Chapitre 34

KAYLEE

— Elle dort ? me demande Hayden, lorsque je le rejoins dans sa chambre.

J'acquiesce, tout en m'asseyant à ses côtés. Nous avons passé une fin de soirée exceptionnelle en jouant à des jeux de société. Les gars ont accepté de faire des efforts, pour faire plaisir à ma petite sœur, et au final, tout le monde s'est vraiment amusé.

Je sais que ça change des beer-pong ou des « j'ai déjà/je n'ai jamais ». Mais je trouve que les jeux de notre enfance sont parfois bien mieux. Pas besoin d'être défoncé pour passer une bonne soirée et celle-ci en était la preuve.

On a aussi terminé la distribution des cadeaux avec ma petite sœur. Hayden et Kyle ont eu le temps de lui acheter un petit télescope, pour lui permettre de regarder les étoiles à sa guise. Grace était tellement heureuse que j'ai faillit en pleurer. Nolan et Clay lui ont offert un projecteur d'étoiles, qu'elle pourra allumer pour s'endormir. L'initiative était adorable et ma sœur voulait à tout prix l'essayer sur le champ. Ça nous a tous fait bien rire, je dois l'avouer.

Après ça, tout le monde a quitté les lieux et je suis allée coucher ma sœur dans ma chambre. Je lui ai chanté la berceuse que ma mère avait l'habitude de nous chanter, pour nous endormir. Je lui ai également donné un cadre photo de notre famille, pour qu'elle le serre fort contre elle. Ma grand-mère m'a dit qu'elle ne dormait jamais sans. D'après Grace, ça l'aide à dormir et à ressentir la présence de nos parents. Elle sait qu'ils ne reviendront jamais, mais les savoir près d'elle la rassure. Alors si je peux contribuer à son apaisement avec un si petit truc, c'est avec plaisir que je le fais.
Je lui ai également offert son cadeau, je voulais le faire dans l'intimité car il s'agissait d'un bien trop personnel. Peu de temps avant sa mort, ma mère m'a confié un collier qui lui avait été transmis par sa mère. Un pendentif représentant la lune et le soleil. Ces derniers étaient aimantés et pouvaient être portés par deux chaînes. J'ai alors créer deux colliers : un pour Grace et un pour moi. De ce fait, nous aurions toutes les deux une partie de notre mère en nous à jamais. Les yeux de ma sœur se sont embués lorsque je lui ai expliqué la signification. M'arrachant quelques larmes à mon tour.

Cette fille est mon univers et je ne pourrais jamais vivre sans elle. Jamais.

En quittant ma chambre, j'ai embarqué avec moi deux objets. Je n'ai pas pu acheter un cadeau à Hayden, alors j'ai improvisé avec deux choses que j'avais déjà à la maison. J'espère simplement que ça lui plaira.

— J'ai des cadeaux pour toi, annoncé-je en lui montrant mes mains chargées.

Je pose le plus grand sur le côté, le réservant pour la fin, et lui donne le plus petit en premier.

— Je t'ai dit qu'il ne fallait pas, piccola. Je n'attendais rien d'autre que ton sourire aujourd'hui.

— T'en fais pas, ça ne m'a rien coûté.

Il hausse les sourcils, intrigué, puis s'empresse de déballer son paquet.

— C'est une copie d'un de mes livres préférés : « Reminders of him » de Colleen Hoover, ce n'est pas qu'une romance. Il traite du pardon, de la reconstruction, et la protagoniste m'a tellement touchée. Je la trouve très forte.

— Un peu comme la fille face à moi, non ? sourit-il.

Je le lui rends en embrassant le dos de sa main.

— Je te l'ai annoté avec mes réactions, je t'ai aussi écrit un petit mot, mais tu le liras plus tard.

Il me ramène contre lui et m'entoure de ses bras, dans une étreinte chaleureuse.

— C'est très personnel et ça compte beaucoup. Merci.

— Ça me fait plaisir. J'en ai un deuxième.

