Chapitre 32

KAYLEE

À la bourre, je suis à la bourre !

Je termine de me brosser les dents en deux temps trois mouvements et attache mes cheveux en un chignon désordonné. Pas le temps de s'apprêter. Et pour couronner le tout, mon Uber est coincé dans les bouchons et ne sera pas là avant une heure. Chose que je ne peux pas me permettre. Bordel, c'est bien ma journée.

Dernier recours, demander sa voiture à Hayden.

— JONES !!! hurlé-je depuis la salle de bain.

De lourds pas se font entendre et la silhouette de mon colocataire se matérialise devant moi, quelques secondes après, essoufflé.

— Que se passe-t-il ? demande-t-il, une lueur d'inquiétude dans sa voix.

Je réprime un rire face à son teint livide. Le pauvre a cru que j'avais un problème grave. C'est plutôt mignon.

— J'ai besoin de ta voiture, mon super Uber est coincé dans les bouchons.

— Ton Uber ? Tu m'expliques où tu vas ?

Comment ça où je vais... Mince, il se pourrait bien qu'avec cette semaine chargée, j'ai oublié de mentionner l'arrivée de ma sœur à Hayden. Je pensais pourtant l'avoir fait.

— Grace passe le week-end ici, je dois aller la chercher à l'aéroport et son avion atterrit dans trois quarts d'heure, réponds-je alors que ses yeux s'écarquillent au fur et à mesure.

— Attends ? Ta sœur débarque pour le week-end et tu ne me préviens que maintenant ? s'exclame-t-il en ouvrant si fort la bouche que sa mâchoire menace de se décrocher.

Je mime une moue d'excuse en haussant les épaules. Oh, c'est bon, il sait que la communication ce n'est pas trop mon fort. Surtout qu'avec l'approche des premiers partiels, j'ai été particulièrement occupée, la semaine passée. Alors il ne peut pas m'en vouloir. Et puis, qu'est-ce que ça change à son programme ? C'est ma sœur, c'est moi qui m'en occuperais.

— Oui, ça m'est sorti de l'esprit, mais on ne va pas épiloguer sur le sujet durant des heures. Il me faut ta voiture.

— Et le chauffeur ne t'intéresse pas ? demande-t-il d'une voix amusée.

— Hmm, pas à ma connaissance, répliqué-je sur le même ton.

Il tire la langue en me pinçant le bras, avant de reprendre la parole.

— Bon, prends ton sac, je viens avec toi.

— Tu n'es pas obligé de...

— Kaylee, ta petite sœur arrive et tu penses que je ne vais pas l'accueillir comme il se doit ? Et puis, je t'aime bien, mais je n'ai pas encore témoigné de tes performances en conduite, alors avant ça, tu ne touches pas à ma précieuse.

Ah, je me disais qu'Hayden ne pouvait pas être mignon à cent pour cent. Mais bon, je retiens ma remarque et me contente de tirer la langue. Je fonce dans ma chambre, attrape mon sac et mon téléphone puis rejoints Hayden à l'entrée. Une fois prêts, nous montons dans sa voiture, direction l'aéroport.

***

— Ah, voilà les premiers passagers de son vol, elle ne devrait pas tarder, m'annonce Hayden sans quitter le terminal des yeux.

Grâce aux raccourcis qu'Hayden connaissait, nous sommes arrivés à l'aéroport avec dix minutes d'avance. Le temps pour nous de trouver une place et de marcher jusqu'au terminal, où je dois récupérer ma sœur.

Et non, pour info, elle ne prend pas l'avion seule à neuf ans, enfin dix aujourd'hui. Ce qui était prévu de base, était que je la récupère à l'aéroport de Seattle pour faire le trajet avec elle jusqu'à Boston. Pour ça, j'aurais dû louper un jour de cours et de travail. Mais par chance, ma grand-mère avait une amie dont la fille faisait le trajet jusqu'à New York avec une escale par Boston. De ce fait, elle a gentiment accepté de s'occuper de ma sœur durant son vol. J'avoue que ça m'a arrangée, parce que louper le travail ne m'aurait pas été très bénéfique. J'aurais dû changer mon jour de repos et j'ai vraiment besoin de ce soir pour fêter correctement l'anniversaire de ma sœur.

