Chapitre 3 - Propagation

Après avoir entendu l'alarme résonnait de longues minutes, Strog retrouva enfin le calme du laboratoire. Il ne savait pas encore qu'elle serait son prochain travail pour aujourd'hui. Il décida de se poser pour éplucher les expériences récentes sur le Castor et le développement d'anti-corps contre celui-ci. Le projet semblait au point mort dans le complexe de l'Utah. Et pourtant, un homme en blouse noire s'avança vers Strog, un dossier en main. « Professeur Strog, j'ai un travail important pour vous. » Enfin quelque chose à faire ! Strog était aux anges, se levant d'un bond pour aller a la rencontre du scientifique. « Dites-moi tout. » Le jeune homme parla d'un ton calme, restant bien à sa place de simple biologiste, alors que son interlocuteur faisait partie de l'élite des scientifiques de Frundtech. « Nous avons un patient sur qui on fait des tests pour qu'il développe des anti-corps. J'aimerais que vous vous occupiez de l'injection de Castor aujourd'hui. Je n'ai pas le temps de le faire, donc injecter lui la dose que j'ai mis dans le dossier et noter ce qui se passe avec son organisme. » Joignant la parole au geste, il tendit le dossier du patient en question. Strog mémorisa en vitesse les ordres en récupérant le paquet de feuilles bien ordonné. « Je m'en occupe ! Je vous dépose le dossier quelque part quand j'ai fini ? » Malgré l'enthousiasme de Strog, l'homme était d'un froid mordant. Alors qu'il commençait à repartir vers les laboratoires du sol, il s'arrêta pour répondre au biologiste. « Déposez le dossier à mon bureau quand vous aurez fini. Le patient sera transféré à votre labo dans une dizaine de minutes. » Quand il eut fini de donner ses directives, il reprit sa route, laissant à Strog un peu de temps pour préparer l'expérience. Il posa le dossier sur son bureau. Il chargea la seringue à utiliser pour l'injection avec le taux de neurotoxine demandé par le chercheur. Quand il fut enfin prêt, il se posa au poste de commande, derrière une vitre blindée qui le protège de tout problème. En face, une salle au mur complètement noire. Une simple lumière est installée au plafond, juste au-dessus d'une chaise où sont installés les patients pour les examens. Habituellement, Strog cherche juste des traces de Castor dans l'organisme de civil de la région, mais aujourd'hui, son rôle passait un cap.

