Chapitre 15 - La fin de Ronan

Ellie ne s'attendait pas à être si frustrée. Depuis la salle du trône, où Fenrir et elle attendaient, elle pouvait entendre le chef de la garde de Teneris donner ses ordres devant la grande porte. D'un côté, elle était heureuse de ne pas avoir à combattre ses connaissances de Solum mais de l'autre, elle aimerait bien pouvoir se jeter de tout cœur dans la bataille.

— Ça va bientôt commencer, annonça Fenrir sur un ton solennel.

Ellie hocha la tête et lança un regard à l'endroit où elle savait qu'Aliez et quelques elfes noirs étaient prêt à intervenir. Leur talent était exceptionnel au point que même en sachant qu'ils étaient là, elle n'arrivait pas à les voir.

Soudain, alors que le silence n'était coupé que par quelques ordres donné par le chef de la garde, un cri retentit. Il fut vite suivi par des entrechoquements de métal annonçant le début de la bataille.

Quelques minutes à peine plus tard, Ronan passait le pas de la porte, seul, arborant le sourire des vainqueurs. Croyant sans doute que les gardes qui l'avaient laissé passer avaient peur de lui. Quel idiot...

Ellie s'avança à sa rencontre.

— Je ne me rendrai pas Ronan. Ni moi, ni Teneris. Tu ne remportera pas cette bataille.

Ronan lui répondit par un grand éclat de rire.

— Tu plaisante, j'espère. Ce n'est pas cette bataille mais la guerre éternelle entre nos deux royaumes que j'ai gagné. Je vais tuer la famille royale de Teneris ici et maintenant et je te ramènerai à Solum en faisait croire à tout le monde que les dirigeants de Teneris t'ont rendu folle et que j'ai été obligée de les exécuter. Dans ma grande grâce, j'accepterai de te prendre pour femme. Toi, la fille d'un traître.

— Sale... Mon père n'est pas...

— Un traître, oui. Mais ça nous sommes les seuls à le savoir. J'ai déjà obtenu la garde de Solum et le contrôle du conseil. Dans peu de temps je serais nommé suppléant du roi et je régnerai sur Teneris ! Il ne me faudra pas longtemps pour devenir le nouveau roi de cet immense royaume !

— Tu es fou...

— Non ! Je suis l'unique génie qui a trouvé le moyen durable de maintenir la paix ! L'unification !

— Et devenir le roi par la même occasion.

— Il n'y a que moi qui puisse diriger ce nouveau royaume. Que moi.

L'état de Ronan a encore empiré. Son regard n'était plus malicieux et cruel comme il avait l'habitude d'être.

Il n'était plus que folie. Il était maintenant devenu impossible de le résonner. Mais ça, Ellie l'avait déjà prévu. Elle n'eut pas besoin d'ajouter quoi que ce soit. C'était au tour d'Aliez d'entrer en action.

— Et que se passerait-il si le conseil de Solum venait à entendre ce que tu viens de dire ? Demanda l'elfe.

Ronan se tourna rapidement vers Aliez tandis que celui-ci sortait de l'ombre. Il ne s'attendait pas à sa présence.

— Comme si ça pouvait arriver. Vous allez tous mourir ici et Héliris ne dira rien. Elle ne voudrait pas que quelque chose de fâcheux arrive à ses chers parents.

Ellie failli en venir aux mains mais Fenrir la retint. Ce n'était pas encore le moment.

— Et si je leur fait écouter ça ? Reprit Aliez.

Le visage de Ronan se décomposa alors qu'un oiseau, perché sur l'épaule de l'elfe, répétait mot pour mot son long monologue. Fenrir avait beau lui avoir expliqué les capacités de cet animal, elle fut tout de même agréablement surprise. Cet oiseau réussissait même à imiter le timbre de voix de leur adversaire à la perfection. Teneris faisait vraiment des merveilles en terme d'espionnage.

— Comment osez-vous ? Je suis votre futur roi. J'ai déjà gagné. Ce stupide oiseau mourra avec vous tous.

Toujours se méfier d'un homme fou. Ellie aurait dû s'en souvenir avant que l'attaque ne touche Fenrir en pleine poitrine.

— Fenrir !

