L'amour aveugle
27 ans auparavant ; quelque part en Europe de l'Est
La fumée s'élevait dans les airs avec volupté, par petites nappes virevoltant avant de disparaître. Ses yeux bleus comme le ciel s'y accrochaient. Elle détaillait les formes que prenait la fumée.
Laissant la cigarette se consumer entre ses doigts fins. La lumière faible d'une vieille lampe à pétrole éclairait la fumée avec un halo légèrement orangé. Dans l'obscurité qui entourait le plafond de la petite chambre, la jeune femme y cherchait la fumée qui s'y envolait avec douceur. Ses yeux se fermèrent doucement.
Laissant la sensation de chaleur que dégageait cette main virile sur son dos l'envahir. Allongée à plat ventre, nue, sur le lit, elle ressemblait à un modèle de Ingres. Sa nudité n'était pas vulgaire sous cette lumière, avec la fumée de cigarette l'entourant, elle était belle à en mourir.
Et cet homme qui la regardait avec autant d'amour qu'elle observait la fumée le savait parfaitement. Il ne savait encore pourquoi cette femme si belle, avec des formes si généreusement étalées sous ses yeux émerveillés, possédant un caractère tel un diamant non taillé pouvait avoir un jour posé son auguste regard sur lui.
Délaissant la fumée et ses nappes si agréables à son regard, la jeune femme se tourna pour embrasser du regard cet homme nu et virile qui avait sa main négligemment posée sur ses fesses. Un sourire éblouie son visage qui semblait si nostalgique quelques instants auparavant.
L'homme se leva doucement pour déposer un baiser sur son front encore tout humide de l'effort qu'elle avait fourni.
– Je t'aime Katherine Ludwiczak.
Souriant un peu plus la jeune femme rouvrit les yeux. Cet homme lui parlait de choses qui n'avaient jamais eut d'importance à ses yeux, parce qu'elle avait perdue sa foi en l'amour depuis longtemps. Et pourtant dans sa bouche, entre ces lèvres suaves qu'elle adorait embrasser, ils prenaient une importance primordiale.
Jamais elle n'aurait cru sourire tendrement en entendant ces simples mots. Elle qui jurait que l'amour entre deux être n'existait pas, avait encore du mal à croire en ce nouveau bonheur. Bien sûr, Julien, lui, se refusait à y croire.
Elle savait d'entrée de jeu que son frère ne comprendrait pas, qu'il serait sourd à ces sentiments qu'il feignait de ne pas voir, de ne pas ressentir, qu'il disait être de simples mots, une tromperie, une tromperie de plus. Et le fait qu'il soit un lycan n'arrangeait rien à l'affaire. Elle savait que son frère désapprouvait.
Mais elle ne ressentait nulle honte. Il n'était pas comme les autres. Différent. Sans le plus doux des hommes. Et lorsqu'il lui adressait ce regard rempli d'amour, de tendresse, de passion, il démontrait que l'amour existait. Comment être aveugle au point de ne pas le comprendre ? L'amour rendait tout possible. Y compris l'union d'une chasseuse et d'un lycan.
Kathy ferma les yeux. A nouveau, ses lèvres entrèrent en contact avec celle de l'homme, à nouveau elle en sentit la douceur contre les siennes, à nouveau elle pu en éprouver le goût, à nouveau elle se perdit dans ce baiser comme elle s'était perdue dans les combats et la chasse.
Cependant, il ne lui offrait pas l'horreur au quotidien, il ne lui tendait pas une victime offerte du bout de ses lèvres si suaves, non, c'était de l'amour sans concession qu'il lui offrait, sans rien exiger en retour.
– Je t'aime Sebastian Lipov.
Rouvrant ses yeux, Katherine pu à loisir contempler le visage de son amant. Dès le premier regard qu'elle avait posé sur ce charmant visage aux traits fins malgré un menton autoritaire, et des muscles saillants sous sa chemise entre ouverte elle avait su qu'elle l'aimerait à la folie, qu'elle pourrait se perdre dans cet amour et elle avait eu peur.
Pas seulement peur d'aimer un loup-garou, d'embrasser un ennemi, mais peur de l'amour. Lui n'avait pas eut peur. Il pleuvait ce jour-là. Et la pluie n'eut plus le même goût alors. Les cheveux humides de Sebastian tombaient sur son visage. Et les gouttes d'eau ruisselaient sur son visage. Elle avait eut peur. Oui, peur. Pourrait-elle vraiment aimer ?