Après des minutes qui lui parurent une éternité, deux soldats de Frundtech apportait le patient, l'attachant à la chaise pour s'assurer qu'il ne bougerait pas le temps de l'expérimentation. Quand ils furent assurés que tout était prêt, ils quittèrent la pièce, laissant Strog aux commandes. Le biologiste observa tout d'abord le nouveau patient. Un quarantenaire, le crâne chauve dû aux doses de Castor déjà injecté précédemment, qui était listé dans le dossier. Il y en avait tellement dans son organisme... Et pourtant, aucun anti-corps n'était encore produit. Ses yeux semblaient comme éteints. De leur couleur marron, il ne restait plus qu'un faible éclat. « Bonjour... Monsieur John, c'est ça ? » Les scientifiques étaient invités à communiquer avec les patients, tout en gardant une certaine distance et le secret sur l'endroit ou la raison de leur venue. « Tiens... Je ne vous reconnais pas... Un nouveau scientifique pour une fois... ? » L'homme semblait las. Il avait énormément de mal à parler, déglutissant souvent. « Oui monsieur. Mon collègue qui s'occupe de vous habituellement a eu un empêchement, je m'occupe de l'injection aujourd'hui. » Ne pas en dire trop, mais pas trop peu non plus. Un véritable exercice d'équilibriste que devait réussir Strog. Il savait que si tout se passait bien pour cette expérience, il pourrait avoir l'opportunité de faire des choses plus intéressantes que d'étudier les patients récoltés dans la zone. « Alors faites moi cette injection vite... Qu'on en finisse le plus tôt... » Strog avait de la peine pour le patient. Un pauvre humain traité comme un cobaye. C'était ça, la science maintenant ? Strog soupira de dépit. Il s'installa au poste de commande et commença à approcher la seringue du cathéter via un bras robotique. Appuyant sur un autre bouton, il commença doucement à injecter le produit d'une couleur vert foncé dans l'organisme du patient. Alors que Strog surveillait que l'injection se passe bien, des changements commencèrent à s'opérer sur le patient. Ses membres se mirent à doubler de volume, les veines ressortant très largement sur les parties du corps. Il hurlait à la mort, ses yeux se gorgeant de sang. Strog ne savait pas quoi faire. S'il arrêtait l'injection, il serait réprimandé. Mais s'il continuait... Cet homme allait définitivement se transformer en un mutant. Mais le biologiste n'eut pas plus de temps pour réfléchir. Avec une force surhumaine, le patient se défit de ses liens, poussant un râle de rage. Le jeune scientifique restait tétanisé devant le spectacle. Celui qui était un simple patient vide d'émotion était devenu un monstre sans plus aucune conscience. Il commença à donner de puissants coups dans les murs de la pièce. Puis, après un arrêt très bref, il attrapa la chaise d'opération. La délogeant comme si il s'agissait d'un simple bout de bois, il la jetait directement dans la vitre de protection. L'impact fit reprendre ses esprits à Strog, lorsqu'il vit la chaise retomber, avec une fissure très légère au point d'impact sur la vitre. Elle était censée être blindée, et pourtant... L'homme en blouse blanche fonça vers l'interphone juste derrière lui pour appeler des renforts. « Code rouge au labo 5 ! On a un mutant hors de contrôle ! » Dès qu'il eut fait passer le message, le jeune homme se plaqua contre le mur, le souffle saccadé. Il voyait le monstre de sang et de chair taper de toutes ses forces sur la vitre. Bien qu'il s'agissait d'une protection normalement suffisante, elle n'était pas prévue pour tenir une charge aussi intense d'un mutant. « Labo 5 bien reçu, une équipe arrive au plus vite ! » Les renforts arrivaient ! Mais... arriverait-il à temps pour éviter à Strog de finir en vulgaire pâté pour mutant ? Le scientifique se voyait déjà mort, ne pouvant pas savoir si son ami de promo avait survécu a cette apocalypse. Peut-être qu'il est lui aussi mort, et qu'ils se retrouvent de l'autre côté ? Il sentait son sang battre à ses tempes, alors que son souffle devenait de plus en plus irrégulier. Le mutant face à lui était en train d'enfoncer de plus en plus la seule barrière qui le retenait. Ce n'était plus qu'une question de seconde avant que la vitre ne cède. Strog se risqua à un simple mouvement, celui d'appuyer sur l'interphone. « Où... Où en sont ces putains de renforts ?! Le mutant va s'échapper ! » Ces dernières paroles coûtèrent beaucoup au biologiste, qui tomba sur les fesses, voyant la vitre qui se brisa devant lui. Son heure était venue, il s'attendait à recevoir le jugement suprême. Il ferma les yeux quelques instants, avant d'entendre le bruit de la porte du labo s'ouvrir, puis plusieurs petits tirs. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit le monstre étalé devant lui, plusieurs fléchettes tranquillisantes plantées dans le corps. Strog tourna légèrement son regard vers la porte, remarquant deux soldats de Frundtech. L'un d'eux était équipé d'un fusil tranquillisant, tandis que l'autre avait un fusil d'assaut plus standard. Une personne les accompagnait, il s'agissait du chercheur qui lui avait donné la tâche de s'occuper de ce patient si particulier. Il lui tendit la main, pour l'aider à se relever. « Eh bien, on dirait que votre expérience fut rude, professeur Strog. » S'aidant de l'homme en blouse noire, le jeune homme se releva en tremblant. Il avait vu la mort de très près, aujourd'hui. « Je ne vous le fais pas dire, monsieur... » Strog crut discerner un semblant de sourire sur le visage du scientifique d'élite. « Allez prendre l'air, vu votre état, vous en avez le plus besoin. Je veux que vous fassiez ensuite votre rapport, et me le rameniez à mon bureau. » Règle simple, et un peu de pause après tant d'événement. Le professeur n'était pas contre tout ça. Il hocha simplement la tête en guise de réponse, marchant difficilement vers l'extérieur du laboratoire, nauséeux. Les soldats s'occupèrent de déplacer avec précaution le nouveau mutant vers le sous-sol du complexe, tandis que le chercheur repartait avec eux pour aller à son bureau.

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