Je ne l'ai pas vu depuis les vacances d'été et j'avoue qu'elle m'a énormément manqué. En revenant de San Diego, ma grand-mère m'avait interdit de voir Grace avant que mes blessures au visage ne soient correctement guéries. Je n'ai pas émis d'objections, car j'étais d'accord avec elle. Je faisais peur à voir et il était hors de question que ma sœur me voit ainsi. Alors j'ai passé quelques jours à l'hôpital, pour que les médecins fassent des analyses, recousent mes plaies et fassent tout le nécessaire pour permettre mon rétablissement. Mon visage n'était pas le plus amoché, alors j'ai pu rapidement retourner chez ma grand-mère.

J'avoue avoir appréhendé la réaction de ma sœur. Je n'étais pas très fière de l'avoir abandonnée au moment où elle avait le plus besoin de moi. J'ai été égoïste, j'ai pensé à ma propre peine sans penser une seconde à celle de Grace. Ce n'était qu'une enfant de six ans qui venait de perdre subitement le seul repère de sa vie, celui dont elle avait besoin pour grandir. Et au lieu de devenir ce nouveau repère, j'ai fui comme une lâche.

Je m'en suis voulu pendant des mois, et je mentirais si je disais que la culpabilité s'est envolée. Ce n'est pas le cas, j'ai l'impression que je vivrais avec ces regrets pour le restant de ma vie. Une sorte de punition pour avoir abandonné ce petit trésor.

Mais contre toute attente, Grace n'a pas été rancunière. Elle m'a accueillie avec un immense câlin et m'a demandé si mon voyage m'avait aidée à aller mieux. Cette petite était tellement intelligente. Malgré sa propre souffrance, elle a perçu la mienne et a compris que j'avais besoin de quitter Seattle pour faire mon deuil. Alors j'ai acquiescé sans entrer dans les détails, ma sœur ne devait jamais savoir toutes les horreurs que Marco m'avait fait vivre.

Malheureusement, un soir, alors que je me changeais, elle est entrée dans ma chambre et a vu les cicatrices. Je n'ai pas eu le courage d'inventer une excuse, alors je lui ai dit la vérité, en minimisant les dégâts. Je lui ai dit que j'avais passé ce voyage avec Marco et qu'il s'était mis en colère de nombreuses fois. Je lui ai dit qu'il n'avait pas été gentil avec moi et qu'il m'avait fait tomber à plusieurs reprises.

Elle n'avait pas besoin d'en savoir plus, il fallait que je préserve son innocence du mieux que je pouvais, sans pour autant lui laisser croire que Marco était un homme bien. Elle l'adorait à une époque, et je ne pouvais continuer à mentir sur ça.

Alors elle s'est fait le devoir de me protéger. Ironique, sachant que c'était plutôt mon rôle. Mais Grace a hérité de la bienveillance de ma mère et de la ténacité de mon père. Elle allait à l'école et le soir, elle restait avec moi. Parfois on regardait la télé, je m'étais fait le devoir de préserver le rituel Desperate Housewives que j'avais avec ma mère, en lui montrant toutes les saisons. On regardait deux épisodes par soir. C'était notre moment.

En parallèle, je voyais le docteur Wilson pour travailler sur mon traumatisme. C'est d'ailleurs pour elle que j'ai choisi Boston. L'université était mon coup de cœur depuis le lycée, mais lorsque j'ai appris que ma psy déménageait dans cette ville, le choix s'est avéré comme une évidence. J'avais déjà eu du mal à me confier, je ne me voyais pas tout recommencer avec un autre docteur.

Je faisais des cauchemars tous les soirs : je revivais principalement les horreurs que me faisait subir Marco. Mais il m'arrivait aussi de revoir Julian, son si beau sourire, sa gentillesse inégalable, avant que tout ça ne se transforme en terreur. Je revoyais son corps sans vie, gisant au sol.

