Chapitre 6 - Assaut multiple
Cela faisait déjà deux jours depuis sa rencontre avec la Résistance, mais Roc n'était pas encore totalement décidé sur ce qu'il allait faire. Le décryptage des données était presque achevé, il savait que ça serait fini au crépuscule lorsque le résistant viendrait. Que pourrait-il faire de plus que les rejoindre ? Ils sont une minuscule armée, bien entraînés et surtout, bien équipés. Peut-être qu'avec eux, il pourrait tenter une attaque sur Frundtech ? Le vagabond soupira, ouvrant une conserve qu'il avait récupéré au ravitaillement du jour. La nourriture comme ça avait un goût si fade... Mais c'était devenu presque du luxe, dans ce monde en ruine. Enfin, ce n'est pas le monde qui est comme ça, mais simplement un pays. Roc sait que ses parents ont eu le temps de partir avant la quarantaine. Il ne sait pas où, il espère juste qu'ils sont en sécurité. En continuant de manger, ses pensées divergèrent ensuite sur Strog. Il se revoit encore avec son ami à la cafétéria de la fac, l'un en train de réviser sa biologie quand l'autre s'amusait à pirater quelques petits systèmes par-ci par-là, sans méchanceté derrière ce geste, juste de l'amusement. Ces souvenirs firent prendre conscience à Roc qu'il avait toujours cet objectif en tête, celui de retrouver son frère de promo. De plus, les initiaux aperçus lors du piratage à la tour radio lui avaient redonné confiance en le fait de retrouver son cadet. Il finit par se résigner, seul, il n'arriverait pas jusqu'au bout de ce combat. Mais avec la Résistance... Il pourrait, il le sait. Il attendait maintenant avec impatience le rendez-vous de ce soir, préparant son équipement, rangeant ses affaires qu'il emportera. Mais quand il finissait de ranger les dernières affaires, son ordinateur sonna. Le décryptage était terminé, les données étaient enfin librement accessibles. Mais le crépuscule approchait, Roc ne pourrait pas les examiner en détail dès maintenant. Il rangea son ordinateur à l'abri, faisant un dernier tour de la chambre pour s'assurer qu'il n'avait rien oublié, avant d'embarquer tout l'équipement dans son véhicule. Ce beau mastodonte qui le guidait depuis qu'il conduisait. Cela devait faire bien presque dix ans, et pourtant, il était toujours aussi maniable et rapide. Seules les traces d'usures sur la carrosserie repeinte avant la quarantaine laissaient savoir que le véhicule n'était pas de toute jeunesse. Quand l'engin fut prêt au départ, Roc démarra, roulant doucement jusqu'à la station-service, rattaché au commissariat. Il n'avait pas encore pris de l'essence ici, mais il savait que son réservoir approchait de la réserve, et que s'il devait voyager dans le désert avec, autant avoir assez d'essence . Lorsqu'il s'arrêta à la pompe, il n'eut qu'à attendre quelques minutes avant qu'un Ranger vienne le voir. « Bonjour. On a quasiment plus d'essence, on est obligé de rationner. Je peux en mettre pour dix litres max, si cela vous convient. » C'était vraiment peu, ce dit Roc, mais rationnement oblige... « C'est toujours mieux que rien, allez y. » L'ex-ingénieur répondit en soupirant. Le Ranger fonça directement pour remplir le réservoir du puissant véhicule. Ils n'étaient pas rares avant la chute du pays, mais maintenant, c'était presque devenu le must-have, surtout dans une zone tel qu'un désert, en Utah. Quand il eut fini, l'homme revient au niveau du conducteur. « C'est bon ! Bonne route à vous, monsieur. » Roc le salua sans un sourire, repartant doucement vers le point de rendez-vous. Le soleil commençant à décliner derrière les dunes de sable, il savait que l'heure arriverait bientôt.
