Chapitre 17
HAYDEN
— Alors je suis désolé, mais ces personnages ont vraiment tous un problème. On va commencer par Susan qui est incapable d'être seule cinq minutes. Alors elle sort avec Mike, quand celui-ci se casse, elle recouche avec son ex-mari. Ensuite elle fait semblant d'être malade pour obtenir une consultation avec un chirurgien, dans le seul but d'obtenir un rendez-vous. Quand ce dernier lui montre qu'il l'apprécie blabla, elle lui avoue quand elle plane, qu'en fait, elle aime toujours son ex. Vraiment, cette femme a un problème, m'exclamé-je en mettant pause au prochain épisode.
Kaylee rit de ma remarque, mais ne me contredit pas.
Nous venons de nous enchaîner six épisodes de cette série complètement déjantée. Et j'ai honte de dire ça, mais je suis complètement accro. Les personnages sont tous saccagés, mais l'univers te maintient captivé. C'est incroyable. Je comprends pourquoi ma coloc ne s'en lasse pas. Même si parfois, j'aimerais bien claquer certains des personnages et leur caractère de merde.
— Eddie va le lui faire remarquer lors de la saison quatre ou cinq. Susan n'a jamais réussi à être seule, mais tu vas voir qu'à des moments elle va enfin y parvenir, répond ma coloc.
Je l'écoute attentivement sans la couper. Je vois à quel point ce sujet la passionne. Lorsqu'elle est rentrée, elle était prête à commettre un meurtre parce que je lui volais son espace. Mais dès lors que j'ai mentionné cette stupide série, son regard a changé. On dirait que j'ai trouvé son petit point faible.
Et ouais, j'ai carrément refusé une soirée avec mes potes pour rester avec elle. Je ne sais vraiment pas ce qu'il se passe dans ma tête depuis la dernière soirée qu'on a passée ensemble, mais je ne pense qu'à recommencer.
Cette fille que je ne pouvais pas supporter à cause de son caractère de merde, parvient à occuper mes pensées. De plus en plus souvent et ça craint.
Parce que je commence à la regarder, pas comme une simple coloc mais comme Kaylee : une femme canon, avec un sourire rare mais qui illumine chaque pièce dans laquelle il apparaît. Une répartie d'enfer, un humour que je pensais inexistant. Mais surtout, une vraie sensibilité derrière le masque du dragon. Elle n'apparaît pas souvent, mais elle existe. Et je ne sais pas comment le décrire, mais c'est resté bloqué dans mon esprit toute la semaine.
Alors quand j'ai su qu'elle ne travaillait pas, j'ai sauté sur l'occasion pour rester ici avec elle et lui proposer la même soirée qu'il y a quelques jours.
De surcroît, ça me donnera une nouvelle excuse pour lui tenir compagnie, si elle décidait de ne pas dormir ce soir.
J'ai tenté de rester à ses côtés, ces derniers jours. La première fois, je l'ai trouvée en train de bosser ses cours. Alors je me suis simplement assis et j'ai pris mon carnet pour écrire. Il s'agit du carnet pour le devoir de Médusa. Je suis censé observer les actions et émotions de ma coloc et en faire une analyse poussée. Et honnêtement, cette dernière me donne pas mal de matière en ce moment. Ses changements d'humeur ont été soudain mais m'ont permis de commencer à lire un peu plus en elle.
De m'apercevoir qu'elle n'est pas une simple connasse née pour me pourrir la vie.
Le deuxième soir, elle avait déplacé son chevalet dans le salon et peignait. Lorsqu'elle m'a vu arriver, elle s'est arrêtée et m'a expliqué qu'elle n'aimait pas qu'on la regarde peindre. Je n'ai pas eu plus d'explications. Alors j'ai pris l'initiative de tourner son chevalet pour que sa toile ne soit pas dans mon champ de vision. Et je me suis moi-même tourné, afin qu'elle non plus ne le soit pas.