J'ai beaucoup souffert de sa mort, je ne l'ai pas connu longtemps, mais suffisamment pour développer de forts sentiments. Nous n'avions jamais véritablement fait l'amour, il y avait eu des caresses, de longs et langoureux baisers volés, mais jamais plus loin. Marco m'avait tellement marquée que Julian n'aurait jamais pu réparer les dégâts. Je ne ressentais plus de désir sexuel, uniquement une peur bleue.

C'est toujours le cas. Il m'est insupportable d'imaginer faire l'amour avec un homme. D'imaginer des mains sur ma poitrine ou près de mon sexe. Voilà pourquoi j'ai fui l'amour et les hommes en général, parce que je suis brisée et qu'aucun homme n'aurait pu tolérer ça.

Mais pas Hayden. Il m'a juré qu'il attendrait le temps qu'il faudra et qu'il allait m'aider à redécouvrir mon corps et ses plaisirs. Il m'a dit qu'il serait là, mais que le travail devait venir de moi, de ma volonté, de ma force.

Alors j'ai accepté parce que je suis fatiguée de me protéger de la sorte. J'ai besoin de ressentir des choses, j'ai besoin d'aimer à nouveau mon corps, de revoir la femme en moi. Je ne peux plus me permettre de me cacher en repoussant tout le monde. Je dois accepter que Marco soit enfermé et que des gens tiennent à moi. Qu'aucun d'eux ne me laissera tomber.

Je dois comprendre que Julian ne s'est pas sacrifié pour rien, qu'il a vu la fille forte en moi et je dois moi aussi m'en rendre compte. J'ai promis à ma mère de ne jamais perdre le sourire qu'elle aimait tant, de ne jamais perdre ma joie de vivre et j'ai failli à cette promesse. Ça ne peut plus continuer.

Alors à partir de maintenant, je vais me bouger le cul et me battre pour ce que je veux. Pour un futur meilleur. Ça prendra du temps, j'en suis consciente. Ça fait trois ans que je travaille dessus, mais sans réellement me prendre en main. En réalité, j'ai pris le trauma, je l'ai enfermé et je l'ai masqué derrière une humeur de chien. Alors que depuis le départ, j'aurais dû lui faire face et le vaincre par moi-même.

Mais aujourd'hui, je me concentre sur ma sœur. Je me contente de la rendre heureuse et de lui faire passer le meilleur anniversaire de sa vie. Elle le mérite tellement.

— Ah, je crois que je la vois. Plutôt difficile de la rater si tu veux mon avis, se marre Hayden.

Je suis son regard des yeux, et tombe rapidement sur une petite tornade rousse, habillée de toutes les couleurs. Lorsque nos regards se croisent, le même sourire se dessine sur nos visages et il ne nous en faut pas plus pour nous courir dans les bras. Je la rattrape à la volé et la serre fort, tout en la faisant tournoyer dans les aires. J'enfouis mon visage dans ses cheveux et m'imprègne de sa délicieuse odeur qui m'a tellement manquée.

Mon bébé est là, elle est enfin là.

Nous restons dans les bras de l'autre durant plusieurs minutes avant de se faire face. J'encadre son visage de mes mains afin de la contempler, comme pour m'assurer qu'elle soit bien là. Tout est en place, sa peau si douce, ses tâches de rousseurs et ses prunelles émeraude identiques aux miennes. Son sourire à croquer, entouré de ses lèvres roses et pleines. Mon trésor, mon bien le plus précieux, ma sœur.

— Gracie, mi sei mancata tanto ( Tu m'as tellement manqué) lui dis-je alors que les larmes me montent aux yeux.

Oui, j'ai tendance à parler italien avec elle lorsque je suis trop émue de la retrouver.

Mi sei mancata anche tu (tu m'as manqué aussi) répond-elle avant de me serrer à nouveau contre elle.

Je m'accorde un nouveau moment à profiter de sa chaleur avant de me ressaisir. Je me relève et tombe nez à nez avec deux sourires étincelants : celui d'Hayden, qui nous regarde tendrement, ainsi qu'une femme plutôt mûre. Je peux aisément identifier cette dernière comme étant l'accompagnatrice de Grace. Je m'avance alors vers elle pour lui adresser une accolade de remerciement.

