Chapitre 7 - Bataille dans la tourbe

Les dernières jeeps de la Résistance arrivaient à l'entrée de l'ancien complexe de Frundtech, chargées des derniers équipements encore présents dans l'ancienne base des résistants. Les combattants qui avaient besoin de soin étaient installés dans les dortoirs, qui étaient progressivement vidés des anciennes affaires pour y installer en priorité les blessés. L'installation fourmillait des nouvelles troupes qui occupaient l'endroit, mais une importante partie se massait dans une grande salle de briefing. Là-bas, les troupes disponibles et valides écoutaient le débriefing de l'assaut, qui était donné par Roc et le chef de la Résistance.

- Les combattants qui ont les informations demandées, avancez-vous. On va faire le point sur l'installation, les fuyards, et nos propres troupes. Le ton était donné par Roc, qui observa les documents se poser progressivement sur la table devant les deux hommes.

- Une partie est réservée aux militaires, il y a beaucoup d'équipements, des armes, des munitions. On a aussi trouvé des véhicules de transport de troupes et des aéronefs, la plupart sont en bon état. Les laboratoires sont très peu accessibles, et il semble y en avoir dans un sous-sol, mais l'accès est encore plus sécurisé que les installations ordinaires. Les données des ordinateurs sont aussi protégées, je doute qu'on puisse accéder à tout dès maintenant. Les premières investigations étaient résumées par un des résistants.

- Nous n'avons pas encore localisé les troupes en fuite, mais ils sont partis avec un véhicule terrestre de transport de troupe, en direction du désert si les traces de roues dans le sable sont justes. -Ils sont sûrement encore dans la zone, conclut un combattant un peu plus vieux que le premier.

- Nous avons soigné les troupes blessées pendant l'assaut, ils se reposent dans le dortoir. On a assez de place pour tout le monde et même plus, et assez de vivres pour tenir des mois sans problème. Un jeune soldat qui était arrivé avec les premières jeeps pour s'occuper des blessés venait finir cette partie du débriefing, malgré son arrivé avec un peu de retard comparée à ses deux précédents camarades.

- Très bien. Notre objectif désormais sera de retrouver les troupes en fuite et d'accéder au... Alors que le chef allait finir, Roc l'interrompit pour donner un autre objectif supplémentaire.

- Je veux aussi la destination de l'aéronef qui a fui la base. Ils avaient des scientifiques à bord, si nous pouvons savoir où ils vont, alors nous pourrons frapper là où ça fait mal. Il y avait bien évidemment une toute autre idée derrière l'objectif du vagabond, mais il ne pouvait pas révéler la vérité maintenant, il avait encore besoin de l'aide de la Résistance pour retrouver Strog.

- Bon... Ça sera donc une autre mission à réaliser, mais il faut aussi accéder à la partie souterraine des laboratoires. On pourra peut-être y trouver quelque chose d'utile dedans. L'homme avait soupiré avant de finir, quelque peu exaspéré du comportement de Roc.

Le débriefing fini, le vieil homme congédia les troupes, les laissant partir pour leurs missions respectives. Quand ils furent enfin seuls, le chef de la Résistance fusilla le jeune homme du regard.

- Roc... Je ne sais pas quelle idée tu as en tête, et pourquoi tu veux absolument abattre Frundtech, mais n'oublie pas qu'on est une équipe, c'est ensemble qu'on fera tomber Frundtech, alors agis comme tel. Le ton du résistant était dur envers l'ex-ingénieur.

- Je sais bien, tu m'as fait confiance jusque-là, et on a évité de nombreuses pertes, comparé à Frundtech. Ils ont perdu un complexe entier, et pratiquement toutes leurs troupes. Il soupira avant de continuer. Je vais vous aider pour le laboratoire, mais je ne garantis pas que mon ordinateur portable seul arrivera à bout de leur système de sécurité. Il cachait ses intentions en proposant ses services sur un des principaux objectifs.

- Je vais voir avec les autres pour te débloquer quelques ordinateurs dans le coin, on pourra sûrement t'aider à craquer la sécurité plus facilement. En attendant, va prendre un peu de repos, les prochains jours seront décisifs pour la lutte contre Frundtech, et je veux que toutes nos troupes soient au meilleur de leur forme. Le chef conclut sur ces paroles, laissant Roc qui quitta la salle de débriefing pour se diriger vers les dortoirs. Mais sur le trajet, un certain doute le tenaillait. Celui de ne pas arriver à retracer le signal de l'aéronef, de perdre à nouveau la piste de Strog, son collègue de promo, et celui qu'il considérait depuis longtemps comme un frère.