Je ne sais pas ce qu'elle en a pensé, mais j'ai quand même réussi à lire un peu de gratitude sur son visage.
Le troisième soir, elle regardait un film. Je me suis simplement posé à ses côtés et on a regardé la télévision silencieusement.
Kaylee ne m'a jamais demandé pourquoi j'étais levé. Elle a probablement dû se dire que je faisais aussi des insomnies.
Mais la vérité c'est que je ne parviens pas à dormir alors que je la sais réveillée, luttant contre le sommeil.
Cette fille m'a complètement matrixé, et pourtant, ça m'est égal.
Mais je sais aussi que je suis sur une pente dangereuse. Cette fille, pour une raison qui m'échappe, ne veut pas s'attacher. Et c'est peut-être pour ça qu'elle me déteste, dans le fond. Peut-être qu'elle me sait gentil, prévenant et soucieux des autres et ça l'effraie. Il est possible qu'elle ait peur de ce type de personnes, car ils lui rappellent trop de mauvais souvenirs.
J'ai souvent pensé qu'elle faisait des caprices, que c'était juste une fille à papa un peu trop gâtée. Mais plus je passe de temps avec elle, plus les hypothèses fusent dans mon esprit.
Pourtant, seule cette petite rouquine aux yeux verts détient toutes les réponses. Et je les aurais uniquement lorsqu'elle l'aura décidé.
— On va dire que Susan est particulière. Mais alors Tom et Lynette, on en parle ? Surtout de Tom et de son besoin d'être l'homme supérieur. Ok, je suis un homme, je comprends que la société veuille qu'on ait un certain rôle à jouer. Mais si le gars n'est pas capable de laisser sa femme être un peu dominante, parfois, il a un sacré problème.
Kaylee paraît surprise par mon commentaire, elle s'attendait sûrement à ce que je défende Tom. Malheureusement pour elle, je suis pour l'égalité des genres. Oui, il m'arrive d'avoir ce côté mâle alpha parfois, d'être jaloux et possessif. Mais le jour où je serai frustré parce que ma copine a plus de couilles que moi, je serais déçu de ma personne.
— Et c'est moi ou la plupart des gars sont un peu misogynes ? Entre Carlos, Tom et Mike. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, continué-je.
— Oh, ils le sont totalement. Tu verras par la suite que le refus d'aide financière de Susan à Mike va les mettre dans une sacré merde. Tom, je n'en parle même pas. Le gars est un pur gamin qui n'accepte pas que sa femme puisse aimer sa carrière et être plus forte que lui. Sans parler de son besoin de faire tous les jours différentes choses, en s'attendant à ce que Lynette le suive tête baissée. Ouais, les gars de cette série ne sont pas les meilleurs en termes de féminisme et d'égalité, réplique Kaylee.
— En même temps, vu l'année où s'est sortie, ce n'est pas très étonnant. Le monde a bien changé depuis le début des années 2000.
— C'est sûr et heureusement.
J'acquiesce en tentant de repenser aux choses qui m'ont dérangées.
Honnêtement, l'univers est cool, les enquêtes sur les nouveaux voisins sont intéressantes à élucider, certains personnages sont hyper drôles. Même si certains mériteraient une bonne correction.
Ce qui me fait penser immédiatement à deux personnages en particulier.
— Ah, et on en parle des enfants de Bree ? Entre sa fille pourrie gâtée, qui est insupportable et son fils qui joue la victime. Non mais le gars a carrément demandé à son mec de le tabasser pour faire porter le chapeau à sa mère. Il faut vraiment ne pas être net pour en arriver là.
Je jette un coup d'œil à ma coloc suite à son silence. Elle termine de boire sa canette énergisante avant de reprendre la parole.
J'en profite pour analyser son geste. Si elle boit ce truc le soir, c'est normal qu'elle ne dorme pas. Et ce n'est pas la première fois qu'elle le fait. Il y a des tonnes de paquets dans la cuisine et ma coloc en boit toujours le soir.