— Merci d'avoir pris soin de ma sœur durant son vol, ça compte beaucoup pour moi.

— C'était avec plaisir, votre sœur est adorable et a rendu le trajet bien plus agréable.

Je souris, tout en confirmant. Ma sœur est géniale et j'en serai toujours trop fière.

— Je vais vous laisser en famille, ça a été un plaisir de te rencontrer petite Grace. J'espère te revoir bientôt, reprend-elle à l'attention de ma mini moi.

— Toi aussi, Nathalie. Fais bon voyage et n'oublies pas de me ramener un magnet de la Statue de la Liberté, réplique ma sœur.

La fameuse Nathalie laisse échapper un grand rire, tout en opinant.

— Compte sur moi, ma belle. Au revoir à tous.

Nous la saluons une dernière fois, tout en la regardant disparaître à travers la foule. Je me tourne en direction de ma sœur, qui est déjà bien occupée à fixer mon colocataire intensément.

— C'est donc toi Hayden, toi aussi tu es vraiment géant, lui fait-elle remarquer.

Hayden sourit de toutes ses dents avant de s'abaisser à sa taille.

— Et toi tu es plutôt grande pour une fille de neuf ans.

— Dix ans, c'est mon anniversaire aujourd'hui, le corrige-t-elle en croisant les bras.

Il me jette un coup d'œil pour me dire : « Tu ne me l'as pas dit, ça ». Puis se reconcentre sur ma sœur afin de lui répondre.

— Pardonne-moi, Grace, je ne le savais pas. Joyeux anniversaire, mademoiselle. Tu vas bientôt devenir une adulte, dis-moi.

Elle glousse, amplifiant mon sourire au passage.

— Mais non, je suis encore petite pour ça.

— Hmm, méfie-toi du temps, principessa, il passe bien trop vite, rétorque-t-il en lui adressant un clin d'œil.

Je suis encore surprise de l'entendre parler italien. Je me souviendrai toujours du jour où il m'a avoué avoir pris des cours pour moi. Personne avant lui n'avait fait autant d'efforts et je dois avouer que ça a bien joué en sa faveur. Une raison de plus d'arrêter de le détester. Et je crois que le voir rire avec ma sœur est devenu ma chose préférée.

— Tu parles italien ? s'étonne ma sœur.

— Pour toi, Grace, j'ai tous les talents.

Elle rit de nouveau avant de le serrer dans ses bras. Il enfouit sa tête dans son cou et resserre son emprise.

Rectification, Grace dans les bras d'Hayden est ma nouvelle chose préférée.

— Allez, les Parker, rentrons à la maison, déclare Hayden en se relevant.

Il attrape le sac à dos de Grace, alors que cette dernière insère sa main dans la sienne. Hayden paraît surpris, il me jette alors un coup d'œil, mais mon large sourire le rassure immédiatement. Alors il sourit à son tour, m'attrape par les épaules pour me ramener contre lui, tout en tenant fermement la main de ma sœur, puis nous guide jusqu'à la sortie de l'aéroport.

***

— Mais non, c'est Jupiter, pas Saturne. Elles ne sont pas loin, c'est pour ça que tu les confonds, s'exclame Grace.

— Tu dois te tromper, bébé Parky. Saturne est bien la plus grande planète, s'enquiert Nolan, augmentant l'agacement de ma petite sœur.

Elle soupire longuement en le fusillant du regard.

— Ah, je vois enfin que ce regard est de famille, chuchote Hayden dans mon oreille.

Je ricane en lui mettant un coup de hanche pour le faire taire.

Nous sommes actuellement au musée des sciences et plus précisément, au Charles Hayden Planétarium. Et oui, il porte le nom de mon colocataire, il nous l'a assez répété depuis qu'on y a mis les pieds. Si ça ne tenait qu'à moi, je serais parti juste pour faire taire le prétentieux de service. Mais ma sœur est fan du système solaire et de science depuis des années, et visiter cet endroit était un de ses rêves. Étant donné qu'elle est l'invitée d'honneur et que c'est son anniversaire, j'ai pris sur moi et ait supporté les remarques du petit con de service.