Étant donné que l'ordinateur de Roc était utilisé pour ouvrir l'accès aux laboratoires souterrains, le jeune vagabond s'était retranché sur un PC du hangar d'aéronef où avait eu lieu la sanglante bataille. Il y avait encore de nombreuses douilles, des impacts de balles, mais surtout le sang des résistants et de Frundtech. Il y avait eu de lourdes pertes, lors de ce combat. Mais Roc ne voulait pas que tout ceci eût été fait en vain, il cherchait donc une trace sur la destination, ou même le trajet, du véhicule où Strog était monté. Il trouvait des informations sur les autres aéronefs, stationnés dans les silos du complexe, mais rien sur celui qui était parti. Il attrapa sa tasse de café, posée juste à côté de lui sur l'imposante caisse où il s'était posé. Il allait boire une gorgée quand un signal attira son attention. Il venait du désert, ce qui intéressa immédiatement le combattant. Il se mit à fouiller en vitesse les registres des véhicules du complexe, cherchant le type de véhicule, mais aussi son emplacement exact. Quelques minutes lui suffirent pour découvrir le jackpot. Il nota rapidement les coordonnées, laissant l'ordinateur sur le côté avec sa tasse, il se leva d'un bond pour foncer vers la salle du complexe où les résistants s'entraînaient en attendant une mission. « Les gars ! J'ai retrouvé les fuyards de Frundtech ! En salle de briefing, immédiatement ! » Les soldats furent d'abord surpris, mais ils se dirigèrent rapidement vers la salle mentionnée, tandis que Roc partait déjà devant, cherchant sur la route un plan pour lancer l'assaut final sur Frundtech. En à peine dix minutes, toutes les troupes disponibles étaient réunies devant Roc, qui était cette fois seul face aux résistants. Il prit d'abord l'initiative de détailler sa trouvaille. « J'ai capté un signal dans le désert, venant d'un transporteur de troupes de taille conséquente. Typiquement le véhicule d'extraction d'urgence qui a pu quitter la base quand on l'a prise. » Mêlant la parole au geste, il rentra les coordonnées sur l'ordinateur de la salle, pour montrer la position du véhicule. « Il semble à l'arrêt, pour l'instant. Je ne sais pas combien de temps encore on pourra capter leur signal, alors j'ai besoin d'une vérification immédiate de l'arsenal et des jeeps, je veux que tout soit prêt d'ici une heure maximum. » Un délai court, mais Roc savait que s'il voulait en finir, il fallait être les premiers à porter le coup de grâce. Une grande partie des troupes s'activèrent, quittant la pièce pour aller surveiller l'état des véhicules de transport de troupes mentionnés, mais aussi pour préparer l'armement pour l'attaque. En attendant leurs retours, Roc s'enquit des nouvelles concernant le souterrain auprès des quelques résistants encore présents. Malheureusement, leur discussion fut vite écourtée, car quelques minutes après le départ des troupes, des bruits de pas se faisaient déjà entendre. Pensant qu'il s'agissait déjà les troupes qui revenaient faire leur rapport, Roc se plaça derrière la table du dirigeant de réunion, mais il fut surpris de voir le nouveau chef du complexe, d'une humeur massacrante, alors que ses yeux lançaient des éclairs en observant Roc.

- Peux-tu m'expliquer pourquoi tu organises une opération d'envergure sans même m'en avoir parlé ?! Le ton du vieil homme était cinglant, sa rage au plus haut.

- Car nous avons trouvé ce qui reste de Frundtech ici ! On ne peut pas se permettre d'attendre plus longtemps et de leur donner le loisir de s'échapper, en plus de retrouver leur force ! Le nouveau résistant tenait tête au chef, conservant un ton calme, mais tout de même dur. Il ne comptait pas bouger de position de si tôt.

- Mes troupes ne se sont pas encore totalement remises de l'assaut, Roc ! De plus... Nous avons besoin de toi pour accéder aux laboratoires souterrains. L'homme à l'imposante barbe grise venait de se tirer une balle dans le pied, en révélant que Roc était indispensable pour eux, il avouait à demi-mot qu'ils l'aidaient par intérêt.