— Hmm, tu me gâtes beaucoup trop.

Je ris de sa remarque en lui donnant le gros paquet.

— Celui-là, j'ai hésité avant de te le montrer. C'est... la chose la plus personnelle que je puisse offrir. Je ne peins généralement pour personne. Quand j'habitais chez mes parents, mon père m'avait construit un endroit, afin que je peigne en paix et à l'abri du regard des autres. Mes toiles ne quittaient jamais cette pièce. Alors, j'espère que tu aimeras.

Ce que j'ai dit est vrai. Je suis peut-être froide et forte en apparence. J'ai pas mal de répondant et je ne montre jamais mes faiblesses. Et avant de vivre l'enfer de Marco, la peinture était ma plus grande faiblesse. Lorsque je peignais, je me mettais à nue, et montrer mes œuvres me terrifiait. Parce que chacun de mes dessins représentait mes pensées les plus intimes. Et je n'ai jamais gagné confiance en moi dans ce domaine, malgré les remarques positives de mes parents.

Ça fait quelques semaines que je travaille sur quelque chose de totalement différent. Au début, je ne comprenais pas ce que je peignais. Ça commençait par de simples traits, puis des yeux et au fur et à mesure, je comprenais que je représentais un portrait. Un portrait d'homme. Un regard qui se posait sur moi à longueur de journées, des traits que je connaissais par cœur. C'était lui, Hayden. L'homme qui hante mes pensées depuis que je l'ai rencontré. Parce que ma haine s'est transformée en obsession et mon obsession s'est transformée en sentiments. Ses prunelles noisette et son si beau sourire n'ont jamais quitté mon esprit.

J'ai caché cette toile dans ma chambre et je ne comptais jamais la sortir. Et encore une fois, je ne sais pas quelle force psychique m'a poussée à la signer et à l'emballer, pour l'offrir à celui qu'elle représente. Maintenant, je suis terrifiée à l'idée de connaître son avis. Si apeurée que je n'ose même pas le garder, préférant fixer mes mains.

— C'est...

Il marque une pause, accélérant mon rythme cardiaque. Je t'en prie, Hayden, ne la rejette pas. Ne me rejette pas. Cette toile, c'est un peu moi quand on y réfléchit. En lui offrant, je lui offre une partie de mon cœur, priant pour que ça lui convienne. Pour que ce soit assez. Pour que je sois assez.

— C'est épatant, Kaylee. Réellement épatant. Je ne crois pas avoir déjà été aussi beau.

Mes épaules se relâchent, alors que ma bouche expire enfin tout l'air accumulé dans mes poumons, ces dernières secondes.

— Putain, tu me rassures. J'ai eu peur que ça...

— Quoi ? Que ça ne me plaise pas ? me coupe-t-il, comme si la seule pensée en était absurde. Tu es folle, Kaylee, j'ai rarement vu quelque chose d'aussi époustouflant. Tu es vraiment douée, plus que ça même. Tu as un don. Tu n'as jamais pensé à travailler avec un galeriste, pour afficher tes créations ?

Je secoue immédiatement la tête. Afficher ce que je produis ? Jamais. C'est beaucoup trop effrayant. Trop réel.

— Pourquoi as-tu si peur ?

Je prends une grande inspiration, avant de plonger mon regard dans le sien. Je sais qu'il apprécie qu'on se parle yeux dans les yeux, alors je vais le faire.

— Parce que je ne suis pas la fille si sûre d'elle que je prétends être, et ça n'a pas commencé avec Marco. Quand j'étais plus jeune, je n'avais déjà pas énormément d'amis. J'étais un petit rayon de soleil, mais je n'étais pas populaire ou très extravertie. En réalité, mon principal moyen de communication était la peinture. Enfin, plus un moyen de communication avec moi-même. J'avais toujours l'esprit en ébullition, je pensais constamment, mais je n'arrivais jamais à les mettre en mots. Et puis, comme tous les ados, je ne me trouvais pas assez jolie, trop blanche, avec trop de poitrine, trop de hanches. Je ne me suis jamais trouvée méritante de l'intérêt des autres. Ce qui est stupide parce qu'on n'a pas besoin de l'approbation des autres pour connaitre sa valeur, n'est-ce pas ?

