Emprisonne le feu en toi
Ses yeux fixèrent les flammes. Elles ont ce pouvoir, si on les regarde un peu trop longtemps, un peu trop passionnément de vous hypnotiser. Le chasseur veut échapper à la douleur, si fort, si faiblement, qu'il se perd dans la contemplation des flammes. Ces rideaux qui brûlent lui en rappelle, de vieux rideaux en dentelles déjà jaunies par les années, que de grandes flammes consument, jusqu'à noircir le plafond. La douleur physique qu'il éprouve lui en rappelle une autre bien plus profonde, une blessure qui ne s'est jamais refermée. Les flammes font couler une larme.
Non de douleur, mais de tristesse. Il revoir les carreaux des vitres explosés sous la pression de la chaleur. L'odeur du brûler envahissant la chambre aseptisée. Il se rappelle de sa main serrant celle de sa mère. Le visage crispé de celle-ci tentant de surmonter la douleur. Son visage triste et fatigué, usé par la maladie et les souffrances.
Le calvaire qu'elle avait endurée, il s'en souviendrait à jamais. Comme cette nuit là, où elle ne supportait plus la douleur et brusquement le pouvoir avait jaillit hors d'elle, sans qu'elle ne puisse le contrôler. Il se souvenait de ses hurlements de douleur. Elle n'était même plus consciente de sa présence à cet instant là. Il la savait ailleurs et ne lui en voulait pas. Elle supportait tout ça si dignement. Il l'avait entendu supplier Julien de la tuer. Mais l'oncle égoïste n'avait pas pu l'achever, mettre fin à son tourment. Lui aurait pu le faire, il en aurait eut la force. Mais il n'était qu'un gamin de 6 ans. Il ne pouvait rien faire pour aider sa mère. Rien du tout. Il dormait tout le temps sur la chaise à côté du lit, ne sentant même pas les bras qui le ramenait dans sa chambre.
Cette fois-ci il s'était éveillé paniqué. Les flammes avaient envahit la chambre. Il avait regardé sa mère et su alors de quoi elle parlait lorsqu'elle disait que son pouvoir était hors de contrôle. La peur qui lui avait étreint le cœur n'était rien en comparaison de la douleur qu'il avait ressentit en regardant sa mère souffrant ainsi, au point de ne pas réaliser que son fils était là dans la pièce, de ne pas se rendre compte qu'elle risquait de mourir si elle continuait.
Une autre larme roula sur sa joue. Les flammes continuaient à danser, il continuait à souffrir, sa peau continuait à bruler, et la vampire jouait encore devant lui, à moins qu'elle n'ai réalisé le danger et ne voulait au contraire qu'il arrête ça. Si seulement elle savait... comment il s'en foutait.
– Emprisonne le feu en toi. ordonna-t-elle.
Ses yeux basculèrent vers la vampire. Il y avait quelque chose de presque nerveux dans son regard, un petit quelque chose de sauvage, de terriblement bestial et d'indomptable. « On ne me donne jamais d'ordre, fait-il, personne ne peut me donner d'ordre. Mauvaise pioche, la sangsue. Tu vas crever ! » Il veut la voir flamber même s'il en crèvera lui aussi. Qu'importe. Il sent la vie lui échappé et pas seulement ce soir.
A chaque instant, il se sent tellement détaché de ce monde. Se moquant parfaitement de le voir se détruire dans les flammes ou exploser en mille morceau sous l'effet d'une bombe nucléaire. Il rêve presque de cet instant. Comme si cela pouvait exciter sa curiosité. Il ne se sent vivant que lorsqu'il est en danger, lorsqu'il chasse, lorsqu'il sent la mort le frôler, le frisson, et la victoire coulant en lui.
– Emprisonne le feu en toi.
Il sent quelque chose trifouiller à sa porte, tentant d'entrer. Il pousse de toutes ses forces. Elle n'aura pas son esprit. Il la repousse. Songeant à son corps en train de carboniser, se forçant à visualisé la scène bien qu'il n'a à vrai dire pas grand mal à le faire, il s'aide de l'énergie qu'il tire de cette image, malsaine et jouissive, pour la repousser plus fort.
