Chapitre 12

HAYDEN

— Bon jeu, les gars. Votre coordination était parfaite. Pas comme ces derniers jours durant lesquelles je pensais sérieusement à vous retirer de la compétition. Mais vous avez pris mes remarques en considération pour me faire quelque chose de bien. Rien d'excellent, mais avec de l'entraînement, on s'approchera peut-être du « très bien ».

Voici un discours typique du coach Collins. Il commence par des compliments, avant de nous rappeler que ces derniers sont précieux et à consommer avec modération.

Il est vrai que notre jeu n'était pas le meilleur, ces derniers temps. Il n'y avait pas de raisons particulières. Aucun de mes gars n'a de problèmes personnels. Je dirais plus que c'est un souci de réadaptation et de sorties en soirée trop fréquentes.

Je me suis chargé de les rappeler à l'ordre en début de semaine, de leur rappeler l'enjeu de nos entraînements. Et on dirait bien que ça a marché, car on a vraiment bien bossé, aujourd'hui.

Coach Collins nous sort son blabla habituel sur les soirées : ne pas rester trop tard, ne pas boire plus d'un shot, ne mettre aucune substance illicite à l'intérieur de nos corps. Les sports universitaires sont très réglementés, on doit être en forme pour chaque entraînement. Ce qui nécessite une bonne alimentation, une consommation d'alcool réduite, voire inexistante lors de grands matchs. Ainsi qu'une bonne nuit de sommeil.

Évidemment, tous les joueurs ne respectent pas les consignes, mais certains sont plutôt doués pour le cacher.

Chacun ses talents. Pour ma part, je tiens plutôt bien l'alcool mais je fais attention à ne pas jouer avec le feu. En tant que capitaine, je me dois de montrer l'exemple et d'être irréprochable. C'est une position que j'ai gagnée, ça veut bien dire qu'à un moment donné j'ai été méritant. Alors je dois honorer cette confiance qu'on a placée en moi.

Très sentimental ce soir, Hayden.

— Bon très bien, dégagez maintenant. Vous ne sentez pas la rose, grommelle-t-il, déclenchant un rire général.

Je laisse mes coéquipiers passer devant et ferme la marche.

— Hayden, peux-tu rester un instant ?

Je m'arrête et acquiesce en me tournant.

Quelle connerie j'ai encore fait ?

— Si ton équipe a fait un bon score, c'est avant tout grâce à toi. Alors je te félicite, mon garçon.

Je hausse les sourcils, surpris par cette soudaine reconnaissance. Le coach est avare en compliments, alors quand il en fait, c'est toujours un choc. Mais je me reprends très vite en souriant sincèrement.

— Merci coach, j'essaye de faire de mon mieux.

— Alors continue ainsi. N'oublie pas qu'en ayant accepté cette position, tu es devenu responsable de toute cette bande de bras cassés. S'ils réussissent, ce sera grâce à toi et s'ils échouent...

— Ce sera de ma faute, oui j'avais compris. Comptez sur moi pour faire en sorte que les réussites soient majoritaires.

Il hoche la tête pour me montrer son accord.

— Bien. J'ai eu vent de ta petite interaction avec madame Peterson. Elle était sacrément remontée contre toi. Ce n'est pas dans tes habitudes de te faire remarquer, ajoute-t-il sur un ton presque amusé.

Eh merde, je pensais que cette bonne femme était presque aussi insociable que ma coloc et qu'elle ne discutait avec personne. Mais bon, connaissant le personnage, elle n'a pas dû parler de ça avec mon coach autour d'un café.

Je parie plus sur des cris et des reproches. Je réprime un rire en imaginant la scène et me contente d'opiner.

— Je me suis peut-être laissé emporter avec ma colocataire. Je n'ai pas dû me rendre compte qu'on dérangeait. Ça ne se reproduira plus, affirmé-je.

Il me sonde un instant avant d'esquisser un léger sourire.

— T'en fais pas, Indra est encore plus chiante que moi. Et crois-moi, ce n'est pas simple. Aussi loin que je m'en souvienne, elle a toujours méprisé les gens, et encore plus les sportifs. Elle ne t'aimera jamais, mais ne le prend pas personnellement.

