Chapitre 24
Zachary trépignait littéralement de rage devant la jolie demeure que Saturnin nous désigna après quelques minutes de marche. Cette preuve en pierres blanches de la duplicité de son associé n'en finissait pas de l'énerver et si je n'avais pas été tendu et sur le qui-vive moi même, j'aurais trouvé hilarant la grosse colère du négociant ventripotent. Mais l'heure n'était pas à la plaisanterie et même si Zachary était amusant dans sa fureur légitime, je devais me concentrer sur la confrontation qui s'annonçait. Les yeux rivés sur la maison élégante mais relativement discrète située au fond d'une impasse cossue, je me concentrait sur ce que mes capacités de clairvoyant saisissaient et déglutis douloureusement en contemplant le potentiel énorme de pouvoir qui nous attendait à l'intérieur. Pour mes seuls yeux, la magie traversait les murs épais et rayonnait jusqu'à se refléter dans mes rétines, à la limite de l'éblouissement.
Bordel, qui que puissent être les résidents, ils ne rigolaient pas.
Saturnin leva un sourcil en ma direction et comprenant la question informulée, je lui répondis doucement :
- Quatre, en effet. Et deux sont extrêmement puissants.
Je coulai un regard troublé en sa direction.
- L'un d'eux a une aura comme la tienne.
Il hocha la tête sans paraître surpris et rejeta ses longs cheveux sales en arrière, la main ne tremblant pas. Il semblait plus sobre et déterminé que je ne l'avais jamais vu et l'espace d'un instant, j'entraperçu à nouveau celui qu'il avait dû être, avant la guerre. Avant que les cicatrices qu'elle lui avait laissées ne finissent de briser le combattant dont je savais qu'il gisait, en miettes, au fond de la carcasse avinée et fatiguée de mon vieil ami. Mais par moment, le meneur d'hommes en lui ressortait et les yeux plissés, il nous jaugea du regard, comme un général évalue ses troupes. D'après son rictus sardonique, il apprécia ce qu'il vit. Les Loups s'étaient rangés derrière Lucius, prêts à tout, Jonas se tenait dans mon dos en sentinelle muette et vigilante et Zachary, rouge comme une tomate et les bras croisés sur son abdomen distendu, semblait disposé à mener l'assaut, même seul s'il le fallait. Le mage de combat retroussa les lèvres et commenta sobrement :
- Alors c'est parti.
Je ne savais pas trop ce que Saturnin avait envisagé comme plan, entre assaut féroce ou entrée en douceur. Après tout, nous n'avions même pas tenté de dissimuler notre approche et la furtivité était donc exclue d'emblée. Mais il me stupéfia en saisissant simplement le heurtoir en métal sombre et tapant un coup ferme sur le battant de bois ouvragé de plomb. On n'avait pas lésiné sur les protections techno-magiques, ici, et je distinguais les sorts de protection palpiter et lézarder sur chacun des murs et des ouvertures de la bâtisse. Si nous avions dû pénétrer le bâtiment en force, nous aurions galéré, c'est clair. Contrairement au bunker que j'avais infiltré à peine quelques heures auparavant, même si elles me paraissaient des jours entiers, ceux qui vivaient ici ne dédaignaient pas la magie et avaient pris en compte les spécificités de vivre au sein du coeur battant de la Frontière. Du beau boulot, quoi qu'il en soit, typique des artisans du coin.
Pendant que nous attendions une réaction en provenance de l'intérieur de la maison, je laissai mon esprit dériver et me questionnai une seconde sur ce que pouvaient ressentir des mages aussi puissants que ceux dont je percevais la présence en se retrouvant dans une zone mixte comme Portal. Leur magie, comme celle des chamans et des feys, était très sensible aux perturbations de la tech et ils avaient énormément soufferts du temps de l'emprise de cette dernière. Les métamorphes avaient moins de difficulté, en général, probablement car usant d'une magie plus interne et corporelle. Saturnin m'avait toujours paru très à l'aise dans cet environnement mixte, excepté sa tendance à planer à deux grammes huit, mais j'imaginais que pour ces nouveaux arrivants le choc devait être un peu plus rude. Peut-être pourrions nous utiliser cela comme un avantage, si nous en venions à devoir nous affronter.
Les métas plantés autour de moi étaient en alerte et ils se figèrent de concert, m'informant que leur ouïe surdéveloppée avait capté du mouvement en provenance de l'intérieur. Je me préparai à la rencontre, les yeux rivés sur la porte et la présence rassurante de Lucius dans mon dos.