Il se contente de hocher la tête, afin de ne pas m'interrompre. Ce que j'apprécie.

— La peinture, c'est un moyen pour moi de m'évader. Les chanteurs ont les chansons, les écrivains les livres, et moi, c'était ça. Je mettais tous mon âme dans mes dessins et c'était clairement ce qui me représentait. Montrer mes peintures, c'est comme montrer mon corps nue. Et toi et moi savons à quel point c'est notre état le plus vulnérable. En t'offrant ce cadeau, je t'offre une partie de moi, de mon cœur, de mon corps, en espérant que tu en veuilles et que tu apprécies ce que tu as en face de toi.

Son regard brûlant me transperce presque la rétine. Je peux en ressentir toute la chaleur qui en émane, sans pour autant en comprendre la signification. Hayden est un être difficile à cerner, voilà pourquoi j'ai eu autant de mal à finir cette dissertation imposée. Parce qu'il est capable de montrer ce qu'il souhaite montrer, sans que ce soit obligatoirement la vérité. Et c'est une chose qu'on ne cerne pas forcément en le rencontrant. Pour ça, il faut le connaître et passer du temps à ses côtés. Un privilège que je savoure chaque jour.

Soudainement, il se lève, il n'a toujours prononcé aucun mot. Il dépose le tableau sur le côté de son lit. Il revient ensuite vers moi, me tend sa main que j'attrape sans broncher. Comme la semaine passée, il nous guide jusqu'à son immense miroir accroché au mur. Il caresse délicatement mes bras de sa paume, tout en remontant lentement jusqu'à ma nuque.

— Je vais te demander de ne jamais quitter ce miroir des yeux, sous aucun prétexte. Regarde-toi, regarde-moi, regarde-nous et tous les gestes que je ferai. Est-ce que tu me fais confiance ? murmure-t-il contre mon oreille.

Pour seule réponse, j'opine du chef. Ayant du mal à anticiper ses prochains mouvements.

— Puis-je enlever ceci ? demande-t-il en désignant mon pull.

Par chance, je n'ai pas eu le temps de me changer, et je porte encore mes vêtements de la soirée. Alors après un faible moment d'hésitation, j'acquiesce. D'un geste lent, il me retire le fin tissu, dévoilant mon soutien-gorge. Encore une fois, je ne suis pas très à l'aise. Les marques laissées par Marco ne sont plus un secret. Les voir me dégoûte. Depuis qu'il a posé les mains sur moi, mon corps me révulse et je ne me suis jamais réconciliée avec lui.

Je me souviens des premières douches que j'ai prises en rentrant à Seattle. Je me lavais à l'eau bouillante et je frottais ma peau jusqu'à me faire saigner. J'avais besoin de l'effacer, j'en avais tellement besoin. Ça m'était vital. Parce qu'à chaque fois que je fermais les yeux, je sentais encore ses mains monstrueuses sur moi.

— Puis-je te débarrasser de ça ? poursuit-il en désignant mon pantalon.

Je frémis, d'une part par la peur de me dévoiler un peu plus, d'autre part par le son de sa voix qui m'excite. Alors encore une fois, je hoche la tête, guettant chacun de ses mouvements.

Une fois presque nue face à lui, il me demande de me regarder dans ma totalité. Ce que je fais, et mon regard se pose sur mes jambes. Sur les traces de brûlures entre mes cuisses. Celles-ci sont la cause de la folie interne de Marco. Il me brûlait les jambes en prenant mes gémissements de douleur pour de l'excitation. Je tremble en repensant à son sourire de psychopathe alors que je mourrais intérieurement. Après ça, je me brûlais à mon tour, pour effacer ses brûlures à lui.

