📖 Chapitre 5 : Déterminé 📖
6 heures.
Je me réveille. Les vagues font tanguer légèrement le bateau. Nous sommes donc en pleine mer, on a repris le chemin pour une nouvelle île.
L'absence de Marco dans notre lit me frappe comme un coup de poing. Une pointe de frustration et de colère me traverse. Encore une fois, Marco n'est pas là.
S'est-il même couché dans notre lit, hier ? C'est devenu vraiment frustrant. J'en ai marre de l'attendre comme un imbécile, donc cette fois, c'est décidé, je ne le ferai pas. Je me lève et quitte la cabine, bien décidé à ne pas laisser cette absence me pourrir la journée. Marco peut bien faire ce qu'il veut, mais je ne vais pas rester planté là à le regarder s'éloigner.
En marchant vers la cafétéria, je me demande ce qui peut bien retenir Marco. On n'est pas en mission, il n'y a pas d'urgence. Pourquoi diable ne dort-il pas à côté de moi la nuit, et maintenant, il se la coule douce en plein jour ? Ça ne tourne pas rond.
J'arrive devant la cafétéria, et à travers le hublot des portes battantes, je le vois. Marco. En train de parler avec Satch. Ça me met encore plus en colère. Quand je me dis qu'on pourrait être là, à se câliner, comme tous les matins... Mais non. Il préfère discuter avec Satch. Encore Satch.
Ils rient, discutent, et ça me rend nerveux. Pourquoi diable Satch ? Cette scène m'agace, et je ne peux pas m'empêcher de me sentir mis à l'écart.
Je décide de ne pas entrer tout de suite. Non, cette fois, j'ai envie de comprendre. Je me faufile silencieusement derrière un mur du couloir, me cachant dans l'ombre, observant. Un peu comme un espion, ou du moins c'est l'effet que je voudrais donner.
Je décide resté caché, attendant que Marco sorte de cette conversation.
La distance entre nous me hante, et je ressens le besoin urgent de parler à Satch pour obtenir des éclaircissements sur le comportement de Marco.
Les voix de Marco et Satch sont étouffées, mais j'entends quelques bribes incompréhensibles. Qu'est-ce qu'ils peuvent bien se dire qui justifie que Marco préfère rester ici plutôt que de passer du temps avec moi ? Je me frustre, mais je reste là, à attendre que Marco sorte.
Finalement, il se lève et quitte la cafétéria. Je retiens mon souffle pour éviter de me faire remarquer quand il traverse le couloir d'en face. Bingo. C'est mon moment.
Tiens, il se dirige vers la cabine. Ah, ça lui fera les pieds, quand il verra que je n'y suis pas.
J'entre comme si de rien n'était, affichant un sourire qui cache mon agacement. Satch me salue.
"Ace, ça faisait longtemps. Comment ça va ?
_Salut. Ça va bien, ouais. T'aurais pas vu Marco par hasard ?"
Satch hausse les épaules.
"Oui, il était là un moment."
Bon. Déjà, Satch ne me mens pas, lui. Il ajoute :
"Il a filé se reposer."
_Se reposer ?"
Je lève un sourcil, sceptique.
"Il a pas dormi avec moi cette nuit, et maintenant, il choisit de pioncer ? Maintenant ? Ça n'a aucun sens."
Satch essaie de temporiser.
"Eh bien, tu sais... Peut-être qu'il a besoin de plus de repos en ce moment.
_Ouais, ou peut-être qu'il préfère les conversations avec toi à celles qu'on pourrait avoir."
Je tente de le dire sur un ton léger, mais la pointe d'amertume transparaît.
Satch me lance un regard compréhensif.
"Ace, ne te fais pas trop de films. Marco n'a rien contre toi, tu le sais bien.
_Alors pourquoi il agit comme si on ne se connaissait plus ?"
Peut-être que j'exagère, sur ce coup-là. Mais, je suis frustré. Je cherche désespérément à comprendre ce qui a pu provoquer cette distance soudaine entre nous.
Satch réfléchit un instant.
"Les relations, c'est parfois compliqué. Il peut y avoir des hauts et des bas, des moments où on se sent proche, et d'autres où on a l'impression que quelque chose se brise. Mais ça ne veut pas dire que ça ne s'arrangera pas.
_Ça, c'est facile à dire. Mais j'ai l'impression de le perdre, tu vois ? Comme si quelque chose s'était cassé, et je ne sais pas comment le réparer."
Il me jette un regard compatissant.
