΅ LVII ΅
Vous savez ce que Pierrot va vous dire.
Qu'aujourd'hui est un jour habituel, où ils vont au Temple, parlent à des gens sous le soleil, ont mal au crâne parce que Jésus est trop intelligent, tout ça.
Vous avez bien raison de penser ça, parce que c'est le cas : ce jour-là était un jour absolument comme les autres. À ceci près qu'après la séance de Temple, un riche s'approcha de leur petite troupe, qui était en déplacement vers la quête de la bouffe, pour poser une question à Jésus.
Pas un moche, hein. Un riche. Pas la même chose.
"Tu penses que je dois le faire partir ? Souffla Barthélémy à Pierrot quand le riche se dirigea définitivement d'eux, un air déterminé sur le visage.
— Non, il n'est pas méchant, lui répondit l'orfèvre sur le même ton.
— Comment tu le sais ? Il a l'air d'être comme eux, marmonna son ami en faisant un mouvement de tête pour désigner un petit groupe de moches qui passait sur la place au même moment.
— Je sais pas, comme ça, murmura Pierrot en se faisant la réflexion que ouais, il avait acquis un truc à force d'être dans ce monde."
Peut-être était-ce un détecteur d'hypocrisie, ou juste un talent pour comprendre les intentions des gens, mais il savait en lui-même que le jeune homme qui attendait que Jésus ait fini de parler à une grand-mère n'était pas foncièrement mauvais. Et ne cherchait pas la merde, accessoirement.
"Oh, je le connais, c'est un notable, poppa André entre eux avec la bonne humeur qui lui était coutumière aux alentours de midi.
— Il n'est pas là pour embêter Jésus ? S'assura Barthélémy auprès de lui — à croire que Pierrot n'était pas une source fiable.
— Non, il est très fidèle à ses commandements. C'est un bon ami, le rassura André, ce qui fit douter Pierrot de ses capacités de clairvoyance ; peut-être qu'il avait juste vu ce gars quelque part avec André. "
Ce qui était honnêtement un peu décevant. Mais bon, la grand-mère s'en alla, et le notable put parler à Jésus.
« Bon maître, lui demanda-t-il avec une déférence non feinte, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ?
— Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n'est bon, sinon Dieu seul, rétorqua Jésus — sans méchanceté. Tu connais les commandements :
Ne commets pas d'adultère,
Ne commets pas de meurtre,
Ne commets pas de vol,
Ne porte pas de faux témoignage,
Honore ton père et ta mère. »
C'est marrant, on dirait qu'il le connaît déjà.
« Tout cela, je l'ai observé depuis ma jeunesse, répondit le notable en inclinant la tête. »
Pierrot n'en crut pas ses oreilles, et crut par contre avoir affaire à un saint.
« Une seule chose te fait encore défaut, le détrompa Jésus : vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. »
Vous voyez la définition d'une tristesse infinie ? C'est la vision qu'eut Pierrot en un instant. Jésus réagit, et lui mit la main sur l'épaule — au riche, pas à Pierrot — :
« Comme il est difficile à ceux qui possèdent des richesses de pénétrer dans le royaume de Dieu ! Car il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. »
Heureusement que je suis normal. Enfin, j'ai l'héritage de maman, mais... Yolo.
« Mais alors, qui peut être sauvé ? Entendit Pierrot près de lui.
— Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu. »
Pourquoi quoi que Jésus dise il a trop la classe ?
Pour une fois, Pierrot ne se contenta pas d'écouter, parce que lui vint une réplique, sans doute pour se rassurer lui-même :
« Voici que nous-mêmes, après avoir quitté ce qui nous appartenait, nous t'avons suivi. »
Le regard qu'il avait eu tant de mal à reproduire se posa dans le sien.
« Amen, je vous le dis : nul n'aura quitté, à cause du royaume de Dieu, une maison, une femme, des frères, des parents, des enfants, sans qu'il ne reçoive bien davantage en ce temps-ci, dans le monde à venir, la vie éternelle. »
Okay, je suis sauvé, tout va bien.
Un peu plus tard, après leur repas, ils étaient sur le départ, un peu à l'écart des lieux publics. Jésus confia aux douze :
« Voici que nous montons à Jérusalem, et que va s'accomplir tout ce qui a été écrit par les prophètes sur le Fils de l'homme. En effet, il sera livré aux nations païennes, accablé de moqueries, maltraité, couvert de crachats ; après l'avoir flagellé, on le tuera et, le troisième jour, il rescussitera. »
Une inquiétude subite s'abbatit sur les épaules de Pierrot. Il crut, et espéra, avoir mal entendu quelque chose, car après tout ça arrivait au cours de ses rêves de manquer quelques mots.
De toute façon, les autres n'avaient pas l'air de comprendre l'allusion non plus.
Pierrot devait se faire des idées. Mais quand même, ressusciter, ça lui disait quelque chose.
אבא
Lc 18, 18-34
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