Il avait volé devant elle à toute vitesse. Elle qui n'avait même pas vu Ronan lancer son couteau. Celui-ci jubilait alors qu'Ellie voyait l'amour de sa vie perdre une quantité de sang phénoménale, écroulé au sol.

— J'appelle les secours ! S'écria alors Aliez.

— Non !

Ellie pleurait. Elle ne pouvait pas retenir ses larmes mais elle savait que Fenrir survivrait. Il le fallait. En attendant, la guerre n'était pas encore terminée. Elle n'avait pas le temps de s'affaiblir.

— Aliez, tu dois mettre le Répéteur en sécurité. Enferme toi quelque part et ne reviens que quand tu seras sûr que les combats sont terminés.

L'elfe hocha la tête et partie sans que personne ne sache dans quelle direction.

— Luna !

La servante, cachée dans un coin depuis le début, releva vivement la tête.

— Toi et Fatzìs, allez chercher un médecin. Moi je m'occupe de lui.

Les deux serviteurs sortirent en courant, tout en jetant des regards mi-effrayés, mi-encourageant à leur amie fée du jour.

— Alors ça y est. Tu as fini de donner tes petits ordres. Ça t'a plus ce semblant de pouvoir ? C'est dommage que le prince de la nuit se soit jeté sur mon couteau. J'aurai bien voulu pouvoir te faire souffrir un peu devant lui. Enfin, tant pis. Il ne me reste plus qu'à te tuer.

— Je croyais que tu me voulais pour femme.

— Oui mais bon, toi et tes petits amis m'avaient énervé. Mais ne t'inquiète pas. Une fois que j'en aurai fini avec toi, j'irai trouver ces domestiques et cet oiseau et je les tueraient tous aussi douloureusement que possible.

Ellie serra les dents. À chaque fois que ce monstre parlait, il devenait encore un peu plus détestable à ses yeux.

Sans prévenir, elle s'envola, faisant vibrer ses ailes, et fondit sur Ronan. Celui-ci ne compris ce qui lui arrivait que quand un couteau lui transperça la cuisse. Il s'envola alors dans un cri de douleur.

Mais Ellie était loin d'en avoir fini avec lui. C'était leur premier véritable combat et elle aurait aimé le faire durer mais l'état de Fenrir ne le permettait pas. Elle devait absolument neutraliser Ronan le plus vite possible pour que les médecins puissent faire leur travail.

Son second couteau alla déchirer une des ailes de son adversaire. Ronan tomba au sol avec une vitesse telle que son aile droite se brisa en deux. Utilisant toute la vitesse que lui permettaient les siennes, Ellie piqua sur Ronan et, à l'aide de sa dernière lame, lui transperça la cage thoracique. Heureusement pour elle, la douleur et la folie empêchaient son adversaire d'être au meilleur de ses capacités. Ses contre-attaques étaient bien faiblardes.

Maculé de sang, Ronan essayait toujours de donner coups sur coups à la fille d'Iliakó mais elle esquivait sans beaucoup d'efforts. Elle finit par opter pour un coup de pied dans les parties génitales.

— Ça c'est pour Fenrir ! Dit-elle alors que Ronan ne savait plus où regarder, la douleur se propageant dans tout son corps. Et ça, c'est pour mon père.

Une bonne droite suffit à assommer Ronan qui tomba comme une loque avec un bruit qui annonçait de multiples fractures.

Ce son suffit aux médecins royaux pour entrer en trombe et commencer à s'occuper de Fenrir, suivi par Luna et Fatzìs.

— Ellie ! Tu vas bien ? S'écria l'Ermine.

— Oui, ne t'en fais pas. Je suis juste un peu... Fatiguée.

L'adrénaline du combat retombant, Ellie se sentait sur le point de s'écrouler à chaque instant. Heureusement, au moment où le sol sembla se dérober sous ses pieds, quelqu'un la rattrapa de justesse.

— Votre Majesté, s'écria Ellie, on ne peut plus surprise.

— Le combat est terminé Héliris. Reposez-vous jusqu'à ce que nous partions pour Solum, ordonna Miloren.

— Mais, Fenrir.

— Ce n'est pas la première fois que mon fils subit ce genre d'attaque. Il va s'en sortir.

Elle le savait aussi. Elle savait que son amant été fort. Mais ça ne l'empêchait pas de vouloir rester à ses côtés.

