Chapitre 2 - Cours d'informatique
Le calme régnait aujourd'hui au complexe de Frundtech dans le désert de l'Utah. Les patrouilles faisaient leur ronde quotidienne, tandis que les scientifiques étudiaient les patients. Il y en avait de toute sorte, classés par dangerosité. Certains ne possèdent aucun symptôme du mutagène Castor, ou de son nom scientifique G8-V. Tandis que d'autres sont dans des salles isolées et barricadées. Des êtres qui ne sont plus qualifiables d'humains. Ressemblant à des colosses de chair et de sang en putréfaction, n'ayant aucune conscience réelle. Seulement un instinct qui les guide vers la chair fraîche à proximité. Le plus souvent, les scientifiques sont accompagnés de troupes prêtes à intervenir pour ces cas très spécifiques.
Strog, un jeune scientifique venait tout juste de finir d'examiner deux civils fraîchement arrivés. Selon les troupes qui les ont transportés depuis le désert à l'aide d'un aéronef, ils pourraient être porteur du mutagène. Le jeune homme en blouse blanche avait fait tous les tests possibles pour surveiller qu'aucune trace de Castor ne soit détectée dans leur sang. Il déposa les analyses au laboratoire du complexe ainsi que son rapport. Son travail maintenant fini, il s'autorisa une petite pause. Se dirigeant d'un pas déterminé vers les machines à café, il ne croisa que quelques-uns de ses collègues qui discutaient d'expérience. Strog lui n'en avait rien à faire, il voulait même se vider un peu la tête de tous ces sujets. Avant d'arriver à la salle de pause, un soldat le salua de la main, son autre main étant pris par le fusil d'assaut qu'il porte en bandoulière. Il était relativement jeune, sûrement un quart de siècle au compteur. Le scientifique l'avait déjà vu plus d'une fois, et toujours, il lui rappelait étrangement un ami de sa promotion, à l'université. Roc, un gaillard pas des plus forts, mais doté d'un sens logique remarquable. Il savait flairer quand les choses commençaient à mal tourner, et il a permis à Strog de se sortir de plus d'une situation périlleuse. À force du temps, il était presque devenu comme un frère pour lui. Âgé d'un an de plus que lui, il était en formation d'ingénieur quand le cadet était en étude de biologie. Le plus grand aimait les grandes balades, le danger, et accessoirement le tir sportif. Le plus jeune était quelqu'un plus terre-à-terre, il avait une préférence pour étudier que passer son temps à voyager. Et bien sûr, il ne voulait à aucun moment toucher une arme. Malgré les multiples propositions de son ami de l'époque. Pour lui, les armes ne servaient qu'à tuer, ce n'était pas un jouet. Sa mentalité n'a toujours pas changé aujourd'hui, mais peut-être que celle de Roc si ? Il n'en savait rien, depuis la mise en quarantaine du pays, il avait perdu tout contact avec l'ingénieur. Aux dernières nouvelles, il s'occupait de faire de la maintenance de système dans l'Ouest.