— Vous la connaissez depuis longtemps ? le questionné-je, intrigué.

Il s'esclaffe en hochant la tête.

— On était ensemble à l'université.

— Dans quel sens ?

— Celui que tu veux, répond-il dans un demi sourire.

Je ne masque pas ma surprise avant de partir dans un grand rire. Peterson et Collins, si ça ce n'est pas le couple le plus terrifiant qui existe, je ne vois pas ce que c'est.

— Pourtant elle détestait les sportifs, non ?

— Ah, j'ai su la berner pendant un moment, apparemment.

J'imagine. Le coach Collins est un ancien hockeyeur professionnel. Il est aujourd'hui un cinquantenaire plutôt bien conservé. Qui sait ? Peut-être que je lui ressemblerai dans trente ans.

— Et pourquoi ça s'est terminé ?

Je sais que je pose trop de questions, mais je profite de la bonne humeur de ce vieux râleur avant qu'il ne me dégage à coups de pieds au cul.

— On n'avait pas les mêmes aspirations, les mêmes emplois du temps. Elle se formait en Master, je parcourais le pays. Trop de complications.

Je garde le silence un instant, imaginant ce que peut être la vie d'un sportif professionnel.

Vivre de sa passion, c'est génial, mais ça demande aussi d'énormes sacrifices dans sa vie personnelle. Et j'admire réellement ceux qui parviennent à revoir leurs priorités.

— Ouais, de toute façon, vous n'avez rien perdu. Cette femme est un cauchemar humain. Elle est pire que vous, coach. Et comme vous l'avez dit, ce n'est pas simple de vous égaler.

Il rit à nouveau, tout en me donnant raison.

— Allez mon garçon, va prendre ta douche et rentre te reposer. Je ne compte pas vous ménager demain, m'informe-t-il en reprenant son autorité légendaire.

J'opine sans broncher et quitte la glace pour rejoindre les vestiaires.

***

— Oh mon pote, t'as vraiment pas peur pour ta vie, c'est incroyable, se marre Kyle, à la fin de mon récit.

Je suis le chauffeur attitré de mon meilleur ami pour la journée, et je viens tout juste de lui raconter mon super après-midi.

Après l'annonce de Médusa, Kaylee m'a de nouveau administré le traitement du silence. Pour une fois, je me suis bien gardé d'argumenter. Ma passion pour la causette lui a valu quelques problèmes et il est possible que je m'en soit un petit peu voulu.

Kaylee est une fille sans problème avec des notes excellentes, d'après ce que j'ai lu dans son dossier. Oui, j'ai eu accès à son dossier en faisant du charme aux secrétaires.

J'ai ce souci perfectionniste, ce besoin de savoir qui et quoi m'entourent : curiosité, méfiance, intérêt, appelez ça comme vous voulez, ça reviendra au même.

J'ai appris qu'elle était américaine d'origine italienne. Elle est née à Seattle et a un an de plus que nous. Je ne sais pas ce qu'elle a fait durant cette année, mais elle s'est inscrite à l'université un an après avoir obtenu son diplôme. Je n'ai pas pu tout apprendre, j'ai une certaine limite. Surtout avec une fille aussi secrète et susceptible que Kaylee Parker. Le reste, j'attendrai qu'elle m'en parle. Parce que oui, elle finira par le faire.

Enfin bon, elle était énervée contre moi, j'ai tenté de lui parler après les cours, mais elle ne m'en a pas laissé l'occasion. Son unique réponse était un grognement, un regard plus sombre que la nuit et son majeur bien en évidence.

J'adore cette fille.

— Oh, c'est bon, on était hyper discret. C'est Médusa qui a des oreilles partout, soupiré-je.

— Fallait s'en douter, ce n'est pas pour rien qu'elle est la prof la plus redoutée de ce campus.

Je repense à son regard noir et terrifiant. Elle porte bien son surnom. Je n'arrive toujours pas à croire que Collins soit sortie avec elle. Je me demande ce que ça donne une Peterson amoureuse. Oh mon Dieu, je n'ai même pas envie d'imaginer.

— Tu savais que Collins et elle avaient eu une histoire à l'université, demandé-je.

Kyle affiche la même mine abasourdie que moi précédemment. C'était à prévoir.