— Suivez-moi mademoiselle.

Luna ne lui laissa pas le temps de refuser et la tira hors de la salle. Elle était retourné au vouvoiement devant le roi mais Ellie ne le remarqua même pas. Elle avait vécu trop de choses en seulement quelques minutes. Quand elle arriva dans sa chambre, elle sentit à peine son amie la déshabiller et s'endormie comme une masse la minute suivante.

Quand elle se réveilla, son énergie lui était revenu. Elle sauta du lit beaucoup plus rapidement qu'elle n'aurait dû et du attendre un peu pour que son vertige retombe. Ça faisait un bien fou de dormir sans avoir ses ailes attachées dans le dos. Mais elle n'avait pas le temps de réfléchir à ça. Elle s'habilla rapidement et courut en direction de la chambre du Prince.

Arrivée devant l'imposante porte à double battants, elle reprit son souffle et toqua. Au bout d'un temps qui lui permit d'angoisser plus que de raison, la voix rauque de son amant lui intima d'entrer.

Elle ne se fit pas prier et se dépêcha de refermer derrière elle. Il était là, allongé sur son lit. En la voyant, il se redressa immédiatement.

— Ellie ! Tu vas bien ? Ma mère ne m'a rien dit tout à l'heure. Ellie ?

Entre le soulagement et la joie, Ellie ne savait que choisir. Il avait l'air d'aller bien et il s'inquiétait plus pour elle que pour lui.

Elle choisit de sourire et le rejoint sur son lit pour le prendre dans ses bras.

— Je vais bien, ne t'en fais pas. J'étais juste inquiète pour toi mais ça a l'air d'aller.

Le prince se redressa encore un peu plus, dépassant son amante de quelques centimètres.

— Plus de peur que de mal. J'ai seulement ajouté une nouvelle cicatrice à ma collection.

Il souleva son T-shirt pour illustrer ses propos. En effet, une petite cicatrice en forme de croix barrait son pectoraux gauche.

— Au moins, tu n'auras pas besoin de mettre un masque pour la cacher celle-là.

Masque qu'il ne portait plus, à son plus grand bonheur.

— Mon père ne m'a rien dis à ce sujet mais je ne compte pas le remettre. Je n'en ai plus besoin.

— Non, répondit-elle tout en passant ses doigts sur la nouvelle cicatrice.

C'est ce moment que choisi une servante pour faire son entrée.

— Votre Majesté...

Elle n'arrêta de parler qu'une seconde avant de reprendre. Voir son prince à moitié nu avec une fée du jour n'avait pas l'air de la gêner plus que ça.

— Le médecin a donné son accord. Le roi vous attend pour le départ. Vous et Mademoiselle.

— Entendu. Dis-lui que nous arrivons.

— Bien, votre Majesté.

Fenrir se tourna alors vers Ellie mi-figue, mi-raisin. Il avait l'air gêné et en même temps sûr de lui.

— Ça te dérangerait de m'aider à me lever ? Je vais bien mais j'ai l'impression d'avoir été écrasé sous un arbre. J'ai des courbatures partout.

— Autrement dit, tu ne vas pas bien.

Il était sur le point de répliquer mais le regard de son amante suffit à le faire changer d'avis.

— Je suppose qu'on peut voir les choses comme ça.

Ellie ne se retenu pas et éclata de rire. Il était évident que son prince voulait se montrer fort et viril devant elle. Évidemment, elle le considérait déjà comme tel mais ne dit rien. Il était tellement mignon, gêné comme ça, ce serait dommage de gâcher ce moment.

Une fois que Fenrir eut enfilé une tenue un peu plus « Princière » se résumant à une cape aux couleurs de sa famille, lui et Ellie se hissèrent sur une chouette.

Les bras autour de la taille de son amant, Ellie n'était pas vraiment sereine.

— Aurait-tu peur ?

— Peur non mais c'est la première fois que je monte sur ce type de monture. C'est même la première fois que je vais voler sans voler. Enfin tu as compris.

Fenrir resserra les bras de la fée du jour autour de sa taille.

— Ne t'en fais pas, j'ai demandé à Eanir d'avoir un vol doux. Je ne suis pas en état de faire des figures de toute façon.

— Eanir, c'est le nom de la chouette ?

— Oui, tu devrais la connaître, tu as nettoyé son box.

