Chapitre 31
HAYDEN
Une, c'est le nombre d'heure qui est passée depuis que Kaylee a terminé son histoire.
Vingt, c'est le nombre de pauses qu'elle a dû faire parce qu'elle pleurait ou tremblait.
Deux, c'est le nombre d'heures qu'elle a passé à me raconter tout, dans les moindres détails.
Dix, c'est le nombre de fois où j'ai failli vomir en entendant ces fameux détails.
Cinquante, c'est le nombre de fois où j'ai eu envie de tuer cet enfoiré.
Trois, c'est le nombre d'années que j'aimerais effacer de la vie de Kaylee, afin de lui offrir le futur de ses rêves.
Putain de merde. J'ai d'abord détesté cette fille et son comportement de connasse, ne comprenant pas ce qui avait bien pu lui arriver d'aussi terrible, pour qu'elle se ferme au monde de la sorte. Par la suite, j'ai aperçu la souffrance, je l'ai analysée et j'ai fait tout mon possible pour la percer à jour. Mais jamais au grand jamais je n'aurais pu imaginer une telle chose. C'est monstrueux, tellement tordu, abominable. Comment peut-on manquer d'humanité à ce point ? Comment peut-on traiter une personne de la sorte ? Une personne qu'on jurait aimer, d'autant plus.
J'ai regardé Kaylee s'effondrer devant moi, à plusieurs reprises et je ne savais même pas comment réagir, putain.
Je ne comprenais pas son problème avec le contact des hommes avant ce soir et merde, je ne sais même pas comment elle m'a laissé l'embrasser, la prendre dans mes bras. Comment arrive-t-elle encore à vivre dans un environnement masculin ? Ce mec l'a détruite et si je l'avais face à moi aujourd'hui, je le tuerais de mes mains, sans la moindre hésitation.
Avec le temps, j'ai appris à apprécier Kaylee, à la trouver drôle, parfois gentille et sensible. Aujourd'hui, je l'admire, je suis épaté par l'immense force qu'elle possède. Elle a survécu à six mois d'enfer constant, six mois de calvaire et de tourment. Et même si aujourd'hui, son sourire se fait rare, elle survit. Elle se lève tous les matins, elle travaille dur, elle bosse le soir comme une dingue, pour payer ses factures et elle ne se plaint jamais. Cette femme est une super héroïne et sans même m'en rendre compte, je suis tombé un peu plus sous son charme.
Je veux l'aimer, je veux la protéger de ce monde gorgé de monstres. Je veux l'envelopper de mes bras et ne plus jamais laisser la moindre personne ou chose l'atteindre. Je ne veux plus jamais qu'elle souffre.
Je me souviens de chaque mot qu'elle a prononcé, chaque atrocité. Ils tournent en boucle dans ma tête depuis une heure.
— Ça commençait par des demandes en plein milieu de la nuit. Parfois je me réveillais à cause de la douleur de son membre en moi. Il m'obligeait à le regarder pendant qu'il prenait son pied. Il me faisait croire que c'était normal, qu'un couple n'avait plus besoin de permission pour faire ce genre de choses. Et bêtement, je le croyais. Alors je ne disais rien, même si intérieurement, je hurlais, m'a-t-elle avoué.
Ce connard lui a fait croire que le consentement n'existait plus lorsqu'on était en couple. Putain non, le consentement est la chose la plus importante dans une relation. Peu importe le nombre d'années passées en couple, peu importe que vous soyez mariés ou que vous ayez six gosses et un chien. Le consentement est obligatoire, à chaque putain de moment. Quiconque clame le contraire n'est qu'un violeur. Il l'a violée en lui faisant croire que c'était normal et ça me tue.
Il allait même jusqu'à lui dire qu'elle aimait ça, seulement car son corps réagissait tout seul. Non, ce n'est pas vrai.
