Les tirs soutenus venant du désert avaient mis tout le monde en alerte à Escalante. Une partie des Rangers surveillaient que les citoyens étaient bien en sécurité chez eux. Roc, quant à lui, observait l'extérieur par la fenêtre de sa chambre. Après quelques tirs supplémentaires, une explosion retentit. Les choses devenaient sérieuses, et le vagabond savait très bien où tout ceci devait se passer. Mais... qui pouvait attaquer comme ça une patrouille de Frundtech ? Enfin, pour entendre un nombre de tirs aussi conséquent, et aussi long, c'est que les deux camps étaient prêts à se battre jusqu'à la mort. L'ancien ingénieur se dirigea rapidement vers son équipement, surveillant que son arme était chargé et prête à l'emploi. Si les assaillants de Frundtech devaient venir par ici, il ne voulait pas fuir, il se battrait lui aussi. Mais finalement, après encore un long vacarme de coups de feux, le calme sembla revenir dans le désert.

Aucun tir, aucun bruit. La ville était devenue presque fantôme lorsque Roc s'aventura hors du motel, emportant sous le bras son ordinateur et son Glock dans la poche arrière de son jean. Il glissa son équipement informatique coté passager du pick-up, ainsi que son arme, dont le cran de sûreté était enlevé, avant de monter dedans. Il ne savait pas si ce moment de répit allait durer, mais ce qui était sûr, c'est que s'il voulait savoir ce qui se tramait là-haut, il allait falloir y aller. Démarrant son 4x4, il roula doucement en ville, au cas où un citoyen ou même un Ranger chercherait à l'arrêter. Lorsqu'il arriva à la sortie de la ville qui menait vers l'étendue de sable, un Ranger lui intima de s'arrêter. Dès que Roc coupa le contact, l'homme s'approcha à son niveau. « Monsieur, je suis désolé, mais nous avons ordre de ne laisser personne sortir de la ville actuellement. Le désert est actuellement trop dangereux et nous ne pouvons garantir votre sécurité. » Le Ranger était un homme qui avait bien largement dépassé la cinquantaine, à en croire ses cheveux poivre-sel et sa barbe de quelques jours déjà. Il semblait encore en forme, et heureusement, si c'était eux qui devait protéger la population. « Ça, je l'ai bien compris que vous n'allez rien foutre dans ce foutu désert. Alors laissez-moi simplement passer. Je suis bien largement capable de me défendre seul, ne vous inquiétez pas pour ça. » Le ton du vagabond était tranchant, il décontenança le vieux soldat, qui dut se résigner à laisser passer ce jeune téméraire. « Très bien... Mais sachez que nous ne serons en aucun cas responsables s'il vous arrive malheur. » Oh, ça, Roc s'en fichait complètement. Il remonta la vitre de son véhicule, le redémarrant pour reprendre sa route vers le désert, laissant un Ranger soupirant de voir une jeunesse si prompte à affronter le danger.

La traversée du désert fut relativement calme pour arriver jusqu'à l'imposante tour radio. Des champs de ruines s'étendant à perte de vue, aucune trace de Frundtech ou de quelconque autre personne. Tout semblait être redevenu comme avant son départ de la dune. Mais que trouverait-il en haut, cette fois-ci ? C'est avec une certaine crainte que Roc arriva enfin en bas du monticule de sable. Coupant le moteur de son mastodonte de véhicule, il descendit, arme à la main, pour surveiller tout d'abord que le terrain était dégagé. Rien en vue en bas, à part des douilles qui étaient encore sur le sable chaud, à peine recouverte. Des munitions de snipers, à l'opposé de la tour. Ce qui était sûr, c'est que le combat qui avait eu lieu n'était pas une simple formalité. Le vagabond alla récupérer son ordinateur portable, commençant l'ascension de la colline de sable. Le vent qui commençait à se lever lui envoya quelques grains dans le visage, qu'il dut cacher avec son t-shirt pour arriver facilement en haut. Mais quand il arriva enfin à destination, il n'était pas préparé à ce qu'il trouva là. Le sable était devenu rouge par endroit, empreint du sang de multiples soldats de Frundtech mort. Et quand il regarda vers le désert, il remarqua les restes d'un véhicule aérien, d'un type encore jamais vu, écrasé en plein dans le sable. Au bout de plusieurs minutes qui lui parurent une éternité, Roc réussi à reconstruire ce qui s'était passé. Ce véhicule avait sûrement dû transporter les troupes de Frundtech à la tour, avant qu'ils soient attaqués par un sniper embusqué dans le désert. Et l'explosion... était le crash de cet engin volant. Mais qui avait bien pu faire ça ?! Pour l'instant, il ne semblait plus y avoir de danger, mais mieux valait ne pas s'attarder trop longtemps ici, compris Roc. Il avança doucement vers l'intérieur de la tour radio, son Glock dégainé et prêt a tirer à vue. Mais malheureusement, il n'y avait pas non plus de survivants à l'intérieur. L'odeur caractéristique du métal emplissait l'air à l'intérieur, et fit un léger haut le cœur à Roc. Il y avait à l'intérieur de la salle un cadavre supplémentaire cette fois-ci. Un soldat de Frundtech touché à l'abdomen, il avait dû se vider de son sang depuis le temps, vu son regard vide. Le jeune homme ne posa pas plus de question et s'avança vers l'ordinateur central, connectant son ordinateur personnel dessus. Il y avait plusieurs protections pour entrer dans les bases de données, mais quelque chose était sûr, il arrivait dans le cœur informatique de Frundtech. Plus il avançait, plus les protections devenaient robustes. Il finit par s'arrêter sur un grand dossier de recherche. Tout semblait chiffré, rien n'était utilisable en l'état. Décrypter tous les fichiers prendrait trop de temps, alors l'ex-ingénieur lança une récupération du plus grand nombre. Il gardait une main sur son arme, tous ses sens en alerte le temps du transfert. Il cherchait quand même si certains accès ne lui permettraient pas d'avoir plus d'informations. Puis... il remarqua un second accès sur un dossier, d'un certain "Prof-STR". Ce n'était pas possible, se disait Roc. Ces initiales, il les connaissait que trop bien, et il ne pouvait s'agir de personne d'autre, pour lui. Celui qu'il recherche depuis si longtemps serait là-bas, chez Frundtech ? C'était quelque chose d'inconcevable pour Roc. Il savait Strog humaniste, il n'aurait jamais accepté de bosser pour un groupe aussi dangereux. Et pourtant, une certaine crainte courait le long de l'échine du jeune homme aux cheveux noirs. Il ne pourrait sûrement pas savoir immédiatement si tout ceci était vrai, mais il glissa un fichier dans le dossier, discrètement, mais pas assez pour qu'il ne soit pas remarqué par celui qui est actuellement connecté. Au moins, si Strog était bien connecté, il pourrait s'assurer d'une chose, Roc est en vie. Le transfert se termina quelques minutes plus tard. Le vagabond déconnecta son équipement et surveilla que l'extérieur était sécurisé. Un simple cri de mutant lui rappela leur présence proche dans ce désert où la nature avait repris ses droits. Il se glissa rapidement jusqu'à son moyen de transport, repartant à toute vitesse de cet endroit de malheur. Il avait encore beaucoup de travail à faire.