Chapitre 9 : Saskatchewan
Un quart d'heure après, Maëlle arriva dans un joli petit village du nom de Saskatchewan.Elle regarda alentour et parvint enfin à localiser une auberge entre deux maisons. En sentant l'odeur qui en sortait, elle fronça son joli nez avant d'entrer, elle ne supportait pas l'odeur de l'alcool.Elle attacha sa jument devant une baignoire mise à la disposition des chevaux pour qu'ils puissent s'abreuver. Une fois qu'elle l'eut attaché, elle prit une profonde inspiration et poussa doucement la porte de l'auberge. Une joyeuse ambiance y régnait. Elle leva la tête fièrement et pénétra avec panache dans l'auberge, comme si celle-ci lui appartenait et qu'elle pénétrait dans ces lieux entant que maîtresse de maison.
Son arrivée fut saluée par des rires gras, graves et bruyants. Elle fit mine de ne rien entendre ni rien remarquer et se dirigea vers le barman. Elle donna donc une petite claque sèche du plat de la main sur le bar et prit la parole d'une voix assez hautaine.
-Un verre de whisky !
Pendant qu'elle attendait sa commande, Maëlle regardait alentour, style de rien, tous les hommes présents dans l'auberge. Elle essayait de juger quel homme irait le mieux dans son groupe d'homme. L'aubergiste la ramena au présent en lui parlant :
-Ce sera tout, ma petite dame ? lui demanda-t-il en lui tendant son verre et lui souriant d'un air niais.
Maëlle ne répondit pas. Elle le regarda juste comme si c'était un insecte indésirable, puis elle changea d'avis et le regarda en lui faisant son plus beau sourire. Le barman en fut momentanément éblouis, elle en profita pour s'éclipser. Elle se dirigea sans hésiter une seule seconde vers une table qu'elle avait repérée où jouait quatre joueurs de carte, leur bière posée à leurs côtés.
-Messieurs, puis-je prendre part à votre table ? demanda-t-elle innocemment.
-Une aussi jolie dame que vous traîne seule ? lui demanda l'un des hommes une fois qu'elle se fut installée auprès d'eux.
Maëlle le regarda, sourit et trempa ses lèvres délicatement dans le whisky tout en retenant sa respiration.
-Cherches pas Paulo ! Tu l'intimides ! rugit un des hommes.
Maëlle reposa doucement son verre sans que le liquide à l'intérieur ait baissé pour autant d'un millimètre. Elle ne supportait pas l'alcool et même dans son rôle, elle ne pouvait se résoudre à en boire.
-Je ne suis pas facilement intimidable et je n'aime pas que l'on me questionne sur mes faits et gestes, leur dit-t-elle d'une voix glaciale avec un sourire aussi froid.
Un silence se fit autour de la table et les hommes baissèrent la tête et se lancèrent des regards en coin.
-Bon beh... Je crois que l'on s'est trompé sur votre compte, fit remarquer Paulo d'une voix gênée.
- Je crois aussi ! répondit Maëlle en promenant un regard plein de mépris sur chaque homme.
Les hommes baissèrent les yeux sur leurs cartes. Elle trouvait ça formidable de venir s'inviter à leur table, et pourtant, c'était elle qui faisait la loi. De nouveau, un sentiment de pouvoir se répandit dans ses veines.
-Comment vous appelez-vous ? Leur demanda-t-elle d'une voix mélodieuse et avec un sourire splendide.
Chaque homme la regarda, et à leur façon de la regarder elle sut qu'elle ne partirait pas les mains vides.
-Paulo, déclara Paulo.
Puisil se tourna vers les autres et les présenta.
-Voici Pierre (il montra dans un mouvement de la main, l'homme qui avait parlé précédemment). Ceux-là, ce sont Jacob et Julien, ils sont inséparable et bien évidemment jumeaux.
Maëlle regarda les deux derniers pendant un moment. Ils lui plaisaient. Elle avait déjà oublié qui était Julien et qui était Jacob tant leur ressemblance était frappante. Blonds, grands, les yeux rêveurs, ils étaient tout ce qu'elle voulait. Elle retint le cri de joie qu'elle allait pousser et dit aux quatre hommes :
- Quel âge avez-vous ?
-Trente-cinq, déclara Paulo d'une voix forte et claire.
-Quarante, dit Pierre.
-Trente et un, chuchota Julien.
Maëlle les regarda encore un instant en silence, puis elle dit d'une voix affolée, pour les tester, en remarquant que le barman approchait :
-Oh mince ! Voilà le barman ! Il voudra sans doute que je paie mais j'ai totalement oublié de prendre de l'argent avec moi lorsque je suis sortie de chez moi !