— Et puis, il y avait ces jours où tout était de ma faute. Il disait que mes shorts, mes petites tenues l'allumaient, alors que je crevais simplement de chaud. Mais aussi les moments où ses caresses me faisaient automatiquement mouiller, alors que je n'éprouvais aucun plaisir. Mais encore une fois, il me faisait croire le contraire. Pour lui, si mon corps réagissait, c'est que j'en mourrais d'envie. Alors encore une fois, il y allait sans mon consentement. Il s'introduisait en moi en me répétant à quel point j'aimais ça. C'était faux, je détestais ça plus que tout. J'étais dégoûtée, faible, terrifiée. Pourtant, je n'avais pas mon mot à dire, a-t-elle poursuivi.
Bien sûr qu'elle détestait ça, bien sûr qu'elle était terrifiée, n'importe qui en infériorité numérique l'aurait été. Cet homme avait tout pour la terroriser, les hommes, les armes, la force, elle ne pouvait pas le vaincre. C'était impossible pour elle de se défendre. Et c'est ce qui me bousille clairement, l'imaginer seule et faible face à cette ordure.
— Je me souviens de ces journées passées dans la petite pièce au sous-sol. Il m'y enfermait lorsque j'éprouvais une réelle objection à ses demandes. Ou quand ses amis me regardaient d'un peu trop près. D'après lui, j'étais la catin qui les allumait. Je provoquais, j'avais conscience de l'effet produit sur eux et j'en jouais. Alors, il me punissait comme je le méritais : seule, sale. Ça pouvait durer des heures comme des jours. Mais chaque minute passée dans cette pièce, me donnait la nausée.
Quand elle m'a dit qu'il a levé la main sur elle, qu'il l'a battue comme un vulgaire pantin en plastique, j'ai vu rouge. Et pour bien illustrer ses propos, elle a refusé de se rhabiller et m'a forcé à regarder chacune de ses cicatrices, chacune de ses marques. Ces blessures qu'elle dissimule derrière des vêtements amples et des manches longues. Ça aussi, ça a du sens maintenant. Le fait qu'elle ne mette jamais de tee-shirt ou de vêtement court alors qu'il faisait chaud, elle se cachait. Elle cachait des mois de souffrance derrière des couches de vêtement et une humeur exécrable.
Elle fuit les gens et l'amour parce que chaque personne qu'elle a aimée ont fini par souffrir ou la faire souffrir : sa mère, son père, sa sœur, sa grand-mère, son connard d'ex et le dernier qu'elle a aimé, celui qui l'a aidée dans cet univers de taré, ce Julian.
J'avoue avoir eu de la compassion pour cet homme, même s'il ne faisait pas partie d'un monde plaisant. Il a quand même été cette bouée qui a empêché Kaylee de se noyer, durant plusieurs mois. Et pour ça, je lui en serais toujours reconnaissant. La lettre qu'il lui a laissée m'a arraché une petite larme. Il s'est sacrifié pour son bonheur, pour qu'elle puisse quitter ce cauchemar. Je n'ose pas imaginer comment ça se serait passé pour elle, si elle était restée là-bas près de lui.
— Comment... comment ça s'est passé à ton retour ? As-tu pu porter plainte contre cette ordure, pour tous ces mois de captivité ? osé-je demander.
Je ne sais même plus quelle question poser, sans me demander si je dépasse la limite. Elle m'a accordé l'accès à ses pensées les plus intimes et ça m'a donné l'impression d'avoir abusé d'elle.
Elle ne répond pas pendant quelques minutes, sûrement trop sonnée par tous ces aveux. Mais elle finit tout de même par lever la tête, sans pour autant me regarder dans les yeux. Elle n'a pas réussi à le faire durant ces deux dernières heures : trop honteuse ou effrayée, je n'en sais rien.