— Médusa et coach Collins ?? D'où sors-tu ça ?

— C'est lui qui m'en a parlé, tout à l'heure, réponds-je en haussant les épaules.

Mon ami met quelques minutes à digérer la nouvelle puis finit par exploser de rire.

— Oh putain, je suis en train d'imaginer ce que ça donnerait au lit, ces deux-là.

Cette fois, c'est à mon tour de partir dans un grand fou rire. Si bien que je dois ralentir pour ne pas dévier de ma trajectoire.

— Merde, Kyle, tu ne peux pas me mettre de telles images alors que je conduis.

— Arrête, Jones, je sais que tu y as pensé aussi. De la bonne baise bien sauvage pour ces deux tyrans, ajoute-t-il, décuplant mon hilarité.

Kyle est peut-être innocent en apparence, mais en réalité, il est aussi gore que toute notre équipe. Mais il n'a pas tort, c'est exactement la première chose qui m'est venue à l'esprit. Ces deux-là, c'est à la fois une évidence et improbable. Un vrai paradoxe. Mais bon, apparemment, tout est possible dans cette vie.

— J'avoue, mais je préfère m'enlever ça de l'esprit. Je crois être encore trop innocent pour imaginer le type d'ébats qu'ils pourraient avoir.

Nous continuons de nous marrer comme des ados durant quelques minutes avant de reprendre notre sérieux.

— Tu comptes faire quoi avec Kaylee ? m'interroge-t-il d'une voix posée.

Je garde le silence pour réfléchir à la fameuse question. Que dois-je faire de mon insupportable, mais si intrigante colocataire ?

Je me surprends à esquisser un demi sourire en repensant à son regard noir et à sa moue frustrée.

Elle est peut-être casse-pieds, exaspérante, irritante, à la limite du supportable, mais étrangement, ça m'attire.

Ne vous méprenez pas, je ne disais pas ça dans un sens sexuel ou romantique. Bien que cette fille soit totalement baisable et splendide, ça ne marcherait jamais entre elle et moi.

Je n'arriverai jamais à voir cette fille amoureuse, douce et complètement éprise de ma personne ou de qui que ce soit. C'est une version plus jeune de Médusa.

Quant au sexe, ça pourrait sûrement être passionné, voire carrément explosif. Mais encore une fois, nos caractères ne colleraient probablement pas. On serait deux dominants et ça créerait pas mal de conflits.

Ou alors ça rendrait les choses plus intéressantes, me souffle la petite voix diabolique en moi.

Non, ça serait compliqué, trop compliqué. J'ai mes critères de filles en matière de sexe et Kaylee n'en fait pas partie.

Jamais.

— C'est quoi ce sourire coquin ? Tu n'étais quand même pas en train d'imaginer la rousse gémissant ton nom ?

Je pouffe lorsqu'il énonce la pure vérité. Ce mec me connaît trop bien, c'en est parfois déroutant.

Je me contente de hausser les épaules avec nonchalance.

— Pour qui me prends-tu, Jennings ? On n'est pas tous des obsédés, réponds-je d'un air faussement innocent.

Il hausse un sourcil comme pour me dire « tu me prends pour un demeuré ? ». Mais je campe sur mes positions sans perdre mon sourire candide.

— À d'autres, Jones. Si tu pensais à ça, j'ai peur de t'annoncer qu'il va te falloir plus que ce sourire de petit con pour la conquérir.

Il marque une pause pour réfléchir à sa prochaine phrase, et un sourire coquin prend forme sur son visage, la seconde d'après.

— Cependant, si Collins est parvenu à séduire Médusa, c'est que rien n'est impossible.

Je mime une moue de dégoût en secouant la tête vivement.

— Ne fais plus jamais ce genre de comparaison.

Il rit de ma remarque en m'adressant un clin d'œil pour seule réponse.

— Et pour revenir à ta question, je pensais surtout à ce côté agaçant de Kaylee qui produit tout l'effet inverse sur moi. Nos joutes verbales me font plus marrer qu'autre chose. Je sais que je n'ai fréquenté que des filles simples, sans répondant, complètement éprises de moi... Et peut-être que je me lasse...

— Fréquenter ? C'est comme ça que tu imagines Kaylee ? me coupe-t-il.