Posé contre son 4x4, Glock dans la poche arrière de son jean, Roc patientait. Aucun véhicule encore à l'horizon, et personne non plus, même la ville était devenue déserte. Les seuls citoyens habitant encore dans un coin comme celui-ci ne sortaient pratiquement plus de chez eux, hormis pour récupérer les rations de survie. Mais finalement, alors que le crépuscule inondait la ville d'Escalante de ses lueurs orangés, un homme en tenue civile s'approcha doucement du véhicule de Roc. Malgré le soleil qui l'aveuglait légèrement, le jeune homme reconnu la personne qui lui avait donné rendez-vous la première fois dans le désert. « Don ? » Un sourire s'étira sur le visage du résistant, qui s'arrêta à quelques mètres du vagabond. « Tu as une bonne mémoire, Roc. » Le concerné sourit en retour. Il avait devant lui quelqu'un de connu, au moins cela serait plus facile, peut-être. « Ne perdons pas plus de temps, je viens avec toi à la base. » Don fut surpris. Il devait demander à Roc s'il était prêt à rejoindre la Résistance, et... la réponse lui tomba instantanément dessus. Un franc sourire se dessina sur le visage du combattant, qui avança doucement jusqu'au véhicule du néo-résistant. « Tu me conduis ? Je suis venu jusqu'ici à pied, donc ça sera plus facile pour rentrer. » Roc écarquilla les yeux en entendant les dires de l'homme. Seul depuis la base de la Résistance, à travers le désert quadrillé par Frundtech et grouillant de mutant, c'était de la folie pure ! Mais au moins, le jeune homme pourrait lui accorder un retour plus calme. « Monte, on y va. » Sans se faire plus prier, Don grimpa coté passager dans le spacieux véhicule, tandis que Roc montait à la place du conducteur. Démarrant en vitesse l'engin, il partit rapidement de la ville en direction du désert, surveillant à chaque instant si Frundtech n'était pas dans les parages. « Ne t'en fais pas, Frundtech ne patrouille plus à cette heure-ci. Ils n'ont aucune utilité à faire des rondes extérieurs de nuit. » Les dires de Don rassurèrent un peu Roc, et firent redescendre la tension, palpable depuis le départ.
- Pourquoi tu t'es engagé dans la Résistance, Don ? Le temps du trajet, Roc voulait pour une fois discuter un peu.
- Comme pour beaucoup d'entre nous. On a perdu des êtres chers, nos vies ont été brisés, tout ça à cause de Frundtech. Le ton du jeune homme était empli de rancœur.
- Tu as perdu quelqu'un, depuis la quarantaine ? Étrangement, le passé de ce résistant intriguait Roc.
- Mon meilleur pote. Il était dans la Navy, et il a été exposé à... cette chose, que Frundtech à fabriqué. Il n'est pas revenu vivant du front. Aucune larme ne coulait sur le visage de Don, mais une tristesse grondait au fond de lui.
- Je... Je pense qu'un ancien ami, presque un frère, bosse pour Frundtech. Je n'ai plus de contact depuis la chute du pays, mais j'ai des raisons de croire qu'il travaille pour eux. Révéler une telle information était coûteux pour Roc, mais il devait bien ça, pour avoir une information de la part du combattant.
- Pourquoi bosserait-il pour eux ? Il n'a pas compris ce qui s'est passé ? Le passager serrait les poings, la rage en lui prenant légèrement le pas.
- Je ne sais pas... Il y a bien trop de raisons qui pousseraient une personne à devoir bosser pour eux. Mais c'est un humaniste, je le connais bien, je sais qu'il ne pense pas à mal... La fin de la phrase de Roc finit dans un murmure, comme pour se rassurer lui-même. Cela eut tout de même l'effet de calmer la rage montante de Don, qui comprit que son nouveau camarade avait un lien fort avec son ancien ami.
Alors que la discussion se terminait, le cimetière de voitures venait tout juste d'être dépassé, et bientôt la maison de fortune servant d'entrée pour la base serait en vue. La fin du trajet approchait, et avec elle, la fin d'une vie. Maintenant, Roc ne serait plus un éternel vagabond, mais un vaillant résistant qui ne reculerait devant rien contre Frundtech.
