Chapitre 1


Point de vue Allie


Notre voiture n'a rien d'un bolide ni même d'une voiture d'exception, à vrai dire elle n'a rien d'exceptionnel. Vous voyez ces fameux monospace familiale que tout le monde achète lorsqu'un homme et une femme fonde une famille.Ils troquent leur belle voiture, investissant dans une pseudo voiture contenant plus de place au cas où on deviendrait nombreux un jour.Les adultes sont doués pour anticiper.

Pourtant, actuellement,nous ne sommes que 3 dans cette voiture : ma mère, mon père et moi plus nos affaires. Enfin, celles qui ont bien voulu prendre la peine de rentrer dans cette pseudo voiture. Le reste nous sera livré dès demain par un camion adapté à notre situation. Situation qui est un déménagement. Les ados sont nuls pour anticiper. Ou alors c'est juste moi qui n'est rien vu venir.

Un soir, mes parents se sont assis tout souriant autour de notre petite table, installé sur la terrasse se tenant main dans la main pour prononcer les mots suivants :

- Allie ton père a enfin eu cette fameuse promotion tant désirée. Il faut que nous partions dans un mois pour Miami.

Et voilà comment à l'âge de 20 ans j'ai vu ma vie s'effondrer. Allie, c'est moi, jeune fille en étude de montage. Plutôt de taille moyenne, qualifiée comme petite de temps à autre, avec une couleur de cheveux indéfinissable. Tantôt blond cendré, tantôt châtain clair, aller donc comprendre. Yeux bleu, vert ainsi que gris, là encore, je n'ai pas su me contenter d'une seule couleur. Je m'amuse souvent à me faire un trait de liner relativement épais dans l'espoir de faire ressortir quelque chose de mes yeux ou peut-être est-ce juste pour me donner confiance en moi, je n'ai jamais vraiment su. Je n'ai rien d'un mannequin mais je m'apprécie telle que je suis. Je suis aussi le genre de fille qui relativise et prends la vie à la rigolade mais là, rien ne me donne envie de rire. J'aimais ma vie, j'avais des amis, une famille pas très loin, des endroits sympas à fréquenter la belle vie quoi. Et aujourd'hui, je me retrouve là assise dans cette voiture en route pour une ville qui ne m'enchante pas. Vers une vie qui ne me motive pas. Pour des raisons que je comprends mais n'accepte pas pour autant.

J'ai 20 ans. J'aurais pu prendre un appart'. Mais non, mes parents ont tenu à ce que je les suive. Ce qui n'est absolument pas logique, car dans quelques jours,je serai à la fac. En coloc j'imagine, avec une personne que je ne connais pas, vu que dans cette ville je ne connais personne. Et pourtant, malgré ma désapprobation, les kilomètres ne cessent de s'enchaîner, m'amenant petit à petit, vers ma nouvelle vie et m'éloignant encore un peu plus de mon ancienne.

De temps à autre, je lâche un soupir qui n'échappe jamais à ma mère, qui pour me réconforter me vante les mérites de la ville de Miami. Ou se contente juste de me rassurer en me disant que je vais adorer vivre ici et que d'ici peu mon ancienne vie à New York me semblera n'être qu'un lointain souvenir. J'aimerais me convaincre qu'elle a raison mais j'en doute. Je ne vois pas comment je pourrais être contente de vivre ici alors que je n'ai jamais voulu quitter New York, a aucun moment de ma vie je n'ai souhaité partir.

Parfois au cours du trajet, je me suis imaginée, moi assise autour de notre fameuse table, me tenant la main et annonçant à mes parents que l'on devait déménager, car j'ai eu la promotion que je voulais, ne leur laissant pas d'autre choix que de me suivre. Je me demande comment les parents réagiraient si parfois on inversait les rôles. Je pense qu'à ce moment-là ils comprendraient peut-être ce que je ressens.

J'ai prié ce matin pour que la voiture ne démarre pas. Que la maison dans laquelle nous devions emménager prenne subitement feu. En bref, j'ai prié pour qu'à peu près n'importe quelle catastrophe pouvant m'empêcher de partir se produise. En vain.

Je regarde le paysage défiler et un énième soupire m'échappe. Ma mère ne trouvant plus d'argument, pour me réconforter, se contente de m'adresser un simple sourire. Je ferme les yeux un instant, priant pour qu'à mon réveil se soit ma vraie maison qui apparaisse ou bien que je me réveille dans mon lit, réalisant que tout cela n'était qu'un sale cauchemar et que la vie continue. Mais quand j'ouvre les yeux ce n'est pas ma maison qui apparaît ni même moi qui me réveille dans mon lit mais mon nouveau chez moi. Mes parents sourient et ma mère dit fièrement :

- Allie nous sommes arrivés !


Ce n'est donc pas un cauchemar mais bien ma vie qui prend un tout nouveau tournant.

Je descends à contrecœur poussant mon dernier soupir. Machinalement, je regarde la route et c'est comme si au loin le paysage qui de là où je suis me semble inaccessible représentait mon ancienne vie. Tellement proche mais hors de portée. Puis je me tourne vers mon nouveau chez moi. Ma nouvelle vie commence à partir de maintenant, sous mon nez et à contre cœur, mais elle commence.

La maison vue de l'extérieur ressemble à une villa. Elle est tout simplement immense, et j'imagine qu'une fois à l'intérieur cette impression doit se confirmer.

Mes parents emboîtent le pas et je fais de même. Cette villa est mon nouveau chez moi et pourtant lorsque j'entre, je ne me sens pas à ma place. Mes parents font le tour des lieux, ils semblent heureux, l'endroit leur plaît il n'y a pas l'ombre d'un doute là dessus. Moi je m'efforce de les suivre contemplant chaque pièce, affichant mon faux sourire et priant pour qu'à chaque fois que l'on ouvre une porte ou traverse un couloir, la visite s'arrête là. Il y a tellement de pièce qu'à force j'ai arrêté de compter.

Puis, ma mère s'arrête devant une des nombreuses pièces et me fait signe de la rejoindre.Cette fameuse pièce est ma nouvelle chambre. J'entre et admire la grandeur de cette chambre qui ne me servira que quand je souhaiterais rentrer chez moi ou bien quand se sera les vacances. Elle possède une salle de bain ce que je trouve vraiment pratique je l'avoue. Elle comporte également une partie dressing qui m'a l'air immense également. Sinon la déco reste basique: des murs blancs, un grand lit, un bureau blanc avec la chaise qui va avec et deux tables dechevets qui entoure le lit. Mes parents décident de me laisser découvrir mon nouveau chez moi et s'en vont refermant la porte derrière eux. Je m'effondre sur le lit et contemple le plafond.

Bilan du jour:

• Je suis arrivée dans une ville qui malgré sa réputation ne m'emballe toujours pas.

• Je vis désormais dans une villa. Je dois bien le reconnaître actuellement, j'ai l'impression d'être millionnaire alors que pas du tout. Enfin je ne crois pas, faudrait que je repose la question à mes parents on ne sait jamais.

• Je prends les cours dans quelques jours dans un endroit que je ne connais pas où il y a des gens que je ne connais pas. On adore.

• Je ne me sens pas à ma place.

Et je crois que c'est à peu près tout.


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