΅ XXVIII ΅

« Allez Liam, tu commences ! »

Le repas était fini depuis quelques minutes à peine, et tout le monde était déjà autour du sapin, à distribuer les cadeaux entassés dessous. Et la distribution finie, Liam se vit chargé d'ouvrir le bal des cadeaux.

« Euh, j'ai les cadeaux de qui, là ? Demanda-t-il avant d'ouvrir quoi que ce soit. J'en ai six... Et vous êtes six. Donc tout le monde m'a offert quelque chose.

— Qu'est-ce qu'il est intelligent cet enfant, sourit Charlie à Pierrot, qui était sous sa montagne de plaids longuement élaborée dans le canapé.

— C'est pas beau de se moquer, la corrigea gentiment l'orfèvre. Moi je t'ai offert le rouge ! Signala-t-il à Liam, par compassion. »

Le magasin où il avait pris tout son chocolat n'avait que du papier cadeau rouge et doré, mais Pierrot en était content : même si ce n'était pas le plus original qui soit, les autres papiers n'étaient clairement pas aussi jolis, sans compter les — le — cadeau pas emballé.

« Eh bien je décrète que désormais, mon meilleur copain c'est Pierrot, déclara Liam en prenant ce cadeau-là pour commencer — et il ne put pas voir le sourire qui naquit sur les lèvres de l'intéressé, mais les autres si. Je suis sûr que celui qui n'est pas emballé c'est le tien, Will.

— Oui, assuma le blond. Tu l'aimes ? »

Ça dépend si on aime se voir offrir un balai à chiottes, bouffon.

« Ça aidera mes toilettes la prochaine fois que tu décideras d'être malade dedans, sourit Liam d'un air si aimable que Pierrot ne comprit pas qu'il y avait une blague, sur le coup — il fut le seul à ne pas rire, alors la déduction se fit toute seule. »

Wilhelm avait adopté une pittoresque couleur cramoisie. Pierrot en ricanait intérieurement.

« Mais, ce cadeau, reprit Liam en regardant Pierrot. Tu l'as acheté en venant ?

— Oui, comme à la base je devais fêter juste avec Niall je n'ai un bon cadeau que pour lui, désolé, s'excusa-t-il à la cantonade, même si tout le monde lui affirma que ce n'était pas grave.

— C'est une barbe de père Noël ? Devina robocop en déballant la boîte, qui tout à coup ne semblait plus être une si bonne idée pour Pierrot."

Il ressentit donc le besoin de se justifier.

« Oui, je ne savais vraiment pas quoi prendre, désolé, s'excusa-t-il à moitié — et encore une fois, tout le monde lui assura que ce n'était pas grave, même s'il y croyait moyen. »

Le reste du tas de Liam comportait une nouvelle souris d'ordinateur de la part de Charlie, des vacances au soleil de la part de Niall, et un coussin pour les cervicales de la part d'Harry.

Ce dernier cadeau eut une utilité assez abstraite à l'invité, mais Liam avait l'air content.

Charlie, quant à elle, eut une variété de pâtes grumeleuses satisfaisantes de la part du bouffon — on s'étonne —, des écouteurs dernier cri de la part de Niall, une peluche toute douce en forme de nuage de Liam, un anti-stress d'Harry — cadeau qui ne surprit pas Pierrot — et le chocolat de Pierrot, dont elle essayait péniblement de trouver la forme.

« Mais j'ai peur de trop mettre mes mains dessus, ça va fondre ! Se défendit-elle quand les autres lui dirent d'y aller plus franco.

— Alors justement, c'est quelque chose qui fond, l'aiguilla Pierrot d'un ton taquin tranquille.

— Un glaçon ? »

Wilhelm ricana. Charlie lui mima une baffe.

« Non, c'est ce qui fait fondre un glaçon.

— Mais comment ça peut fondre si ça fait fondre- DES BOUGIES ! — Elle fit sursauter Louis dans son fauteuil, et Harry aussi. C'est des bougies en chocolat !

— Bravo sweetie, mais ne crie pas s'il te plaît, grogna Louis en se frottant le crâne — apparemment, il était en train de s'endormir, chose que Pierrot se retrouvait à lui envier.