L'entrée dans la base de la Résistance fut calme. Les patrouilles étaient revenues, et la majorité des combattants étaient en plein repas au petit réfectoire installé dans une salle du sous-sol. Mais Roc n'avait pas faim, il avait bien assez mangé dans la journée. Il suivit donc Don jusqu'au bureau du chef des résistants. Il toqua deux coups, avant de s'annoncer. « Monsieur, il est venu. » Puis, l'homme ouvrit la porte, laissant Roc se glisser dans la pièce. Le dirigeant des combattants était posé sur son siège, tournant le dos à l'entrée, mais sachant pertinemment qui était là. « Tu as fait ton choix ? » La réponse était simple, non ? Pourtant, Roc mit quelques instants à réfléchir une dernière fois à ce choix fatidique qu'il faisait. Il posa doucement l'ordinateur sur le bureau du vieil homme, avant de prendre la parole. « Toutes les données que j'ai récupérées de Frundtech sont déchiffrées. Je n'ai pas encore pu les analyser en détail, mais j'aimerais bien le faire avec mes nouveaux camarades. » Un sourire se dessina sur le visage de l'homme au cheveux poivressel, qui se tourna doucement vers sa nouvelle recrue. « Bienvenue dans la Résistance, Roc. » Ce sourire, ce sentiment chaleureux, tout ceci commençait à se transmettre doucement entre le chef et Roc. Il avait enfin trouvé une nouvelle famille, et il serait prêt à se battre pour eux jusqu'au bout. « Je peux donner ton ordinateur à quelques résistants ? Je sais qu'on a des insomniaques prêt à éplucher tout ce que tu as dégoté pour essayer d'en tirer des infos. Tu pourras dormir en attendant, si ça te va. » Un sommeil sur ses deux oreilles, depuis combien de temps le vagabond n'en avait pas eu ? Il ne s'en souvient même pas. « Je pense qu'une bonne nuit de sommeil ne me sera que bénéfique... » Et ce n'était pas peu dire, notamment lorsqu'on voit les cernes qui commencent à légèrement creuser le visage de Roc. Il reprit délicatement son ordinateur portable ainsi que ses affaires, posées à côté du bureau du chef, pour se diriger vers les dortoirs. À la sortie de la salle, Don l'attendait déjà pour lui faire visiter. « Bon, maintenant que tu fais partie de l'équipe, on va pouvoir te présenter ! » Des présentations aussi tard ? Roc n'en voulait pas vraiment, fidèle à ses habitudes de solitaire traçant à travers le pays. Mais il dut se résigner, suivant son camarade vers le réfectoire, encore bien remplis. « Eh les gars ! On a une nouvelle recrue ce soir ! Le fameux traqueur de Frundtech nous a officiellement rejoints !! » Des cris de joie, un brouhaha incessant pendant de longues minutes pour féliciter le jeune homme aux cheveux noirs. Celui-ci était gêné d'avoir un tel accueil, mais reste qu'il sentait qu'il avait officiellement sa place ici. Après quelques minutes, le brouhaha se calma, alors que les combattants continuaient leurs repas bien mérités. Don, quant à lui, fit signe à la nouvelle recrue pour l'amener aux dortoirs. Ceux-ci semblaient relativement spacieux, des lits superposés bien répartis, avec une petite malle derrière chaque lit pour ranger ses effets personnels. Assez simple, mais suffisant pour l'ex-ingénieur, qui suivit le résistant jusqu'à son lit. « C'est ici que tu dormiras ! Tu as la malle pour ranger tes affaires. » Roc fit un léger sourire de remerciement au jeune homme. Il n'avait pas l'habitude de sourire comme ça, ni de remercier les gens. Il vida grossièrement ses affaires dans l'endroit prévu à cet effet, avant de se tourner vers Don, son ordinateur sous le bras. « Le chef m'a dit que certains insomniaques pourraient s'occuper d'analyser les données de Frundtech, je leur laisse où, tu penses ? » Roc n'était pas complètement serein sur le fait de laisser un tel équipement à de parfaits inconnus, mais c'était un mal pour un bien. Il pourrait se reposer pendant que la Résistance ferait le plein d'informations sur Frundtech. « Pose le sur ta malle, ils passeront le chercher. » Le vagabond obéit donc, posant son ordinateur à l'endroit voulu, avant de grimper dans son nouveau lit. « Tu vas déjà dormir ? » Don rigola légèrement en posant la question, mais la nouvelle recrue semblait bien décidée. « Ça fait bien trop longtemps que je n'ai