☕ Chapitre 2 : Distrait ☕
La chaleur de la grosse couette dans laquelle je suis enroulé n'est rien comparée à celle de son corps qui est un million de fois plus réconfortante.
Alors, je me blottis un peu plus contre lui, et il marmonne :
"Ace ? Quelle heure il est ?"
Je ricane et me tourne vers le réveil avant de répondre :
"Il est neuf heures."
J'embrasse son nez. Marco a un très beau nez.
Je demande :
"Tu as bien dormi ?"
Il hoche la tête.
"Et toi ?"
Je dépose un baiser sur sa bouche. Marco a aussi une très jolie bouche.
"Ouais, j'ai fait un rêve, et il était magnifique."
Je dépose mes lèvres contre sa joue. Les joues de Marco sont également très belles. Elles sont roses, parfois. C'est quand elles sont comme ça que je les préfère. Ça n'arrive pas aussi souvent que je le voudrais.
"Ah bon ?"
Je hoche la tête.
"Tu étais dedans, alors forcément."
Il ricane.
En m'attrapant par les hanches pour me serrer contre lui, il demande :
"On a des choses à faire, aujourd'hui ?"
Sa voix est encore endormie. Quelle jolie voix. J'aimerais qu'on puisse embrasser une voix.
Après un moment à réfléchir, je répond :
"Eh bien... On a une réunion de commandants à 17h, et un banquet au palais, ce soir.
_Mmh..."
En enfouissant son visage dans mon cou, Marco inspire profondément.
"On a plein de temps, alors.
_Hmm."
Je laisse un ricanement incontrôlé passer la barrière de mes lèvres alors qu'il passe sa main sous mon vêtement pour la glisser sur mes côtes doucement. Il demande :
"Qu'est-ce qu'il y a ?
_Tu me chatouille..."
Il souffle du nez, amusé. Ses mains glissent le long de ma peau, me faisant frissonner. Mon blond souffle :
"C'est rare de te voir avec un pull.
_Il fait froid, c'est confortable.
_Depuis quand tu crains le froid ?"
Je ricane :
"Je ne peux pas m'auto-réchauffer constamment. Surtout quand je dors. Puis, j'ai mangé le mera mera no mi, pas le fruit du radiateur !
_C'est franchement presque pareil.
_Je ne sens même pas ma propre chaleur, la plupart du temps. Je suis plus frileux que j'en ai l'air."
Il ricane.
"Je la sens, moi."
Après avoir murmuré ces mots, il enfouit un peu plus son visage dans mon cou et y dépose quelque baisers.
Je souffle. Le contact de sa main dans mon dos me fait trembler légèrement.
Marco murmure, sa voix empreinte de désir :
"Peut-être qu'on pourrait rester un peu plus au lit, non?"
Un frisson parcourt ma colonne vertébrale.
"Je ne dirais pas non."
-☕-
La matinée est vite passée. Trop vite, à mon goût. Il est déjà presque onze heures, et je n'ai pas eu mon petit déjeuner. C'est pourquoi je me sens frustré.
"Tu veux un truc à manger ?"
Marco lit dans mes pensées. Ça fait peur.
Je hoche la tête frénétiquement en enfilant un caleçon propre.
"Bouge pas."
Il embrasse ma tempe, boutonne sa chemise, et sort de la chambre.
Je me laisse tomber contre le matelas, la chaleur de la couette m'enveloppant. Mon esprit divague.
Les souvenirs de nos aventures passées surgissent, des îles lointaines aux batailles épiques. Un sourire se dessine sur mon visage quand je repense à ces moments partagés avec lui, aux rires, aux caresses, aux baisers.
Et le confort du lit, la hâte de manger mon petit déjeuner, et le doux murmure de la vie quotidienne et pourtant si excitante que je mène créent une atmosphère paisible.
La porte de la chambre s'ouvre doucement, laissant entrer Marco, un plateau entre ses mains. Ses yeux pétillent alors qu'il s'approche du lit.
"Votre petit déjeuner, monsieur"
Je ris alors qu'il s'installe à côté de moi.
Le plateau est orné de nombreux petits en-cas : des croissants encore tièdes, des œufs brouillés, des fruits frais, une cafetière bien chaude. La petite bougie allumée sur le côté du plateau ajoute une note romantique à tout ça. Marco dépose le tout sur une petite table à côté du lit.
"Tu as vraiment pensé à tout, dis-je, admirant l'effort qu'il a mis dans cette petite surprise."
Il s'incline d'une façon dramatique avec un sourire taquin.
"Seulement pour vous, darling."
Je ricane en attrapant un croissant. Il murmure en se servant une tasse de café :
"Enfin, c'est Satch, qui a pensé à tout. Il a mis plein de choses pour que tu ne te plaignes pas d'avoir faim dans dix minutes."
Je manque de m'étouffer avec la viennoiserie. La bouche pleine, je râle :
"Me fais pas rire !"
Nous nous installons confortablement, nos genoux se frôlant sous les draps. L'arôme du café remplit l'air alors que nous partageons des rires légers et des regards complices. Les croissants croustillants et les fruits juteux deviennent une délicieuse distraction, mais nos conversations et nos rires emplissent la pièce.