Eanir hulula alors, comme pour approuver. Ou pour se plaindre de l'oubli d'Ellie, au choix. Elle ne parlait pas couramment la chouette.

Autour d'eux d'autres animaux étaient prêts au décollage. La plupart étaient montés par des gardiens de Teneris, d'autres par des prisonniers de guerre. La plupart des gardiens de Solum étaient rentrés chez eux plus tôt sans faire d'histoire mais une minorité avait décidé que les idées de Ronan n'étaient pas si mal et l'accompagneraient au cachot.

Le cœur d'Ellie se serait à la vue de ces fées du jour menottés et entravées mais il avaient fait leur choix. Elle ne pouvait rien faire pour elles.

Le roi donna ses ordres et les chouettes s'envolèrent, la sienne menant la danse, Eanir la suivant. Ellie se rendit alors compte que les immenses arbres qui recouvraient tout Teneris ne s'écarteraient sûrement pas pour les laisser passer. Elle resserra sa prise sur le torse du prince et pria pour qu'il soit assez en forme pour les mener de l'autre côté des branches.

La jeune fée ressentit à peine les mouvements d'Eanir qu'ils étaient déjà à ciel ouvert.

— Eh ben alors. Je croyais que tu n'avais pas peur.

Fenrir se moquait gentiment d'elle tout en serrant la main de la fée sur jour dans la sienne.

— Tu vas voir toi, je me vengerai, répliqua-t-elle tout en posant sa tête contre le dos du Prince.

Elle pourrait admirer le paysage, comme elle le faisait si souvent en faisant l'aller-retour entre les deux royaumes, mais elle n'en avait pas envie. Certes, les immenses plaines de Solum s'étendant derrière les majestueux arbres de Teneris formaient un paysage incroyable mais la chaleur de son amant l'attirait de façon beaucoup plus importante. En plus du fait qu'elle n'était pas trop dans l'esprit de contemplation. Elle ne savait pas encore ce qui allait se passer une fois à Solum mais elle savait que ce serait décisif. Elle pourrait avoir peur mais, étrangement, couchée contre Fenrir, elle se sentait en sécurité. Tout allait bien se passer. Il le fallait.

La bataille avait été plus rapide que prévu mais bien assez forte en émotions. Elle avait même entendu dire qu'un certain arbre avait mis des battons dans les roues de la garde de Solum, au niveau de la frontière.

Une fois au sol, tout se déroula très vite. Les gardiens de Teneris menés par le roi et le prince firent irruption dans la salle du trône, demandant à voir le roi Achéon. Aussitôt dit, aussitôt fait. La vu des prisonniers et l'aide des gardiens de Solum déjà sur place leur permirent même de réunir le conseil.

Ellie fit à peine un pas dans la salle du conseil, qu'elle commençait à ne plus trop apprécier, que les princesses lui sautèrent dessus à l'unisson. Elle n'avait jamais particulièrement aimé les étreintes mais une situation exceptionnelle entraînait des mesures exceptionnelles.

Des larmes de joies coulaient de leurs yeux. Quand elles avaient su que Ronan s'apprêtait à attaquer Teneris, elles avaient eu horriblement peur pour leur amie.

Malheureusement, l'heure n'était pas aux effusions de joie. Le conseil n'avait pas l'air particulièrement heureux de voir les dirigeants de Teneris leur apporter leurs soldats enchaînés.

— Je suppose que tout le monde sait ce qui nous amène ici, mon fils et moi. J'avoue être plutôt déçu. Je ne pensais pas le grand conseil de Solum si corruptible, commença le roi Miloren.

Il expliqua alors ce qu'Ellie lui avait elle-même expliqué il y a ce qui lui paraît être une éternité. Ça l'énerva un peu que les conseillers écoute le père de Fenrir sans ciller alors qu'elle n'avait jamais pu glisser plus de trois mots à ces vieux séniles.

Une fois les bases de la situation posées, quelques conseillers se levèrent. La colère déformait leurs traits. Ils n'eurent cependant pas le temps de l'exprimer. Leur roi se leva à son tour tandis qu'au même moment Iliakó entrait dans la salle suivit par quelques fées du jour. Il lança un simple coup d'œil à sa fille avant de donner une liasse de feuilles au roi.