_Parfois, il suffit d'une bonne conversation. Pourquoi n'essaies-tu pas de lui parler ?"
Je soupire, me sentant submergé par la frustration.
"Parce que... J'ai pas envie de l'embrouiller. Et puis, c'est pas moi, le problème. Il m'énerve."
Satch ricane.
"T'exagères. Parle lui, je te dis."
Satch glisse une mandarine vers moi. Je la saisis et l'épluche pour en manger un quartier. Il continue :
"Tu sais, Ace, les relations, c'est pas toujours un chemin tranquille. Parfois, il y a des virages serrés et des côtes abruptes. On se perd un peu, on doute, mais c'est normal. Les sentiments, ça évolue, et ça prend du temps."
Satch marque une pause, me regardant avec compréhension.
"Peut-être que Marco traverse juste une période où il a besoin de réfléchir à certaines choses. Ça ne signifie pas qu'il ne t'aime plus. Les sentiments, c'est compliqué, mais ils peuvent aussi être incroyablement forts."
Je croise les bras, résistant encore à l'idée de prendre l'initiative.
"Mais comment je suis censé lui parler sans que ça tourne mal ? J'ai peur de tout gâcher, tu vois ?"
Mon ami sourit avec une douceur encourageante.
"Parfois, il suffit de commencer par des questions simples, Ace. Montre-lui que tu t'intéresses à ce qu'il ressent. Peut-être qu'il a des préoccupations, des choses qui le tracassent, et qu'il ne sait pas comment partager."
Je hoche la tête, commençant à envisager l'idée de la conversation.
"Mais je suis pas vraiment doué pour ces trucs-là, tu sais...
_Ça ne demande pas d'être un expert en relations, Ace. Ça demande juste d'être sincère."
Je prend une grande inspiration. Je ressens un mélange d'anxiété et de détermination.
"Tu crois vraiment que ça peut s'arranger ?"
Satch acquiesce avec un sourire rassurant.
"Absolument. Si vous vous aimez vraiment, vous trouverez un moyen de surmonter ces obstacles. Mais ça commence par une conversation honnête. Mais je suis sûr que tu te fais des idées sur la nature du problème."
Je regarde fixement Satch, puis, finalement, je lâche un soupir.
"Tu me dis la même chose qu'Izou.
_Ah, on se complète, c'est pour ça."
Il ricane.
Je lève les yeux au ciel. Je suis agacé.
"Bon, ok. Admettons que je prenne ton conseil et que je décide de lui parler. Mais comment diable je m'y prends ?"
Satch, toujours décontracté, me lance un sourire encourageant.
"La première chose, c'est de choisir le bon moment. Attends un moment où vous êtes tous les deux détendus, sans pression ni distraction. Peut-être un moment tranquille où vous êtes posés tous les deux, ou une soirée au restaurant. Il y en a un bien, sur la prochaine île."
Je hoche la tête, trouvant cette idée plutôt bonne.
"D'accord, mais une fois qu'on est dans ce moment détendu, qu'est-ce que je dis ? Comment je commence ?"
Satch, pensif, suggère avec un clin d'œil malicieux.
"Tu pourrais commencer par lui dire que tu l'aimes, que tu te soucies de lui. Et puis, dis-lui que tu as remarqué une certaine distance récemment et que tu aimerais comprendre. Ne l'accuse pas, Ace, exprime simplement ce que tu ressens. Ça ira."
Je fronce les sourcils, un peu sceptique, mais j'acquiesce.
"D'accord, je peux faire ça. Mais ensuite ?"
Le roux, avec un sourire taquin, propose des idées.
"Ensuite, propose-lui des activités qui renforceraient votre lien. Par exemple, organise une soirée cinéma avec ses films préférés. Tu sais qu'on a un escargot-projecteur, quelque part. Ils vendent des films sur Faya, c'est l'île juste après celle où on va. Trouve des moments où vous pouvez partager des choses agréables. Emmène le au resto, sinon."
Je me mets à sourire.
"Hmm, ouais... Mais, tu sais, j'ai déjà essayé ça. Je me suis dit qu'il voulait qu'on passe plus de temps ensemble, on est allés patiner, mais au final, il est de plus en plus distant..."
Satch ferme les yeux.
"Les activités communes renforcent souvent les liens. Essaie encore.
_J'aime bien l'idée du restaurant.
_Ah, je n'en doute pas. Gourmand comme t'es."
Je me sens soudainement plus léger, inspiré par ces idées.
"Tu sais quoi ? Merci. Je vais essayer ça. Et si ça foire, j'aurais toujours mangé un bon repas."