Ma bouche forme un 'o' en réalisant ce que je viens de dire, mais je m'empresse de contredire ses propos.

— Je ne disais pas ça dans ce sens, plutôt amical pour commencer. Elle a déjà du mal à supporter ma présence dans la même pièce qu'elle, alors on va y aller par étapes. Ce que je voulais dire, c'est que son côté rebelle ne me déplaît pas tant que ça. Même s'il m'est arrivé de penser le contraire.

Kyle m'écoute attentivement, sans ajouter de remarque sarcastique. Chose que j'apprécie.

— Et puis, tout à l'heure, j'ai cru apercevoir un semblant de sourire lorsqu'on discutait. Il y a eu un moment où elle a fait tomber le masque et a pris un certain plaisir à me répondre. Peut-être que je suis complètement dans une illusion, mais c'est ce que j'ai ressenti.

— Je ne crois pas que tu sois illusionné. Je l'ai également vu quand on discutait en cours. Elle a toujours ce moment où cette bonne version d'elle apparaît. Celle qu'elle a sûrement dû être autrefois, avant que la vie ne ravage complètement cette partie.

J'opine du chef et continue les prochains mètres dans un mutisme total.

C'est étrange mais depuis que cette fille est entrée dans ma vie, il n'y a pas un jour durant lequel elle ne hante pas mes pensées, d'une certaine manière.

Ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps et j'avoue que ça me fait un peu peur. Peur que ça ne soit pas que passager. Peur qu'elle s'infiltre totalement dans mon cerveau, jusqu'à me rendre complètement dingue.

Le téléphone de Kyle sonne au moment où ma voiture s'approche de son bâtiment.

— C'est Avery, m'informe-t-il.

— Mademoiselle a enfin quelques minutes à t'accorder, ironisé-je, le faisant rouler des yeux.

Kyle n'aime pas trop quand je parle comme ça de la femme qu'il aime. Mais si elle était plus présente dans sa vie, moins versatile, j'aurais un peu plus de tact avec elle.

— Coucou, toi ! s'exclame mon meilleur pote en activant le haut-parleur.

— Hey, je ne te dérange pas ? demande la douce voix d'Avery Cooper.

Le jour où cette fille dérangera le mec qu'elle mène parfaitement à la baguette, n'est pas arrivé.

— Jamais. Je suis avec Hayden, on vient d'arriver devant mon immeuble.

— Salut, bébé Cooper. Alors, t'en a eu assez de tes joujoux et tu te souviens que mon meilleur pote existe, raillé-je comme bonjour.

Je l'entends souffler et sa réaction étire un sourire sur mes lèvres.

— La ferme, Hayden. Kyle ne sera jamais une roue de secours, grogne-t-elle.

Ça, c'est ce qu'elle veut faire croire. Mais quand tu as une relation ambiguë avec ton meilleur ami de toujours. Que tu sais qu'il restera puceau tant que sa première fois ne sera pas avec toi. Qu'il t'aime et attend avec impatience le jour où il pourra te présenter comme sa copine. Alors que toi, sous prétexte que tu es une actrice à deux balles, tu dois te montrer avec des canons célèbres durant les événements publics. Excuse-moi, mais j'ai du mal à penser que tu tiens vraiment à Kyle.

— Ah ouais ? Et comment va le sosie raté de Brad Pitt ? Il avait l'air d'avoir les mains sacrément baladeuses lors de ta dernière apparition publique, répliqué-je d'un ton accusateur.

— Parce que tu me pistes, maintenant ?

Je serai tenté de lui faire remballer son air satisfait de pétasse égocentrique, mais ça mettrait mon meilleur pote dans une situation difficile. Sachant que c'est lui qui suit chacun de ses faits et gestes. Et à chaque fois, bien qu'il tente de le cacher, il a cet air abattu.

Mon pote est trop bien pour elle, mais jamais il ne le réalisera.

— Ouais, c'est ça, super fan de toi, Ave.

— Bon, ça suffit tous les deux. Il n'y a pas un jour où vous pouvez avoir une simple conversation, nous réprimande Kyle.

La faute à qui ?

— Merci pour la course, mec. On se voit demain.

