Chapitre 3

KAYLEE

— Non, rien du tout jusqu'au semestre prochain, désolée Kaylee, m'annonce Jenny en m'adressant une moue navrée.

Je pousse un long soupir de fatigue et m'affale sur la chaise. En me levant, j'étais décidée à réintégrer le campus et trouver même une petite chambre avec une coloc désagréable, mais rien. Les chambres sur le campus sont les plus demandées, et espérer en avoir une après un mois de cours, c'est comme lancer une assiette au sol et espérer qu'elle se recolle par magie : impossible. Clay et Nolan ont promis qu'ils allaient m'aider avant de rejoindre leurs amis, mais je n'ai pas attendu qu'ils se réveillent pour en rediscuter avec eux. Si je veux que les choses bougent, je dois aussi faire plus d'efforts.

Et la première chose sur ma liste était de me rendre au bureau de Jenny, la personne chargée des logements et de la vie étudiante. Je la connais depuis plus de deux ans, elle a à peine huit ans de plus que moi, on est donc devenues rapidement familières. J'ai passé pas mal de temps dans son bureau par rapport aux options choisies, il y avait toujours un tas de problèmes dans mon emploi du temps, et c'est elle qui s'occupait de tout ça.

Enfin bref, elle a tout regardé, à ma demande. Même partager la chambre d'une première année ne m'aurait pas dérangée, mais tout était occupé.

Je suis définitivement poisseuse. J'aurais vraiment dû anticiper dès la minute où Nolan avait pris la décision d'emménager avec Clay. Voilà les résultats de la procrastination : pratiquement à la rue. Bien joué, Kaylee.

— Je suis définitivement foutue, soufflé-je en passant les mains dans mes cheveux.

Jenny me lance un nouveau regard désolé.

— Pourquoi tu n'es pas venue plus tôt ? demande-t-elle d'une voix douce.

— Je pensais que j'allais trouver une âme en peine qui aurait voulu partager mon appart. Sauf que la fin du mois de septembre arrive et que ma proprio ne pouvait plus me le garder. Résultat des courses : je suis l'âme en peine — quasiment à la rue — à la recherche d'une bonne fée.

Un petit sourire de soutien se forme sur ses lèvres pendant que sa main vient attraper la mienne, afin de la caresser délicatement.

— Je suis vraiment désolée, ma puce. Je peux essayer de regarder les annonces de coloc. J'aurais peut-être un peu plus de chance que toi ? me propose-t-elle.

Je réfléchis un instant puis hoche la tête. À un moment donné, il faut savoir accepter l'aide des autres, même si c'est quelque chose qui me dérange particulièrement. Avec le temps, j'ai compris que compter sur soi-même était la chose à faire pour éviter d'être déçue et de souffrir. Sauf qu'aujourd'hui, si je ne veux pas dormir sous un pont, j'ai tout intérêt à accepter l'aide d'autrui.

— Je veux bien, même si je pense que c'est peine perdue.

— Ne pars pas défaitiste. C'est vrai que l'année a commencé depuis pas mal de semaines, mais ce n'est pas une raison pour arrêter d'y croire. Je vais éplucher toutes les annonces et je t'appelle si je trouve quelque chose. Ok ?

Je souffle à nouveau en opinant du chef. La chance, je n'y crois plus depuis longtemps. Quand quelque chose de bien se présente, il y a toujours un truc qui tourne mal. Je parle d'expérience.

— Bien, tu as toujours quelqu'un pour t'héberger ? Sinon je peux...

— Non, ne t'en fais pas, je vis chez Nolan. Il ne me laissera jamais dormir à la rue, la rassuré-je sur le champ.

Elle pousse un soupir de soulagement avant de retrouver le sourire.

— C'est bon à savoir. Allez, retourne en cours et on va trouver une solution. Ne perds pas espoir, Kaylee.

Je hoche la tête et lui rend son sourire pour ne pas l'inquiéter. Puis je sors de son bureau après un dernier geste de la main.

Une fois dehors, je laisse tomber le masque et retrouve mon humeur de chien habituelle.

Espoir, tu parles. Personne n'est aussi désespéré pour avoir un appart à partager à la fin septembre. Et si c'est le cas, croyez-moi qu'elle n'habitera pas près du campus.