Quand je disais qu'il m'a complètement détruite, je ne mentais pas, je n'exagérais pas. Il a vraiment fait de moi sa chose.

Un jour on vous apprend que la vie mérite d'être vécue. Que le bien est toujours récompensé. Alors qu'il suffit d'une mauvaise action, d'un mauvais regard, d'une mauvaise parole pour que tout vol en éclat et que ce bouclier de verre qui vous protégeait constamment, se brise en milliers de morceaux. Afin de vous transpercer chaque seconde de chaque minute de chaque heure de chaque jour.

Hayden poursuit ses caresses tout en me demandant l'autorisation, à chaque fois. Il masse délicatement ma nuque tout en descendant un peu plus bas. Une main atteint mon épine dorsale pendant que l'autre se glisse sur mon ventre, en effectuant des mouvements circulaires sur celui-ci.

Ses paumes effleurent ma poitrine à travers mon soutien-gorge. Mon cœur s'accélère soudainement, mes yeux se ferment et le visage de Marco se matérialise immédiatement sous mes yeux. Mon corps tressaute légèrement et Hayden me supplie d'ouvrir les yeux, tout en retirant ses mains.

— Je t'en prie, Kaylee, ne ferme pas les yeux.

Alors je les rouvre et rencontre son regard navré.

— Ne pense pas à lui, je t'ai mis face à ce miroir pour une raison. Tu ne dois regarder que moi : la bienveillance de mon visage, la douceur de mes mains, la puissance de mes sentiments. Ne le laisse pas interrompre ce moment. Repousse-le autant que possible, sans jamais me quitter des yeux.

Alors je le fais et lui autorise à reprendre où il s'était arrêté. Il caresse délicatement ma poitrine. Il l'observe, la découvre. Puis une de ses mains vient titiller son agrafe.

— Me permets-tu de te le retirer ?

Nouveau tremblement, nous ne sommes jamais allés aussi loin. S'il le retire, je serai à un vêtement près, d'être totalement nue. Mais n'est-ce pas ce que j'ai fait en lui offrant ma peinture ? N'est-ce pas ce que je désirais en réalité ? Me mettre à nue littéralement et métaphoriquement ? Son regard est doux, il me fait comprendre que si je ne suis pas prête, il ne me forcera pas. Jamais. Et c'est ce qui le différenciera toujours de Marco. C'est ce qui me pousse à accepter en opinant à nouveau.

Alors d'un geste contrôlé, il dégrafe le tissu et le laisse tomber lentement à nos pieds. Ma poitrine se dévoile complètement, m'obligeant à baisser la tête instantanément. Je ne l'ai jamais trouvé à mon goût. Trop grosse, trop disproportionnée, mes tétons trop roses, ma peau trop pâle. Mais Hayden ne me l'autorise pas et relève délicatement ma tête pour que nos regards se croisent à nouveau.

— Ne baisse pas les yeux, regarde-toi, admire chaque partie qui te compose. Ne détourne pas le regard, avant d'avoir vraiment conscience de la manière dont je te perçois.

Alors je le fais, je laisse mes yeux se perdre sur ces deux morceaux de chair arrondi. Hayden remonte dessus et commence à les masser de différentes façons : de haut en bas, en les contournant de ses doigts. Puis il vient poser ses paumes complètes afin d'effectuer de petits mouvements circulaires. Mon corps se tend et une vague de plaisir se déferle en moi. Un plaisir naturel, incontrôlable et si délicieux. Je lutte pour ne pas fermer les yeux et les gardes rivés sur son visage, qui lui, me contemple toujours. Il appuie ses indexes contre mes tétons qui pointent, depuis un moment. Il les titille légèrement avant de les pincer un peu plus fort. Un faible gémissement s'échappe de ma bouche et je m'empresse de la couvrir. Trop honteuse pour assumer.