— J'avais peur de rentrer chez ma grand-mère, après tout ça. Non en réalité, j'avais terriblement honte. Je suis parti en laissant une simple lettre, la rendant morte d'inquiétude pendant des mois. Comment pouvais-je la regarder dans les yeux après ce que je lui avais subir ? Comment pouvais-je me présenter à elle, tremblante et pratiquement défigurée ?
Elle marque une pause, reprenant sa respiration, ravalant ses larmes puis reprend :
— Mais je l'ai fait, j'ai toqué à sa porte et je me suis effondrée dans ses bras. Elle m'a serrée contre elle et nous avons pleuré ensemble durant des heures. Elle ne m'a pas tourné le dos, Hayden, après tout ce que je lui ai fait subir, elle m'a accueilli chez elle et a pris soin de moi, putain. Comment a-t-elle pu faire ça ?
— Parce que l'amour d'un parent est inconditionnel. Lindsay n'est peut-être pas ta mère, mais elle est ce qui s'en rapproche le plus. Comment aurait-elle pu te rejeter et se regarder dans un miroir après ça, Kaylee ? Son amour pour ta sœur et toi est inconditionnel, et il le sera toujours, peu importe tes actes.
J'attrape sa main dans la mienne, tentant d'apaiser ses tremblements. Elle ne me repousse pas, au contraire elle recouvre la mienne de son autre main et m'adresse un fin sourire de gratitude.
— Après ça, nous sommes allées au commissariat pour que je raconte tout depuis le début. Certains ne m'ont pas cru, sans preuves, c'est difficile de monter un dossier. D'autres m'ont pratiquement accusée pour ses crimes. Ils ont dit que j'ai accepté de le suivre en premier lieu et que je n'ai que moi à blâmer. Autant te dire que ma grand-mère a failli leur cracher au visage.
— Tu m'étonnes, quelle bande d'enfoirés, dis-je en grimaçant.
Elle lâche un petit rire sans joie, en hochant la tête.
— Au final, Marco n'a pas été incriminé pour ce qu'il m'a fait subir. Je sais, immoral, mais c'est ainsi que fonctionne la justice. On ne croit pas l'ado perturbée par la mort de ses parents, qui a fui le domicile familial par sa propre volonté. Mais le chef de mafia qui deal de la drogue comme s'il vendait des barres chocolatées, lui est totalement blanchi.
La bile me monte à la gorge. Après tout ce qu'elle a vécu, comment ce connard a pu échapper à la punition qu'il mérite ?
— Je t'en prie, Kaylee, dit moi que ce tas de merde n'est pas en liberté.
— Non, crois-moi, s'il l'était, je ne serais pas devant toi à l'heure qu'il est. Il a pris six ans pour complicité de trafic de drogue.
— Complicité ! hurlé-je.
Quelle complicité ? Ce bâtard est le putain de chef, celui qui tire les ficelles. C'est impossible que sa peine soit si faible.
— Marco est intelligent et influent, Hayden. Tu crois vraiment qu'il peut gérer un réseau aussi grand et se faire prendre aussi facilement ? Ses potes ont témoigné en sa faveur et il s'en est sorti. Dans trois ans, il sortira et il viendra me chercher.
Je lâche un rire amer en la fusillant du regard.
— Tu rêves si tu crois que je vais laisser un truc pareil arriver. Moi vivant, il ne posera plus jamais le moindre doigt sur toi, Kaylee. Tu m'entends ? Plus jamais, déclaré-je en l'attrapant fermement par les épaules.
Elle baisse le regard, mais j'encadre son visage de mes mains et la force à les relever. Les larmes perlent de ses yeux et mon cœur se brise un peu plus face à cette vue. Je voudrais pouvoir prendre sa peine et souffrir à sa place.
