Petits petits petits...
Pierrot s'empara de la boîte à diamants de son père comme un rapace chiperait une souris. Il jeta un léger regard derrière son épaule, mais l'atelier était toujours aussi vide, et la boutique fermée. Aucune chance que quiconque soit entré.
« Je ne peux me lasser de vous regarder, soupira-t-il en rouvrant la boîte pour la quinzième fois depuis une heure. »
Le fait était qu'il était accro à ce genre de trucs. Qui brillent et qui capturent l'œil. Vous savez qu'il a déjà passé une heure devant une affiche de flacon de parfum, sous un abribus ? Il avait oublié que le temps était censé passer. Et du coup, il avait manqué six bus.
S'il n'arrivait pas à penser à autre chose que ces petites merveilles, ce jour-là, c'était également car son occupation était des plus ennuyeuses et rébarbatives ; le nombre des machines de son père était juste démentiel, et de fait, la surface à nettoyer aussi ; ça faisait des heures depuis des jours qu'il était dessus. Il avait pensé à faire appel à l'entreprise qu'il appelait d'habitude lorsqu'il devait faire ça chez lui, mais le prochain créneau qu'ils auraient ne serait sans doute pas avant des mois, et son père avait besoin de son atelier rapidement. Et puis c'était trop cher.
« Je suis sûr qu'il ne le remarquerait même pas si l'un de vous disparaissait, soupira-t-il négligemment en regardant les diamants sous toutes leurs arêtes chatoyantes, tout en sachant pertinemment que c'était faux ; son père tenait les mêmes registres que lui sur les possessions qu'il avait, qu'il vendait, ou achetait. Ça pourrait être ma petite compensation... »
Il tendit la main vers le plus gros d'entre eux pour le regarder de plus près, et nullement pour mettre sa 'menace' à exécution, mais une brusque présence derrière lui le fit sursauter, et il cacha son trésor derrière lui en feulant.
Sharika se tenait là, tout sourire.
« Ah, tu ne m'avais pas remarqué ? Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur ! »
Pierrot, le cerveau bloqué, se revisualisa en train de fermer la porte de la boutique derrière lui, et même vérifier cinquante fois l'avoir fait ensuite. Alors qu'est-ce que Sharika foutait là ?
« C'est un bel endroit, continua l'égyptien en levant le nez. C'est l'atelier de ton père, c'est ça ? Tu dois le remettre en état ? »
Et il avait toujours son petit sourire que Pierrot ne supportait pas.
« Je- Que- Tu- Quoi ? »
Éloquence ? Où es-tu ?
« Oh, pardon, tu ne me reconnais pas ? C'est moi, Sharika, sourit le jeune homme en penchant sa tête sur le côté, secouant sa main comme un petit salut.
— Euh- C'est pas le problème- Qu'est-ce que tu fais là ? »
Il eut l'air si surpris que Pierrot eut le clair sentiment d'être con.
« Oh ! Ton père m'a filé un double des clefs pour que je vienne te surveiller, et faire l'inspecteur des travaux finis, comme il dit. Il revient la semaine prochaine, il te l'a dit, non ? »
...Non. Mais je suis ici depuis des jours de toute façon, alors je n'ai pas beaucoup demandé de ses nouvelles non plus.
« Son médecin lui a donné l'autorisation de retravailler aussi tôt ? S'étonna plutôt Pierrot. »
Ferronnier d'art est un métier physique, et le père de Pierrot avait encore des difficultés à se déplacer et à retrouver sa force d'antan, la dernière fois qu'il l'avait vu.
« Pas vraiment comme avant, mais oui. Il devra utiliser des machines pour déplacer les pièces, et faire appel à ses employés pour effectuer des tâches qui demanderaient de la force.
— Ah, il les a retrouvés ?
— Qui ça ?
— Ses employés. »
Sharika eut un instant de pause, avec ces yeux de chat qui dérangeaient beaucoup l'orfèvre.
« Il me semble que oui. »
Donc ni oui ni non, mais plus oui que non. Je vois.
« Bon, bah c'était un plaisir de te revoir en tout cas, fit mine de le raccompagner Pierrot, qui voulait fuir toute conversation avec cet individu.
— Eh, mais qu'est-ce que tu fais ? Tu oublies que je suis censé juger ton travail ! »
Et Pierrot retint une plainte. Putain de papa qui l'empêchait de bâcler ce qu'il lui avait demandé de faire.
« Ça doit faire du travail, tout ça, siffla Sharika de sa voix éternellement calme en marchant le nez en l'air, guettant sans doute la hauteur sous plafond — juste immense, ça va de soi. »
Pierrot se garda de répondre une remarque sarcastique, et le retint de rentrer dans une sableuse.
« Merci. Tu sais, je pense que tu devrais mettre un peu plus d'ardeur à la tache, continua le caissier en se penchant sur quelques unes des machines qui étaient proches d'eux. C'est encore bien sale, et plein de poussière. »
Gna gna gna, et moi je suis beau et je viens bâcher ton travail alors que je ne fais que des trucs de beau de mes journées, et gna gna gna...
« Je n'ai pas encore fait cette partie-là, répondit-il gentiment en se retenant FORTEMENT de lui faire une remarque — il déteste faire le ménage et il est fatigué. J'ai eu le temps de faire toute cette moitié, là-bas. »
Et il fit un mouvement du bras englobant les trois autres quarts de l'atelier.
« Tu aurais pu le dire tout de suite, il faudrait que tu finisses avant que ton père ne revienne... se pressa Sharika. »
Oui ben calme-toi, y a pas le feu au lac. En plus, il ne revient que dans six jours.
« Si tu as des trucs à faire... tenta Pierrot, qui détestait réellement les gêneurs.
— Bien tenté. »
Alors il souffla, subit une inspection/visite des plus longues, et en eut tellement marre de marcher qu'il espéra que son futur rêve ne serait pas à propos de ça, parce que sinon, Jésus ou pas, il pèterait un câble.
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