Lorsque Strog poussa la porte de la petite salle où les scientifiques se retrouvaient pour un petit moment de tranquillité, il remarqua qu'une discussion endiablée avait déjà lieu à l'intérieur. Un homme en blouse blanche, aux cheveux grisonnants et aux traits rongés par l'âge, était en train de discuter avec une jeune femme. Celle-ci portait une blouse noire, signe des scientifiques de haut rang qui opéraient au plus proche de la souche du G8-V. Strog alla prendre un café, écoutant d'abord d'une oreille la discussion. « Et du coup, le gars qu'ils ont ramenés, on a dû lui foutre une camisole si on voulait pas qu'il nous beigne trop fort ! On ne sait même pas encore s'il a le Castor ou pas, mais il est déjà d'un chiant... » Le vieux scientifique soupira. Une histoire habituelle avec des patients récalcitrants. Ce qui était relativement normal, se dit Strog. Ils sont emportés comme des malpropres vers l'inconnu pour subir moult tests afin de savoir si on doit les garder pour surveiller l'évolution de la maladie et trouver un traitement, ou juste les renvoyer car ils sont inutiles. « Dis à ton supérieur de m'envoyer celui-là. On manque de patient sur qui tester les traitements. » La jeune femme parlait d'un ton monotone. Elle semblait vraiment n'avoir rien de plus à faire que chercher des patients pour tester des traitements. Enfin, si on peut appeler ces pauvres personnes des patients. Elle finit ensuite son café, jetant le gobelet dans la poubelle avant de repartir sans même saluer le jeune scientifique. Cette attitude lui arracha une grimace, malgré qu'il connaisse la réputation sulfureuse des blouses noires. « Tu t'attendais vraiment à des salutations de sa part Strog ? C'est à peine si elle m'a pipé quelques mots ! » Le ton plus chaleureux de son collègue réchauffa quand même le cœur du jeune biologiste. Il sourit au grand homme en commençant à boire son café. « Comment ça se passe par chez toi ? Tu ne te fais pas trop chier avec les civils ? » Le vieillard connaissait bien le métier. Même s'il n'était pas parmi l'élite, ceux qui géraient les mutants au dernier stade de la maladie, il devait s'occuper de surveiller les patients atteints du Castor et qui commençait à se transformer. « Pff, c'est barbant au possible ! Je fais juste des tests, des prises de sang, y a absolument rien d'intéressant là-dedans... » Le jeune homme soupira. Il ne faisait rien réellement de ce pourquoi il était formé. Trop jeune, pas assez expérimenté, selon les supérieurs. Foutaises ! Il était prêt à tout pour faire ses preuves et aider à travailler sur un remède pour le Castor, pour enrayer toute cette situation. « Mmh... Si tu t'emmerdes tant, apprends des trucs ! Tu t'es jamais demandé comment marche le système informatique du coin ? » La question surprit Strog. Il était de loin la personne la moins intéressée par le sujet. Roc l'aurait été, très certainement, mais lui... Il pourrait quand même faire un effort, pour une fois qu'ils ne parlent pas du travail en lui-même. « Mmh, pas vraiment, je sais que j'ai des codes pour me connecter et avoir accès la base de données que j'ai besoin, mais c'est tout. » Le vieux blouse blanche soupira longuement. Qu'elle était loin la jeunesse qui s'intéressait vraiment a tout et n'importe quoi, même si ça ne les concernait pas particulièrement. « Bon... En gros, ta base de données, elle est dans un grand serveur qu'on a dans le complexe. L'accès est accessible seulement avec une carte d'accès de gestionnaire informatique. Et si tu veux accéder à toute la base de données, tu dois y aller en direct. Ou te connecter depuis le second serveur. » Strog arqua un sourcil en direction de son collègue à sa dernière phrase. Pas particulièrement intéressé au début, il finit par retrouver un certain intérêt. « Tu sais où il est, ce second serveur ? » L'homme aux cheveux gris sourit, ayant réussi à faire mordre Strog à l'hameçon. « Bien sûr ! Il se trouve dans le local de la tour radio du désert. Il nous permet notamment d'avoir un accès à tout le réseau de Frundtech, dans le pays. Ça facilite grandement le travail. » Le plus jeune des scientifiques commençait à réfléchir aux dires de son collègue, cherchant à bien tout comprendre. Mais alors qu'il finissait son café, une alarme se mit a résonner dans tout le complexe. « Intrusion détectée dans la salle de la tour radio ! Je répète, intrusion dans la tour radio ! Départ d'une unité demandé ! » Les deux scientifiques se regardèrent rapidement. Une telle coïncidence, c'était quand même bizarre. « Je dois repartir, les résultats doivent être prêts pour mes autres patients. » Le jeune homme salua son aîné avant de repartir dans la direction d'où il venait, pour continuer sa routine et son travail du jour.
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