Sur ce coup, elle n'est pas très futée. Mais je me garde de faire la remarque, au risque de la faire sortir de ses gonds.
— Les enfants de Bree sont les pires. Surtout Danielle qui n'a aucune évolution au fil des saisons. C'est juste une gamine en manque d'attention. Quant à Andrew, il va avoir une grosse prise de conscience, et avec le temps, il va vraiment changer. Mais oui, au départ il est vraiment perturbé. Avec la perte de son père, le fait que sa mère n'accepte pas vraiment son homosexualité, sans parler du fait qu'il est un ado.
Je comprends rapidement que Kaylee ne le juge pas en fonction de ce qu'il montre. Je pense qu'avec ses nombreux visionnages, elle a vraiment pris le temps d'analyser en profondeur le personnage d'Andrew.
Ce qu'il fait vivre à Bree est horrible, il n'y a pas de discussion à avoir là-dessus.
Après, la phase adolescence est la plus difficile. C'est à cette période que nos corps se transforment, nos opinions, nos goûts, on est confrontés à divers changements et on a besoin d'un soutien moral.
Et parfois, pour cacher un mal être profond, on agit stupidement. On fait des conneries, on joue un rôle.
Et plus j'observe Kaylee, plus je perçois ce double jeu en elle. Pas d'une mauvaise manière, mais justement pour se protéger. Comme l'a expliqué Médusa lors de son dernier cours.
— C'est vrai que c'est plutôt difficile. Même si sa mère lui a dit qu'elle l'aimerait toujours peu importe ses choix, il sait qu'au fond, elle a du mal avec celui qu'il est réellement.
— Alors il préfère mal agir, il fait tout pour confirmer cette peur avant que ça ne lui éclate au visage, un de ces jours. Il se protège avant qu'on ne le brise davantage, ajoute la rouquine d'un air plutôt peiné.
Mes yeux se posent à nouveau sur elle, elle ne me regarde pas, comme si elle se parlait à elle-même.
Ce perpétuel combat qu'elle mène contre elle-même l'épuise, je le ressens. Mais elle ne le dira jamais. Elle préférait endurer coup sur coup, jour après jour, plutôt que de briser ce bouclier.
Ça me fout en rogne, ça me touche, ça me fait mal. Parce qu'elle pourrait être tellement heureuse si elle s'ouvrait un peu plus. Si elle laissait des gens qui tiennent vraiment à elle, lui venir en aide.
Parce que peu importe le comportement qu'elle a envers moi, peu importe la courte durée qui s'est écoulée depuis notre rencontre, j'apprécie et je tiens à cette fille. Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi. Mais je ressens ce besoin primaire de la protéger, de la faire rire et de la mettre à l'aise. Que ce soit par l'humour ou les actions.
— Et tu t'y connais bien en protection de soi, lâché-je d'une voix douce.
Elle relève ses prunelles émeraude sur mon visage, me sonde un instant sans décrocher le moindre mot. Puis contre toute attente, hoche la tête.
— Ça fait partie de mon quotidien. Parce qu'au final, la vie et les gens sont une succession de déceptions. À toi de les laisser t'atteindre ou non.
Nous passons les prochaines minutes à nous observer en silence.
C'est ce qu'on fait souvent lorsque l'autre a dit quelque chose qui laisse place à la réflexion.
Et sur ce dernier point, je ne peux que lui donner raison. Peu importe à quel point une personne est proche de toi, elle finira toujours par te décevoir, d'une manière ou d'une autre. Parce que l'humain est en constante évolution et que ses besoins s'accroissent et changent sans arrêt.
— Mais si on arrête d'y croire, que nous reste-t-il ? demandé-je sans vraiment attendre de réponse.
Parce que oui, les personnes autour de nous, nous déçoivent. Mais si on abandonne, si on laisse tomber, en sera-t-on plus heureux ? Plus satisfait ? Ou alors on s'effondrera davantage ? Sans la moindre corde pour nous retenir.