pas dormi sur mes deux oreilles, Don... Je pense que j'ai bien le droit à une nuit complète de sommeil. » Le résistant partie dans un fou rire, qui arracha un léger sourire à son acolyte. « Tu n'as pas totalement tort... Repose-toi, tu n'as normalement rien de planifié pour demain, mais tâche simplement d'être levé pour le repas du matin ! » Sur ces mots, le jeune résistant quitta le dortoir, repartant vaquer à ses occupations, laissant Roc et ses pensées dans la pièce à coucher. Il avait finalement rejoint la Résistance, alors que ce matin encore, il doutait de ce qu'il allait faire. Mais cette fois-ci, tout était clair. Il comptait bien anéantir Frundtech et retrouver Strog, qu'importe le coût, il y arrivera.
Sans vraiment s'en être rendu compte, le jeune homme avait dormi d'un profond sommeil jusqu'à l'heure du repas du matin, mentionné par Don la veille au soir. Aucun cauchemar, aucun bruit suspect, il avait enfin dormi sur ses deux oreilles. Lorsqu'il descendit de son lit, il trouva son ordinateur à son emplacement initial, comme si personne n'y avait encore touché. Bizarre, se dit le nouveau résistant. Normalement, certains combattants auraient dû s'occuper de récupérer les données de Frundtech pour les analyser... Pour l'heure, Roc avait surtout une faim de loup, il se dirigea donc avec de grandes enjambés vers le réfectoire, croisant des soldats revenant des douches ou se préparant pour aller en patrouille. Lorsqu'il entra dans la salle, l'endroit était déjà bien animé. La plupart des résistants prenaient leur petit-déjeuner, souvent composé d'un simple morceau de pain avec de la confiture, et de quelques céréales dans un bol avec du lait. Roc alla récupérer un plateau avec le repas, avant de chercher un endroit où se poser. Tout naturellement, il remarqua Don qui lui faisait un signe de la main de le rejoindre à sa table, ce que s'empressa de faire le nouveau résistant. Autour de la table, il y avait déjà au moins cinq autres résistants, sans compter celui qui avait invité le vagabond. Ils étaient de tout âge, de toute carrure, mais avaient tous un même objectif : défaire Frundtech. Les discussions allaient bon train ce matin à la table, entre les récentes patrouilles, l'état des équipements ou sur les nouvelles recrues. Alors que Roc finissait sa tartine, le chef de la Résistance apparu dans l'encadrure de la porte du réfectoire. « Messieurs, finissez votre repas et retrouvez moi en salle de briefing, on a de très bonnes nouvelles. » L'incompréhension gagna la pièce toute entière, les discussions se focalisèrent sur l'annonce à venir, et les théories allaient bon train. Mais l'ex-ingénieur ne disait rien, car il se doutait parfaitement pourquoi ils les convoquaient... Lorsqu'il eut fini, il déposa son plateau et se dirigea immédiatement vers la salle de briefing. Il dut se frayer un chemin à coup d'épaule parmi les résistants pour avoir une place de choix dans la salle bondée. Le chef de la Résistance était tout à l'avant de la foule, un ordinateur portable avec lui, connecté à un projecteur qui montrait des informations sur le complexe de Frundtech. « Bien, messieurs, si je vous ai convoqué aujourd'hui, c'est car nous avons enfin obtenu ce que nous attendions depuis si longtemps... Des plans complets de l'installation de Frundtech ! » Des cris de joie résonnèrent dans toute la pièce avant que le calme revienne au bout de quelques instants. Le chef fit défiler les différents plans du complexe de Frundtech, tout en les détaillants. « Leur complexe est immense, il y a des parties pour la recherche, d'autres pour l'armement, et certains sont même dédiés aux véhicules de transport. » Lorsqu'il eut fini de faire défiler les plans, il fit signe à Roc de s'avancer. Le vagabond se glissa dans le groupe réuni jusqu'à arriver au côté du chef. « Roc ici présent a réussi récemment à pirater les installations informatiques de Frundtech, grâce à lui, nous avons pu récupérer assez d'informations pour préparer un assaut sur le complexe et le reprendre !! » Les cries de joie se transformèrent petit à petit en cri de guerre, comme si les résistants n'attendaient qu'un ordre pour mettre en pièces les troupes de Frundtech.
