Pride and Préjudice


I Don't Believe in Satan - Aron Wright

Éros

Il est une heure du matin et je suis tranquillement allongé sur le canapé. Ma tête fourmille de pensées qui ne veulent pas s'arrêter malgré le joint que j'ai fumé il y a à peine une heure. Je ne voulais pas au début me laisser tenter au début, mais comme je n'arrivais pas à trouver le sommeil, il fallait bien que j'attaque le mal par le mal. Mais alors que mes paupières commencent à peine à devenir lourdes, la porte s'ouvre dans un grand fracas, me faisant sursauter allongé. C'est une expérience que j'aurais préféré éviter. Qui débarque ici à une telle heure ? Je me redresse sur le canapé et tente d'apercevoir l'entrée dans la pénombre de l'appartement.

— Saperlipopette mais avancez bande de valises pourries jusqu'à la moelle !!

Si je n'avais pas été dans le plus grand désarroi, j'aurais pu rire de cette phrase prononcée par une voix féminine en colère. Qui parle comme ça sérieux ? Je m'apprête à me mettre debout quand la lumière de la pièce s'allume et m'aveugle au même moment. Je me laisse retomber sur le canapé en poussant un juron digne de moi. C'est alors que la personne pousse un cri de stupeur. Enfin ce que j'imagine en être un. Si ça se trouve c'est un cri de joie chez elle.

— Mon Dieu mais quel langage !

Non ça n'en n'est pas un. Mes yeux s'ouvrent enfin et je découvre une fille en face de moi. Enfin plutôt à l'autre bout de la pièce. Elle se tient éloignée, collée contre le mur — on dirait qu'elle veut fusionner avec lui — avec un visage chargée de dégoût.

— Qu'est-ce que c'est que cette odeur ? Est-ce que c'est de la...

C'est comme si elle ne pouvait pas prononcer le mot weed, elle ne finit sa phrase. On dirait même que son corps rejette le mot tout entier quand elle frissonne. Je la vois presque imiter un haut le coeur.

— De la beuh. Ouais. J'arrivais pas à dormir.

— Tu pourrais le consommer en dehors de l'appartement au moins ! s'exclame-t-elle d'une voix froide, presque agressive. Tu es libre de faire ce que tu veux chez toi, mais je ne veux pas mourir jeune. Alors je te prierai de ne plus en prendre dans l'appartement ! Je rêve. C'est nocif et ça empeste !

Je me lève enfin alors qu'elle plonge son regard froid dans le mien. Ses grand yeux dont je ne distingue pas la couleur me lancent des éclairs. Puis elle se met à me parcourir de ces mêmes yeux, allant de mon débardeur noir fatigué à mon jean de la même couleur troué à de nombreux endroits. Ses lèvres se retroussent, mes yeux se plissent. Je la détaille à mon tour dans ce silence pesant; un visage rond, un haut rouge à fleurs, un short court blanc. Elle porte de nombreux bijoux, dont un collier avec plein de petits diamants. Un mauvais pressentiment me prend quand je remonte jusqu'à son visage. Elle pue l'argent. Cette fille pue l'argent. Je comprends alors que son « chez toi » avait en fait une connotation péjorative. Chez moi, comme chez les pauvres. La colère — que je ne connais que trop bien — prend possession de moi. J'aimerais me contrôler, mais l'envie de la remettre à sa place me saute à la gorge.

— Je ne sais pas si ça se fait chez toi, mais généralement, dans le monde normal on se présente et on essaie d'être aimable quand on débarque dans une colocation. Il n'y a bien que les riches pour faire des leçons de morale comme des darons de quarante ans avant même de saluer.

Elle redresse le menton alors que ses yeux se plissent. J'ai déjà envie de la virer d'ici.

— Je ne me comporte pas comme une mère de quarante ans comme tu dis, je ne supporte juste pas qu'on ne respecte pas l'espace commun. Et puis, je ne t'avais pas prévu dans mes plans, alors je ne m'excuserai pas d'être hostile.

Elle ne me laisse même pas le temps de cligner des yeux, qu'elle tire déjà ses valises vers les chambres, les épaules droites et le visage rouge.

🫀

Lya

J'ai envie de lui arracher sa tête de con ! Je me jette sur le lit vide de ma chambre et les larmes me montent. J'étais déjà bien angoissée par ce changement de plan, alors maintenant j'appréhende encore plus. Je sais que je n'ai pas été sympa à lui parler froidement, mais je ne pouvais pas contenir mon angoisse. Quand Taylor m'a appris que j'avais un colocataire — ce que je n'avais pas prévu — l'air m'a manqué et j'ai commencé à flipper. Je pensais avoir loué un appartement seule, la deuxième chambre devait me servir de bureau. J'avais déjà tout prévu dans ma tête, ma nouvelle petite vie, mon espace rien qu'à moi. Mon petit cocon quoi. Et je déteste que les choses ne se passent pas comme je le prévois. Alors oui, j'avais bien le droit de ne pas arriver les bras grands ouverts pour faire un câlin à ce mec et toute la drogue qu'il a dû ramener. Maintenant je suis au bord de la crise d'angoisse. Mon coeur est comprimé et j'ai mal au ventre. Mon envol, ma nouvelle vie ici devait se passer tranquillement. Au lieu de ça, j'ai déjà une dispute avec ce fichu colocataire au compteur et l'impression d'étouffer alors que je fuyais justement ce sentiment. Je pense alors à ma soeur et à quel point lui parler me ferait du bien. Je sors de la poche de mon short mon téléphone et compose son numéro de téléphone. Les sonneries défilent, sans réponse. Ma gorge est nouée, mon coeur cogne plus vite. Je décide de lui envoyer un message.

« Salut Mya ! Je t'ai appelée, ça me ferait du bien de te parler. Rappelle-moi quand tu veux. Je sais que tu es en colère. Je suis désolée ma Mya. Tu le sais que je t'aime. Tu me manques déjà, j'aurais aimé te voir avant de partir. Je t'embrasse. Lya. »

Elle me déteste, je le sais. Je ne lui en veux pas. Emylia comprendra bien un jour.

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