Satch rit de bon cœur.
"Tu as de l'humour, Ace. C'est une bonne chose. N'oublie pas, l'essentiel est de montrer que tu es là, que tu te soucies de lui, et que tu es prêt à faire des efforts pour surmonter les obstacles. Et puis, si tout le reste échoue, il te reste toujours une bonne assiette, ouais."
Je ricane en attrapant une autre mandarine. Mon ami ajoute :
"Mais, tu sais... Je suis convaincu que tout va bien. Ce n'est pas ça, crois moi. Marco t'aime. Bien plus que tu ne le penses."
J'avale un quartier de mon fruit avant de demander :
"Comment tu peux en être si sûr ?
_Je le sais, tout simplement. Je crois que tu ne comprends juste pas ce qu'il se passe, c'est tout. Ne t'inquiètes pas trop. Va lui parler. Ça ira."
J'inspire profondément. Nous restons un moment silencieux. Je me perd dans mes pensées pendant que Satch ajuste les dernières petites choses pour le service du petit déjeuner. Au bout d'un moment, je lâche :
"Je vais le reconquérir avec le meilleur cadeau de Noël possible."
Le roux lève les yeux vers moi, posant une assiette de croissants sur le comptoir.
"Tu n'as pas encore acheté son cadeau ?"
Je secoue la tête. Il murmure :
"Je vois..."
Je m'empresse de me justifier :
"J'ai pas d'idées !
_Hey. Peu importe ce que tu lui offriras, il sera content. J'en suis sûr.
_Ouais, mais si c'est spécial, ça ravivera la flamme. Je m'y connais, en flamme. Fais moi confiance.
_Ouais, et moi, je m'y connais en cuisine, et ça pue le poisson brûlé, ton histoire. Tu vas stresser pour trouver un truc parfait, et au final tu seras déçu. Je te connais.
_Mais non ! J'ai juste besoin d'être concentré sur ça, et ça ira !
_Concentré ? Toi ? J'aimerais bien voir ça. T'es le mec le plus dissipé que je connais. Nan, sérieux, tu t'es mis du vernis à ongle au lieu de chercher tes rapports, pas plus tard qu'avant hier.
_...Bon, je me laisse distraire facilement, certes. Mais, cette fois, je vais pas foirer. Tu verras.
_J'en doute pas...
_Pourquoi je décèle du sarcasme ? Non, ne doute pas de moi. T'es mon ami, nan ?
_Un ami, ça doit être honnête. Je pense que tu vas trop te prendre la tête, et au final ça va mal finir.
_Aies confiance.
_Je le sens pas.
_Allez ! Crois en moi. Ça ira, va.
_Ouais, ouais. Reviens me voir si jamais tu galères. J't'aiderais."
Je laisse échapper un petit ricanement satisfait.
"Merci ! À plus !"
Ainsi, je quitte la cafétéria, déterminé.
Dans la cabine, il n'y a personne. Je demande à plusieurs membres de l'équipage s'il ont vu Marco, et Haruta me dit qu'il est à la bibliothèque.
Je rejoins Marco, le retrouvant plongé dans un livre.
"Salut, je lance, essayant de dissimuler toute tension."
Marco lève les yeux de sa lecture, un sourire timide éclairant son visage.
"Ace, ça va ?"
Je hoche la tête, m'asseyant à ses côtés sur le canapé.
Il pose délicatement le livre qu'il tenait et me tire doucement contre lui. Nos épaules se touchent, une proximité qui, autrefois, aurait apporté chaleur et réconfort.
Je demande, espérant alléger l'atmosphère pesante :
"Qu'est-ce que tu lis ?
_C'est un recueil de contes de Noël. J'aime bien l'idée, ça aide à garder un esprit festif avant Noël."
Il sourit, mais je perçois une lueur de mélancolie dans ses yeux. On ouvre le livre ensemble, et je sens sa main trouver la mienne. Pendant un moment, tout semble presque normal.
On lit à tour de rôle, partageant des rires sur des récits joyeux. Cependant, à mesure que les pages défilent, une distance persiste. La connexion que nous avions avant semble évanescente, comme si chaque mot que nous échangeons ne fait qu'accentuer le silence entre nous.
Une fois le livre refermé, je tente subtilement d'explorer ce fossé grandissant.
Je demande :
"Ça va, aujourd'hui ?
_Oui."
Je souffle. Un moment silencieux s'installe entre nous. Je déclare :
"Tiens, je t'ai pas vu, hier soir. Pourquoi ?"