Ah oui, j'ai oublié de le mentionner, mais ma pauvre paie ne me permet pas d'avoir une voiture. Jusque-là, c'était Nolan mon chauffeur attitré, et c'était la plupart du temps inutile, car notre appart était proche de mon département.

Ouais, finalement, j'étais carrément dépendante de mon crétin de meilleur ami. Pourtant, ma plus grande résolution dès mon arrivée à Boston était de ne compter sur personne. Malheureusement, monsieur Grey a tout fait pour me convaincre du contraire

« Tu veux être indépendante, je te soutiens totalement. Mais n'oublie pas qu'un petit coup de main ne te fera jamais de mal, Kaylee » m'a-t-il répété durant nos deux ans de colocation.

Je l'ai laissé m'aider. Avec le temps, il m'a fait baisser ma garde, mais voilà qu'aujourd'hui, je me retrouve à nouveau dans la merde. Bien qu'il me répète sans arrêt qu'il ne me lâchera jamais, je ne peux m'empêcher de douter. Oui Nolan est formidable, oui il m'a soutenu dans les bons comme dans les mauvais moments depuis deux ans, mais au final, il a fini par aller de l'avant.

Il a emménagé avec Clay, et même si je suis très heureuse pour lui, je ne peux réprimer cette sensation d'abandon. Parce qu'il m'a promis qu'on vivrait ces quatre années ensemble, et que, d'une manière, il a brisé cette promesse.

Et me voilà en train de dire du mal de la seule personne qui a bien voulu de la fille brisée que je suis. Quelle conne.

La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées et le nom qui s'y affiche m'arrache une grimace.

Dans d'autres circonstances, je serais heureuse de lui parler, mais j'avoue que ces derniers temps, je l'évite.

Ma grand-mère est la personne que j'aime le plus, mais si elle savait que j'avais des problèmes d'appartement, elle ferait une attaque.

Lorsque je me suis inscrite à l'université, je me suis fait la promesse de ne plus jamais être un fardeau pour elle. Je lui ai déjà tant fait subir, je ne peux plus.

Alors comme d'habitude, je lui envoie un message en lui disant que je suis en cours et que je la rappellerai plus tard. Je sais que si je continue ainsi, je vais vraiment finir par l'inquiéter. Mais quel choix j'ai ? Au moins, avec mes messages, elle sait que je suis vivante.

Un nouveau message s'affiche. Ma grand-mère a du mal avec la technologie, c'est pour ça qu'elle ne m'envoie des messages que très rarement.

Mamie : D'accord ma chérie. Peux-tu libérer un peu de temps ce soir par vidéo. Tu manques à Grace.

Nouveau sentiment de culpabilité. Ma grand-mère sait que ma petite sœur est ma faiblesse. Même si elle ne le fait pas pour me blesser, elle sait que je sortirais même en plein entretien d'embauche si Grace le demandait. Je lui ai fait tellement de mal, il y a quelques années, lorsqu'on a tout perdu. J'aurais dû être là pour elle, la soutenir, elle n'avait que six ans. Mais à la place, j'ai préféré m'auto détruire. J'ai été égoïste, je n'ai pensé qu'à ma propre peine, et j'en ai payé le prix.

Mais mon arrivée à Boston a été mon nouveau départ. Depuis ce jour, j'essaie de me rattraper envers ma grand-mère et envers ma sœur. Ce n'est pas facile tous les jours, mais c'est la seule chose qui me fait tenir. Si je ne les avais pas eus, je ne sais pas si je serais encore ici. Probablement pas.

Kaylee : Je l'appelle ce soir, promis.

Je range mon téléphone pour éviter de me sentir encore plus coupable et rejoins rapidement le bâtiment C pour assister à mon second cours de la journée : psychologie sociale. Un cours que je pensais avoir dès le départ, mais qui a fini par arriver assez tard. On en est pour l'instant qu'aux bases, mais c'est une matière plutôt intéressante.

Une fois dans l'amphi, je m'installe à mon rang habituel et sors mes affaires, priant pour que le capitaine de l'équipe de hockey n'y soit pas aussi inscrit.

— Les préjugés et les stéréotypes, quel beau schéma, qu'on juge parfois similaire. Alors qu'il y a tout de même une petite différence. Qui serait capable d'éclairer ma lanterne et celle de vos camarades ? demande monsieur Steiner.