— Ouvre tes cadeaux au lieu de parler. »

Louis découvrit sa botte en chocolat avec une surprise louable, des chaussettes bien chaudes de la part d'Harry — cadeau qui mit Pierrot perplexe quelques minutes avant de se rappeler que Louis était paraplégique —, un canard en plastique de la part du bouffon, un abonnement à une revue de Liam, et une playlist de sommeil de la part de Charlie — sujet qui apparemment était suprêmement intéressant dans leur relation, chose que découvrit Pierrot en les écoutant en parler ensuite.

Niall, lui, eut plutôt des cadeaux marrants, pour des raisons que Pierrot comprenait implicitement une fois qu'il l'avait vu avec ses amis. Liam lui avait offert un gant de toilette grenouille, Charlie une cravate avec des hot-dogs dessus, Wilhelm un décapsuleur très très moche, Harry des bouillons cube, et Louis des tongs avec des poils. Le cadeau en métal de Pierrot détonnait un peu, mais tout le monde fut fasciné par l'objet, et Niall dut se retenir d'aller l'embrasser.

Le bouffon eut des cadeaux similaires à tous ceux qu'il avait faits : des bêtises en plastique au string en collier de bonbons — ça existe, et c'est lui qui en a hérité —, il ne lui manquait que les bières et la poupée gonflable pour être un dépravé complet, même si aux yeux de Pierrot cette réputation n'était plus à faire. Le chocolat rattrapait un peu le coup, bizarrement — eu égard aux pensées qui lui avaient fait choisir des grelots.

Harry eut par contre des cadeaux très simples en comparaison, si on omettait celui de Charlie : une clef, grosse et lourde, qui appartenait visiblement à un très vieux meuble, dix-huitième ou moins. Aux yeux d'un orfèvre pur sang.

« Elle ouvre quelque chose chez moi, si tu es sage tu pourras y aller, promit Charlie au bouclé en sentant que personne ne comprenait l'intérêt de la clef sortie de son papier coloré — le silence était assez indicateur de ce qui traversait la petite assemblée, même si pour sa part, Pierrot essayait de voir la facture de la clef ; pas les mêmes préoccupations que les autres, quoi. »

Harry déballa ensuite son chocolat, le petit soldat.

« Je l'ai prise parce qu'il a une petite boucle sur le front, comme toi, se justifia Pierrot en remarquant qu'Harry observait la friandise. Le reste du magasin avait des trucs intéressants, mais je ne me voyais pas vous les offrir.

— Genre ? »

Je ne veux pas qu'il imaginent des trucs de fou et se disent qu'ils auraient pu avoir mieux.

« Votre prénom en chocolat ? Mentit-il alors à moitié, sachant que le magasin avait cette option là, puisqu'il l'avait vu en allant à la caisse. »

Grimace collective. Pierrot avait bien fait de mentir.

Pour le fun, Pierrot se vit d'ailleurs offrir des boîtes de chocolats de la part du bouffon et Liam — Wilhelm avait fait un détour par son appartement pour aller la chercher, et Liam avait tiré la sienne de sa réserve personnelle — et Niall lui avait offert un flacon d'une solution de machin-truc chimique dont les particules noircissaient à la lumière et se durcissaient pour faire des formes si on le secouait ou approchait un aimant. Pierrot fut très content. Cependant, le cadeau d'Harry le laissa perplexe.

« C'est un pierrot, et, enfin, j'ai trouvé ça amusant comme petite référence, voulut se dépatouiller le plus jeune, que la concentration de l'orfèvre sur la plaquette semblait inquiéter. »

De fait, Pierrot sérieux détonne énormément du Pierrot qu'ils ont vu toute la soirée.

Mais il était très intrigué par cette plaquette, voyez-vous. C'était pour ça qu'il y passait autant de temps.

En fait, c'était une plaquette de porte, en feraille teinte et martelée, qui représentait un pierrot traditionnel de dos, en train de travailler sur le coin supérieur droit, à la lumière d'une lampe à pétrole, mais qui sur le reste de la plaquette avait un tout autre visage, en train de jouer avec des petits bonshommes et des blocs en pain d'épices, un grand sourire sur le visage.