- On ne peut pas lancer simplement un assaut frontal. Frundtech a bien trop de puissance et ils nous tailleraient en pièces en quelques instants.
- Et tu proposes quoi, dans ce cas ?! Un résistant, parmi les plus jeunes, hurla à plein poumon vers Roc sa question.
- On ne doit pas lancer toutes les troupes sur un tel assaut. Il faudrait attaquer de nuit, pour profiter de l'effet de surprise. Idéalement, une première unité devrait s'infiltrer par la sortie de secours, sur la colline. Joignant l'information à la parole, Roc montra sur les fichiers l'emplacement où ils pouvaient commencer l'attaque.
- Puis, une autre équipe devra être postée en embuscade vers l'entrée principale. Dès que ça chauffera à l'intérieur, ils les prendront par ce côté-là. Ils seront pris en embuscade sur deux cotés et n'auront d'autres choix que de se replier au centre du complexe. Finissant son explication, Roc observa le chef pour avoir son avis.
- C'est une idée intéressante... Mais il faudra donc garder un contact radio ? Et un bon paquet de matériel non ? Le vieil homme réfléchissait longuement, se grattant doucement la barbe.
- Deux pick-ups, des armes, et au moins deux radios par groupe. Idéalement, il faudrait qu'on soit huit par groupe environ. Ah, et on élimine aucun scientifique, ils nous seront utiles. Le chef acquiesça aux recommandations de Roc, mais les résistants accueillirent plus amèrement la recommandation pour les scientifiques. Même si certains comprenaient la raison, d'autres voulaient à tout prix leur faire payer les actes de Frundtech. La contestation commençait à monter dans les rangs des résistants, jusqu'au moment où le vieil homme donna un puissant coup de poing sur la table, coupant tout le monde dans leurs discussions endiablées. « C'est quoi ce bordel ?! On est vraiment en train de devenir des animaux, comme ce qui se trouve hors de cette base ?! Ressaisissez-vous putain ! Roc a raison, si on bute les scientifiques, on aura aucun moyen d'avoir des informations sur ce qu'ils font là-dedans. Alors, à moins que vous ne vouliez perdre de précieuses informations, je pense moi aussi que ce plan est une bonne idée. » Après quelques minutes de discussions à voix basse, les résistants se tournèrent tous ensemble vers leur chef, répondant d'une même voix. « Nous acceptons le plan, chef ! » Un sourire se dessina sur les visages des deux personnes en face de l'armée résistante. Le plan était acté, maintenant, il fallait s'occuper des préparatifs. Les vétérans s'occupèrent de répartir les tâches par groupe, tandis que Roc étudiait un peu plus en détail le plan de la base de Frundtech. Alors qu'il observait les différentes installations, un des plus vieux résistants vint le voir. « Tu observes quoi sur les plans ? » Il semblait intrigué par le fait que Roc observe avec autant de minutie les plans du complexe. « J'essaye de voir par où ils peuvent s'enfuir. Dès qu'ils seront pris sur les deux flancs, ils seront repliés en plein milieu, et étrangement... C'est la zone des hangars, notamment d'aéronef. » Le vagabond pointa les emplacements de silo pour véhicule aérien qui pourrait être utilisé pour fuir. « Tu penses qu'ils se replieraient là-dedans pour fuir ? » Le résistant hocha doucement la tête, avant de se lever. « On sait qu'on ne les abattra pas tous. L'objectif est de faire le plus de ménage et dégager ce qui restera. » Le vétéran esquissa un sourire. Roc avait finalement déjà prévu l'éventualité de la fuite de Frundtech. L'assaut serait probablement un succès avec lui dans l'équipe. « Pense à te reposer Roc, on ne part qu'au coucher du soleil et on a besoin de nos troupes en pleine forme. » Le vétéran qui se faisait du mouron pour un simple résistant ? Enfin, c'était ça aussi le travail d'équipe, se dit Roc. Même s'il n'était pas plus fatigué que ça, il alla rejoindre son dortoir, pour au moins dormir une petite heure, histoire d'être assez reposé pour l'assaut du soir.
