œil derrière mon dos, où se trouve la porte vitrée, et donc mon père. Je suis mal à l'aise, mais je me force à afficher un air normal – d'après moi.
— Je vous écoute.
— Je suis à la recherche de... Ma sœur. Et son copain. Ils ont fugué ensemble. Est-ce que vous les avez vus ? Normalement, ils étaient là hier.
C'est dur de parler anglais, quand on a passé sa vie enfermée dans sa maison, pour finalement en sortir et parler uniquement français.
— Puis-je avoir une description ? demande le monsieur, toujours accoudé à son comptoir, une liasse de billets à la main.
— Ma sœur est de taille moyenne, brune, cheveux longs lissés, yeux marron, et elle est blanche de peau. Son copain est brun aussi, il a les yeux bleus et la peau blanche. Ils sont âgés de dix-sept et dix-huit ans.
Le monsieur hoche la tête, il a l'air de voir de qui je parle. Je soupire de soulagement. Il va être fier de moi, pour une fois. J'attends qu'il me parle, entourant mes doigts nerveusement avec une mèche de cheveux échappée de ma queue-de-cheval.
— Je les ai vus, oui. Ils sont arrivés avant-hier, et ne sont pas restés bien longtemps. Ils fugaient, vous dites ?
— Oui, ils fugaient, dis-je avec assurance.
Il caresse sa barbe de trois jours, l'air pensif.
— Il avaient pourtant l'air de fuir quelque chose, il me semble. Mais, je dois sûrement me tromper.
Alors ainsi, ils étaient au courant. Ils savaient qu'on les avait trouvés, c'est pour ça qu'ils sont partis. Peut-être que cette fois aussi, ils avaient un coup d'avance. Il ne va peut-être pas être très gentil avec moi, finalement.
Je baisse la tête, et le monsieur doit remarquer mon trouble puisqu'il contourne son comptoir et s'approche de moi.
— Qu'est-ce qui ne va pas, mademoiselle ?
— Rien, ce n'est rien, n'ayez pas d'inquiétude pour ça. Je vais retrouver ma sœur.
— Eh bien, je vous souhaite bonne chance. Votre sœur avait l'air déterminée.
Je hoche la tête et sors du bâtiment. Le contraste de température me fait frissonner et je remonte mon écharpe autour de mon cou.
— Alors ? me demande-t-il.
— Rien. Ils sont partis.
Il pousse une horde de jurons plus grossiers les uns que les autres et finit par relever la tête, ses sourcils en bataille froncés.
— Bon, qu'est-ce qu'on fait ?
Waouh. Gros progrès. C'est la première fois qu'il me demande mon avis depuis que je suis née.
— Je ne sais pas, c'est toi qui m'a entraînée dans tout ça, non ?
Il grogne comme un animal. Il ressemble à un ours, à bien y réfléchir. En plus dangereux.
— Monte dans la voiture, je pense savoir où ils sont.
— Ah oui ? Comment as-tu fait ?
— Ça te regarde ? Suis-moi.
J'obtempère, un brin agacée. Je commence à en avoir assez de tous ces secrets. Il ne peut pas tout me dire une bonne fois pour toute ? Qui est-ce qui meurt dans quelques mois ? Lui, ou moi ? J'aimerais que ce soit lui, malheureusement la vie ne m'a pas donné le privilège de le voir mourir. À part si c'est moi qui l'assassine. Non, je suis contre la violence. Dommage.
Nous montons donc dans ce qu'il appelle « une voiture ». C'est un taxi, évidemment. Il ne me semble pas qu'il soit possible de prendre sa voiture dans un avion.
Le soleil commence à décliner, laissant ses derniers rayons d'une lumière chaude s'infiltrer derrière les fenêtre du taxi, jusque dans les pores de ma peau. La douleur est si forte, que, dans de rares moments de répit, je ne la sens plus. Elle est en train de me détruire, comme celui qui est assis près de moi.
~ NDA ~
Bonjour mes chers sujeeeeeets !!! Comment allez-vous ?
Désolée pour le retard mais... J'ai pas à m'en excuser bon sang de bonsoir !
(Ça se voit que je suis folle ? Non. Absolument pas voyons.)
Bref, j'espère que vous avez aimé ce court chapitre !! À bientôt !!!
Aliénor, votre reine ✨✨👑
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