Je connais la réponse, mais je n'ai vraiment pas envie de parler, alors je la ferme et prie pour que quelqu'un ait une folle envie de participer. Je sais très bien que si personne ne se dévoue, il choisira. Je ne suis pas timide, juste très asocial. Je pense que mon taux d'amis peut le confirmer.

Les yeux du prof visent ma direction, bordel, je vais vraiment y passer.

— Les stéréotypes sont des croyances apprises dès notre plus jeune âge sur un ensemble de personnes. Les préjugés, quant à eux, résultent du stéréotype, c'est une mauvaise attitude qu'on aura envers des personnes à qui on associe ces mêmes stéréotypes, répond soudainement une voix à mes côtés.

Je le remercie intérieurement avant de loucher sur la gauche pour mettre un visage sur cette personne.

Eh merde...

À défaut d'avoir eu le capitaine aujourd'hui, j'ai le coéquipier, tout aussi connu et admiré que lui. En même temps, chaque joueur de cette putain d'équipe a un fan club gros comme un bateau.

— C'est exactement ça. Comme je vois que la plupart d'entre vous n'en avait aucune idée, je vais vous faire travailler. Ce sera bien plus intéressant pour vous.

Son petit sourire ne me dit rien qui vaille.

— Comme mon cours n'est pas le plus peuplé, on peut se le permettre. Je vais vous demander de vous mettre par binôme et réfléchir ensemble à des stéréotypes et préjugés que vous tenterez d'expliciter.

Eh merde, je le sentais arriver. Je ne comprends pas pourquoi on a besoin de faire ça en groupe, c'est assez simple à réaliser, une personne suffirait.

— Et avant que quelqu'un ne me demande pourquoi je ne vous laisse pas le faire seul, je vais vous expliquer. Je pense que vous êtes tous capable d'y parvenir par vous-même, mais parfois, avoir un second point de vue et une vision légèrement différente de la vôtre, peut vous aider à réfléchir autrement. Le partage d'informations ne peut vous faire que du bien.

Il lit dans les pensées ou quoi ? Je pousse un long soupir de mécontentement et reste à ma place sans bouger. Je ne vais sûrement pas aller chercher mon binôme. Avec un peu de chance, on sera un nombre impair et le prof acceptera de me laisser travailler seule.

— On se met ensemble ? entends-je tout près de moi.

Putain.

Je sais pertinemment qu'il s'adressait à moi. Cool, je suis joie.

Je lui lance un petit regard en coin et hausse les épaules. S'il a envie de travailler avec moi, je ne vais pas l'en empêcher. Mais autant lui montrer tout de suite que je ne vais pas baiser ses pieds parce qu'il m'a choisie.

En parlant de ça, lorsque j'ose un regard devant moi, plusieurs paires d'yeux me dévisagent. Et oui, uniquement des filles. Les groupies sont de sortie et elles sont loin d'être ravies.

Argh, prenez-la ma place si vous la convoitez tant.

— Je suis Kyle, enchanté, continue le hockeyeur en me tendant sa main.

Ce serait malpoli de ne pas la prendre ? Probablement. J'ose un nouveau regard et suis accueilli par un large sourire, qui me paraît presque sincère. Bon, totalement sincère, mais j'ai appris à me méfier, alors on partira sur du « partiellement sincère ».

— Kaylee.

Mon ton était légèrement sec, mais Kyle ne semble pas s'en formaliser. Il ouvre un document vierge sur son ordinateur et crée un nouveau tableau pour séparer « préjugés et stéréotypes », au moins, il semble vouloir travailler.

— Alors, tu as déjà réfléchi à deux-trois trucs ?

Son sourire n'a pas disparu, ni sa bonne volonté. Allez Kaylee, fais un effort, souffle ma voix intérieure.

Mais j'ai assez de mal avec les sportifs, surtout les plus populaires qui ne se prennent pas pour de la merde. Ouais, Hayden Jones, on parle de toi. Je ne connais pas bien Kyle Jennings, je sais qu'il est attaquant, qu'il est plutôt mignon et populaire, et qu'il est hyper proche du capitaine. Je dirais même qu'ils sont meilleurs amis. Peut-être qu'il est aussi con, mais ce que je vois pour l'instant, m'incite à penser le contraire.

Les apparences, Kaylee, les apparences.

— Tu n'es pas très bavarde. Timide ou un problème avec les gens en particulier ?