Alors que l'obscurité avait englouti le désert, dont l'air s'était très largement rafraîchi, un pick-up s'était garé en bas d'une dune. Tout en haut de celle-ci se trouvait ce qui pourrait s'apparenter à une petite maisonnette. Très bizarre pourrait-on penser aux premiers abords... Mais c'était là, la destination du groupe de résistants menés par Roc. Huit soldats entraînés, équipés et prêt à en découdre. Lorsqu'ils arrivèrent devant la porte blindée de la petite installation, le meneur alluma sa radio. « Groupe 2, vous nous recevez ? » La réponse ne tarda pas dans la radio. « On vous reçoit parfaitement Groupe 1. On est en position avec le pick-up, le checkpoint d'entrée est bien légèrement gardé, on pourra l'enfoncer facilement si besoin. » Les troupes étaient donc enfin en place, et l'assaut allait pouvoir commencer. « Bien reçu Groupe 2, on lance la première phase du plan, terminé. » Roc fit signe aux deux soldats ayant emportés de quoi forcer les verrous de la porte. Après quelques minutes, les deux verrous de part et d'autres de la porte blindée furent retirés et le chemin était ouvert. « Bien, n'oubliez pas, discrétion absolue, on élimine discrètement les gardes qu'on trouve et on épargne les scientifiques. Allons y. » Le groupe entama la descente dans le complexe. Les escaliers menaient directement dans la gueule du loup. Les lumières étaient rares sur le trajet, mais le groupe arriva sans encombre jusqu'en bas. Mais alors même qu'il touchait enfin le sol du grand complexe, Roc fit signe à ses troupes de s'arrêter. Un garde somnolait contre un mur, dans le couloir juste après les escaliers. Laissant son AR-15 en bandoulière, le vagabond dégaina son couteau en s'avançant discrètement vers la sentinelle. Dès qu'il fut assuré qu'aucun témoin gênant n'était dans les parages, il planta son couteau dans la gorge du soldat, étouffant les cris de supplices en plaquant sa main sur la bouche de l'homme. Il ramena ensuite en vitesse le corps à l'abri des regards. Sans un bruit, il fit signe à ses troupes de le suivre. Le groupe se déplaça à pas feutrés dans les couloirs de l'immense installation. Tant qu'ils n'étaient pas repérés, l'objectif était de trouver des informations supplémentaires sur Frundtech et de confirmer certains plans. Alors qu'ils avançaient, au détour d'un couloir, ils tombèrent sur une porte protégée par digicode. « Hamon, Jack, surveillez les couloirs, je m'occupe du digicode. » Roc murmura l'ordre à ses troupes. Les deux hommes se placèrent en avant de chaque côté du groupe, AR-15 pointé vers les accès mentionné, tandis que les autres résistants attendaient, aux aguets. L'ex-ingénieur réfléchit rapidement à quel code cette porte pourrait correspondre. Il se remémora les plans, et tenta un premier code. Échec, comme il se doutait. Le second, au contraire, eut plus de succès. La porte s'ouvrit sur un petit laboratoire. Ce n'était pas une grande installation, mais il y avait déjà bien assez de matériel pour faire de nombreuses expériences. Roc se glissa avec d'autres résistants à l'intérieur, observant tout ce que Frundtech avait fait. « Ces enfoirés... C'est dans des trucs comme ça qu'ils développent leur merde ? » Un des membres du commando, assez jeune, éructait intérieurement en voyant tout ça. « On s'occupera de ça plus tard. On n'est pas ici pour jouer les