Fenrir serra la main de son amante tandis qu'elle aurait pleuré de joie. Elle savait que les deux rois avaient communiqué en amont pour libérer son père mais le voir de ses yeux était bien plus marquant que de simples paroles.

— Ces documents contiennent les témoignages de plusieurs dizaines de gardiens. Expliqua le roi du jour. Quelque fut leur camp dans cette malheureuse bataille, ils confirment tous les propos du roi de Teneris.

Une bonne partie des conseillers regardaient maintenant Ronan d'un regard meurtrier. Il est vrai qu'Ellie ne les aimait pas beaucoup mais certains d'entre eux étaient de grands politiciens, de grands tacticiens et des personnes de confiance. Du moins d'après l'avis d'Iliakó.

La diffusion de l'enregistrement de l'oiseau espion finit de persuader la majorité. Ils s'étaient fait rouler. Le royaume de Teneris était innocent. Mieux vaut tard que jamais.

Évidemment quelques conseillers n'étaient pas de l'avis général mais le roi les calma bien vite en laissant sous-entendre que les prisons étaient bien vides ces temps-ci.

Alors qu'il était emmené vers ces dites prisons en attendant son procès, Ronan se tourna vers Héliris et Fenrir. La colère flamboyant dans son regard dénotait avec le sourire qui étirait ses lèvres. Un sourire calculateur et fou.

— Ne croyez pas que vous avez gagné. Je suis loin d'avoir épuisé toutes mes cartes.

Ellie ne savait pas ce qu'elle devait penser de cette déclaration. Elle choisit de l'ignorer. Ronan était fini. S'il n'était pas exécuté, il finirait sa vie en prison et serait bien plus surveillé qu'elle avait pu l'être.

La fée du jour ne put cependant pas lui répondre, son père se plaçant entre elle et Ronan.

— Si l'accusé n'a rien de plus à dire, il va pouvoir rejoindre sa cellule.

Le ton était ferme, sûr et sans appel grâce à un sens froid acquis au cours des années. Iliakó jeta rapidement un nouveau coup d'œil à sa fille avant de suivre les gardiens qui emmenaient le prisonnier.

Ellie aurait bien voulu pouvoir lui parler mais elle attendrait encore un peu. Les deux rois étaient encore en pleine discussion. Heureusement, ils avaient l'air parfaitement d'accord sur les mesures à prendre

et le roi de Solum se confondait en excuses au grand dam d'une partie du conseil.

En voyant ces deux dirigeants ainsi, Ellie se rappela de ce que lui avait dit la mère de Fenrir. Ils étaient amis. Ça se voyait. Voilà pourquoi les conflits entre les deux royaumes avaient disparus avec le temps. Parce que l'entente était plus que possible.

Tout en pensant cela, elle regarda Fenrir qui écoutait attentivement son père. Oui, s'entendre était possible et bien plus encore.

Un peu moins d'une heure plus tard, le nouveau conseil était né. Quelques anciens membres avaient fait le choix de quitter leur fonction tandis que de plus jeunes membres furent choisi.

Achéon pensait que cette combinaison permettrait d'apporter de nouvelles idées, de nouveaux points de vus, tout en restant fidèle aux traditions et à l'ancienne gestion du royaume.

Autre point important, il fut décidé que la princesse Lambsi assisterait à présent aux réunions du conseil afin de pouvoir en faire partie le plus tôt possible. Une grande avancée pour ce royaume machiste.

Enfin, il fut décidé qu'un conseil inter-royaumes serait créé et se réunirait sur le terrain neutre, afin d'améliorer la communication entre ces deux pays.

Ellie attendait de voir ce que ça donnerait mais, pour le moment, elle était plutôt optimiste.

Elle marchait dans les couloirs, racontant ses aventures aux princesses, quand son père arriva en face d'elle.

— Je peux te parler ?

La jeune fée suivit son père un peu plus loin, tandis que les princesses partaient « espionner son prince ». Si le combat contre Ronan les intéressait, c'était surtout sa romance avec Fenrir qui faisait briller des étoiles dans leurs yeux.

Ellie ne leur en voulait pas. Parler de Fenrir la rendait tellement heureuse qu'elle ne pouvait pas refuser leur enthousiasme.