"Les petits déjeuners comme ça devraient être une tradition quotidienne, suggère Marco."
Je hoche la tête.
"Je suis tout à fait d'accord. C'est agréable..."
Les rayons du soleil dansent à travers la fenêtre, éclairant notre repas improvisé d'une lueur chaleureuse.
-☕-
L'après-midi s'écoule doucement. Je n'ai pas vu Marco depuis ce matin. Je l'ai cherché un peu partout sur le bateau, sans succès.
Je me retrouve dans la cafétéria. Il est 14 heures passées, et j'ai un petit creux.
Je pose mon petit plateau sur une table.
J'ai pris les dernières oranges, donc j'ai huit fruits. J'ai aussi une pinte de bière.
C'est pas ça qui va me rassasier. J'ai loupé le service du midi, à cause de Marco.
On s'est un peu éternisés après le petit déjeuner au lit...
Je repère Satch du coin de l'œil qui s'avance vers moi.
Il s'assoit en face de moi et tend la main pour me chipper une orange.
Je proteste alors qu'il l'épluche :
"Eh ! J'ai faim !
_Tu vas bien ?"
Il m'ignore. Alors qu'il fourre un quartier dans sa bouche, je grogne :
"Ouais.
_Tu es prêt pour tout à l'heure ?
_Le buffet ? Plus que prêt.
_Non, la réunion. Tu as bien rempli les rapports ?"
Je manque de m'étouffer avec ma bière.
"Ah... Ça. Euh..."
Satch éclate de rire avant de dire ;
"Vas les cherchez, je vais t'aider."
En soupirant, je m'exécute.
Je me dirige mollement vers ma chambre, laissant mon beau plateau en plan, à la merci de Satch le voleur d'oranges.
En ouvrant la porte, je remarque le désordre qu'on a laissé ce matin.
Une chemise violette trône au milieu de la pièce, un caleçon s'est retrouvée sur le bureau...
C'est le zouk. Je ramasse les vêtements sans grande conviction, me retrouvant avec une belle pile dans les bras, et me dirige vers la banette de linge sale.
Quoique, ils sont propres, ceux là.
Je crois.
Je tente de me repasser chroniquement le fil des évènements d'aujourd'hui.
On s'est déshabillés, rhabillés, puis déshabillés, on a pris une douche, on a pris des vêtements dans l'armoire pour s'habiller, mais on s'est déshabillés, on a recommencé...
Combien de fringues a-t-on sortis de l'armoire ? Lesquels sont propres ?
Je ne sais plus. Tant pis. Je laisse tout tomber dans le panier.
Je me dirige vers mon bureau en bois. Il y a une pile de papiers en vracs dessus.
Je les examine un par un, mais ce ne sont pas les rapports dont j'ai besoin aujourd'hui.
Je fouille les tiroirs, mais rien.
Je soupire. Peut-être qu'ils sont dans le bureau de Marco. Il me semble que j'ai travaillé dessus, il y a pas longtemps...
Je crois.
Ouais, on a chacun notre bureau. Quand on a bougé pour prendre la même chambre, Marco a embarqué le sien. Il dit que je suis trop bordélique.
N'importe quoi.
Je me dirige à l'opposé de la pièce pour l'atteindre. Le sien est en ordre. Les cartes sont regroupées à leur place, toutes classées. Les rapports économiques sont dans un dossier, tandis que les rapports de missions sont dans un autre...
Je soupire. J'ouvre les dossiers pour fouiller, mais c'est vraiment ceux de sa division.
Je tire un des tiroirs. Des plumes, de l'encre... Non.
J'ouvre les deux portes du petit placard du dessous. Il est trop nul, son bureau. Où est-ce qu'il met ses jambes ?
Des boîtes, de tailles diverses, enveloppées dans un papier coloré, avec des petits rubans.
Oh, là. Les cadeaux de Noël.
En tant que commandant.. C'est un pour chaque commandant, et un pour le capitaine, c'est la tradition.
Je fais le tour rapidement dans ma tête.
Dans l'ordre, c'est plus simple.
Je compte dans ma tête.
Bon. Père, facile. Une grosse bouteille de gnole.
Un. Marco... Mmh...
Deux. Euh... c'est moi.
Trois. Joz, je lui ai trouvé un bonnet serti de strass.
Quatre. Satch, oui, des couteaux de cuisine.
Cinq. Vista, des pots de fleurs décorés pour ses roses.
Six. Blamenco. Euh... Blamenco... Ouais. Un beau sac.
Sept. Rakuyou, je lui ai pris des perles pour décorer ses locks.
Huit. Namur, un tee-shirt Crimin.
Neuf... Blenheim, une nouvelle chemise. Il est tellement grand qu'il n'y a pas beaucoup de fringues qui lui vont.
Dix. Curiel, un super pistolet gravé que j'ai réussi à chiner pour trente mille Berry. Une affaire.
Onze, Kingdew. Il me semble que je lui ai acheté des mitaines.