J'arque un sourcil, il va vraiment me psychanalyser maintenant ?

— Hmm, je partirai sur « problème avec les gens », tu n'as pas la tête d'une timide.

— Bien vu, Sherlock. Et qu'est-ce qu'une timide pour toi ? grommelé-je.

Un sourire satisfait se dessine sur son visage, alors que mes sourcils se froncent davantage.

— Eh bien, pour commencer, tu n'hésites pas à me fusiller du regard. Une timide baisserait les yeux et rougirait à l'instant où je lui ferais mon sourire de tombeur.

Sourire de tombeur ? Aussi imbus de sa personne que son meilleur ami, à ce que je vois.

— Prétentieux.

Un petit rire s'échappe de sa gorge. Sérieux ? C'est possible d'être aussi heureux alors que je suis insupportable ?

— Une timide n'aurait pas dit ça, non plus. Alors, c'est quoi qui te dérange en réalité ? Les gens en général ou les sportifs ?

Il compte faire la conversation jusqu'à la fin de l'heure ? Il est au courant que ma vie n'est pas importante pour ce travail ? Voilà pourquoi je n'aime pas les devoirs de groupes, les gens veulent toujours faire la conversation, connaître ta vie et oublier le principal sujet.

— Les gens qui veulent connaître ma vie alors que je ne leur ai rien demandé.

Ma dernière réplique aurait dû le stopper sur sa lancée, par chance, le faire fuir. Mais Kyle semble plus tenace que les autres.

— Je partirais sur un mix des deux. Tu es au fond de la salle, car tu n'aimes pas te mélanger. Mais tu me juges particulièrement, car je suis dans l'équipe de hockey. Tu n'as pas le même regard pour moi que pour le gars devant toi, m'explique-t-il comme s'il avait toutes les réponses.

Et pour être totalement honnête, il a tout juste, mais hors de question de lui dire.

— Parce que lui ne me casse pas les pieds avec ses théories débiles, rétorqué-je.

Il rit à nouveau et m'arrache presque un rictus, au passage.

— Tu es drôle, Kaylee. Mais tu nous as bien aidés. Notre premier sujet sera les sportifs, tu as l'air d'avoir un tas de préjugés sur nous.

Ça, c'est peu dire.

— Ton silence parle pour toi, jolie Kaylee. Alors, on devrait intituler ça comment ? « Les sportifs n'ont pas de neurones » ? Quels seront les préjugés ? « Je ne mérite pas mes notes », « je ne serai jamais grand cadre, médecin ou avocat », « je ne suis qu'un tas de muscles ».

S'il essaye de me faire culpabiliser, il n'a pas toqué à la bonne porte. Pourtant, je dois avouer qu'il marque un point. Je ne le connais pas, mais son statut a parlé pour lui.

— Vous avez surtout un ego surdimensionné et une tendance à avoir réponse à tout, grogné-je pour ne pas admettre mes torts.

— Hmm, mouais il y a une part de vraie, ajoute-t-il en souriant à nouveau.

Cette fois, il m'a eu et mes traîtresses de lèvres s'étirent sans mon consentement.

— Ah, le voilà ce beau sourire qui se cachait derrière ce masque grognon. Mission accomplie.

Petit con.

— T'es vraiment pas croyable, Jennings.

— Tu connais mon nom de famille ? demande-t-il sincèrement intrigué.

— Ne pas aimer les sportifs et ne pas les connaître sont deux choses différentes, souligné-je.

Il semble m'étudier un moment, en silence. Puis se contente de hocher la tête.

— Tu as raison. Alors, suis-je remonté dans ton estime ? Au moins un petit peu ?

Il appuie sa phrase d'un énième sourire en coin pour m'amadouer. Je ne tombe pas dans le panneau pour autant, mais j'avoue qu'il fait des efforts pour être sympa. Et puis, ne pas être une connasse pendant cinq minutes ne peut pas me faire plus de mal que ça. Tant que nos échanges se limitent à cela, rien ne peut mal tourner.

— Peut-être un peu, oui. Mais je maintiens mon avis sur le fait que vous êtes tous des petits cons prétentieux qui sont amoureux de leurs abdos et biceps. Et avant que tu ne me contredises, je parle d'expérience, étant donné que mon meilleur ami est sportif et totalement comme ça, insisté-je.