— Certains n'ont parfois plus la force d'y croire, Hayden. Parce que pendant cette longue période durant laquelle tu as passé tes journées à espérer un changement, tu n'as récolté qu'un vide. Et quand c'est le cas, tu n'espères plus rien.
Un nouveau silence s'installe. Parce que bien que les pensées de Kaylee soient plutôt sombres, tout ce qu'elle énonce a un sens.
Certaines personnes sont passées par trop d'épreuves pour se croire méritant à mieux.
Parce qu'au moment où ils ont quémandé cette fameuse aide, ils n'ont récolté que des rires gras ou des cailloux en pleine figure.
Je ne connais pas le degré des épreuves de ma coloc. Mais quand je vois son état, je peux dire avec une réelle certitude qu'il est plutôt élevé.
La sonnerie de mon téléphone nous sort de cette transe. J'y jette un coup d'œil et ce dernier m'annonce un message entrant.
Un sourire remplace ma surprise lorsque j'aperçois le nom de mon père.
De Craig : Salut fiston ! Petit message du samedi soir, enfin dimanche pour être plus exact ah ah. Si tu es allé en soirée, j'espère que tu es bien rentré. Je sais que tu détestes ces messages mais je serai ton père jusqu'à ta mort, alors je m'inquiète si j'en ai envie. Bon, réponds-moi assez vite, histoire que j'aille dormir tranquillement. Je t'aime <3
Je lève les yeux au ciel face à son baratin habituel. Craig Jones ne changera jamais, mais c'est aussi pour ça que je l'aime.
Il s'inquiète sans arrêt pour moi, même si ça fait deux ans que je suis parti de la maison.
— Papa s'inquiète, entends-je soudainement.
Je louche sur ma droite où je découvre un regard amusé fixant mon téléphone.
Je laisse échapper un petit rire avant de hocher la tête.
— Mon papa poule. Il m'appelle une fois par jour et m'envoie un message tous les samedis soir. Il sait que je sors souvent avec les gars, ce jour-là et que je consomme généralement un peu plus d'alcool que d'habitude. Alors il s'assure que je rentre sain et sauf, lui expliqué-je alors qu'un nouveau sourire s'empare de mon visage.
Penser à mon père me fait toujours un bien fou. J'ai toujours été très proche d'eux, surtout de Craig. Ce sont les personnes les plus importantes de ma vie, ceux qui m'ont tout appris, tout donné. Ça a été dur de partir pour l'université. Même s'ils habitent à deux heures d'ici et qu'on se voit à chaque vacance, ou quand un de mes pères est en déplacement à Boston.
— C'est plutôt prévenant. Vous êtes proches ?
La question me surprend... Enfin pas la question mais la personne qui la pose. Kaylee n'a pas pour habitude de me questionner sur ma vie. Je ne dirais pas qu'elle s'en fout, mais presque. Alors il est plutôt difficile de rester de marbre quand elle le fait.
Ça n'en est pas déplaisant pour autant. Si la version du soir de Kaylee est comme ça, je vais en profiter.
— Très proches. Je n'ai pas de frères et sœurs, alors ça a toujours été eux et moi. Comme je n'étais pas leur enfant biologique, ils m'ont énormément couvé, peut-être un peu trop. Surtout Craig, celui qui a tout arrêté pour s'occuper de moi. On a un lien un peu plus fort, mais ça ne veut pas dire que mon père Brian et moi ne le sommes pas, bien au contraire. Honnêtement, je serais perdu sans eux.
Elle ne répond rien et se contente de m'écouter avec attention.
C'est agréable de se sentir écouter, pour une fois. Surtout par une personne qui a l'air de se foutre de tout.
Je n'arrive toujours pas à la cerner, à deviner à quoi elle pense, mais j'apprécie qu'elle ne m'interrompe pas et qu'elle soit attentive à ce que je dis.