Douze. Haruta, plusieurs bougies parfumées Haruta aime bien les bougies.
Treize, c'est... Atmos... Ah, oui. Un bibelot. Une espèce de petite sculpture de taureau que j'ai trouvé le mois dernier sur un marché.
Quatorze, Speed Jill... Qu'est-ce que j'ai pris à Jill ? Ah, oui, je lui ai trouvé des patins à roulettes.
Quinze. Fossa, une boîte de cigares.
Et seize, Izou, un beau peigne décoré. Il va être content.
...Wow, mais combien j'ai dépensé pour ces conneries, moi ?
Ouais. Enfin. Tout ça pour dire...
"Et merde. J'ai oublié Marco."
Je pose la main sur mon front, et je me mets à tourner en rond.
Je le savais. C'est toujours quand c'est important que j'oublie.
Enfin, je fais toujours ça au dernier moment...
Merde, et dire que j'ai certains cadeaux depuis au moins deux mois...
Pourquoi j'ai rien pour Marco ?
Pourquoi j'ai rien trouvé ?
Quel con !
Un truc romantique.
Ou un truc simple ?
Un truc utile, plutôt.
Attend, qu'est-ce qu'il va m'offrir, lui ?
Je m'agenouille et jette un œil dans le placard.
Le mien est pas très grand.
C'est quoi ?
Je le secoue.
Ça fait pas de bruit. C'est pas très lourd, mais pas trop léger non plus.
Oh, c'est peut-être une petite boîte de biscuits...
Nan, c'est plus petit qu'une boîte de biscuits.
Du chocolat ?
Non, c'est un peu plus grand qu'une boîte de chocolat. À moins que ça soit une grosse boîte de chocolat ?
Mais ça m'avance pas. C'est cher, pas cher ? Et surtout, ça se mange ?
Et si je lui offrait un truc qui n'a pas la même valeur, je vais me retrouver super con !
Faut que je sache combien il a mis, je veux pas avoir l'air radin.
Et si je l'ouvrais, pour voir ?
Euh, non. Faut pas. Carrément pas. Je le repose.
Je referme le placard.
Je me remet à tourner en rond.
Qu'est-ce que je peux lui prendre ? L'année dernière, je lui ai acheté un nouveau kit de papeterie.
Mais je peux pas lui reprendre la même chose...
Puis, c'est pas romantique.
Genre, du tout. C'est nul, c'est chiant.
Mais... Il aime bien.
Mais c'est nul.
Et si... Un mug ?
Je soupire.
Nan, j'ai pas d'idées.
Mes yeux dérivent vers le réveil matin.
Merde. Les rapports. C'est ça, que je cherchais.
Je retourne au bureau de Marco et ouvre tous les tiroirs.
Ah, des feuilles toutes froissées.
C'est à moi.
Je le savais, j'avais bien bossé sur son bureau la semaine dernière !
En même temps, le mien est trop encombré. Je fais comment ?
Bon, maintenant, je dois retourner à la cafétéria pour les remplir.
Je pose la main sur la poignée de porte.
Ah, c'est vrai qu'il est vraiment en bordel, mon bureau...
Je pose les rapports sur mon lit et m'en approche.
Rapports des mois dernier, regroupés.
Historiques de comptes, bien classés.
Cartes... C'est à Marco. Oups, je lui ai pas rendu.
Je vais les poser sur son bureau.
Je retourne au mien, et commence à ranger mes tiroirs.
Tiens, des cacahuètes.
Je pioche dans le paquet avant de les mettre de côté.
Assis par terre, je range frénétiquement tout ce qui n'est pas à sa place.
C'est bon, j'ai terminé.
J'irai bien me rafraîchir un peu. Alors, je me dirige vers la salle de bain.
Je passe un peu d'eau sur mon visage, mais en me regardant dans le miroir, je remarque qu'il est sale.
Je fouille dans les placards, en sors un chiffon et du produit, et commence à le nettoyer.
C'est mieux.
Qu'est-ce que je faisais, déjà ?
Oh, mes cheveux sont mêlés.
Je sors le peigne et commence à les coiffer.
Voilà...
J'ouvre le tiroir pour le ranger.
Tiens, du vernis...
Ça sort d'où ? C'est peut-être à Izou.
Ah, oui, je lui avait piqué pour peindre les ongles de Marco quand il dormirait.
J'avais oublié que j'avais prévu cette blague.
Est-ce que ça m'irait ?
J'attrape le pot de vernis rose, le rouge, et le bleu.
Je réfléchis un moment.
"Mmh... Le rouge."
Je m'applique.
L'ongle de mon pouce peint, je me rend compte que c'est pas si mal.
Je fais tous mes autres doigts.
Je ricane. Ouais, c'est pas mal.
Je souffle dessus, attendant que ça sèche, tout en sortant de la salle de bain.
En passant devant le lit, je remarque la pile de papiers.
Oh. C'était ça, que je faisais...
Je regarde le réveil.
15 heures.
Ah.
Je secoue frénétiquement les mains pour que le vernis finisse de sécher complètement, puis attrape précipitamment les feuilles avant de sortir en vitesse de la chambre.
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