— Hmm, à demain ouais. Et ne la laisse pas t'embobiner encore, murmuré-je de sorte à ce que cette peste ne m'entende pas.

Il m'adresse un sourire d'excuse, pour me signaler qu'encore une fois, c'est elle qui gagnera. Puis s'éloigne de la voiture après m'avoir salué.

Je souffle, roule des yeux puis remets le contact.

À mon tour de gérer ma tornade.

***

Piccola, t'es par-là !

J'entends un grognement provenant du salon et un sourire satisfait se dessine sur mon visage.

Quel son délicieux.

J'arrive dans la pièce à vivre, après avoir ôté mes chaussures et y retrouve ma charmante coloc, affalée sur le canapé, regardant la télé.

Elle est vêtue de son pyjama : sweat et legging. Et est recouverte d'un gros plaid.

— T'es au courant qu'il fait treize degrés dehors, pas trois, lui fais-je remarquer d'une voix amusée.

Elle me fusille du regard avant de rétorquer :

— T'es au courant que je me fous de ce que tu penses.

— Ça, j'avais fini par le remarquer.

Elle ne rit pas, évidemment. J'ai compris que les moments où elle le fera, seront précieux et rares. Elle me sonde un instant, de son perpétuel air grognon avant de se concentrer à nouveau sur son écran.

— Tu as mangé ? demandé-je d'un ton plus sérieux.

Elle secoue la tête sans prendre la peine de me regarder.

Quelle emmerdeuse.

— Tu as faim ?

— Ouaip, mais je n'avais pas la motivation de cuisiner, répond-elle mécaniquement.

Je roule des yeux avant de lâcher un petit rire. Cette femme va me rendre fou.

Heureusement que j'avais une faim de loup sur le chemin du retour et que j'ai eu la bonne idée de prendre ma commande en double.

— J'ai commandé Thaï, ça te dit ? proposé-je en secouant le sac de ma main droite

Elle daigne enfin tourner sa tête pour balayer ses yeux entre mon sac et mon visage. Il est vrai que depuis son emménagement, on n'a jamais mangé ensemble. Lorsque je cuisinais et qu'elle travaillait, je lui gardais une assiette dans le micro-onde, qu'elle mangeait après son service. Et puis quand elle finissait tôt et qu'elle cuisinait, c'était moi qui avais le droit à une assiette après l'entraînement.

Une emmerdeuse, oui. Une égoïste, absolument pas.

Ça lui fait au moins une qualité.

Son silence perdure. Elle hésite. Comme si me dire oui l'enverrait tout droit en Enfer. Cette fille a le don d'en faire des tonnes pour une simple offrande.

— Bien que ce jeu de regard m'ait l'air très divertissant. Je sors d'un entraînement plutôt difficile et j'ai la dalle. Alors si tu pouvais passer la troisième, je t'en serais particulièrement reconnaissant, signalé-je.

— C'est fou, mais à chaque fois que tu ouvres la bouche, Hayden, tu me donnes envie de prendre toutes les décisions contraires à ce que je pense.

Je souris fièrement en tapant sur ma poitrine pour l'exprimer. Elle soupire longuement avant de capituler.

— Ok mais seulement parce que je meurs de faim, souligne-t-elle en laissant tomber son plaid pour approcher la table basse du canapé.

Je ne cache pas ma joie d'avoir enfin remporté une bataille. Mais je me calme rapidement en sentant le regard meurtrier de ma coloc. Je dépose le sac sur la table et file dans la cuisine pour récupérer des couverts et deux canettes de soda.

Lorsque je reviens, Kaylee a déjà tout sorti du sac et a éparpillé tous les plats sur la surface.

— Eh ben, tu ne fais pas semblant quand tu commandes à manger, remarque-t-elle sans cacher sa surprise.

— Quand on a faim, il ne faut jamais se priver, piccola.

— Dis celui qui se fait des œufs et du blanc de poulet en guise de petit déjeuné.

Je ris de sa remarque avant de répliquer :

— Je suis un sportif, piccola. Je me dois de suivre un régime strict, si je veux garder tous ces beaux muscles.

Elle grimace sans se gêner pour me reluquer.

Tu aimes ce que tu vois, Kaylee ?