Il sent la main froide du vampire effleurer sa peau, ce qui lui arrache un sourire empreint de douleur, ainsi qu'un petit gémissement. Peu à peu, elle enlève les chaînes. La douleur recule. Le lycan hausse un sourcil. Il ne comprend pas pourquoi elle ne le tue pas.
Ça annulerait immédiatement la magie, même s'il lui resterait le feu à éteindre bien sûr. Il la regarde sans comprendre. Elle pourrait le tuer si facilement et en finir. Pourquoi insistait-elle ? Il n'était qu'un pantin, un jouet entre ses mains, elle pouvait le tuer à chaque instant alors pourquoi n'en faisait-elle rien ? Pourquoi insistait-elle encore et encore ? Il la sentait qui grattait, labourait la barrière psychique qu'il dressait devant elle.
C'était douloureux mais il était fort dans ce domaine. Il devait seulement résister un peu plus. Un peu plus longtemps. Juste le temps de les tuer tous les deux. Elle l'avait libéré, mais ses jambes irradiait encore de douleur. Il ne pourrait pas continuer à supporter ça. Pourquoi ne comprenait-elle pas ?
– EMPRISONNE LE FEU EN TOI ! hurle-t-elle. Le lycan relève les yeux vers elle. Elle veut entrer dans son esprit ? Eh bien qu'elle y entre la garce, qu'elle pénètre sur la voie des ténèbres, qu'elle entre dans son enfer personnel. Il ouvre la porte, déverrouille le loquet, et laisse la barrière s'écrouler.
Les flammes ne brûlent pas seulement les meubles, les flammes brûlent aussi son âme. Son âme torturée. Le lycan s'empoisonne depuis toujours, refusant sa nature de lycan, n'acceptant pas plus l'humanité qu'il sent en lui, et cependant incapable d'être un sage petit soldat. L'ange qui veut se brûler les ailes. Le téméraire toujours à la recherche du danger. Il veut se consumer. Il veut brûler. La mort serait si douce après tout. Viens, entre, pénètre dans les ténèbres et fait bien attention à ne pas te brûler. Il la sent dans sa tête. Qu'elle y lise la souffrance, qu'elle bouffe ses névroses jusqu'à étouffer avec. Sent-elle la haine qu'il éprouve pour lui-même ? Sent-elle le mépris qu'il a pour les gens, pour ce monde, sent-elle la rage et le dégoût qu'elle lui inspire ? Le lycan déraisonne. Il n'est plus qu'un fou, un dingue, un suicidaire invitant une vampire tout aussi barjot à se balader dans sa tête. Il veut qu'elle ressente la douleur. Sa main se ferme sur le poignet de la vampire. Un sourire mauvais apparaît sur ses lèvres. Vibrant de douleur, écorché vif, âme esseulée, créature ne demandant qu'à être aimé, mais refusant tout aide, tout approche aussi amicale soit-elle, être cherchant plus la souffrance que le bonheur, imbécile qui se complet dans la noirceur, se drogue à la haine, se shoot à la rage, s'enfilant des doses de drogue pour tout ressentir plus intensément et en même temps pour disparaître, devenir quelqu'un d'autre. Il ne se supporte plus. Et en même temps trouve que ce monde entier pue, qu'il n'y a rien à y sauver et que tous peuvent crever, en ce qui le concerne il s'en fou. – Alors crève. siffle-t-il à l'oreille de la vampire. Crève parce que moi je ne vaux plus grand chose.
Il lui souffle sa haine pour lui-même au visage, lui envoie toutes ses peurs, ses doutes, son trouble devant les sentiments qu'il a pu ressentir par le passé, les blessures de ses pertes qui ne se sont jamais refermés, jamais il ne pardonne, jamais il n'oublie, rien, tout est gravé dans son esprit, les seules choses qu'il parvient à oublier c'est celles qui ne le touche pas, celles dont il se moque. Mais ces plaies béantes sont toujours là. Il n'a plus rien à offrir à ce monde, alors oui, qu'ils crèvent tous les deux, ça soulagerait l'humanité d'un poids énorme.
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