Le mage qui nous ouvrit était très jeune, un adolescent encore. Son aura bleu ciel était vive et claire mais encore agitée de secousses incontrôlées et de mouvements incoercibles, ce qui le désignait à mes yeux expérimentés comme un apprenti. Il parut très surpris de nous trouver devant sa porte et ouvrit de grands yeux couleur azur qui se posèrent avec stupeur sur la petite bande dépareillée et menaçante que nous formions. Sa bouche pulpeuse s'arrondit, sans doute pour nous interroger ou nous demander de partir, mais Saturnin ne lui en laissa pas le temps. Avec une impolitesse assumée mais sans violence, il le poussa d'une main ferme et nous dégagea le passage, dans lequel il s'engouffra sans hésiter. Cela semblait trop aisé et j'hésitais à le suivre aussi facilement. Je me retournai pour échanger un regard rapide avec Lucius, pour solliciter son avis, avant de me demander ce qui me prenait. Travailler en meute avait des effets néfastes sur mon autonomie et j'allais devoir y veillet.
Sur le perron, les yeux mi-clos, l'alpha ma sourit doucement, content, et m'encouragea du menton à suivre le vieux mage. Une fois n'est pas coutume, Lucius avait concédé le leadership et semblait satisfait de rester en retrait, et je me demandais ce que cela pouvait cacher. Il n'avait toutefois pas oublié sa préoccupation plus ou moins permanente, s'il fallait le croire sur parole, concernant ma sécurité et lorsque je fis un pas en avant, il me colla tel un garde du corps bien entraîné. Le contact de sa poitrine dans mon dos et sa main ferme sur mon épaule me firent frissonner et suscitèrent une nuée de sensations confuses mais chaleureuses au creux de mon ventre. Lucius était disposé à me couvrir si besoin était et même si ce n'était pas vraiment nécessaire, je m'en sentis plus assuré.
Le hall d'entrée était richement décoré de tapis colorés et moelleux et de tentures précieuses et était éclairé de lampes électriques, symbole de statut social élevé s'il en était. Mais Saturnin ignora le décor luxueux dans lequel il s'engouffrait et lorsque le jeune apprenti retrouva ses esprits et se mit à crier, il avait déjà traversé le vaste couloir d'entrée de part en part et entrait comme un tornade de vêtements sales et élimés dans le salon attenant. Nous pressâmes le pas pour le rejoindre, à l'exception de Léo qui resta à la porte sur ordre d'Alex, malgré sa moue de dépit, en compagnie du jeune mage effrayé qui s'était plaqué contre le mur. Nous nous retrouvâmes devant trois hommes et une jeune femme, dont les auras m'apprirent qu'un seul l'un d'entre eux était humain. Dès qu'il posa ses yeux sur ce dernier, Zachary explosa en imprécations, comme une baudruche trop gonflée finissant par éclater.
- Kelliran! C'était donc vrai! Espèce de sale traître! Le mage avait raison, tu fricotes bien dans mon dos avec ces salopards de New Francisco! Tu ne vas pas l'emporter au Paradis, enfoiré!
L'ancien associé de notre allié, surpris, recula d'un pas devant notre entrée fracassante et la fureur de Zachary, bousculant au passage la petite table ronde chargée de vaisselle à côté de laquelle il s'affairait. Derrière ses lunettes cerclées d'or, ses yeux gris se figèrent de stupeur et d'incompréhension et il prit la couleur des murs pâles qui l'entouraient. S'il semblait vivre dans l'opulence à laquelle aspirait les Guildes de Portal, sa silhouette décharnée et ses traits cireux n'auraient pu contraster plus avec notre marchand bon vivant. Même ses vêtements trop amples, s'ils cédaient à la mode de la soie, étaient sobres et gris là où Zachary arborait les couleurs d'un oiseau de Paradis. Il cligna des paupières à plusieurs reprise avant de se reprendre et articula d'un ton éraillé :
- Zachary? Mais qu'est ce que tu viens faire ici?
- C'est plutôt moi qui devrais te poser cette question! Je te faisais confiance, je t'ai apporté tout ce que tu as, et tu as magouillé derrière mon dos pour me planter un couteau entre les reins! Enfoiré de traitre!
Rendu téméraire par notre présence, Zachary désigna à Lucius les mages restés interdits par notre arrivée et hurla, d'un timbre à la limite de l'hystérie.