Je porte un simple bas de survêtement sur un tee-shirt noir qui moule plutôt bien le haut de mon corps. Et qui laisse clairement apparaître mes superbes biceps, travaillés avec amour.

— Mouais, le contenu devant moi exprime nettement le contraire.

— C'est qu'elle est bavarde, aujourd'hui. C'est mon anniversaire ? blagué-je.

Pour seule réponse, j'ai le droit à son majeur et à un oreiller sur la tronche.

Elle aurait pu jeter la télécommande. On progresse.

— Pour la peine, je prends le Pad Thaï au poulet et tu auras celui aux crevettes, m'informe-t-elle en attrapant le fameux bol.

J'affiche une moue de mécontentement en secouant la tête comme un gosse. Hors de question qu'elle touche à mon poulet. J'aime celui aux crevettes, mais mon amour pour le poulet est sans limites.

— Repose ça tout de suite, le poulet est à moi.

— T'es sûr de ça ? demande-t-elle alors qu'une lueur de défi traverse son regard.

J'ai à peine le temps de comprendre ce qu'il se passe, qu'elle attrape les morceaux de poulet et les lèche un par un.

La salope. Elle a osé.

— Oh, tu vas amèrement le regretter, Parker !

Elle m'adresse un clin d'œil alors qu'un demi-sourire se forme sur ses lèvres.

Deuxième sourire de la journée, c'est définitivement mon anniversaire.

Cependant, je ne m'écarte pas de mon objectif de vengeance et repère rapidement l'objet de mes désirs.

J'ai vu les yeux de Kaylee s'illuminer lorsqu'elle a aperçu les brochettes de poulet caramélisé. Elle a voulu toucher à mon plat, on va bientôt être quitte, bébé.

Je m'approche lentement d'elle, un sourire de psychopathe ornant mon visage. La rouquine me dévisage en fronçant les sourcils.

— Tu fais quoi ? m'interroge-t-elle d'une voix hésitante.

Mais je ne réponds pas et continue de l'approcher avec cet air affamé sur le visage.

Non, piccola, ce n'est pas toi que je vais dévorer aujourd'hui.

Elle a un mouvement de recul lorsque mon corps touche presque le sien. Ses iris captent les miens instantanément. Les siens sont remplis de curiosité et méfiance alors que les miens brillent de malice.

Je m'approche une dernière fois de sorte à la déstabiliser totalement. Je tends ensuite mon bras derrière son corps. Mon sourire s'étire un peu plus alors que je l'entends déglutir dû à notre soudaine proximité.

Ses yeux ne me quittent pas, elle reluque ouvertement mon corps, passant de mon ventre, à ma poitrine. Louchant un peu plus longuement sur ma pomme d'Adam qui ne cesse de bouger. Je mentirais si je disais que cette proximité ne me fait aucun effet. Je suis même pratiquement certain qu'une bosse dans mon pantalon ne va pas tarder à venir nous faire un petit coucou.

Mais je ne me désiste pas pour autant.

Je la laisse terminer son chemin sur mes lèvres, qu'elle observe un peu plus intensément. Ce qui m'oblige mécaniquement à faire de même avec les siennes.

Pleines et bien rose, comme je les aime.

Elle déglutit un peu plus fort puis revient planter ses yeux dans les miens.

Je lui adresse un dernier sourire aussi grand que le chat dans Alice au pays des merveilles. Avant d'attraper les brochettes et de m'écarter soudainement en les fourrant dans ma bouche.

Elle met quelques secondes à revenir sur Terre et réaliser que je viens de la piéger en beauté. Son regard sombre refait son apparition alors que ses doigts s'enfoncent dans ses paumes. Signalant qu'elle est prête à porter les coups.

Je sais que j'ai gâché ma seule chance d'avoir un semblant de Kaylee Parker sympa. Mais quand ça touche à ma nourriture, je suis impitoyable.

Un point partout, piccola.

📚🏒🎨

Un mini rapprochement oserais-je dire 😬😬

Bon on va dire qu'il y a un peu moins de cris et bcp plus de plaisanterie !

Un chapitre aussi centré sur Kyle et Hayden (j'adore leur amitié)

Le prochain chapitre sera un peu plus chargé en rapprochement !!

A demain 😊

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