— Comment c'était de grandir en tant qu'enfant adopté de parents homosexuels ? me questionne-t-elle sans l'ombre d'un jugement dans la voix.
— Je n'ai connu que ça, alors je n'en sais trop rien. Je me souviens simplement m'être énormément senti différent quand j'étais petit. Je viens de la ville de New Haven, alors les parents gays n'étaient pas nombreux, on va dire. Je voyais ces enfants avec un papa et une maman et je ne comprenais pas pourquoi ce n'était pas pareil pour moi.
Je souris en repensant à la tête de mes pères lorsque je leur ai posé la question. À l'époque, j'étais plutôt timide et réservé. Mais j'étais aussi extrêmement curieux, alors je posais sans arrêt des questions à mes parents, lorsqu'une chose me travaillait.
— Alors un soir, en rentrant de l'école, j'ai posé la question à mes parents lors du dîner. Je pense qu'ils n'avaient pas envisagé cette conversation aussi tôt. Je ne devais avoir que six ans. Mon père Craig avait la bouche grande ouverte, tellement il était surpris. Alors c'est Brian qui s'est agenouillé face à moi et qui m'a dit : « Chaque mode de vie est différent, Hayden. L'être humain a la capacité d'explorer son champ de possibilités et de ne pas toujours aimer des choses similaires à ce que la société prévoyait. Que tes parents soient des hommes, des femmes, ou un mélange des deux, ils te porteront toujours un amour inconditionnel. Car les personnes qu'on considère comme de véritables parents, sont celles qui dès votre rencontre, ont décidé de t'élever, de t'aimer et de te protéger pour le restant de leur vie. Peu importe notre sang, notre sexe, notre biologie, tu es notre enfant et nous sommes tes parents. Quoi qu'en pense les autres, ça restera toujours ainsi ». Je crois que c'est la plus belle chose qu'il m'ait dit, avoué-je d'un air nostalgique.
Mes pères ne m'ont jamais rien caché. À partir du moment où j'avais des questions, ils tachaient d'y répondre honnêtement avec un beau message derrière. Ils m'ont appris que la diversité ne sera jamais quelque chose de mal, bien au contraire. C'est en rassemblant plusieurs cultures, plusieurs univers que le monde sera plus beau et intéressant. Un monde avec trop de similitudes n'aurait pas autant de valeur. La diversité est notre grande richesse. À nous d'en prendre soin et de la conserver le plus longtemps possible.
— Ils ont l'air d'être des gens bien, avec une belle mentalité.
— Ce sont les meilleurs parents que je pouvais avoir. Un vrai exemple de l'amour véritable. Tout les opposait et pourtant, ça ne les a pas empêchés de s'aimer inconditionnellement et de me transmettre cet amour.
Kaylee m'observe en m'adressant un sourire compréhensif. Comme si elle savait exactement de quoi je parlais. Je ne sais rien de ses parents, mais peut-être qu'elle a grandi dans un environnement aussi aimant que le mien. Quand j'ai vu les photos dans sa chambre, j'ai eu l'impression de voir le portrait d'une famille heureuse.
Mais bon, il ne faut jamais se fier aux photos. Elles cachent parfois d'innombrables secrets.
— Et ton amour pour le hockey vient duquel ? me demande-t-elle finalement, après de longues minutes passées dans le silence.
— Aucun des deux. Je devais avoir sept ans lorsque mon père Craig a voulu m'emmener pour la première fois dans une patinoire. Il aimait beaucoup ça quand il était plus jeune, alors il tenait à ce que j'apprenne. Mais une fois arrivé, on s'est rendu compte que mon père s'était trompé sur les horaires d'ouvertures au public. C'était l'heure des entraînements de hockey. Alors, comme mon père connaissait bien le gardien, on a été autorisés à attendre sur les gradins. J'ai assisté à cet entraînement, j'y ai vu la joie des gamins, les étoiles dans leurs yeux, cet esprit d'équipe. Et il ne m'en a pas fallu plus pour savoir que je voulais pratiquer ce sport.