touristes. » La remarque de Roc piqua vivement le jeune résistant, mais il comprit que celui qui commandait le groupe avait raison. Toute l'escouade ressortie du laboratoire, continuant leur route en silence, tel des panthères dans l'antre d'un dragon. Mais alors qu'ils continuaient, ils finirent par tomber sur deux gardes, de dos. Roc se prépara à aller faire la peau à l'un des gardes pendant qu'un de ses soldats prendrait l'autre, mais alors qu'il s'avançait vers sa cible, la radio de Roc se mit à émettre, très légèrement. « Ça se passe comment en bas, Groupe 1 ? » Ce petit son alerta les deux gardes qui se retournèrent, dégainant leurs armes. Alors que les deux assassins pensaient leurs derniers moments venu, plusieurs rafales partirent du côté des résistants, éliminant les deux gardes avant même qu'ils aient pu faire quoi que ce soit. Les deux résistants remercièrent leurs acolytes, avant de prendre en main eux aussi leurs fusils d'assaut. « On progresse... Cet endroit est un vrai labyrinthe même avec des plans. » Alors qu'ils s'avançaient encore un peu, le groupe dut s'arrêter très vite. Des bruits de pas, deux gardes, qui marchaient si doucement... Roc comprit à ce moment-là que les coups de feu du groupe avaient été entendu, mais aucune alarme encore. Il allait falloir la jouer fine s'ils voulaient progresser plus loin dans le complexe. Ils se cachèrent tous, attendant le passage de la patrouille pour les abattre. Tout le monde retenait son souffle, jusqu'au passage des deux soldats. Ils avançaient lentement, AR-15 à la main, prêt à tirer. Dès qu'ils furent à peine plus loin, Roc se glissa pour planter le couteau dans la nuque du premier soldat. Un membre arriva quelques instants après pour éliminer le second garde, mais malheureusement, trop tard. Il enclencha un moyen de communication d'urgence sur son arme, déclenchant une alarme dans toute la base. Roc n'avait pas vu venir ce scénario-là, mais la phase 2 du plan devait maintenant s'enclencher. « Groupe 2, on est repéré ! Enfoncer la grande porte et lancer l'assaut ! » Sans attendre de réponse, Roc fonça à toute allure avec son groupe dans le tas. Cette fois-ci, plus question de faire dans la discrétion, la Résistance était là pour abattre Frundtech, et c'est ce qu'ils allaient faire. Les rafales pleuvaient dans le complexe, au détour des couloirs où les troupes de Frundtech tentaient de mener des embuscades à des résistants prêt à tout. « Ici Groupe 2, on est à l'intérieur, on est en train de raser leurs troupes !! » Le message radio donna du baume au cœur à Roc. Les deux escouades menaient à bien leurs assauts, et la situation serait bientôt à l'avantage complet de la Résistance. Malgré deux blessés légers dans les rangs du vagabond, le groupe progressait de plus en plus, faisant bien attention à éviter de tirer sur les scientifiques qui s'enfuient en direction des hangars. Ils allaient d'ailleurs y arriver dans quelques instants, l'heure de la dernière phase du plan. « Groupe 2, on approche des hangars, vous en êtes où ? » Alors qu'ils s'avançaient encore un peu, la réponse leur parvint lorsque une explosion retentit de l'autre côté du couloir. Le groupe de la Résistance en sortie, triomphant. Parmi eux, ils n'étaient plus que sept soldats. Le chef de la Résistance arriva rapidement au niveau de Roc pour prendre le pouls.