— Je n'allais absolument pas te contredire. Mais pour notre défense, on travaille dur pour avoir un tel résultat, alors on est en droit de s'en vanter.

Un point pour lui.

— Deuxièmement, si ce garçon nous ressemble et qu'il est quand même ton ami, c'est qu'il y a toujours une chance, poursuit-il.

Encore une fois, il a raison.

— Mais il a d'autres qualités qui font de lui quelqu'un de méritant.

— Tout comme mes coéquipiers et moi.

— Mouais, à une exception près, ajouté-je alors que le visage de leur foutu capitaine apparaît dans mon esprit.

Il arque un sourcil pour m'inviter à préciser.

— Votre insupportable capitaine qui se prend pour le nombril du monde.

— Tu connais Hayden ? me questionne-t-il en redevenant sérieux.

Bon, critiquer son meilleur ami n'est pas la chose la plus sympa que je puisse faire, mais je m'en moque. Je ne l'aime pas, c'est mon droit de le faire savoir.

— Vaguement, on a partagé un cours en commun hier et on n'a pas du tout accroché, si tu vois ce que je veux dire, grimacé-je.

Il semble réfléchir un instant avant de me lancer un nouveau regard amusé.

— C'est donc toi la « nouvelle-folle qui n'a pas compris comment la fac fonctionnait » ?

Folle ? Nouvelle ? Il se fout de ma gueule.

— C'est ce qu'il a dit ? demandé-je en sentant la colère monter à nouveau.

— A quelques mots près, oui.

Quand je pensais que je ne pouvais pas plus le mépriser, son meilleur ami me prouve le contraire.

— Quel connard insolent, prétentieux, vaniteux, arrogant et tous ses synonymes.

Kyle s'esclaffe à nouveau, mais mon regard noir le stop net dans sa lancée.

— Ne fais pas attention à ce qu'il dit. Hayden est particulier, mais il est loin d'être méchant. Quand tu apprends à le connaître, tu es franchement heureux de l'avoir dans ta vie.

— Merci, je m'en passerais bien. Et dire que je vais devoir me le coltiner durant tout le semestre. Il n'a pas prévu de changer d'option, par hasard ?

Il secoue la tête.

— Hayden n'abandonne jamais. Il a besoin de toutes les options possibles pour remplir son dossier pour Harvard.

Putain, je sais exactement de quoi il parle, car, moi-même, j'ai pris quelques options pour être acceptée en Master. Plus ton dossier est complet, plus tu as de chances d'impressionner le jury. Ça ne m'arrange pas du tout.

— Kaylee la poisseuse, le retour, marmonné-je.

— Allez, ne t'en fais pas. Il ne te fera pas chier tout le semestre. Je lui en parlerais si tu veux, tente de me rassurer Kyle.

— Absolument pas, hors de question qu'il pense m'atteindre. Je vais simplement me contenter de l'ignorer, c'est ce que je fais de mieux.

— J'avais remarqué, rit-il.

J'esquisse à mon tour un léger sourire avant de lui arracher l'ordinateur des mains.

— Bon, trêve de plaisanterie, on a perdu assez de temps à discuter de choses futiles. On doit remplir ce document et avoir le plus d'arguments.

— A vos ordres, chef.

***

Mon GPS m'indique cinq minutes restantes avant d'arriver à destination.

En sortant de mon cours de psychologie sociale, Nolan m'a appelée en me disant de le rejoindre à dix-sept heures, à une adresse précise, en m'annonçant simplement qu'il avait trouvé une solution pour mon logement. Il ne m'a pas donné tous les détails, car il n'avait pas beaucoup de temps avant son prochain cours. Il m'a simplement dit qu'il connaissait quelqu'un qui était dans la même situation que moi et qui avait un appart à partager.

Je n'ai pas posé plus de questions, honnêtement, je ne peux plus me permettre d'être difficile. Et à moins que cette personne soit un terroriste ou un pervers, je pense que c'est faisable. Ce n'est que pour un an, après tout. Ou même un semestre, si j'arrive à obtenir une chambre sur le campus.

Je ne suis pas sociable, alors si cette personne respecte mon besoin d'être seule, tout ira bien.

Mes lèvres s'étirent en un sourire sincère quand la carrure imposante de mon meilleur ami se dresse devant moi.