- Ce sont eux qui m'ont menacé. Qui ont menacé mes enfants, je les reconnais!
Les trois mages étaient installés confortablement dans un sofa de velours noir et une chauffeuse assortie, devant un plateau de sucrerie. Les complots magiques et les menaces de mort n'empêchaient pas la gourmandise, de ce que je pouvais constater. Je passai sans m'attarder sur la plus jeune, qui avait la bouche grande ouverte et l'air hébété. Si son aura était plus maîtrisée et mature que celle du gamin qui nous avait ouvert, elle ne représentait pas un danger, palissant de la comparaison avec les deux autres hommes dont je ne pouvais détacher les yeux. Eux, en revanche, étaient potentiellement létaux, je le distinguais sans difficulté.. J'inspirai virement sous l'afflux de magie éblouissante et Lucius me regarda, le front plissé. Je les lui désignai d'un coup d'oeil, l'alertant de demeurer vigilant devant le pouvoir magique indescriptible qui se dégageait de chacun d'eux. Les dirigeants de New-Francisco étaient puissants, chacun dans la Frontière le savait. Après tout, ils s'étaient, pour la plupart, battus durant la guerre, après avoir été à l'initiative du conflit et avaient passé les années précédentes à affuter leurs compétences magiques pour exterminer les humains et la tech. Mais la différence avec nos propres mages locaux que j'étais habitué à côtoyer était plus exacerbée que je ne le pensais et si je n'avais pas eu l'habitude de fréquenter Saturnin, et de me frotter à son aura, j'aurai sans doute flippé.
Le plus âgé, un homme blanc aux rides marquées et aux yeux perçants, avait les yeux rivés sur mon ami. Il était vêtu de la longue robe traditionnelle des mages, d'un gris perle immaculé, et avec sa peau lisse et sans âge, ses cheveux d'un blanc de neige réunis en catogan et sa barbe bien taillée, il ne pouvait plus contraster avec l'apparence débraillée de son vis-à-vis. Mais Saturnin ne semblait pas le moins du monde impressionné par l'apparence du mage inconnu. Il se planta sur ses jambes maigres juste devant lui et toisa le visiteur d'un regard sardonique.
- Je ne suis même pas surprise. J'aurais dû me douter que tout ce bordel était de ta faute.
Le mage étranger se leva et je remarquai que s'il était un peu moins efflanqué, grâce à une meilleure hygiène de vie, sans aucun doute, il était de carrure, d'âge et de taille similaire à mon ami. Il avait en lui quelque chose de familier qui m'attirait l'œil et je le scrutai avec attention avant de comprendre, dans une illumination soudaine qui me laissa pantois. Je connaissais ces yeux grisâtres à l'iris cerclés de noir, cette bouche fine et cette assurance dans le regard. Même leurs auras étaient si similaires qu'elles ne laissaient pas place au doute et à en croire l'air abasourdi de Jonas et Lucius, qui se regardaient avec confusion, je n'étais pas le seul à avoir noté la ressemblance entre les deux hommes qui se dévisageaient sans indulgence ni affection.
- Aloysius, articula l'inconnu d'un ton sec.
- Saturnin, désormais. Pour toi comme pour tous les autres. Ce n'est pas très difficile à retenir, Aloysius, même toi tu devrais pouvoir t'en rappeler.
Le mage étranger plissa les lèvres.
- Ce n'est pas là le prénom que nos parents t'ont donné.
- Mais celui à qui ils l'ont donné est mort depuis des années. Comme nos parents, d 'ailleurs. Alors si tu veux me parler et que je te réponde, utilise le nom que je me suis choisi.
Cette confirmation de la parenté que j'avais deviné entre les deux mages me subjugua et je les dévisageai l'un l'autre avec avidité. C'était comme regarder mon ami dans un miroir lustrant ou à travers un sort embellissant. Ainsi, c'est à ça que mon ami déchu aurait ressemblé dans une version propre et pleine de santé, sans les séquelles de la guerre, sans le désespoir et sans l'alcool. Il aurait été semblable à ce parangon de magie et de classe, dégoulinant de confiance et de morgue, sûr de lui-même et de son pouvoir.
Berk.