- Comment c'est de votre côté ?!
- Deux blessés légers, on a réussi à éliminer un paquet de soldats, les derniers se sont sûrement repliés dans le hangar d'aéronef. Roc mentionnait l'installation derrière une grande porte, à quelques pas des deux groupes maintenant réunis.
- Un mort de notre côté... S'ils y sont déjà, on n'a pas de temps à perdre ! Le chef entendait un léger bruit de moteur, ce qui ne présageait rien de bon pour la suite des combats dans le hangar. Malgré tout, ils partaient pour lancer l'assaut final du complexe. Tout le monde se recula, lorsque la porte explosa. Les résistants se glissèrent dans le hangar, où l'air soufflait en grandes rafales. Le silo de décollage d'aéronef était déjà ouvert, et le véhicule volant démarrait tout juste. Les soldats furent accueillis par de nombreuses rafales provenant des dernières troupes de Frundtech réunit en un bloc qui protégeait à tout prix l'aéronef. Les mercenaires n'eurent d'autres choix que de se retrancher derrière des caisses en bois, tirant des rafales à l'aveugle avec leur fusil d'assaut. Ils n'avaient aucune visibilité et aucun moyen d'abattre efficacement les troupes de Frundtech. Un des résistants tenta de sortir la tête des caisses, vidant une simple rafale avant d'être abattu aussi sec. « Non !! Merde, on se fait laminer ici ! » Le camarade du résistant abattu hurla de rage, vidant un chargeur entier vers les militaires, à l'aveugle. Ils n'avaient aucun moyen d'abattre autant de soldats, à moins que... Roc se tourna vers un soldat avec lui. « T'as encore une grenade flash ? » Il hocha la tête, glissant dans la main de l'ex-ingénieur la grenade. Le nouveau résistant hurla à l'attention de toutes les troupes. « Préparez vous à riposter ! » Il lança juste après la grenade flash en l'air, la faisant exploser d'une balle visé parfaitement. L'explosion déstabilisa les troupes de Frundtech, permettant aux résistants de vider des chargeurs entiers sur les troupes adverses qui subissaient maintenant le feu nourri. Mais alors que les rafales fusaient de tous cotés, un groupe de quelques scientifiques se glissait vers l'aéronef, arrivés d'on ne sait où, mais escortés par une nouvelle escouade de militaire de Frundtech. Roc arrêta brièvement de tirer lorsqu'un des scientifiques tourna son regard vers lui. Ce visage, ce regard... Il ne l'avait jamais oublié, il avait espéré secrètement qu'il ne soit pas avec eux... Et pourtant, Strog était là, embarquant dans l'aéronef de Frundtech. Il n'en croyait pas ses yeux, mais il avait retrouvé son ami tant recherché. Pour finalement... le perdre après un simple regard. Lorsqu'il fut à l'intérieur de l'aéronef, celui-ci ferma sa porte arrière, commençant à prendre de l'altitude. Roc mit quelques instants à se ressaisir, alors que le combat faisait encore rage. Mais les troupes de Frundtech commençaient à perdre en nombre, et les munitions leur manqueraient bientôt. « Repli vers le H8 immédiatement !! » Le cri sonna la retraite des troupes restantes de Frundtech. Certains tombèrent encore sous les balles de la Résistance, mais un petit groupe réussi à s'enfuir. Alors que des résistants se hâtaient pour les rattraper, Roc se leva, bien droit. « Laissons-les. Ils n'ont plus assez de munitions et de troupes, on pourra s'en occuper plus tard. On doit faire le bilan de nos blessés, de l'état du complexe et ramener nos troupes ici. » Les résistants savaient que le plan de Roc était ce qui serait le mieux pour l'instant, même si certains souhaitaient continuer le combat, ils étaient tous épuisés par les affrontements. Et Roc... n'était plus vraiment en état mentale de combattre, dans l'immédiat. Il était encore secoué par le fait d'avoir retrouvé son ami, mais qu'il soit finalement déjà reparti ailleurs.
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