Nous avons assisté à un spectacle sur les milliers de planètes existantes et sur l'existence de plusieurs systèmes solaires. Grace et Kyle étaient complètement captivés, étant les deux fans de science du groupe. Clay aussi était intéressé. Hayden a passé son temps à m'embêter, alors je n'ai pas pu profiter pleinement du spectacle. Et Nolan s'est carrément endormi. Il aurait préféré faire quelque chose de plus intéressant, mais c'était à ma sœur de choisir.

Évidemment, mon meilleur ami aime par-dessus tout embêter les gosses, et ma sœur est devenue sa proie pour la journée. Malheureusement pour lui, il a trouvé une adversaire à sa taille. Grace a l'intelligence hors pair de mon père et le répondant de ma mère, une vraie Parker. Ils se battent depuis dix minutes pour délibérer quelle est la plus grande planète de notre système solaire. Ce que Nolan ne comprend pas, c'est que Grace est passionnée par cet univers et qu'elle en connaît bien plus que lui.

— Mais non ! Elles sont toutes les deux géantes et font même partie du même groupe, celui des planètes joviennes, c'est-à-dire qu'elles sont très volumineuses et composées d'éléments gazeux. Contrairement aux planètes telluriques qui sont composées de métaux et de roches. Pour en revenir au sujet, Jupiter a un diamètre de 142 984 km alors que Saturne a un diamètre de 120 536 km. Proche, mais Jupiter reste la plus grosse, le corrige-t-elle, en pointant son index dans sa direction.

Tous les garçons sont pendus à ses lèvres, admiratifs de sa façon de s'exprimer. Je dois avouer que Grace est vraiment brillante et qu'on pourrait passer des heures à l'écouter. Surtout quand un sujet la passionne autant. Elle me fait de plus en plus penser à moi à son âge, lorsque je parlais d'art. Mes parents seraient tellement fiers de la voir ainsi.

N'y pense pas Kaylee, tu ne dois pas pleurer aujourd'hui.

— Eh bien, miss Parker, tu es vraiment très intelligente, lui dit Kyle en souriant.

Elle le lui rend en le remerciant.

— Dis Kyle, ça te dit qu'on aille discuter avec le monsieur de la présentation ? Il y a des questions que j'aimerais lui poser, lui demande ma sœur.

J'ai oublié de préciser que ma sœur est totalement tombée sous le charme de Kyle. Bon, il faut dire que c'est un très bel homme, il est gentil et doué avec les enfants. Il est également passionné de science, étant donné que son père est chirurgien, alors pour Grace, c'est l'homme parfait.

— Bien sûr, si c'est ok pour ta sœur, répond-il en relevant la tête vers moi.

— C'est Grace qui décide.

— Alors on y va, Clay, Hayden, vous venez aussi ?

C'était plus un ordre qu'une question, alors mon coloc et son meilleur ami hoche la tête sans broncher. Nolan s'apprête à ouvrir la bouche, mais je l'arrête sur le champ.

— Non, Nolan toi tu viens avec moi. On va chercher à boire. Les gars, je vous prends quelque chose ?

— Un coca, répondent Kyle et Clay en chœur.

— Hayden, un Oasis fruits rouges ? demandé-je.

Il hoche la tête, alors que tous les regards se tournent vers moi, ne cachant pas leur surprise. Quoi ? Je vis avec cet idiot depuis deux mois, bien sûr que je connais ses habitudes et sa boisson préférée.

Je ne leur prête donc pas attention et attrape la main de mon meilleur ami pour nous traîner hors du planétarium. Il place son bras autour de mes épaules pour plus de confort et nous avançons calmement à travers les couloirs.

— Alors, contente d'avoir ta sœur près de toi ? m'interroge-t-il.

— Très contente, souris-je. Son petit visage m'avait tellement manqué. Je n'ai pas énormément profité d'elle pendant les vacances, étant donné que j'ai travaillé une partie. Mais je compte bien savourer ce week-end comme je le dois.