Ce sentiment lui semblait tellement lointain alors. Que ce soit la chasse ou son mode de vie, elle avait tellement perdu la foi en ces sentiments, l'amour, l'attachement, la confiance, le besoin de l'autre. Les hommes passaient dans sa vie sans s'y arrêter. Et Julien ne comptait pas.
C'était son frère, il serait toujours là pour elle. Envisager quelque chose de sérieux avec un homme lui était alors impossible. Mais c'était sans compter sur la nature. Quelqu'un avait glissé en l'être humain un besoin d'amour, de se rapprocher d'un autre être, d'avoir envie de lui sans cesse, et d'avoir besoin de lui.
Elle avait cédé à ce besoin sans même s'en rendre compte. Et le bonheur s'était emparé d'elle.
– Je veux avoir un enfant de toi.
Un enfant, elle n'avait jamais songer à en avoir un. Ne croyant pas à l'amour, elle n'avait jamais été ne serait-ce qu'effleurée par l'idée d'avoir un enfant. Sa vie avait été toute tracée par la chasse. Les démons à tuer, toujours plus, cela n'avait de fin, et le pire c'est que ça lui plaisait.
Elle avait aimé ces nuits sans fin passée à traquer un démon, elle avait aimé observer le lever du soleil en devant s'essuyer les yeux du sang d'un démon mêlé au sien sur son visage. Ne pas savoir de quoi demain serait fait était une facilité.
Elle n'avait pas à se soucier de projet, à se culpabiliser de ne pas atteindre les buts qu'elle s'était fixée, chaque nuit était alors comme une nouvelle vie. Rien d'autre ne comptait hormis la chasse. Le nombre de démon tuer, un véritable tableau de chasse, c'était la seule trace de son passé, des jours précédents, le nombre.
Mais à présent qu'elle avait Sebastian, qu'elle était amoureuse, tout cela lui semblait si lointain. C'était comme si elle s'était éveillée à une nouvelle vie dans les bras de son tendre amant. Avoir un enfant. C'était curieux. Elle aurait dû être furieuse contre lui. Eux?
Ils n'avaient pas le droit de s'aimer, un loup-garou et une chasseuse? C'était impossible. Et elle aurait dû le lui dire. Mais soudain elle ne s'en senti pas la force. Rendant les armes, elle se laissa tomber à côté de lui, ressent toutes les tensions s'évanouir.
S'approchant de Sebastian, elle lui offrit la plus douce des réponses, et leurs lèvres s'étreignirent une nouvelle fois dans l'intimité de cette chambre d'hôtel.
C'était de la folie pure. Elle ne pouvait oublier les paroles de son frère. Il lui avait dit qu'elle se méprenait. Il avait été si simple. Mais ces mots étaient chargés de sens. Elle ne devait embrasser ces lèvres si douces, elle ne devait caresser cette peau si tendre, elle ne devait pas l'aimer.
Il était un lycanthrope. Elle avait déjà tué des membres de sa race. Comment pouvait-elle le laisser la toucher, sachant ce dont il était capable. Pourrait-elle affronter la vision de sa forme animale? Elle l'ignorait.
L'amour qu'elle ressentait envers lui la faisait s'envoler, déchirer le voile des doutes, arracher peu à peu à la réalité si pesante, ouvrir ses ailes et se laisser porter par le souffle qu'il lui apportait. Elle aurait dû lui dire non, elle aurait dû lui dire qu'ils n'en avaient pas le droit, mais l'amour était si fort, comment pourrait-elle ignorer ce que lui disait son coeur.
S'opposant à sa raison, tout en passion, s'enflammant contre la glace la faisant fondre goutte à goutte, pour s'ouvrir à son amant, laisser la voie aux sentiments, laisser son coeur hurler. Elle voulait tout de lui. C'était dingue, parce qu'elle l'avait détesté, elle avait eut peur de lui, elle avait frémit, elle avait tremblée, et pour cela, il méritait qu'elle se batte, qu'elle se débatte, qu'elle hurle et griffe, morde comme une lionne, mais les filets l'avaient englouti.
Immergée elle avait cru se noyer avant de comprendre qu'elle pouvait respirer sous l'eau. Elle voulait tout de lui. Son amour, ses bras, ses baisers, et oui, elle voulait vivre avec lui jusqu'à la fin des temps, elle voulait un enfant de lui. Elle accepterait même des petits loups. Avec son amour, elle se sentait capable de tout.
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