— Cinq minutes de retard, Parky, plaisante-t-il en me serrant dans ses bras.

— La ferme, j'ai fait le plus vite possible. On n'a pas tous une super voiture, râlé-je en lui arrachant un rire guttural.

— Ma vie serait terriblement ennuyeuse sans ma râleuse préférée.

Je lui assène un coup dans le bras pour le faire taire.

— Allez, Grey, allons découvrir mon nouveau chez moi.

Il acquiesce avant d'ouvrir la marche. Le quartier est plutôt calme, point positif. Le seul bémol est la distance avec mon département. Lorsque je vivais chez Nolan, j'en avais pour dix minutes à pied, mais très souvent, j'avais mon chauffeur personnel. Ici, j'en ai pour plus de vingt bonnes minutes à pied et je dirais dix en voiture. Je devrais peut-être me renseigner sur les navettes pour les temps de pluie. Et qui sait ? Peut-être que mon coloc aura une caisse et pourra me dépanner. Surtout le soir, je ne suis pas une chochotte, mais le Gracy est un endroit fréquenté par tout type de personnes, dont des connards bien éméchés.

— Tu es sûre que ça ne te dérange pas d'être encore avec un mec ? C'est quelqu'un de bien, je lui fais personnellement confiance, mais si tu bloques, n'hésite pas à me le dire.

— T'en fais pas, Nolan. J'ai du mal avec la gent masculine, mais s'il sait garder ses yeux et ses mains pour lui, tout ira bien.

Pour être honnête, je ne suis pas totalement convaincue, mais c'est ma dernière chance.

— Ça me rassure. De toute façon, je lui casse la gueule s'il ose faire un truc déplacé.

— Arrête de faire ton sentimental, gros nounours.

Il passe un bras autour de mes épaules et rapproche sa bouche de mon oreille.

— Jamais, Parky. Jamais.

Je m'esclaffe en lui pinçant le bras. Nous prenons l'ascenseur qui mène à l'étage. Nolan appuie sur le cinquième bouton, j'en prends note mentalement et continue d'observer mon environnement. L'ascenseur est assez large, un miroir trônant en plein centre.

Nous arrivons à notre étage, je suis surprise de constater qu'il n'y a que deux portes. Au moins, on n'aura pas trop de voisins dérangeants. Avec Nolan, nous vivions à côté d'une mère célibataire et ses quatre enfants, trois jeunes avec une passion pour le rock et un vieux avec le chat le plus aigris que je n'ai jamais rencontré. Ceux-là, je ne les regrette pas.

La porte s'ouvre brusquement sur une petite tête blonde que je connais très bien.

— Ah, vous voilà enfin, s'exclame Clay.

Qu'est-ce que Clay fou là ?

— Je ne savais pas que tu venais, dis-je en serrant mon ami dans mes bras.

— Étant donné que c'est mon meilleur ami, je me devais d'être là.

Attendez quoi ? Meilleur ami ? Je connais les meilleurs amis de Clay et c'est...

Oh non, non, ne me dites pas que c'est ce que je pense.

Clay et Nolan me poussent à l'intérieur. Je suis accueillie par une entrée simple. Un petit placard mural se trouve sur la gauche ainsi qu'un rangement à chaussures. Un porte-clé est installé sur le mur en face. Rien de plus banal. Lorsque nous passons l'entrée, nous tombons immédiatement sur le petit salon où est installé un canapé, en face d'un écran plat qui est déjà allumé sur la chaîne de sport. Très cliché. Un casque de hockey est posé sur la table basse et mon ventre se serre en voyant mes doutes se confirmer. Pitié, faites que je me trompe.

— Mec, ils sont arrivés, s'écrie Clay.

Mon potentiel colocataire pointe le bout de son nez quelques secondes plus tard. Mon cœur rate un battement lorsque je reconnais ce visage que je méprise tant.

— Dites-moi que c'est une blague ! s'exclamons-nous en même temps.

📚🏒🎨

Oui je sais, pas très sympa de couper à ce moment 🫣

Mais bon, on verra la confrontation dans le prochain chapitre et ça ne sera pas de tout repos.

Un nouveau chapitre dans le quotidien de Kaylee et notamment sa rencontre avec Kyle !

Bon le courant est finalement passé (comment détester cet amour en même temps)

N'hésitez pas à me laisser vos avis 😇

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