Je le sens sourire contre ma tête. Nolan joue avec ma sœur pour l'embêter, mais il sait à quel point elle m'a manqué. Il a suivi notre relation pendant deux ans, il a vu à quel point on est proche et à quel point je souffre d'être loin d'elle. Nolan ne sait pas pour Marco, il sait simplement que j'ai eu un ex-toxique qui m'a très mal traitée. Je ne suis jamais rentrée dans les détails avant Hayden, je n'en avais jamais eu le courage. Mais dans ce processus de guérison, je compte enfin mettre l'homme qui me soutient depuis deux ans, dans la confidence. Il le mérite, il a été le meilleur ami que je pouvais avoir et je lui en serai toujours reconnaissante.

— Tu as l'air tellement plus souriante en ce moment, Parky. Est-ce qu'on doit ça à un certain capitaine de l'équipe de hockey ? me taquine-t-il.

Je soupire sans perdre mon sourire. Il n'a pas tort et il est celui qui est le plus en capacité de remarquer mes changements de comportements. Il me connaît trop bien pour ça. Mais oui, Hayden me rend un peu plus agréable chaque jour. Notre complicité grandit, on se dispute encore souvent, on se lance des piques à longueur de temps, mais c'est notre façon de communiquer et je ne la changerai pour rien au monde.

— Possible qu'il y soit pour quelque chose.

— Tu l'aimes vraiment bien, n'est-ce pas ?

Je me mords la lèvre, en baissant les yeux. J'ai encore du mal à l'avouer, mais oui, je l'aime vraiment bien. Il est patient, attentionné, drôle, tellement adorable, que je me demande comment j'ai pu le détester un jour.

— Eh, il n'y a pas de mal à ça. Hayden est vraiment un type bien. Il n'y a rien qui me rendrait plus heureux que de savoir qu'il prend soin de toi, me confie Nolan.

— Il est incroyable, vraiment. J'ai voulu le détester, mais c'est impossible. Il est tellement patient et compréhensif. Mais ça me fait peur, j'ai peur que tout explose à un moment. C'est ce qui arrive toujours avec moi.

— Non, non, non. Ne pense pas à ça. Le positif attire le positif. Alors fais confiance à Hayden, fais-toi confiance et ne sois pas pessimiste. Tu verras que tout se passera très bien.

Je lui adresse un large sourire pour seule réponse et le serre dans mes bras.

— Merci de ne m'avoir jamais abandonnée, Nono. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

— Hmm, tu serais la même, en un peu moins cool.

J'éclate de rire en confirmant.

— D'ailleurs ? Hayden a bien réagi au fait de devoir annuler ses plans pour Grace ? Ce n'est pas tout le monde qui accepte de partager son jour.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas du tout où il veut en venir.

— De quoi tu parles ?

— Quoi, tu ne sais pas que c'est aussi l'anniversaire d'Hayden, aujourd'hui ? demande-t-il d'un air amusé.

Quoi ??? Il ne me l'a jamais dit.

— Tu te moques de moi ?

— Ah, tu n'étais vraiment pas au courant visiblement. Oui, c'est l'anniversaire d'Hayden. Il avait prévu de passer sa soirée avec toute l'équipe, mais il a appelé en début de matinée pour annuler. Il a dit qu'il préférait passer sa journée à vous rendre heureuse, Grace et toi.

Oh le petit con. Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ? J'aurais acheté un cadeau et pensé à organiser un petit truc pour lui aussi. Il a préféré rendre ma petite sœur heureuse sans penser à lui, me prouvant une nouvelle fois à quel point il est prévenant et bienveillant. Et à quel point je suis une idiote ingrate.

— Il ne m'a rien dit, mais il est hors de question que je reste les bras croisés. Hayden fêtera son anniversaire, et toi, tu vas m'aider, déclaré-je alors que le sourire de mon meilleur ami s'amplifie.

— Compte sur moi, Parky !

📚🏒🎨

Grace est enfin là!! Et il semblerait que le courant passe très bien avec son futur beau frère 😜😌

Un petit chapitre cool pour éloigner toute la tristesse des chapitres précédents et le prochain sera dans le même mood !

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