Mais encore une fois, Hayden ne l'accepte pas et replace mes mains le long de mon corps. Il m'attrape ensuite par les épaules et me tourne pour me placer face à lui. Il attrape mon visage en coupe et plonge son regard dans le mien.

— Je n'irai pas plus loin aujourd'hui, parce que j'estime que tu as fait assez de progrès, en me laissant toucher une partie de ton intimité. La prochaine fois, on passera à l'étape supérieure, tout en allant à ton rythme. D'accord ?

J'acquiesce pour unique réponse.

— Bien. Ne détourne jamais les yeux, j'ai besoin que tu te regardes et que tu me regardes vraiment. Tu es magnifique Kaylee, intérieurement comme extérieurement. Ton corps, il me rend fou et aucune de ses traces ne changera ça. Tu es belle avec tes défauts et tes qualités. Tu es toi, tu es naturelle et tu es époustouflante. Je sais que tu as parfois du mal à y croire, mais en travaillant dessus, tu finiras par le comprendre. Tu finiras par voir ce que j'aime regarder à longueur de journée. Jusqu'à ce que tu finisses par l'apprécier à ton tour.

Mes yeux s'embuent et je ne réfléchis pas avant d'écraser ma bouche sur la sienne. Je me mets sur la pointe des pieds et force le passage de ses lèvres, afin de retrouver le confort de sa langue. Il m'attrape par les hanches et me soulève pour que je les entoure de mes jambes. Mes bras viennent trouver sa nuque, les siens agrippent fermement ma taille, collant ma poitrine contre la sienne. Je l'embrasse pour lui transmettre toute la gratitude que je ressens. Je l'embrasse pour lui montrer que, malgré les épreuves que j'ai vécues, il me reste encore un peu de désir pour le sexe opposé et que je le lui réserve entièrement.

Parce qu'en effectuant quelque chose qui parait si minime, il réveille peu à peu la femme en moi.

***

Des voix provenant de la cuisine me sortent de mon sommeil. Lorsque j'ouvre les yeux, je mets quelques secondes à reconnaître la chambre d'Hayden.

Hier soir, après ce moment chargé en émotions, je me suis endormie dans ses bras. La journée m'avait fatiguée et je ne me voyais pas veiller toute la nuit. Le confort des bras d'Hayden a achevé de me convaincre et j'ai passé une nuit délicieuse. Il a éloigné les cauchemars et m'a permis de profiter pleinement du pays des rêves, apaisant ma conscience, anéantissant les démons qui s'y logeaient.

Je me frotte les yeux et saute sur mes pieds. Avant de tomber dans les bras de Morphée, j'ai enfilé un maillot de hockey de Hayden. Je jette un coup d'œil au miroir et j'avoue que porter ses affaires, me fait me sentir importante et me rend sexy. Je ris de ma bêtise puis rejoints la salle de bain pour me passer un peu d'eau sur le visage et refaire mon chignon.

Les voix se font plus fortes lorsque j'arrive près de la cuisine, même s'ils essaient de chuchoter. Je reconnais aisément celle de ma petite sœur et de mon coloc/je ne sais pas ce qu'il est d'autre. Lorsque mon nom se glisse dans la conversation, je m'arrête pour ne pas les interrompre et écouter secrètement.

— Est-ce que tu es amoureux de ma sœur ? demande Grace, de sa petite voix.

Mon cœur rate un battement, peu sûr d'être prêt à entendre la réponse.

— T'y connais quelque chose en amour, principessa ?

— Hmm, je connais ce que mon papa et ma maman avaient. Tu sais, eux, ils étaient vraiment très amoureux. Mon papa regardait toujours ma maman d'une certaine façon, tu sais, avec des étoiles dans les yeux. Comme moi quand je vois une bonne glace à la fraise.

Il rit de sa remarque et je me mords la lèvre pour éviter de me faire entendre. Puis laisse ma sœur poursuivre :

— Je sais aussi qu'aimer quelqu'un c'est vouloir toujours être avec la personne, rire quand elle rit, être mal si elle souffre. Moi j'aime ma sœur, je ne suis pas amoureuse d'elle parce que c'est ma sœur, mais je l'aime au point de ressentir ce genre de choses. Est-ce que c'est ton cas ?