Je me souviens encore de la tête de mon père lorsque je l'ai supplié de m'inscrire.
« Tu ne sais même pas patiner, Hayden. Comment veux-tu réussir à porter une crosse et à mener un palet jusqu'aux cages de but » m'avait-il dit sur un ton taquin.
Malheureusement pour lui, mon père Brian m'avait transmis son obstination sans limites. Alors après les avoir bassinés avec ça, j'ai eu le droit de prendre des cours puis de rejoindre l'équipe.
— J'ai pratiqué de mes huit ans jusqu'à aujourd'hui, et je ne m'en suis jamais lassé. C'est mon défouloir, mon moyen d'extérioriser ce trop-plein d'énergie.
— Et tu comptes passer pro, après tes études ?
Je souris en secouant la tête. Ce n'est pas la première à m'avoir posé la question. Mon niveau est vraiment excellent, j'aurais toutes mes chances d'être recruté. Le coach Collins me le répète sans arrêt, mais je ne veux pas en vivre.
Le hockey est une passion et je ne veux jamais que ça se transforme en autre chose. Je veux pouvoir affronter la glace dans mes bons comme dans mes mauvais moments. Mais je ne veux jamais que ça devienne une source de stress, je ne veux jamais jouer mon avenir sur quelque chose qui me rend heureux à ce point.
— Non, je ne continuerai pas dans cette voie. Mon projet pro, je l'ai depuis très longtemps. Il concerne le milieu juridique, le milieu familial. Je veux devenir avocat en droit de la famille. C'est une cause qui me touche, qui me tient à cœur et que je souhaite défendre toute ma vie. Je veux qu'un maximum d'enfants aient autant de chance que moi. Je veux le meilleur pour chacun d'entre eux et je veux me battre autant que possible pour le permettre, expliqué-je d'un ton ferme.
Je ne parle pas souvent de mes projets d'avenir avec mes amis. Ils savent simplement que je souhaite me tourner dans le juridique et pas dans le sport. La dernière fois que j'en ai discuté, c'était avec mes parents. Je n'avais jamais vu autant de fierté dans leur regard. Ça m'a motivé et c'est cette motivation qui me permet d'exceller dans mon cursus. Je fais ça par passion, alors je bosse et les notes suivent.
— Alors tu n'es vraiment pas ce bon gros cliché de sportif sans cervelle, me taquine ma coloc.
Je hausse les sourcils avant d'éclater de rire. Je sais que Kaylee a passé ces dernières années à me juger comme un petit con qui passe son temps à faire la fête et à baiser. Chose que je fais totalement, il faut bien profiter de sa jeunesse. Cependant, ces activités ne m'empêchent pas d'être un élève assidu et sérieux dans son travail.
— Eh non, piccola. En plus d'être beau et bien taillé, je suis carrément intelligent et bon à l'école, blagué-je en lui adressant mon sourire de charmeur qu'elle déteste tant.
Elle laisse échapper un long soupir en levant les yeux au ciel.
Évidemment, ça ne pouvait pas rester si profond et sentimental entre nous.
— N'oublie pas ta capacité à te lancer des fleurs à tout bout de champs, me rappelle-t-elle, exaspérée.
— Comment oublier ma marque de fabrique ?
Elle arque un sourcil signifiant « t'es sérieux là ? ». Alors je lui réponds avec un large sourire, la faisant souffler de plus belle.
— Tu m'épuises, Hayden.
Elle a beau me le dire sur un ton ressemblant à de l'agacement, son petit sourire la trahie.
Je sais que tu commences à apprécier ce côté de moi, piccola. À ton tour de le réaliser, maintenant...
📚🏒🎨
Un petit moment confession entre Kaylee et Hayden !
Je ne me lasse pas de leurs soirées nuit blanche.
Et Hayden n'est-il pas mignon à rester éveillé pour ne pas laisser Kaylee seule ?
Le prochain chapitre risque de vous plaire 😋
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