- Eux non plus ne seront pas remis de l'attaque... Il faut frapper maintenant si on veut mettre un coup d'arrêt à Frundtech ! Roc tapa pour la première fois du poing sur la table, la rage commençant à monter en lui aussi. La dernière phrase le plongea encore plus dans une colère rouge. Vous avez besoin de moi ?! Sérieusement ?! La Résistance n'agit donc que dans son propre intérêt ?! Vous êtes aussi bas que Frundtech, avec ces pratiques ! Les mots étaient durs, assassins, mais pour le jeune homme, ils étaient amplement mérités.

- La Résistance agit pour protéger les citoyens d'une organisation qui a échappé à tout contrôle du gouvernement, qui lui-même a lâché l'affaire depuis longtemps... Tu es notre seul moyen d'en apprendre plus sur leurs expériences, mais s'il faut une contrepartie à ton aide, je l'accepterai. L'homme finit par soupirer longuement, il avait bien compris qu'il faudrait faire des concessions s'il voulait garder un atout comme Roc dans sa manche. En y réfléchissant bien, il comprit aussi que l'attaque sur les troupes en fuite était définitivement la meilleure idée qu'ils avaient actuellement.

- Bien. Je veux un aéronef pour partir de ce désert et poursuivre celui qui s'est enfui. C'est la seule condition. L'ordinateur que j'ai utilisé pour retrouver le transporteur de troupes, il est dans le hangar du combat. Il pourra trouver un aéronef en état et... peut-être retracer celui qui est parti. Roc souffla doucement, sa colère retombant quelque peu. Et si vous le permettez, je veux prendre la tête de l'assaut. J'ai une dette envers vous, malgré tout, pour votre attaque triomphale sur ce complexe. Roc avait dévoilé son plan devant quelques soldats qui écoutaient depuis le début du conflit entre les deux hommes, mais il s'en fichait, désormais. Il était prêt à tout pour retrouver son ami.

- Je ne peux te garantir qu'on va tout trouver, mais nous ferons notre possible. En échange... Il marqua un petit temps d'arrêt, soufflant lui aussi pour faire redescendre la pression. Il cligna une fois des yeux, pour poser un regard moins dur, plus déterminé sur Roc. Je veux que tu mènes la bataille du désert, le plus grand combat de cette zone.

- Ce sera avec plaisir, chef. Roc esquissa un sourire en répondant. Il colla son poing à celui de son supérieur, d'un air entendu, alors que des soldats commençaient à revenir. Ils avaient assez d'armes pour abattre tout un complexe entier, au moins trois jeeps étaient disponibles et une quatrième se préparait pour être prête à un départ supplémentaire. Roc répartit les troupes en groupes de cinq par jeep. Quinze soldats pour l'assaut, et une jeep de renfort disponible, tout était fin prêt pour l'assaut final.


Le moment de faire payer Frundtech pour toutes les vies détruites était arrivé. Les jeeps démarrèrent du complexe, se positionnant en triangle. Roc était installé à l'avant du véhicule de tête, au milieu en pointe du convoi, utilisant son téléphone pour suivre le signal du transporteur de troupes et savoir où diriger ses troupes dans le désert. Les soldats armés d'AR-15 étaient installés à l'arrière de chaque jeep, prêts à tirer sur les troupes ennemies dès qu'elles seraient en vue. Personne dans le convoi ne parlait, le silence se faisait pesant, mais ils savaient tous qu'ils allaient dans la bonne direction. Traversant le cimetière d'une civilisation dévastée par un puissant mutagène, les jeeps finirent par arriver au niveau d'un véhicule de transport blindé de Frundtech, qui semblait à l'abandon. Les jeeps s'arrêtèrent à bonne distance du véhicule suspect, alors que les troupes se préparaient à descendre des véhicules de transport.

- Ils ont déjà décampé d'ici ? S'enquit un résistant, qui descendit de son véhicule, avant de jeter un regard interrogatif vers Roc.