Et Pierrot avait beaucoup de mal à ne pas faire le lien entre ce pierrot qui jouait et ses rêves.

Comme Harry stressait manifestement de plus en plus de ne pas le voir réagir, il se força à sortir de sa contemplation, qu'il pourrait faire chez lui après-coup.

« Je- ouais, merci, sourit-il d'une manière un peu bancale, j'aime bien hein ! Vraiment, arrête de rire toi, lança-t-il au bouffon, qui avait esquissé un rictus. Je vois juste très très mal, alors je n'arrive pas comprendre ce qu'il fait... Il joue ? C'est ça ? »

Pierrot rapprocha plus la plaquette de son visage comme s'il avait des problèmes de vision, et Harry eut l'air rassuré.

Je suis donc un acteur hors-pair.

« Le jeu de mot avec ton nom ne te dérange pas ? S'inquiéta tout de même le garçon, qui avait l'air de croire qu'il avait blessé Pierrot.

— Ah non, je dois dire qu'on ne me l'avait jamais faite celle-là, répondit le jeune homme distraitement. Mais, mes chers nouveaux amis, je crois qu'il est temps pour moi de vous laisser, s'excusa-t-il en se redressant maladroitementct dans le canapé. Je suis en train de m'endormir sur place.

— Mince, c'est vrai que tu voulais aller te coucher tôt ! Se souvint Wilhelm en se levant pour l'accompagner. Désolé, on aurait pu avancer l'heure des cadeaux ! Il est quelle heure Liam ?

— Vingt-deux heures trente mon prince.

— Oh putain de merde, on aurait vraiment dû avancer l'heure des cadeaux. Bougez pas vous, je reviens. »

Mais c'est vrai que c'est chez le bouffon que je dors, moi, se souvint Pierrot en ramassant ses affaires et regardant Wilhelm paniquer pour voir si son invité n'oubliait rien.

Il finirent pas sortir de l'appartement après s'être fait des adieux déchirants — nan, en vrai ils se verraient le lendemain pour petit-déjeuner, mais c'était quand même marrant de mimer le drame —, et il constata en entrant chez Wilhelm, d'une part que c'était bien rangé — ce qui decrédibilisait complètement son personnage —, et aussi que la position des murs était exactement la même que chez Liam, trois mètres plus loin, mais dans l'autre sens.

Comme une maison playmobil.

« Désolé si c'est un peu bazar, j'ai rangé tout à l'heure, mais je n'ai pas vérifié partout, s'excusa Wilhelm en s'arrêtant dans l'entrée pour que Pierrot pose son manteau et ses chaussures. »

Pierrot se retint de lui envoyer un regard blasé — et déçu, de ne pas voir le bordel originel.

« Je ne m'en serais pas vexé, tu as bien vu comment c'était chez moi... Dit-il simplement d'un ton qu'il espérait pas trop froid. »

Un truc que Pierrot ne vous a jamais dit : il est très nul pour parler aux gens, et les clash parfois sans faire exprès, sachant que même s'ils disent l'inverse, les gens sont très rancuniers. C'est l'une des raisons pour lesquelles il ne reste jamais longtemps en société.

« Oh, c'était plutôt bien rangé, le défendit Wilhelm, avec l'air d'être honnête. »

Si tu le dis. Ça fait des semaines que j'ai pas touché à mon aspi.

« Du coup, mon palace ? Reprit Pierrot d'une voix calme après que ses pompes eurent rejoint le sol.

— Alors c'est pas dur, lui montra le bouffon en commençant à s'orienter dans l'appartement plongé dans la pénombre. Tu vois, »

Justement non, je vois pas comme t'as pas allumé la lumière. C'est legit si je rouvre la porte du couloir pour y voir quelque chose ?

« Pierrot ? Tu viens ? »

Le jeune homme se réveilla et marcha dans la direction approximative de la voix de Wilhelm, mais se prit un mur dans la tronche.

« Aïe.

