Hello ! Ici Foxy, pour ma petite apparition dans ce magnifique calendrier ! J'espère que ce petit texte vous plaira. Bonne lecture ! 

(Courage il ne reste plus qu'un jour avant les vacances ! )

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Elle avait froid. Pourtant elle avait autour de son cou –et même un peu plus puisqu'elle couvrait la moitié basse de son visage- une large écharpe de laine et sur sa tête un vieux bonnet, d'une beauté discutable certes, mais qui avait au moins l'avantage de couvrir le sifflement du vent dans ses oreilles. Elle n'avait évidemment pas oublié de se munir d'une paire de gants et des plus grosses chaussettes imaginables. Elle avait pris toutes les précautions possibles pour ne pas finir gelée ou en pleine hypothermie.

Et pourtant, en regardant les quelques rares passants qui semblaient indifférents à la température faisant pâlir tous les thermomètres du pays, elle se sentait bien seule à se geler le bout des doigts et l'extrémité des orteils. Les gens n'étaient-ils pas conscients que l'hiver était une saison détestable où l'on ne faisait que grelotter et frissonner tout en cherchant le dernier mouchoir propre dans notre poche ?

Higuchi détestait l'hiver. Et si elle en avait eu l'occasion, elle serait bien restée chez elle, blottie sous une dizaine de plaids tout doux avec un chauffage beaucoup trop élevé pour se prétendre écologique, et ce, pendant des jours entiers jusqu'au retour du beau temps.

Mais le regard terrifiant, à faire frémir n'importe qui, d'une certaine capitaine de la mafia l'en avait purement et simplement dissuadée. Refuser la demande de la femme aux cheveux rouges était sans aucun doute synonyme de représailles bien pire que le fait d'être dans les rues sous la neige à se glacer les os. Subir le courroux d'une telle femme, si haut gradée, était sans aucun doute l'une des pires manières de finir l'année.

C'est ainsi qu'Higuchi se retrouva dans les rues de Yokohama à une heure bien trop matinale pour être prononcée, se dirigeant vers ce qui pourtant était le lieu d'actions et de travail de leurs prétendus ennemis : l'agence des détectives armés. Tout ceci, avec un paquet bien mal emballé sous le bras.

Le paquet en question semblait être une peluche qui, on le devinait facilement, avait la forme d'un lapin. Sur le moment, imaginer qu'une femme aussi assurée et sans pitié que Kōyō puisse faire preuve de ce genre d'attention semblait surprenant et même impossible.

Une peluche de lapin, que c'était niais.

Toute cette mignonnerie et cette tendresse n'étaient sûrement qu'illusion, car bien que la destinataire de ce présent soit une jeune fille de tout juste 14 ans, il était aisé pour Higuchi de deviner qu'il y avait bien plus qu'un simple doudou dans cet emballage de fortune.

Après tout, Kōyō n'avait jamais cessé de nourrir de grands espoirs en Kyoka et en ses capacités d'assassin. Higuchi ne voulait pas imaginer quelle arme aiguisée et dangereuse la capitaine de la mafia avait bien pu cacher dans la peluche. Un poignard? un couteau? ou même une petite dague ?

Dans tous les cas, il était à présent de son devoir d'aller livrer ce cadeau peu commode, et ce, directement dans les locaux de leurs ennemis. Il fallait croire que les fêtes retiraient toute notion de rivalité entre les deux plus importantes organisations de la ville.

Si on lui avait dit qu'un jour son travail de mafieuse serait de jouer le rôle de mère noël, elle n'y aurait pas cru.

Quoi qu'il en fut, après avoir bravée le vent, la bourrasque et surtout le froid glacial, la voilà enfin au pied du bâtiment de briques rouges, ce qui signifiait que la fin de sa quête était proche. Il était encore tôt et on lui avait assuré qu'à une heure pareille personne ne serait présent sur les lieux pour entacher son étrange mission.

Alors elle passa la porte sans encombres. Il fallait croire que le concept de verrouiller les portes n'était pas quelque chose de connu ni de commun pour les membres de l'agence. Une fois à l'intérieur, elle cessa enfin d'expulser une légère fumée de sa bouche. Elle put par la même occasion retirer ses gants, qui limitaient quelques peu ses mouvements, ainsi que son écharpe bien trop remontée. Puis elle se reconcentra sur sa mission principale : la livraison de peluche-armée.

Elle était déjà venue par le passé, alors ce fut sans trop de difficultés qu'elle trouva la pièce principale de l'agence, c'est-à-dire celle où se trouvaient tous les bureaux et les tonnes de dossiers non classés et non-remplis. A l'occasion des fêtes, il y avait quelques décorations légères déposées sur le mobilier, des boules à neiges, des tasses rouges et vertes ou encore, pour les plus classiques une petite carte et quelques chocolats. Mais surtout il y avait, dans un recoin de la pièce, pourtant déjà bien remplie par le reste des meubles, un sapin. Vert, d'une taille assez moyenne, ce n'en était même pas un véritable que l'on aurait fraîchement coupé pour l'occasion. Un arbre des plus banals et communs, hormis peut-être sa décoration un peu étrange par endroits et dépourvue d'harmonie des couleurs.

Le souvenir d'une Kōyō au regard sévère revint soudainement à la mémoire de la jeune femme, ce qui la poussa à cesser presque immédiatement son observation de l'arbre festif, qui la rendait quelque peu perplexe.

Higuchi déposa donc le présent au pied du sapin. Il était certes encore un peu tôt pour recevoir un cadeau. Après tout, Noël n'était que dans quelques jours, et le paquet se trouvait bien seul pour le moment. Mais, au moins, c'était une mission achevée. Sa vie était sauve et elle n'avait pas à craindre que la jeune fille ne reçoive pas son présent.

La blonde quitta donc le bâtiment avec la même discrétion que celle avec laquelle elle était venue. Une fois le pas de porte passé, une bourrasque et quelques flocons vinrent frapper son visage, ce qui la fit frissonner et refit naître en elle le mépris de cette saison qu'était l'hiver. Elle s'emmitoufla de nouveau, au point où son visage devait être presque indiscernable, seuls ses yeux étant encore visibles derrière ces épaisses couches de tissus.

Et elle eut bien raison de se couvrir, car à quelques mètres de là, dans le coin de la rue, se trouvait une jeune fille aux cheveux bleus, vêtue d'un kimono.