A choisir entre les deux frères, j'aimais autant conserver la version puante et défraîchie. Celle amidonnée et lisse me donnait envie de la gifler. Saturnin accusait certes le coup de ses années d'ivresse et de déchéance et paraissait plus vieux d'une bonne décennie mais il était vrai, là où son frère me donnait la sensation d'une jolie image dont la substance pourrie affleurait. Je me demandai lequel était l'ainé. A moins qu'ils ne soient jumeaux? Fasciné, je restai silencieux et comme le reste de l'assistance, j'attendis la suite, partagé entre ma curiosité exacerbée et la tension que nous sentions monter.
- Peu importe, finit par concéder le nommé Antonius d'un timbre glacial. Quel que soit ton nom, rien ne t'autorise à débarquer comme cela chez moi, sans te faire annoncer.
Il prit la mesure de l'escorte de Saturnin avec mépris.
- Et il n'était pas utile de te faire accompagner par des gros bras. Je n'ai pas l'intention de te faire du mal, petit frère.
Et voilà qui répondait à une de mes questions.
Saturnin éclata d'un rire grinçant et rétorqua :
- Comme si tu en avais la force. Tu te hausses du col, Antonius. Même durant notre enfance tu n'as jamais été capable de me mettre au tapis et tu as beau te donner de grands airs, je doute sérieusement que ce soit le cas aujourd'hui.
- Peu importe, répéta son frère. Nous ne sommes pas ici pour t'écouter te vautrer dans nos merveilleux souvenirs d'enfance. Qu'est-ce que tu viens faire ici et qu'est-ce que tu me veux? Et pourquoi trimballes-tu ces métas avec toi, si tu ne crains rien de moi ?
Le mage avait beau avoir adopté la mine offusquée de l'homme innocent, la lueur de compréhension que j'avais décelé dans ses yeux à notre entrée ne me trompait pas. Et Saturnin ne s'y laissa pas prendre non plus.
- C'est plutôt moi qui devrais te demander ce que tu viens foutre dans ma ville.
Antonius amorça une protestation, immédiatement étouffée dans l'œuf par la voix rauque du vieux mage.
- Et si, vieux fou, il s'agit bien de ma ville. Nous sommes sur la Frontière, pas dans les Territoires magiques. Votre autorité n'a aucune valeur ici et je ne te laisserais pas venir mettre la merde partout où tu passes, comme à ton habitude. Les habitants de Portal n'ont pas besoin que les mages de New Francisco viennent se mêler de leurs oignons et je me ferais un plaisir de veiller à ce qu'ils aient la paix, si tu m'y obliges.
Antonius serra les lèvres au point de les blanchir.
- Je vois que ton opinion sur les tiens n'a pas changé.
- Effectivement car je les connais bien trop pour ça. J'étais là, Antonius, et je n'ai rien oublié. Aucun mort, aucun blessé, aucune trahison. Je connais vos méthodes et je ne vous laisserais pas venir les appliquer ici.
Le second mage, jusque-là resté assis et muet face à la colère des deux frères, se redressa en souplesse et contourna la petite table. Il leva une main apaisante en direction de mon ami et prononça avec calme et un espoir que je jugeai sincère, bien que déplacé :
- La guerre est derrière nous, Saturnin. Nous vivons dans un monde de paix désormais. Nous devons oublier maintenant et passer à autre chose.
Il était plus petit que les frères ennemis, un mètre quatre-vingt, peut-être, et largement plus jeune. Moins efflanqué et osseux que les deux adversaires, il arborait la silhouette fine et aristocratique jugée seyante par les mages. Ils étaient rarement des adeptes de la musculation, peut-être pour se différencier des métas, et valorisaient l'élégance plutôt que la force brute. Je devais admettre qu'il était assez beau, dans le genre, avec ses cheveux blonds aux reflets noisettes, son nez droit et ses yeux clairs. Mais de mon point de vue, il n'arrivait pas à la cheville de Jonas, et encore moins à celle de Lucius. Ouais, bon, je n'étais pas complètement objectif, ok. Ou peut-être que moi aussi j'étais un admirateur de la force brute, allez savoir. Il devait toutefois receler un certain courage derrière son visage doux car il n'hésita pas à s'interposer entre les deux belligérants. Et si j'en croyais son aura aigue-marine, il avait les moyens de ses ambitions.
A ma grande surprise, Saturnin hocha la tête sans quitter son grand frère des yeux.
- Je suis d'accord avec toi, Avenne. Ce n'est pas le sujet. Le sujet est plutôt de savoir ce que vous venez foutre ici. Et ce que vous avez à voir avec le kidnapping des frères d'Haiko!