— Oh pardon, j'avais oublié, s'exclama Wilhelm en constatant le problème. Attention les yeux ! »

Une seconde plus tard, la lumière s'allumait, et Pierrot n'avait pas eu le temps de fermer les yeux, ses cornée ne le remerciant certainement pas de sa lenteur de réaction.

« Merde, ça va ? Accourut Wilhelm quand il vit la figure crispée de son invité. J'aurais dû attendre plus ?

— Oui, répondit simplement le jeune homme en rouvrant les yeux. Bon, tu me fais visiter ? »

Il n'allait pas demander pourquoi la lumière n'avait pas été allumée dès le début, il estimait que ce n'était pas intéressant. Wilhelm se contenta ensuite de lui montrer toutes les pièces de vie ; il n'y en avait que trois en réalité, avec le salon, la cuisine, et la salle à manger, par laquelle il fallait obligatoirement passer pour atteindre la chambre d'amis, salle à manger qui avait d'ailleurs été reconvertie en atelier de couture, mais Pierrot ne dit rien.

« Ta chambre est là, lui indiqua Wilhelm en montrant la porte latérale, et tu as une salle de bain avec toilettes personnelles. Tu as besoin de quelque chose ? Ou tu as ta serviette de toilette, tout ça ?

— J'ai tout ce qu'il me faut, merci- Quoique, est-ce que tu peux me donner un verre, s'il te plaît ? »

Wilhelm fit un rapide aller-retour jusqu'à la cuisine, laissant le temps à Pierrot de découvrir son nouvel environnement. La lumière de la chambre était chaude, et ne lui agressait pas les yeux, pas comme celle de chez lui — ça fait des années qu'il doit changer l'ampoule —, ce qui apaisait son cerveau doucement, en plus du calme qui régnait dans l'appartement.

C'était fou comment l'immeuble était isolé. Il sentait que les autres continuaient à se chamailler chez Liam, mais il n'entendait rien du tout.

Rien du tout, excepté les pas du bouffon qui revenait.

« Voilà, c'est pour prendre tes médicaments j'imagine ? Lui demanda-t-il en lui tendant un verre joliment ciselé. »

... OUAIS. J'avais juste soif, mais maintenant que tu le dis ça fait plus de sens.

« C'est ça. Tu vas retourner avec les autres ?

— Oui, tu veux que je reste ? »

L'ambiance était si étrange. Pierrot ressentait de plus en plus cette impression de familiarité avec Wilhelm, mais il ne savait pas d'où, et... Ce regard inquiet que l'étudiant posait sur lui était vraiment bizarre compte tenu de la durée de leur amitié — trois heures maximum.

« ...Non, non, tu peux y aller, ne t'inquiète pas, répondit Pierrot avec un temps de retard qui fit froncer les sourcils au bouffon, qui du coup ne ressemblait plus trop à un bouffon. Non mais vraiment ! Lui assura l'orfèvre, je suis juste crevé, et je commence à avoir mal à la tête... »

Et les sourcils du bouffon revinrent à leur place. Pierrot se sentit mieux.

« Ah, c'est vrai, j'oublie à chaque fois que tu es malade, s'excusa l'étudiant en passant une main dans des cheveux, gêné. Je ne vais pas te déranger plus longtemps alors... »

Wilhelm. On est chez toi.

« Passe une bonne soirée, lui souhaita Pierrot en penchant la tête sur le côté pour bien montrer qu'il ne lui en voulait pas à lui ni à personne d'autre — pour lui, ce geste est très explicite, laissons-lui croire qu'il a raison.

— Euh, bah, dors bien, dit Wilhelm maladroitement en commençant à reculer. Les murs sont épais et j'ai le sommeil lourd, mais n'hésite pas à hurler si tu as besoin de quelque chose ou que tu te sens mal... Ou va me chercher chez Liam si je ne suis pas rentré.

— C'est compris, acquiesça Pierrot. À demain. »

Et il repencha la tête en souriant. Wilhelm le regarda une seconde et partit ensuite, la porte de l'appartement claquant une minute plus tard.

Pierrot se retourna vers le lit deux places qu'il avait délibérément ignoré jusque là.

Bon, à nous deux, grosse bête.

Juste, avant je vais aller me changer, me laver et tout ça. Mais après on parle.

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