Elle fini tout de même sa phrase par un grand éclat de rire. Elle ne voulait tout de même pas les affoler.
-Oh ! Ne vous inquiétez pas ! On va payer pour vous !déclarèrent les quatre hommes en même temps.
Maëlle sourit, puis lorsque le barman se fut éloigné, elle leur demanda s'ils voulaient se joindre à elle et à ses hommes qui l'attendaient là-bas au château. Elle fit cette petite précision pour les allécher un peu plus que nécessaire de peur qu'ils se débinent au dernier moment. Elle leur précisa néanmoins en deux mots les risques encouru s'il leur venait l'idée de la suivre pour de bon.Contre toute attente, tous voulurent se joindre à eux et ne voulurent même pas écouter plus attentivement les dangers auxquels ils s'exposaient. Elle sourit d'un air indulgent puis ils partirent. Ils firent d'une traite les quelques kilomètres qui les séparaient du château. Une fois arrivé à destination, ils ne purent cacher leur mine ébahie à Maëlle. Elle les avait pourtant prévenus, mais ils avaient pensé que ce n'était juste que pour se vanter. Ils la laissèrent passer devant pour qu'elle puisse leur montrer le chemin.
*
Elle entra dans la salle où étaient ses hommes. Comme à son habitude,elle jeta un regard circulaire dans toute la salle pour analyser la situation. Jonathan était de retour. Il se tenait immobile au côté de Kevin et Quentin qui tous deux, soignaient Alexis. Il avait un visage hagard, et Maëlle comprit qu'il s'était passé quelque chose. Elle alla se placer près de la cheminée, les quatre hommes la suivant comme son ombre. Elle se racla la gorge pour attirer l'attention du restant de ses hommes. Tous tournèrent aussitôt la tête vers elle en lançant aux nouveaux venus un regard suspicieux.Même Alexis se tourna dans sa direction. Mais néanmoins avec plus d'effort que les autres.
-Je vous présente Jacob, Paulo, Julien et Pierre. Ils feront désormais partis de notre groupe. Je veux que d'ici deux jours au maximum, ils sachent tout ce qu'il faut savoir en intégrant ce groupe. Je veux que vous les formiez. Je veux aussi qu'ils soient accueillis comme s'ils étaient des frères que vous retrouviez enfin après de longs mois d'absence. J'espère d'ailleurs qu'ils deviendront vos frères.
Maëlle promena son regard sur ses hommes. Les larmes lui montèrent de nouveau aux yeux quand l'absence de Nicolas et Olivier lui fut cruellement rappelée en constatant l'effectif réduit qui la regardait. La colère envahit sa poitrine comme une braise brûlante et son regard s'assombrit. Lorsqu'elle reprit la parole, son ton était dur.
- Je veux qu'ils comprennent ce qu'ils viennent faire ici. Je veux que lorsque j'irai voir Jean, vous puissiez tous m'accompagnez et qu'à nous tous nous vengions Nicolas ! Qu'il ne soit pas mort pour rien et qu'il soit fier de nous ! Que nous récupérions Olivier ! Je veux que plus tard, après notre passage, Jean et ses hommes se mettent à trembler à la simple évocation de notre nom ! Qu'il regrette toute sa vie d'avoir penser un jour nous battre et de s'être mis en travers de notre chemin ! Alors ?Qui viendrait avec moi venger notre compagnon ? Qui est près à envoyer un message à Jean ?
Maëlle finit sa tirade en levant le poing et en criant. Et même s'ils n'étaient que neuf personnes à lui répondre (huit valide et un blessé) la clameur en valait mille. Un sourire resplendissant éclaira le visage de Maëlle. Elle attendit qu'ils se fussent tous calmés puis elle se tourna vers Jonathan et demanda d'une voix douce et calme :
- Que s'est-il passé ?
Le jeune homme blêmit. Il mit un genou à terre, baissa la tête et répondit :
- Jean l'a prise madame. Je pense qu'il a du lui dire que vous êtes sa mère, mais en tout cas il lui a dit devant moi qu'il était son père.
Tous virent Maëlle chanceler et devenir d'un ton cireux. Pourtant, elles e ressaisit. Sa main se crispa sur un dossier de chaise et son corps se raidit. Quand elle prit la parole, même si ce ne fut qu'un murmure, tous l'entendirent distinctement :
- Il veut la guerre ? Et bien il l'aura.
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