- Je ne pense pas. L'arrêt du véhicule date de quelques heures seulement, ils n'ont pas dû aller bien loin. Le vagabond semblait confiant, de prime abord, mais le doute s'installait progressivement. Seulement, une question venait s'opposer à ces doutes. Où est-ce qu'ils seraient partis ? Le désert était vaste et remplis de mutants, sans de quoi se repérer, c'était de la pure folie ! Et ils n'avaient ni entendu, ni aperçu un autre véhicule qui eût pu les récupérer. Ils sont encore dans les parages, c'était devenu certain pour Roc. Le jeune homme fit signe aux troupes dans les jeeps de se déployer autour du véhicule suspect. En quelques instants, les résistants encerclèrent le transporteur de troupe, telle une armée entière. Aucun bruit, un calme si pesant et inquiétant... Qui fut finalement rompu lorsque les portes arrières du fourgon s'ouvrirent, provoquant la stupeur des soldats de la Résistance, qui découvrirent le reste des troupes de Frundtech qui étaient prêtes à en découdre. L'effet de surprise causé par l'embuscade donna l'avantage aux fuyards, qui éliminèrent en quelques instants deux résistants, alors que les autres allaient se mettre à l'abri derrière les jeeps. Le feu nourri venu des troupes de Frundtech empêchait tout mouvement du côté de la Résistance. Mais Roc remarqua qu'un des soldats morts, rapatriés en catimini derrière les jeeps avec les autres combattants, avait sur lui une grenade flash. Peut-être que cette technique marcherait à nouveau, se dit le vagabond, en l'attrapant. Il la jeta en l'air, en direction des troupes ennemies, avant de la faire exploser d'un tir d'AR-15. L'explosion désorienta les troupes de Frundtech, atténuant leurs tirs, alors que les résistants, sentant un nouveau courage insufflé par l'action du chef de l'expédition, mitraillèrent à feu constant le véhicule ennemi, abattant de nombreux combattants adverses au passage. Dès que l'effet aveuglant de la grenade se calma, le feu croisé reprit. Les troupes tombaient des deux cotés, mais Frundtech commençait à sentir le vent tourner en leur défaveur. Dans une stratégie désespérée, celui qui semblait être le chef des troupes en fuite sonna la retraite. Les portes du fourgon blindé se refermèrent, alors que les troupes remontaient en vitesse à l'intérieur. Malgré les tirs des résistants, le véhicule démarra en trombe, laissant un nuage de sable derrière eux. « Il ne faut pas les laisser s'enfuir ! Emportez les blessés et les morts avec une jeep, on prend les deux autres et on en finit ! » Quelques soldats encore valides prirent la jeep où Roc était installé à l'aller, pour revenir au plus vite au complexe, tandis que les autres prenaient place en vitesse dans les autres véhicules, démarrant au quart de tour pour poursuivre les ennemis. Le chemin les emmena entre les carcasses de voitures et d'hélicoptères du désert, vestige d'une humanité ayant perdu tout contrôle sur la zone. Le transporteur de Frundtech ne s'arrêtait pas, fonçant à toute vitesse alors que Roc tentait de tirer avec son fusil d'assaut dans les roues de ce dernier. Les munitions n'avaient, semblait-il, aucun effet sur un engin de cette carrure avec des roues aussi robustes. Jetant un coup d'œil vers l'autre jeep, le résistant remarqua qu'un des soldats avait un fusil d'assaut avec un lance-grenades installé sous le canon. Une arme parfaite pour atteindre les roues du véhicule, se dit Roc. Il signifia au conducteur de sa jeep de se rapprocher de la seconde. Sans se toucher, mais en étant assez près, les deux véhicules continuaient leur chemin, alors que Roc héla le soldat qu'il avait repéré plus tôt.

- Eh, il te reste des grenades là-dedans ? Cria Roc à pleins poumons pour se faire entendre dans le brouhaha.

- Il en reste qu'une seule, s'enquit le soldat sans comprendre la raison de cette soudaine question.

- Tu penses pouvoir arrêter le véhicule avec ? Roc alla droit au but, le temps jouant contre eux.

- Je... je pense, oui ! Le soldat n'était pas très confiant, mais il allait tenter.

Roc fit signe aux deux jeeps de ralentir, s'écartant progressivement l'une de l'autre pour éviter un carambolage. Le soldat au lance-grenades prit le temps de viser, les mouvements du véhicule n'aidant pas. Il retint son souffle pendant quelques instants, puis tira en direction d'une roue arrière. L'impact fut direct et explosa la roue, amochant au passage une partie du véhicule blindé, qui se mit à chanceler. Le conducteur de Frundtech semblait perdre le contrôle de l'imposant véhicule, qui partit dans le décor, faisant plusieurs tonneaux. Les jeeps, quant à elles, s'arrêtèrent en vitesse pour éviter de causer un accident. Toutes les troupes se déployèrent autour du fourgon de transport blindé, qui avait fini sur le toit. Quand un soldat de Frundtech osa ouvrir les portes du transporteur, une surprise de taille l'attendit, ainsi que pour ses camarades, encore sonnés par l'accident. Une armée d'hommes déterminés à en découdre encerclés leur moyen de transport, armés jusqu'aux dents, visant les différentes troupes encore en vie.