Nous n'avions pas dévoilé à Saturnin les raisons des démêlés de la meute avec les feys et les mages mais après la crise de nerf de Zachary, il devait en avoir une petite idée. Personne n'avait jamais accusé le vieux poivrot d'être stupide, lorsqu'il parvenait à se concentrer assez pour faire fonctionner ses neurones. L'idée me vint que c'était sans doute pour assouvir sa curiosité qu'il avait souhaité que le négociant nous accompagne, ce jour. Zachary était plus susceptible que les Loups de laisser échapper des informations valables, ce qui n'avait d'ailleurs pas manqué. Contrairement à la majorité de ceux qui le côtoyaient, au Bones ou dans les dédales les plus sordides de Portal, je n'avais jamais sous-estimé l'ancien mage de combat. Mais je n'avais pas non plus imaginé, et je découvrais maintenant, qu'il se considérait comme un rempart contre les velléités d'ingérence de l'enclave des mages vis à vis de Portal et la Frontière en général, et je ne savais pas trop quoi en penser.
Le mage blond bloqua sur l'accusation et se récria avec hauteur.
- Nous n'avons enlevé personne ! Et nous ne faisons pas de mal aux enfants !
Lucius vibra derrière moi et fit un pas en avant, les lèvres retroussées sur les crocs acérés et l'air furibond.
- Ce n'est pas ce que prétend notre ami ici présent, grogna-t-il en montrant Zachary. D'après lui, vous avez menacé de vous en prendre à sa famille, à ses enfants. Vous souhaitiez l'empêcher de conclure un accord avec nous pour l'exploitation de la mine.
Un élan de compréhension traversa le visage abîmé de Saturnin et je vis son oeil briller de satisfaction devant cette pièce qui lui avait manqué. Il se retourna vers son frère et le menaça du doigt, sa magie fouettant l'air autour de lui.
- Qu'as-tu à répondre, Antonius ?
- Ne te mêle pas de ça, siffla-t-il en retour. Tu ne sais pas ce dont il s'agit et encore moins ce qui est en jeu.
Lucius, Saturnin et Antonius montaient visiblement en pression et leurs auras cumulées me faisaient mal à la tête. Si un affrontement démarrait, il y aurait du dégât et d'un coup d'oeil entendu avec Alex et Jonas, prêts à bondir, je me préparais à me jeter dans la mêlée s'il le fallait. Kelliran s'était rencogné dans un coin du salon, terrorisé, et Isabeau s'était placé en retrait, assurant nos arrière. Le nommé Avenne dut conclure au même risque que moi car dans un bruissement de sa robe élégante, il se plaça entre les trois hommes en rage, les mains implorantes mais la voix ferme.
- Calmez-vous, je vous en prie. Nous devons parler, la situation est déjà assez complexe, nous ne devons pas l'aggraver.
Son regard passa sur Saturnin, furibard, puis glissa jusque Zachary, en retrait mais les poings toujours serrés. Il lui adressa un sourire repentant.
- Je suis sincèrement désolé de vous avoir effrayé. Et d'avoir menacé votre famille. C'était...
Il secoua la tête, contrit.
- Une lâcheté. Et une grossière erreur. Mais nous étions désespérés.
- Désespérés de quoi? cracha Lucius. Au nom de quoi venez-vous vous mêler des affaires de ma meute !
- Votre meute menace l'équilibre de toutes les Terres magiques, s'écria Antonius. Nous nous sommes battus contre la tech, nous avons sacrifié des générations entières d'hommes et de femmes pour nous en libérer et vous souhaitez revenir en arrière comme si de rien n'était ! Nous ne pouvons pas vous laisser faire une chose pareille !
- Il ne vous appartient pas d'en décider !
Lucius semblait hors de lui et il gronda, plus qu'il ne parla, son Loup à deux doigts d'émerger :
- Et encore moins de nous mettre des bâtons dans les roues de cette manière. Si vous avez un souci avec nos projets, vous pouvez en référer à Carlos, je ne réponds qu'à lui.
- Et c'est ce que nous allons faire, répondit rapidement Varenne. Et que nous aurions dû commencer par faire. Nos méthodes n'étaient pas les bonnes mais nous n'avons pas à être ennemis, je vous le jure. Est-il seulement possible de nous calmer et d'échanger quelques minutes sans nous sauter à la gorge ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top