Hayden garde le silence pendant un instant, réfléchissant sûrement à la meilleure réponse qu'il puisse sortir. Puis lorsque sa voix résonne, ma respiration se bloque et mon cœur s'accélère.

— Ta sœur est particulière, il nous a fallu un peu de temps pour se comprendre, mais au fur et à mesure on y est parvenu. Aujourd'hui, je peux te dire que j'éprouve quelque chose de fort pour elle, peut-être même plus fort que le simple mot « amour ». Ta sœur est belle, elle rayonne et fait de ma vie un endroit plus doux, plus illuminé. Lorsque je l'entends rire ou que je la vois sourire, je voudrais pouvoir rembobiner et l'écouter encore et encore. Je crois n'avoir jamais entendu un son plus mélodieux que son rire. J'aime être à ses côtés et je ne supporte pas de la voir triste. Ta sœur est rapidement devenue une partie de moi et je crois que je serais incapable de la laisser vivre loin de moi. Je voudrais la protéger et lui ôter toute souffrance, afin de la voir épanouie et heureuse de vivre.

Les larmes me montent aux yeux, je me fais violence pour rester silencieuse, mais comment rester indifférente face à de telles paroles. Je pensais que Marco était un beau parleur, il m'a sorti de ces phrases quand on était encore un couple normal. Mais quand j'y repense aujourd'hui, aucun de ses mots n'a sonné aussi naturel que ceux d'Hayden. Ma méfiance me dirait de ne pas me faire trop de films, mais la confiance que je commence à lui accorder me hurle de lui sauter dans les bras et de ne jamais le laisser partir.

— Ne lui fais jamais de mal, Hayden. S'il te plaît. Marco l'a fait trop souffrir, je ne pourrai pas supporter de la revoir dans le même état. Elle est tout ce que j'ai, le supplie Grace d'une voix enrouée.

Cette fois, mon cœur se brise. J'ai déjà vu son regard abattu, lorsque je suis revenue de captivité, mais je ne l'ai jamais entendu aussi effrayée. Elle cache ses émotions autant que moi, elle ne veut pas m'inquiéter. Mais je comprends aujourd'hui qu'elle a peur de me perdre. Peur de me perdre comme elle a perdu nos parents. Je ne laisserai jamais ça arriver. À partir d'aujourd'hui, je me promets de l'appeler tous les jours. De travailler pour obtenir mon diplôme et d'utiliser l'argent laissé par nos parents, pour lui offrir l'adolescence qu'elle mérite. Près de moi, à jamais.

— Tu n'as plus à t'en faire, ma chérie. Je vais prendre soin de ta sœur et je ne laisserai rien vous séparer. Parce qu'à partir de maintenant, tu fais partie des gens que j'aime et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre heureuse, Grace, déclare Hayden.

Ma sœur ne répond rien, mais je devine qu'elle lui a sauté dans les bras. C'est ce que j'aurais fait à sa place.

Parce qu'Hayden est incroyable et qu'il ne mérite certainement pas une fille comme moi. Et pourtant, il m'a choisie et il continue de le faire tous les jours.

Qu'ai-je fait pour que la chance tourne en ma faveur ?

📚🏒🎨

Voilà enfin le chapitre que j'ai préféré écrire !

Ce n'est pas forcément un chapitre empli d'action ou autre mais vraiment un chapitre où les sentiments sont dominants.

Kaylee s'ouvre comme elle ne l'a jamais fait auparavant et Hayden sait mettre en action chacune de ses insécurités afin de lui apporter tout le confort qu'il peut.

C'est vraiment une union des deux protagonistes bien plus personnelle et ça va continuer sur cette lancée !

Et puis la discussion entre Hayden et Grace ! Comment ne pas fondre ? 🥹

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top