- Vous avez trente secondes pour vous rendre, ou nous ouvrons le feu. Roc se tenait au milieu des troupes et lança le compte à rebours final pour les troupes de Frundtech, en observant ce qui restait des soldats du complexe.

- Jamais nous ne capitulerons face à des civils de seconde zone ! Un homme, celui-là même qui avait sonné la retraite du véhicule toute à l'heure, se releva en prenant un pistolet en main, visant Roc, prêt à tirer dans la tête du résistant.

- Vous m'en voyez navré, dans ce cas... Mais le vagabond ne laissa pas le plaisir à ce soldat d'en finir. Il tira une simple rafale d'AR-15 sur celui qui comptait attenter à sa vie, qui s'effondra sur place, son sang se répandant dans le reste de l'habitacle.

- Si vous souhaitez subir le même sort que lui, vous savez quoi faire. La menace était réelle après une telle démonstration, et les soldats de Frundtech déposèrent les armes, avant de sortir du véhicule, les mains en l'air.

Quand tous les soldats furent sortis, un soldat de la Résistance alla inspecter l'intérieur du véhicule, pour surveiller qu'il ne restait plus de survivant. Malheureusement, le conducteur était mort dans l'accident et il ne restait plus d'autres soldats encore en vie. Il ressortit donc quelques instants après, confirmant au reste du groupe qu'ils avaient extrait tous les survivants. « Faites les monter dans les jeeps, on va les ramener au QG. On verra ce qu'on fait d'eux sur place. » Roc donna les derniers ordres de l'expédition, laissant les résistants répartir les troupes de Frundtech à l'arrière des jeeps. Bien qu'il fût légèrement en surpopulation, le convoi repartit en direction de la nouvelle base alliée, guidé par Roc et son téléphone, installé côté passager dans la jeep qui avait pris la tête du convoi.


Après un trajet à travers la poussière du désert, le moteur des jeeps se coupa enfin devant l'entrée du complexe. Quelques résistants arrivaient pour donner un coup de main aux troupes de l'expédition, tandis que le chef de la Résistance observait le retour de ses fidèles combattants. « On dirait bien que la mission est un succès. » Les résistants amenaient les soldats de Frundtech vers l'intérieur du complexe, tandis que Roc s'approcha de son supérieur.

- Succès... tout est relatif. Plusieurs résistants y sont passés dans une embuscade de leur part, mais le chef du complexe est mort, et on a ramené les derniers soldats encore en vie, répondit simplement le vagabond, soufflant enfin de répit après une expédition de quelques heures.

- Parfait ! La première jeep a ramené les blessés et les morts. On est en train de soigner les combattants, et pour ceux qui sont morts... Nous avons prévu de réaliser un petit enterrement commun, plus tard. Malgré son air dur, le chef semblait attristé par la perte des troupes, autant dans l'expédition que l'assaut initial qui avait permis de récupérer l'imposante installation.

- Tu devrais prendre un peu de repos, Roc, on a bien avancé dans le complexe. L'homme sourit à Roc tout en l'invitant à vraiment prendre dormir, cette fois. Le visage du concerné était marqué par une réelle fatigue qui commençait à se faire sentir.

- Bien avancé ? C'est-à-dire ? Roc n'était pas prêt à se reposer maintenant, même si ses paupières commençaient à peser, comme le poids de la fatigue sur son corps.

- Aux dernières nouvelles, le souterrain devrait être ouvert dans peu de temps. De plus, certains résistants ont trouvé un aéronef dans un hangar. Il n'est répertorié nulle part dans les bases de données, il n'a sûrement jamais dû décoller jusqu'à maintenant. Tout en parlant, le chef, qui marchait, rentra dans le complexe, l'air se rafraîchissant à l'extérieur, avec le sable qui se rapprochait du complexe.

- Bien, ça devrait nous aider. En parlant d'aéronef, vous avez pu retracer celui qui est parti avec les scientifiques à son bord ? Malgré la fatigue qui le prenait, Roc restait inflexible sur ce point, il voulait retrouver Strog à nouveau, à tout prix.