Une fois arrivé dans son bureau, Iliakó referma la porte derrière sa fille et la pris soudainement dans ses bras.

— Je suis tellement désolé que tu ais eu à vivre tout ça, ma chérie. Tout est de ma faute. Si je n'avais pas choisi Ronan pour être le prochain chef de la garde...

Ellie se mit alors à pleurer tandis que la pression qui pesait sur ses épaules depuis trop longtemps

disparaissait. Elle se serra contre le torse de son père comme elle le faisait étant petite.

— Tu te trompes papa. Tu n'y es pour rien. Tu t'es fait manipuler, comme tout le monde ici. Si ça doit être la faute de quelqu'un, ce serait plutôt la mienne. C'est parce que j'ai rencontré Fenrir que...

Iliakó ne lui laissa pas terminer sa phrase et la pris tendrement par les épaules pour qu'elle le regarde dans les yeux.

— Ne dis jamais ça. Trouver l'amour est la plus belle chose qui soit. Je ne veux plus jamais que tu t'imagines ce qui se serait passé si tout cela s'était déroulé autrement.

— Papa...

Nouveau flot de larmes. Iliakó lui tandis un mouchoir tout en lui frottant les cheveux.

— À vrai dire, il y a autre chose dont je dois te parler.

Quelques heures plus tard, les fées de la nuit étaient prêtes au départ. En selle, les soldats n'attendaient que le top départ de leur roi pour rentrer chez eux.

Celui-ci attendait au sol, auprès de son vieil ami Iliakó, tandis que son fils parlait à la fille de ce dernier.

— Alors c'est décidé. Tu restes ici ?

Fenrir n'était pas triste, du moins pas autant qu'il ne pourrait l'être. Il était fier.

— Mon père m'a demandé de l'aider ici. La garde a besoin de nous voir ensemble pour que tout revienne à la normale.

— Et ensuite ? Tu comptes continuer à assister ton père ? Après ce qu'il s'est passé, tu devrais pouvoir devenir le prochain chef de la garde.

Fenrir n'avait pas voulu poser cette question. Tout simplement parce qu'il ne voulait pas en entendre la réponse. Pourtant il l'avait fait. Parce qu'il devait être fixé sur l'avenir de sa relation avec sa belle guerrière.

Ellie agrippa le bras de son amant dans un geste rapide, presque désespéré.

— Je suis incapable de dire combien de temps je vais devoir rester. Combien de temps mettra l'équilibre de la garde pour se rétablir.

Ses yeux se seraient humidifiés si elle leur en avait laissé l'opportunité mais Ellie ne pouvait pas se le permettre. Elle se devait de rester forte. Si cette image était la dernière que Fenrir devait avoir d'elle, ça ne devait pas être celle d'une fée faible.

— Tu...

Elle eut un peu de mal à se lancer, sa voix restant bloquée dans sa gorge sous le coup de l'émotion.

— Tu penses que tu pourras m'attendre ?

Fenrir ne lui répondit pas mais l'embrassa aussi passionnément que possible. La fée du jour se serra tout contre son Prince. Quand ils se séparèrent, ce fut seulement à cause du manque d'air.

Il prit sa joue en coupe et lui dit, la regardant droit dans les yeux.

— Je t'attendrai le temps qu'il faudra. Tu es ma moitié, ma compagne, ma princesse. Je ne te laisserai à personne d'autre et n'aimerai jamais personne d'autre que toi.

— Fenrir, nous devons partir, l'appela son père.

Le roi de Teneris souri légèrement à Ellie. Un sourire faible mais chaleureux qu'elle lui rendit alors que lui et son fils montaient sur leur chouettes.

La fée aux ailes d'or posa une main aimante sur l'épaule de sa fille alors que les animaux s'envolaient.

— Tu le reverras bientôt.

— Je sais mais, même si notre travail devait durer plus longtemps que prévu, il m'attendra.

— En parlant de travail, je suis exténué. Contrairement à ce que pensent la plupart des gens, la prison n'est vraiment pas de tout repos. Dépêchons nous d'aller retrouver ta mère.

Ellie hocha la tête et s'envola à la suite de son père. Elle voulait remplir son devoir au plus vite pour pouvoir retourner auprès de son Prince mais son père avait raison. On ne faisait rien le ventre vide et les copieux repas de Lila commençaient à lui manquer.

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