— Après ça, ma grand-mère a jugé important que je consulte un psy, pour extérioriser et obtenir un avis professionnel. Ça fait bientôt trois ans que je consulte le docteur Wilson. Voilà où je disparais trois fois par semaine. Je vois une psychologue et je passe la moitié de la séance à éviter le sujet qui fâche. Parce que je n'y arrivais pas, Hayden. Avant aujourd'hui, je n'avais plus jamais reparlé de cette histoire. Je ne sais toujours pas comment j'ai eu le courage de le faire, ce soir. Surement grâce à toi et à tout ce que tu m'as expliqué sur ta mère biologique.
— Crois-moi, piccola, je n'ai pas vécu les trois quarts de ta souffrance. C'est toi la personne admirable entre nous deux.
J'embrasse le dos de sa main sans la quitter du regard. Elle me gratifie d'un faible sourire, réchauffant mon cœur au passage.
— Au départ, c'est un mec bien, il te montre son sourire lumineux, son intelligence, son humour. Il te regarde comme la huitième merveille du monde, t'aide à te sentir unique. Puis un jour, tu le retrouves complètement vide, sans une once d'humanité, de compassion et d'amour. Te faisant découvrir une partie de lui que tu n'osais même pas imaginer, murmure-t-elle en fixant un point au sol.
— L'humain peut être un sacré manipulateur, parfois, réponds-je, la gorge nouée.
Elle se redresse, ses yeux s'embuent à nouveau lorsque je prends son visage en coupe. Ses prunelles émeraude me fixent, me transmettant toute la peine qui l'anime, déchirant mon cœur un peu plus.
— Il m'a tellement salie qu'aucune douche ne pourra jamais l'effacer. Il a pris toute ma joie de vivre, pour la transformer en une perpétuelle peine. Il m'a tout simplement brisée, de toutes les manières dont une personne peut être brisée.
Elle s'effondre dans mes bras et je resserre son emprise, afin de lui transmettre toute la chaleur que je possède. Je la serre fort contre moi, la laissant reposer sa tête contre mon torse pendant que j'enfouie mon visage dans ses doux cheveux parfumés à la vanille. Je pourrais rester dans cette position pour le restant de ma vie, sans l'ombre d'une hésitation, sans regret. Cette fille s'est infiltrée dans mon cœur depuis des semaines et je serai incapable de l'en faire sortir, même avec toute la volonté du monde. Je suis tombé amoureux d'elle sans m'en rendre compte, et la rapidité de la chose me fait totalement flipper. Parce qu'aussi brisée qu'elle soit, elle est capable de me détruire, moi aussi, si elle le souhaitait, sans le moindre effort.
— Tu n'es pas brisée, piccola. Tu as énormément souffert, tu as été marquée, torturée, mais tu n'es pas brisée. La preuve, tu es là-devant moi, tu te lèves tous les matins et tu te bats jour après jour, pour ce en quoi tu crois. Tu es forte, plus forte que n'importe quelle personne sur ce putain de campus, voir dans cette putain de ville. Et si tu as besoin que je te le répète encore et encore, alors je suis ton homme.
Elle secoue la tête en s'échappant de mes bras, pour se redresser sur ses pieds.
— Regarde-moi, Hayden. Il n'y a pas une partie de mon corps qui n'a pas été marquée par cet homme. Il m'a souillée, que ce soit par ses coups ou par ses pénétrations forcées. Comment peux-tu encore me trouver belle après ça ? Comment peux-tu me trouver désirable ?
J'aurais presque envie de lui scotcher la bouche pour l'empêcher de dire de telles conneries. Je me lève à mon tour afin de lui faire face.
— Tes cicatrices sont le reflet de ta force. Si tu es en mesure de me les montrer aujourd'hui, c'est que tu as eu assez de force pour affronter l'obstacle qui voulait ta perte.
Je m'approche un peu plus d'elle pour caresser lentement son visage, descendant jusqu'à son cou.
— Puis-je ? demandé-je en montrant le dessous de sa poitrine.