- On s'en approche, mais avec la maigre puissance de calcul qu'on a, ça prend du temps... Tu devrais dormir, au moins un peu. Le chef le guida dans les couloirs du complexe jusqu'aux dortoirs, s'arrêtant devant l'entrée de ceux-ci.

- Mmphf ! Tu ne me lâcheras pas la grappe tant que je n'aurai pas dormi, hein ? Roc comprenait parfaitement que c'était pour son bien, mais un flot de pensées continuaient de tourbillonner dans sa tête. Trop d'impatience, trop d'images qui lui revenaient, de l'attaque du complexe, de Strog montant dans cet aéronef vers une destination inconnue, mais aussi de l'embuscade tendue par le dernier bastion de Frundtech dans le désert.

- Tu comprends vite, mais t'es long à la détente ! Le vieil homme pouffa légèrement de rire, ouvrant la porte des dortoirs. On viendra te réveiller dès qu'on aura avancé sur l'aéronef, je te le promets.

- Bon... Ok, je vais me reposer un peu. Roc soupira fortement, s'avançant dans le dortoir alors qu'il laissa un large sourire s'afficher sur le visage de son supérieur. Il murmura un simple merci avant que celui-ci ne s'en aille.

Le jeune homme s'installa dans un lit, regardant le fond du lit superposé au-dessus du sien. Mille pensées tourbillonnaient dans son cerveau. Est-ce qu'il retrouverait le transporteur qui a emporté celui qu'il cherche depuis la chute du pays ? Quelles atrocités vont-ils bien pouvoir découvrir dans les souterrains de Frundtech ? Les mêmes choses qu'à l'extérieur ? Des tas de chairs qui n'ont plus rien d'humain, pas même une conscience. Il repensa aussi à son entrée dans la résistance, à Don et son ami perdu, et l'assaut du complexe qui avait suivi l'enrôlement du vagabond. Il finit par s'assoupir, tombant dans les bras de Morphée après toutes les épreuves de ces derniers jours.



Le réveil de Roc fut assez rude, mais surtout, ce n'était pas une sonnerie de téléphone qui le tira de son sommeil. Le jeune homme se leva en sursaut, entendant des cris de joie venant de soldats dans le complexe. Il se leva donc pour aller voir ce qui se passait, se frottant légèrement les yeux encore bouffis de fatigue. Lorsqu'il arriva au niveau du bruit qui avait causé ce réveil, il remarqua une foule de résistants agglutinée devant la porte des souterrains qui était entrouverte. Des cris de joie fusaient de tout côtés. « On a réussi ! » S'exclamait un résistant, parmi les premiers de la foule. Mais Roc comprit bien vite que tout n'était pas résolu. Il remarqua le chef des résistants qui arrivait rapidement pour disperser les foules, se posant devant l'entrée. « Eh ! On n'entre pas de suite ! On ne sait pas ce qu'il y a dans ce merdier, et je ne veux pas de blessés supplémentaires. On va envoyer deux soldats en reconnaissance en bas, puis, si la zone est sécurisée, on enverra des troupes supplémentaires pour examiner l'installation et faire un rapport. » Le vieil homme désigna deux soldats dans la foule, qui s'avancèrent rapidement, puis qui commencèrent la descente vers l'intérieur des laboratoires les plus secrets de Frundtech. Puis, le chef de la Résistance remarqua que Roc était enfin réveillé. Alors que les foules se dispersaient et que quelques soldats attendaient le retour de leur acolyte, l'homme invita le vagabond à le suivre à part. Il l'amena dans une salle où plusieurs ordinateurs étaient en plein travail pour cracker les différentes combinaisons des digicodes du complexe. Au milieu de ceux-ci trônait celui de Roc. « Tu t'es réveillé à temps, on dirait. » Lui dit le vieil homme, pointant l'ordinateur de l'intéressé. Celui-ci se jeta dessus comme un drogué sur sa coke. Un point rouge était affiché sur une carte des États-Unis. Situé en plein dans le Colorado, plus exactement dans une petite vallée traversée par une rivière. « Ne me dis pas que... ? » Le résistant hocha simplement la tête en guise de réponse, laissant Roc sauter de joie sur place. Enfin, il avait retrouvé la trace de Strog, il savait où chercher. « C'est au Colorado, il y a une base de la résistance locale qui est installée non loin de là où a atterri l'aéronef. Ça doit sûrement être un autre de leur complexe. » Le chef de la Résistance résuma simplement la situation en regardant Roc. « L'aéronef du hangar est normalement prêt à partir, d'ailleurs. Il ne semble pas relié au réseau de Frundtech, tu seras donc indétectable par leurs systèmes. Tu veux toujours le prendre ? » Est-ce que l'homme attendait réellement une réponse orale de la part du vagabond ? Ce dernier referma le PC portable, se dirigeant d'un pied ferme vers son dortoir pour récupérer les dernières affaires avant son départ. Le chef du complexe attendit devant la porte que Roc revienne avec les affaires qu'il comptait emporter. Il ne fallut pas plus de quelques minutes au jeune homme pour ressortir de la grande pièce avec un sac sur le dos, contenant ce qu'il avait besoin. D'un regard entendu, les deux hommes se mirent en route vers le silo de décollage, le vieillard prenant finalement la tête de la marche. Lorsqu'ils arrivèrent sur place, le futur pilote découvrit une installation conséquente. Un poste de contrôle placé en hauteur pour contrôler l'ouverture tout en haut du silo qui permettait de faire entrer et sortir les véhicules, et le Saint Graal... L'aéronef flambant neuf. Le jeune homme examina rapidement la carlingue de ce beau bébé, un petit transporteur de troupe. Il trouva aisément le panneau d'ouverture de la porte arrière, qu'il pirata en vitesse avec l'aide d'un petit appareil mobile qu'il brancha sur les connexions du boîtier. En quelques instants, la porte de l'engin volant s'ouvrit, laissant Roc monter dedans. Quelques sièges étaient disposés de chaque côté à l'entrée de l'aéronef, qu'il parcourut jusqu'à atteindre le cockpit à l'avant. Préparé pour deux personnes, mais il pouvait se conduire parfaitement en solo. Une myriade de boutons, un interrupteur pour allumer le tout, cela ne semblait pas si compliqué pour Roc. Il examina en vitesse le tout, avant de faire démarrer le véhicule. Il laissa les moteurs en stand-by le temps qu'il filtre toutes les informations qui venaient d'apparaître sur un tableau de bord virtuel. Il fit le tri parmi toutes les informations, puis ajouta les coordonnées du complexe du Colorado, quand une ombre se glissa dans le véhicule.