Mon ton se voulait léger, mais mes yeux cherchent désespérément une vérité que Marco semble déterminé à dissimuler.
Il esquive mon regard, évoquant des tâches de navigation pour les prochaines îles.
Je demande, cherchant à comprendre :
"T'avais des trucs à faire liés à l'itinéraire ?"
Marco répond avec un simple :
"Oui, des ajustements nécessaires."
Mais son regard fuit le mien.
Il ment. Il me ment ouvertement.
Le doute s'insinue, les pensées tourbillonnent dans ma tête. Pourquoi éviter mes questions ? Pourquoi cette distance persistante ?
Pourquoi est-ce qu'il me ment, merde ?!
Je réponds finalement, mais mes mots portent le poids de l'inquiétude :
"J'comprends, ouais."
Je tente une approche différente, posant des questions plus légères.
"Pourquoi tu t'es levé tôt ?"
Ou, devrais-je demander, "pourquoi t'as pas dormi avec moi, connard ?", mais je garde ça pour moi.
Un frôlement d'évasion traverse ses yeux, et il me dit qu'il avait des trucs à vérifier sur le navire. Des réponses courtes, des regards évités. Un nœud se forme dans ma poitrine.
Un silence s'installe, nos pensées s'entremêlant sans être partagées.
Je demande, une pointe de désespoir dans ma voix :
"Tu veux parler de quelque chose ?"
Marco répond avec des réponses vagues, comme s'il était là physiquement mais son esprit loin.
Il réfléchit à quelque chose.
Bordel. Je suis sûr que j'ai raison. Il va me quitter. Peut-être qu'il va voir ailleurs.
Je décide de laisser tomber, temporairement du moins.
Je lâche, espérant que mes mots puissent atteindre ce qui se cache derrière son regard distant :
"Si t'as besoin de parler, je suis là."
Marco répond par un simple :
"Merci, mon amour. Mais tout va bien."
Nous retombons dans un silence inconfortable, mon esprit coincé. La bibliothèque, qui fut autrefois un refuge, semble aujourd'hui être un labyrinthe où nous nous perdons l'un l'autre.
La pièce devient un poids sur mes épaules, et au bout d'un moment, Marco et moi décidons tacitement de vaquer à nos occupations respectives. Nous nous quittons en nous embrassant, mais je n'arrive pas à tirer le plaisir que je ressens habituellement de ce baiser. J'ai mal au ventre.
Le besoin de rompre cette atmosphère tendue me pousse à me lancer dans ma quête pour trouver le cadeau de Noël parfait.
Je déambule à travers le navire, interrogeant divers membres de l'équipage pour obtenir des suggestions, mais rien de très concluant... Aucune ne semble vraiment convenir à Marco.
Finalement, je décide de solliciter l'avis de Père. Il n'est pas dans son grand fauteuil, sur le pont. Je me dirige vers son bureau.
Je frappe.
"Oui ?"
Bingo. J'entre.
"Hey, Père, tu aurais une idée pour un cadeau de Noël qui déchire ?"
Il lève les yeux de ses documents et éclate de rire. Un sourire paternel sur le visage, il demande :
"Ah, mon fils, cherches-tu le cadeau parfait pour Marco ?"
Je hoche la tête avec un sourire en coin.
"Tu sais comment ça marche, tout ça... Une idée de capitaine sage et omniscient ?"
Barbe Blanche lisse sa moustache, méditatif.
"Eh bien, fils, l'essentiel est de montrer à quelqu'un que tu le connais vraiment, que tu as pris le temps de penser à quelque chose qui lui ferait plaisir. Ça peut être quelque chose de simple, mais cela doit venir du cœur."
Je suis surpris par la simplicité de sa réponse.
"Quoi, c'est tout ?"
Il ricane.
"L'amour, c'est une chose simple, mon garçon. Pas besoin de grandes démonstrations. Un geste sincère en dit souvent plus que n'importe quel cadeau coûteux."
Je suis touché par ses paroles.
"Merci, Père. Je vais y réfléchir."
Il me fait un signe de tête.
"Tu trouveras quelque chose. Ne te prends pas trop la tête. L'important, c'est l'intention derrière le geste."
Avec une nouvelle perspective, je quitte le bureau de Père, déterminé à trouver le cadeau parfait pour Marco, quelque chose qui reflète notre histoire et l'amour que je ressens pour lui. La quête continue, mais cette fois, avec un peu plus de sagesse à mes côtés.
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