Elle réfléchit un instant, puis finit par me donner l'autorisation. Alors je laisse glisser ma main au-dessus de sa poitrine sans m'y attarder, puis descends jusqu'aux premières cicatrices juste en dessous de ses seins.
— La beauté réside d'abord dans toute âme, puis se répand autour de toi. Tu n'es pas belle parce que les standards ou la société l'exigent. Tu es belle parce que tu as accepté que chaque chose que tu considérais comme des défauts, font de toi quelqu'un d'unique.
Je laisse glisser ma main sur chaque marque, chaque souvenir de ces terribles mois. Je déglutis à chaque frisson que ressent Kaylee sous mon contact. Ce mec lui a arraché le moindre plaisir du contact et de la chaleur humaine, et ça me bouffe de l'intérieur.
Je dessine chaque contour de ses cicatrices, elles ont toutes une histoire, mais leur unique point commun restera à jamais le courage de la personne qui les porte. Parce que Kaylee est une vaillante, une survivante, elle est admirable et je ne le répéterai jamais assez. Sa force m'impressionne et je la ferai taire à chaque fois qu'elle osera dénigrer cette partie d'elle.
Elle pourrait être recouverte de taches que je la trouverai toujours attirante. Son physique est incroyable, mais ce n'est sûrement pas la raison pour laquelle je suis fou d'elle. Loin de là. Ce qu'elle est au fond de son cœur restera toujours la plus grande chose qui me fait craquer.
— As-tu envie que je t'aide ? Que je te fasse redécouvrir le plaisir de l'intimité entre deux personnes ? murmuré-je contre son oreille.
Elle me contemple un instant en se mordillant la lèvre, réfléchissant sérieusement à la question. Alors pendant ce temps, je nous tourne face au miroir de ma chambre, je la supplie de nous regarder tous les deux, l'un contre l'autre. Elle en sous vêtement, moi torse nu, observant chaque parcelle de peau qui nous compose et qui font de nous l'être exceptionnel que nous sommes. Aucun vêtement ne remplacera jamais la beauté d'un corps nu, celui que nous possédons tous et qui est à la fois différent et similaire des autres. À chacun sa couleur, ses cicatrices, ses tatouages, ses particularités, à chacun sa forme. Et c'est ce que Kaylee doit voir : la beauté naturelle de sa personne.
Je longe son bras de ma main droite, tout en tenant fermement sa taille de ma main gauche. Je descends cette dernière le long de sa hanche, son aine, sa jambe, remontant sur le galbe de ses fesses, son épine dorsale. Je n'irai pas plus loin ce soir, car elle a besoin de repos, mais c'est un avant-goût de tout ce que je pourrais lui apprendre.
— Laisse-moi te redonner goût à la vie, Kaylee. Laisse-moi te montrer que les relations intimes ne sont pas une torture avec tout le monde. Permets-moi de te redonner ce plaisir naturel que Marco t'a dérobé.
Elle se tourne dans ma direction, attrape mon visage entre ses mains, tout en plongeant son regard dans le mien.
— S'il te plait, Hayden. J'ai besoin que tu le fasses. J'ai besoin que tu me fasses apprécier la douceur de tes caresses. Je veux te désirer en te regardant, en te touchant, en t'étreignant. Aide-moi à redevenir celle que j'ai perdue en chemin, trois ans plus tôt.
Je dépose un long baiser sur son front avant d'esquisser un large sourire.
— Compte sur moi, piccola. N'aie plus peur, je serai toujours là pour te guider.
📚🏒🎨
And the award to the best man goes to...
Bon voilà le second chapitre lourd suivant le flashback.
Petit zoom sur les réactions de Hayden et je pense qu'on est tous un peu d'accord avec ce qu'il a pu dire ou penser.
Maintenant, préparez vous à les voir plus proches que jamais. Quand vous penser que vous ne pouvez pas plus aimer Hayden, croyez moi, il va envoyer du lourd dans les prochains chapitres!! 🫶🏼💕
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top