- Alors, tu t'en sors avec ce bijou de technologie ? Le grand barbu passait la tête dans l'aéronef, observant Roc qui finissait de régler les derniers paramètres.

- Parfaitement. Ce truc est bien paré pour le voyage, maintenant. Le jeune homme se leva pour aller voir son supérieur.

- Alors, c'est l'heure de ton départ, hein ? Il savait très bien qu'il ne pourrait pas retenir une tête brûlée comme Roc. Il avait même demandé à un soldat de venir au poste de commande du silo pour l'ouvrir.

- Ce ne sera jamais un adieu, simplement un au revoir. Le jeune homme hocha simplement les épaules, ce qui arracha un sourire à l'imposant résistant barbu.

- Il est vrai... Merci en tout cas, pour tout ce que tu nous as permis de réaliser, ici. En guise de récompense finale pour tout son travail, l'homme posa simplement un fusil AR-15 avec quelques chargeurs sur un siège, avant de redescendre de l'aéronef.

- Merci à vous de m'avoir aidé à retrouver une personne qui m'est chère, surtout. Roc fit un dernier check du poing avec le chef, dans un sourire des plus sincères, avant de refermer la porte et de ranger l'AR-15 parmi les affaires.

Dès qu'il fut enfin prêt, il alluma officiellement les moteurs de l'aéronef. Attrapant doucement les manettes, il décolla légèrement, restant en surplace. « Ouverture du silo en cours ! » L'information parvint à Roc dans sa radio depuis le poste de commande. Le temps que le hangar s'ouvre, le jeune homme prenait ses marques sur le bestiau, tournant doucement pendant qu'il montait progressivement. « Silo complètement ouvert ! Bonne route, Roc. » Ces derniers mots réchauffèrent encore un peu plus le cœur de l'ex-ingénieur, qui passa enfin la limite de la porte avec l'aéronef. Il stabilisa l'engin un peu au-dessus du silo, avant d'actionner plusieurs boutons pour basculer en mode vol. Une dernière pression sur les gâchettes, et l'aéronef quitta doucement sa position initiale pour se mettre en route vers le Colorado.


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